Interview: Cecilia Baena (EO Skates)
Interview de la championne de roller course colombienne Cecilia Baena qui a rejoint la formation française EOSkates en 2012.
Par alfathor

Cecilia Baena est une championne de roller course colombienne d’exception. Nous l’avons rencontré à plusieurs reprises à l’occasion de diverses courses de roller en France. Entretien…
Fiche technique de Cecilia Baena
- Nom : Baena
- Prénom : Cecilia Margarita
- Surnom : Chechy
- Date de naissance : 10 Octobre 1986
- Taille : 1,55 m
- Poids : 52 kg
- Née à : Cartagène Colombie
- Vit à : Bogota
- A commencé le roller avec : le club Cartagena CODECAR
- Catégorie : Elite
- Profession : Patineuse professionnelle, travaille également pour le ministère des sports colombien. propriétaire du club CMB
- Points forts : sprint, déplacements dans le peloton, obstinée
- Points à améliorer : endurance
- Autres sports : Vélo et course à pied
- Le dernier film vu : « believes in hope »
- Musique favorite : Merengue
- Video games : Déteste les jeux vidéos :-)
- Lecture : Ses écrivains favoris sont Angela Becerra, Paulo Coelho et Muriel Barbery
- Aime : lire, voyager, aller au cinéma, entraîner les enfants
- N’aime pas : les hypocrites, la jalouse, l’injustice
- Qualités: sociable, charismatique, déterminée
- Défauts: soupe au lait
- Club: CMB en Colombie et MSC en France
- Equipe : EOskates
- Meilleur souvenir : Le championnat du Monde à Barrancabermeja en 2000. Elle est devenue championne du Monde à l’âge de 13 ans dans son pays et devant sa famille
- Pire souvenir : Le « Selectivo » pour la sélection nationale colombienne. Elle a eu une rupture complète du quadriceps alors qu’elle était en tête… Elle a dû arrêter le sport durant 6 mois.
- Langues parlées : Espagnol, Anglais et de plus en plus de français :-)
- Alcool or jus de fruit ? FJus de fruit définitivement ! Elle ne boit jamais d’alcool.
- Patinage sur glace ou roller ? roller-skating
- Route ou piste ? Piste
- Sprint ou marathon ? Sprint
- Roues tendres ou roues dures ? Entre les deux
- Mer ou montagne ? Mer
- Soir ou matin ? matin
- Fromage ou dessert ? dessert
- Rap ou techno? Aucun des deux
- Foot ou rugby ? Aucun des deux
- Simple ou double poussée ? Simple

Palmarès de Cecilia Baena
- 23 fois championne du monde
- Plus jeune championne du monde de l’histoire du roller de vitesse à l’âge de 13 ans.
- Multiple vainqueur des PanAmerican Games
- Triple vainqueur de la World Inline Cup en 2008-2009-2010
- Double vainqueur de la Swiss Inline Cup 2008-2009
- Double vainqueur du Trophée International des 3 Pistes 2009-2010
- Vainqueur du Critérium de Gross Gerau en 2009
L’interview détaillée de Cecilia Baena
Bonjour Cecilia Baena, tu es célèbre dans le milieu du roller de vitesse… mais finalement on sait peu de choses sur ton passé. Quand as-tu commencé le roller ?
Bonjour, j’ai débuté le roller à l’âge de 3 ans à l’école. En effet, le roller faisait partie des disciplines au programme de l’année scolaire. Nous patinions deux fois par semaine à l’école primaire. Il était précisé dans un mot au début de l’année à l’ensemble des enfants de l’école qu’il fallait se procurer des rollers.
C’est alors que j’ai commencé à aller pratiquer sur piste et finalement rejoint le club de Codecar à Cartagène. J’avais 5 ans.

