Vincent Buin : « Mon Ventoux »
Quand on passe sur l'autoroute en direction du Sud, c'est lui que l'on aperçoit discrètement à gauche, non loin d'Avignon : un mont chauve et pelé rendu célèbre par les compétitions cyclistes, le Mont Ventoux. De loin, rien d'exceptionnel. La montée c'est pas trop mon truc mais j'ai quand même tenté l'ascension...
Par alfathor

Un peu d’histoire
Ventoux tire son nom de Vintur, une divinité des sommets signifiant : « que l’on voit de loin ». Et de là haut je peux vous dire que le spectacle est panoramique. Au sommet, le 360° est inoubliable. Depuis 1990, le Ventoux est classé réserve biosphère, dont le label est attribué par l’UNESCO ce qui fait que c’est peut-être le seul monument qui se grimpe sur plus de 22 km au départ du village appelé Bédoin. Les pentes oscillent entre 4 et 11%, un col hors catégorie.
La préparation
Arriver jusqu’au paradis ou désert selon le point de vue, là était le but de cette excursion à sensation !
Au détour d’une news postée sur REL, je lance à quelques amis, « cette année je le fais ». Quelques réactions et questionnement avant de cogiter sur l’aspect matériel, pour moi une épreuve de montée se prépare plus dans la durée et dans le mental que dans le physique.
Bref, j’emporte une paire inédite dans mes bagages (chausson confort et platine 4×80 usée FSK ).
Le jour J
Petit matin tranquille, au chant du coq (qui a commencé à 5h du matin) je me prépare tranquillement avec un petit déjeuner version randonnée (pasta miel). Je prépare des straps et autres petites astuces pour limiter les échauffements des pieds.
Comme le décrivait le résumé de Thibault sur le site du PUC, rendez-vous à 7h30 sur le parking avant la côte… Déjà pas mal de voiture et quelques visages connus. Vient un briefing sur les conditions de l’ascension et les règles de sécurité sur route ouverte aux cyclos et autos. Pas d’excès de vitesse SVP !
La traditionnelle photo de classe au départ avec 35 participants au compteur, une belle concentration de rider qui n’ont qu’une envie, arriver au bout dans les temps.
C’est parti !
Clap de départ avec en tête une voiture ouvreuse et quelques véhicules d’assistance pour l’eau, les ravitaillements, les photos et les encouragements entre deux virages.
Très vite les petits groupes se forment, certains attaquent fort tandis que d’autre ont pris l’option tranquille. Les cardios montent entre 160 et 180 BPM dès les premiers lacets. Il faut prendre son rythme et surtout ne pas s’énerver, conserver la cadence et profiter du paysage.
Au début, ce ne sont que des vignes à perte de vue. Ensuite, une forêt ombragée conserve la fraîcheur de la nuit (mais pas pour longtemps). Un autre repère visuel : la petite pancarte sur le côté gauche de la route indique la pente moyenne, le kilométrage jusqu’au sommet.
Une montée, non. De l’escalade, oui.
Pour certain, les montées s’avalent comme on claque des doigts. Mais là, c’est la durée de l’effort qu’il faut anticiper bien avant de commencer. Effectivement c’est long… Seule l’arrivée au sommet compte aujourd’hui.
A voir certains équipements, chausson carbone pour les vitesseux, patins fitness pour d’autre, en quad pour Pierre (si, si il l’a fait en quad) j’avais comme des enclumes au pieds. Mais j’étais bien calé dans mes chaussons et la platine la plus courte que j’avais en stock pouvait se monter correctement donc pas de regrets.
Au départ, il a fallu stabiliser le cardio autour des 160 – 170 pulsations sans dépasser la limite haute 180. La position du patineur de vitesse, courbée en recherche de fluidité est à oublier.
La pente étant importante, plus on est droit, mieux c’est. De surcroît, au détour des lacets de la forêt domaniale de Baumont du Ventoux, on peut respirer les essences d’arbres typiques du Midi et entendre le chant dess cigales.
