Yann Guyader : de retour des États-Unis
Yann Guyader revient des États-Unis après avoir participé à quelques courses du circuit américain indoor : le NSC, une expérience très enrichissante sur le plan personnel et une leçon pour nous Français dans notre volonté de développer l'indoor pour en faire un show. Récits de courses...
Par
alfathor

NSC East Coast Carnage & Blue Ridge challenge
Un nouveau monde et presque un autre sport…
Ce détour par les USA après 6 mois de longue préparation hivernale en Colombie ont été pour moi l’occasion de casser un quotidien contraignant fait d’entrainements longs et durs à 2600 m d’altitude. J’ai pu goûter à une expérience nouvelle qui promettait d’être excitante.
Je me suis donc lancé dans le grand bain après seulement 2 entrainements. Cela a été plus compliqué que je ne le pensais. En effet, l’indoor US requiert une technique bien particulière et surtout bien plus fine que notre pratique en France.
La où il est possible d’être moyen techniquement en France, c’est tout de suite le carton rouge en salle au USA. Aussi paradoxal que cela puisse paraitre, le sol qui a un grip exceptionnel grâce au « roll On » qui n est autre que du polyuréthane, ne laisse pas place à l’erreur. La sanction tombe vite comme en short-track notamment.
Programme
Au programme de ces deux jours de compétition à Roanoke, deux « meets » (deux compétitions différentes).
Le jour J. Départ à 6h du matin. Hé oui, il faut être matinal pour être sur le rink à 17h00 pour l’échauffement ou être complètement maso. La compétition débute à 6h du soir avec le Blue Ridge Challenge, une rencontre nationale regroupant tous les patineurs américains de poussins à seniors avec la participation des stars du NSC. Et le soir, à partir de 18h30 début des compétition NSC jusqu’a environ 22h00. Autant dire que les journées sont bien pleines pour moi. Parfois, cela m’a paru interminable. En effet, la compétition est faite de telle manière que même si l’on reste très longtemps au rink et qu’il y a beaucoup de catégorie, les temps de récupération sont très courts entre les courses. Elles s’enchainent sans interruption, même le midi. Il y a des series et des demies pour toutes les courses.
Au programme de la première journée, le vendredi soir, juste des courses comptant pour le circuit NSC. Trois courses sont au programme pour moi :
- 1.000m(10 tours)
- 1.600m(16 tours)
- et tour lancé.
Chose plutôt sympa. Pour un souci d’équité, l’organisation du NSC fournit des roues neuves à tous les patineurs, tenus de tous utiliser la même marque. Pour les meilleurs du NSC, et j’avais la chance d’être considéré comme tel, c’est même un jeu de roues neuves par jour de course, de quoi être toujours dans de bonnes conditions.
NSC jour 1 : Adrénaline, frustration et surclassement en Business pour les disqualifications
Tout commence plutôt bien, avec la découverte de ce que représente le NSC. Plus qu’une course, c’est un show. Les gens y viennent voir des dépassements, des chutes et de la vitesse tout en étant très proches des coureurs. Plus qu’une course les gens veulent du show comme pourrait l’être dans une toute autre mesure bien évidemment la NASCAR [NDLR : courses de voitures].
La présentation des coureurs se fait en musique avec des jeux de lumières. Notre ami Joey Mantia au micro, c’est vraiment sympa ! Cela donne envie de se lancer dans l’arène. 26 coureurs sont présents pour cette épreuve, 16 en fond et 10 en sprint. Ils sont normalement 30 sans les étrangers. Nous sommes deux non américains : Wei lin Lo de Tapei, champion du monde du 500 en 2009 et moi-même. A savoir qu’au préalable pour avoir le droit de participer au NSC, il faut prendre part à des trials en début d’hiver pour déterminer qui a le niveau.
Les séries : course 1 – 1.600m
La première course pour moi est un 16 tours. Dans ma série, il faut compter avec Michael Cheek, une vraie star de l’indoor US, champion NSC 2010 en fond et meilleur fondeur de ces dernières années. Je me dis donc que ce sera la personne à suivre sans oublier que même si je ne connais pas les autres patineurs, il ne me faut surtout pas les prendre à la légère sous peine de me faire tourner autour.
La série se passe bien puisque je la gagne devant Cheek et me qualifie donc pour la finale sans trop de problème. Je finis tout de même un peu émoussé avec les jambes pleines d’acide lactique puisque 16 tours presqu’à fond avec les jambes tout le temps en pression du fait de la position, ca rend la chose plus dure qu’elle n y parait.
Course 2 : série du 1.000 m
Les series étant les mêmes pour les deux jours de course de NSC je me retrouve donc avec les mêmes patineurs que pour le 1.600 m. Je me dis donc qu’il faut suivre la même stratégie en suivant Michael Cheek et assurer une place parmi les 4 meilleurs pour me qualifier pour ma seconde finale consécutive.