As-tu essayé d’autres pratiques du roller ?
Non, jamais.
Qu’est-ce qui te plaît dans la pratique du roller course ?
J’aime cette sensation quand on atteint des vitesses élevées. C’est excitant et j’aime me déplacer dans le peloton quand les courses durcissent. J’aime aussi l’ambiance autour de la piste, avec la foule, tout le monde qui applaudit et crie pour encourager les enfants … Eh bien, voilà comment ça se passe en Colombie !
Quels sont les autres sports que tu apprécies ?
J’aime faire du vélo, je pratique 3 fois par semaine. Je fais autour de 350 km par semaine. J’ai récemment commencé à courir vu que Yann [Guyader] adore ça mais je ne suis pas vraiment fan de course à pied. J’aime aussi regarder des matchs de baseball que j’ai l’habitude d’aller voir à chaque grande rencontre aux Etats-Unis. Quand j’étais jeune, mon père est devenu le commentateur officiel de la télévision colombienne… J’ai gardé de nombreux souvenirs avec les joueurs des Yankee avant et après chaque grand match.
T’es-tu essayée au patinage sur glace ?
Ouais, mais il ya longtemps, lorsque je vivais aux Etats-Unis et que je roulais pour Hyper. Cela fait un moment que je n’ai pas utilisé mes lames !
Quel est ton travail ? Comment gagnes-tu ta vie
Je suis d’abord patineuse professionnelle. Hormis cela, je travaille également pour le ministère du Sport Colombien. Je suis en charge du développement social dans les régions pauvres et en charge de la promotion du sport dans le pays.
Pourquoi as-tu quitté la formation Powerslide pour rejoindre EOSkates ?
Je cherchais un ultime défi dans ma carrière. Comme Yann a également décidé de quitter Powerslide, cela m’a semblé être la meilleure option pour moi. Je suis vraiment heureuse que nous ayons fait ce choix. C’est totalement différent de ce que à quoi nous avons été habitués de par le passé, c’est vraiment excitant. J’espère que nous allons avoir du succès et que nous allons avoir un partenariat gagnant gagnant.
Quels sont tes objectifs pour 2012 ?
Je vais courir ici en Colombie pour préparer les Jeux nationaux, qui sont en quelques sortes des Jeux Olympiques nationaux avec tous les sports représentés durant l’événement. Comme je travaille pour le ministère du Sport et que je suis charge de la gestion de l’événement, cela va aussi être un peu spécial lors de courses. En Europe, je vais participer à divers événements comme le Trophée International des 3 Pistes, à la German Inline Cup et la Coupe de France des Marathons Roller. Le calendrier n’est pas encore fixé, mais devrait en principe ressembler à cela…
Est-ce compliqué de s’entraîner et de travailler en même temps à la croissance du sport ?
Eh bien c’est toujours difficile, mais si vous êtes bien organisé, ça simplifie les choses. Je prépare chaque week-end mon planning hebdomafaire pour la semaine suivante et tout se passe plutôt bien…