Côté désagréable, les mouches sont cette année particulièrement actives.
1h de randonnée : les fessiers commencent à se muscler fortement, il reste 14 km (c’est la pancarte qui nous l’annonce) et nous sommes toujours dans la forêt. Quand va-t-elle s’arrêter ? J’avais relu avant de partir en vacances l’article d’Arnaud Da Costa de Dijon écrit en 2006, simple curiosité. C’est vrai qu’elle est longue mais j’ai surtout aimé la partie la plus pentue. C’est simple le geste du patineur qui fait de l’escalade se résume à faire un pas en avant, éviter les graviers sur la route pas forcément évident avant le chalet Reynard, puis de faire de même avec l’autre pied. Lever la tête de temps en temps et éviter de penser, je vais pas y arriver car… là le doute peut s’installer si on réfléchit trop.
1h20 : un participant s’arrête sur le bas côté car il fait une allergie cutanée. Le soleil y est peut-être pour quelque chose ? Les organismes souffrent copieusement. Je me demande même si mes pieds vont tenir le choc. J’aurais une ampoule au niveau de la malléole que cela ne m’étonnerait pas !
Précieuse assistance
1h30 : le cortège de voitures d’assistance qui se préoccupent de nous soutenir s’arrête régulièrement et nous propose, chouchou, glace café, thé à la menthe… (zut, ca c’est sur la plage, j’ai zappé un épisode)… non plus sérieusement, les accompagnateurs sont déterminants dans ce genre d’épreuve en grimpette. Il suffit de tendre le bras, demander à piocher dans votre stock de friandises préférées , banane ou pom’pot et recharger le Camelback, un Mars et ça repart. L’idéal c’est d’avoir une assistance tout les 4 km pour le moral ça compte aussi.
Pause au chalet Reynard
2h : Arrivée au chalet Reynard, une pause s’impose pour souffler et s’hydrater, une demi-banane pour la route et quelques consignes comme par exemple d’avoir une petite bouteille d’eau avec une solution sucrée dans 2 km car il reste la partie dégarnie du Mont Ventoux à parcourir (soit 7 km).
La particularité du dernier tiers de la montée c’est le côté calcaire et lunaire que propose ce » Mont chauvelu « , comme si les quelques moutons que l’on croisera à 4 km de la ligne avaient brouté l’herbe, déraciné les quelques rares arbres et plantes arctiques (pavot du Groenland par exemple) ou ces espèces typiquement méditerranéennes, voire même africaines, qui arrivent à s’accrocher.
Nous, l’escalade au contact de nos 8 roues se fera pour les derniers 7 kilomètres par saccade. Un coup à droite, puis à gauche. Peu de débat, roues dans roues, j’avais les C2 couleur blanc en ligne de mire et le claquement des roues de 100 dans les oreilles.
3h de balade. Hum, c’est que d’en haut le paysage est sous nos pieds, dans le bas on distingue les vallées, des routes tout est loin. Le pas régulier, nous arrivons vers un troupeaux de moutons qui ne facilitent pas la descente des vélos qui doivent freiner et slalomer.
Vélos à gogo
Les vélos… j’ai arrêté de compter après le troisième kilomètre le nombre de grappes de cyclos qui ont également pris le départ de Bédoin ou du bas de la vallée. Rarement c’est nous qui les dépassons, ils sont tranquillement installés sur leur strapontin, parfois en danseuse ( mais ceux qui sont dans cette position on les retrouve vite sur le côté quelques mètres plus loin avec une voiture balai à leur hauteur ). Toujours un mot sympathique, un sourire… on comprend aussi les efforts à fournir même si nos disciplines sont différentes (petite pensée pour Will rencontré à Dignes lors d’une sortie VTT quelques jours plus tôt qui m’avait prévenu que le Ventoux était costaud).