La série se déroule plutôt bien jusqu’à 5 tours de l’arrivée où je me fait tamponner dans un virage par Hank Galbraith. Mécontent de me faire rentrer dedans, je me venge de suite dans la ligne droite en lui donnant un gros coup de coude. Conclusion, nous sommes tous les deux disqualifiés et je me fais appeler au centre par le juge, qui me dit que ce genre de contact est interdit, ce à quoi je réponds énervé : « Je le sais, je l’ai fait sciemment et le referai à chaque fois que quelqu’un me tamponnera, même si ca doit me coûter une disqualification ». Le juge, que je connais, me répond que je n ai pas changé !
Le bilan après ces séries est donc mitigé. Alors que j avais la possibilité de me qualifier sans trop de problèmes pour les deux finales, je ne participerai finalement qu’à celle du 16 tours. Dommage mais bon je relativise en me disant qu’il me reste le tour lancé et la finale du 1.600m pour m’éclater et pourquoi pas accrocher un bon résultat.
Les finales: frustation et malchance
Course 3 : tours lancés
Vient le concours de tours lancés. Nous somme divisés en deux groupe de 13 avec dans les premiers groupes, les outsiders, puis après une petite pause les meilleurs. Bien entendu je m’élance dans le premier groupe en tant que novice. Ma philosophie est de surtout pas me précipiter puisque jusque là, à chaque fois que j’ai voulu faire un tour à fond, j ai perdu plus de temps que je n’en gagnais en voulant en faire un peu trop.
Je décide de faire un tour propre à 95% de mes possibilités. Le tour se passe bien et surtout il est propre, ce que je recherchais, Je fais un temps de 8.85, ce qui est correct pour moi mais je sais que ça ne suffira pas. Plus les patineurs passe plus je me rends compte que c’est très très serré. Je me classe donc 10ème ex-aequo dans cette course, ce qui est pas mal mais un peu frustrant finalement vu la relative possibilité de faire mieux.
En effet, à part William Bowen qui est sur une autre planète avec un 8.48, je me serais classé 4ème en me contentant d un 8.80 largement à ma porte. Nous sommes 7 ou 8 patineurs en 5 centièmes. Derrière moi, le bouchon continue, ce qui montre bien la densité du niveau avec des patineurs qui pour nous ne sont connus ni d’Eve ni d’Adam.
Course 4 : la finale du 1.600 m
Pour cette première finale de fond, je me lance dans l’inconnu. En effet, je n’ai pas encore couru avec la moitié des coureurs présents au départ parmi lesquels : les stars comme Harry Vogel, Justin Stelly ou bin Jarett Paul.
Cela s’annonce comme une course excitante et dure. Pour moi, c’est l’envie de bien faire qui prédomine. C’est la première fois qu’un étranger a l’occasion de signer un podium en NSC.
La course part beaucoup plus vite qu’en série : tout le monde veut être devant. Pour ma part, je reste tranquillement en 5ème position sans frotter pour essayer de m’économiser au maximum. Je veux surtout de voir comment cela se passe et pourquoi pas si une opportunité s’offre à moi, la saisir.
A 5 tours de l’arrivée le trou est fait et nous voila 5 en tête : Harry Vogel, Justin Stelly, Jarett Paul et Michael Cheek. La logique voudrait que je finisse 5eme, ce qui serait déjà pas mal. Mais comme je ne suis pas du genre à en rester là, je décide de lancer mes dernières forces dans la bataille. Je passe Michael Cheek à 4 tours de l’arrivée et me retrouve alors 4ème. Je me dis que tout est possible. Le tour suivant, j’essaie de passer Jarett Paul, mais arrivant un peu juste pour le dépasser à l’entrée du virage ; je décide de rester derrière, ce qui va me couter cher. En effet, n’ayant pu construire suffisamment mon virage je ressors un peu à l’arrêt et il me faut batailler pour Cheek ne me repasse pas, je ferme donc la porte au virage suivant mais arrivant plus rapidement il me shoote tel une quille de bowling. Je finis ma course pas terre après une chute assez violente. C’est vraiment dommage puisque même si le podium aurait été dur à atteindre et qu’une 4eme place était légitimement la place que je pouvais espérer, cette journée se termine sur une bonne dose de frustration.
Pas plus effondré que ca, je suis remonté pour le lendemain avec le Blue Ridge challenge toute la journée et le NSC le soir. Une grosse journée m’attend donc…
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Photos : droits réservés
Chris.rtg
4 mars 2011 at 14 h 56 minBostonien
4 mars 2011 at 13 h 29 minJe remarque que si l'organisation fournit des roues de la même marque, tous n'ont pas le même modele par contre sur la dernière photo.
Un tel show en France pourrait-il avoir la même densité?
Arnaud
4 mars 2011 at 12 h 57 minantoine morlaix
4 mars 2011 at 11 h 49 minAlfathor
4 mars 2011 at 10 h 20 min