Comment gères-tu ton agenda ?
Je m’entraîne deux fois par jour du mardi au samedi. Le dimanche et le lundi, je ne m’entraîne qu’une seule fois. Entre les entraînements, je me consacre à mon travail et je me repose quand j’ai le temps.
Tu travailles beaucoup au développement du roller dans ton pays, tu peux nous parler de tes actions ?
J’ai une très bonne image dans tout le pays. Cela me permet de bien promouvoir mon sport partout où je vais. Je suis la première dans mon pays à être en mesure de promouvoir le roller en dehors de notre petit « monde » autour de la piste. Par exemple, le fais la publicité à la télévision avec des sociétés comme Muneca. Et je travaille aussi pour la télévision Caracol en tant que commentatrice de grands événements comme les Jeux Panaméricains.
Je fais également quelques événements promotionnels avec Redbull et Coldeportes. Toutes ces actions contribueront à augmenter la popularité de notre sport parce qu’à chaque fois que les gens ou les médias parlent de moi, ils font aussi référence au roller. Dans l’esprit de tous « Chechy » est une patineuse.
Le roller est-il un sport majeur en Colombie ?
En tant que sport, il bénéficie d’une reconnaissance bien plus importante qu’en France, mais ça n’est pas non plus un grand sport. Je veux dire que les gens connaissent bien le roller mais ne connaissent pas vraiment de patineurs. Je dirai que c’est un peu comme le handball, le volleyball ou la natation en France, tout le monde connait le sport mais il n’y a pas tant de gens que ça qui le pratique.
La seule grande différence avec l’Europe reste qu’il y a beaucoup plus de compétiteurs et donc de concurrence. Au championnat national, nous sommes plus de 100 patineurs par catégorie, comme si chaque championnat national était une sorte de répétition des 3 Pistes. Ici, à Bogota, on compte environ 15 pistes (pas toutes parfaites c’est vrai), cela correspond peu ou prou au nombre de pistes disponibles en France ! Les clubs sont beaucoup plus grands. Je compare toujours les deux clubs je connais le mieux : Mon club en colombie et le MSC en France. Eh bien, même si nous sommes au début du processus, en France nous ne sommes qu’à 10 alors que nous sommes plus de 150 en CMB, donc c’est une énorme différence.
Quelle est la place du roller dans les médias en Colombie ?
A peu près pareil que partout. On ne parle pas beaucoup de roller dans la presse écrite ou à la télévision. La seule fois où nous faisons parler de la discipline, c’est à l’occasion des Championnats du Monde ou d’autres grands événements comme les jeux nationaux ou les Jeux panaméricains… et c’est tout. Ils parlent beaucoup de moi même si je ne patine pas à l’occasion de ces grands événements. Comme je le disais, j’ai construit mon image au cours des 10 dernières années qui me permet d’être dans les médias.
Comment expliques-tu que les patineurs sud-américains soient si forts ?
D’après ce que je sais du moins en France, ils s’entraînent surtout beaucoup plus. Je ne dis pas que c’est mieux parce que la plupart des patineurs ne vont plus à l’école, ce qui n’est pas vraiment bon pour leur avenir professionnel… mais au moins, ils sont entièrement focalisés sur ce qu’ils font et essaient de devenir les meilleurs patineurs mondiaux.Vous devez aussi comprendre que pour certaines personnes, c’est aussi une façon de changer un peu leur vie, alors que la plupart des patineurs européens n’ont pas besoin d’être bon dans ce domaine pour avoir une vie décente. Cela explique aussi pourquoi les colombiens sont ainsi plus motivés que vous les gars !
Vous devriez voir la formation des enfants. C’est très différent! Je me souviens quand mon ami et président de club en France Nordine Saïdou est venu ici le mois dernier, il a été tellement impressionné de voir avec quel sérieux les enfants vont à la piste le samedi et le dimanche à 6 heures du matin… Vous imaginez ça en France par exemple ? Les parents se moqueraient de vous si vous leur dites de venir à 6 heures du matin…
J’ai entendu dire que tu avais participé à des émissions people… tu peux nous en parler ?
Oui, j’ai participé à « la Granja » l’année dernièren l’équivalent de « La ferme celebrité » en France. J’ai passé plus de 5 semaines dans le jeu avant d’être éliminée. Cela a été une expérience intéressante et une très bonne occasion d’accroître ma popularité à travers le pays. Ensuite, j’ai été invitée pour participer à « Fear Factor » mais malheureusement, ça coincidait avec une course en Europe et mon sponsor n’a pas voulu que je fasse l’émission…
Dire je suis célèbre serait prétentieux, mais oui, les gens me connaissent, un peu comme les français connaissent Laure Manaudou en France. Les gens se font prendre en photo avec moi, me demande des autographes dans la rue ou au supermarché… Je ne suis pas non plus une superstar en Colombie comme peut l’être Shakira, Juanes ou Juan P Montoya… mais les gens me connaissent en tant que « Chechy ».

Pour aller plus loin
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Interview réalisée par Alfathor – Photos : tous droits réservés