Mini-pause
Une micro pause de 10 secondes : En gros c’est un peu ce genre de timing que l’on peut s’octroyer à 2 km le l’arrivée. Un bout d’une ligne droite, le point de vue sur la vallée ( côté Drôme ) , quelques gorgées de la précieuse boisson énergétique prise auparavant. Je demande à Cécile de se poser quelques secondes pour admirer le paysage. C’est court mais ca permet aussi de prendre le souffle. Il reste peu de distance, le vent est modéré et les cyclos montent en nombre. Parfois, ils engueulent les voitures mal garées ou celle qui ne regardent pas dans leur rétroviseur. Ils dévissent à une allure folle et frôlent les barrières de sécurité. La route est étroite par endroit et les véhicules d’assistance nous attendent en haut.
Reste 2 km
Il faut tenir le rythme de 7 km/h et dans une foulée régulière. On rattrape progressivement JP et Pierre qui se suivent.
A 200 mètres, je retrouve Thierry, qui a fait le stage d’entraînement intensif en Provence. Il nous guidera sur les derniers mètres en marchant à côté de nous. Le piège à éviter c’est de prendre le dernière virage à gauche trop à l’intérieur. Je vois JP poser un genoux à terre et aussitôt se relever. Il a pris la corde et nos patins ne sont pas fait pour l’escalade en rocher.
Il reste 100 mètres à parcourir avant de franchir la ligne d’arrivée. Là, les photographes nous mitraillent, les un après les autres (de beaux souvenirs merci !)
Conseil d’entraînement
Faire de longues sortie sur le plat puis sur des portions vallonnées.
Faire des séances de montée dans la saison pour :
- choisir son matériel bien avant
- repérer les moments critiques dans l’effort ( 1h puis 2h voire plus )
- apprendre à utiliser son cardio et s’autoréguler dans l’effort
- Prendre du plaisir et ne pas trop en faire non plus pour ne pas se dégoûter des dénivelés
Conseil le jour J
Ne pas forcer trop dès le départ, il faut toujours en garder pour la fin surtout s’il y a du vent Le mont Ventoux se grimpe mètre par mètre, il faut être très patient
3h18 d’effort
C’est le temps qu’il me faudra pour arriver au sommet. Sans prétention ni idée du temps que j’allais mettre. J’ai géré la montée au rythme de mon binôme (Cécile de Brétigny) et quelques micro pauses – ravitaillement et reprise de souffle.
Il faut pas trop réfléchir ni parler dans la montée et se concentrer sur le point fixe : l’antenne relais de la télé placée au sommet du Ventoux. On m’avait parlé de bourrasque de vent, de la température glaciale, rien de tout cela en haut mais il faut certainement faire plusieurs fois l’ascension pour goûter à tous ces plaisirs.
Liens utiles
News et photo de l’édition 2010
Site du Mont Ventoux
Le Mont Ventoux sur Wikipedia
Article de l’édition 2006
Blog de Thibaut Dejean
Photos : Vincent Buin
jp2copter
16 août 2010 at 12 h 29 minHot Stuff
16 août 2010 at 8 h 46 minmerci à tous pour ces superbes photos à bientôt sur les routes de franche conté
DEnis
16 août 2010 at 1 h 15 minprésident du csb roller
15 août 2010 at 22 h 12 minMerci encore aux accompagnateurs
Christian
15 août 2010 at 20 h 44 minCette fois je suis allé au bout, mes pieds ont eu le bon goût de me lâcher après l'arrivée seulement!
Chapeau à tous ceux qui ont fait la grimpette, c'est vraiment énorme.
Et sans nos supers accompagnateurs, c'est vrai, on n'essaierait même pas.
Encore merci à elles et eux!
Cécile
15 août 2010 at 16 h 20 minTu as porté nos couleurs en haut de ce sommet mythique.
Au prochain marathon RM3V en septembre les 2,5 km de montée initiale vont être de la rigolade pour toi.
A bientôt pour que je te fasse une grosse bise.
8wd
15 août 2010 at 11 h 37 min