Championnat d’Europe 2011 : un marathon historique à Zwolle
Les drapeaux bleu-blanc-rouge ont chauffé dans le ciel de Zwolle lors de l’ultime journée des championnats d’Europe. Les Tricolores ont en effet rapporté trois titres sur quatre possibles, par l’intermédiaire de Marie Poidevin, Guillaume De Mallevoue et Yann Guyader. Trois victoires époustouflantes et sans conteste, qui placent la France au deuxième rang des nations européennes cette année !
Par alfathor

Un marathon historique à Zwolle : les Français raflent trois titres sur quatre !

Ultimes épreuves du Championnat d’Europe de roller course 2011 avec le marathon à Zwolle (Pays-Bas). L’après-midi commençait sur les chapeaux de roue, avec la victoire de Marie Poidevin dans la catégorie des Juniors femmes.
La course des juniors femmes
A vrai dire, au regard du sprint final, cette victoire ne souffre d’aucune contestation, tant Marie était la plus forte. Un 42 km, ce n’est pourtant pas forcément facile à gérer. Notre championne de France 2010 à Pornichet commençait cette course dans le peloton. Bien calée et bien cachée, elle laissait la responsabilité des premières attaques aux Italiennes (Francesca Liberati, Anna Giroldi, Sofia D’Annibale), à l’Espagnole Saray Narnaez, à la Néerlandaise Lisanne Burman ou encore à la Suissesse Deborah Keel. Cette dernière était d’ailleurs la première à tenter sa chance à l’entame du troisième tour. Et cela alors que le peloton avait bouclé ses deux premiers tours dans un train de sénateur (15 minutes pour 7km)…
Juniors femmes Marie Poidevin seule contre deux Italiennes sur le marathon à Zwolle
Deborah Keel sortait avec Francesca Liberati pour ouvrir un trou de plus d’une minute en moins d’un tour. Kalon Dobbin, le sélectionneur suisse, était aux anges : « It’s perfect ! » jugeait-il avec un large sourire. Il allait vite déchanter.
A six tours de l’arrivée, les deux fuyardes se faisaient reprendre par un peloton aligné par Marie. Anna Giroldi et Sofia D’Annibale tentaient alors leur chance. Marie, très vigilante, se mettait à leurs trousses accompagnées de Lisanne Burman et de Saray Narnaez. A la mi-course, elles n’étaient plus que quatre en tête, Narnaez ayant décroché. Burman allait baisser pavillon à son tour. Bizarrement au moment où la pluie faisait son apparition pour pimenter les cinq derniers tours. C’était une simple averse, suffisante cependant pour compliquer le patinage !

On sentait bien que ces conditions pourraient être favorable à la Française. En effet, cette dernière a gagné à Pornichet sur un sol mouillé (mais avec les bonnes roues). La dernière inconnue résidait dans le comportement des deux Italiennes. Allaient-elles attaquer l’une après l’autre ou bien attendre le sprint final ? Elles ont choisi la meilleure solution pour Marie si tant est qu’il y en avait une. A savoir l’arrivée au sprint ! Marie était bien en jambe. Elle s’est même permis le luxe de sortir de loin pour savourer son troisième titre de la semaine. Elle termine en 1h28’20. Margot Pouydebat, qui était vaillamment restée dans le peloton, termine quant à elle huitième.
Juniors hommes : la malchance poursuit Joris Garderes
A l’amorce de cette dernière journée de championnat, deux inconnues persistaient chez les juniors hommes. Tout d’abord l’épaule de Joris Gardères mais aussi le scaphoïde d’Aurélien Roumagnac. Les deux athlètes sont donc passés par la case hôpital avant le début des courses. Ils ont ainsi statué sur leur état de santé. Mauvaise nouvelle pour Aurélien. Il se retrouve avec le poignet dans le plâtre et l’impossibilité de prendre le départ du marathon. Bonne nouvelle en revanche pour Joris. L’épaule sur laquelle il est tombé suite à la suite de l’américaine sur route est intacte. Pourtant, la malchance l’a encore poursuivi. Alors qu’il était bien calé dans le peloton et qu’il gardait toutes ses chances pour le final, la fixation de sa chaussure s’est dévissée. Il ne restait que 2,5 tours et Joris a dû abandonner.
Le Valencien n’a donc pas pu prendre part à la lutte finale d’une course très animée. Les Néerlandais ont été les principaux perdants. Car ce sont bien les Oranges qui ont pris les choses en main dès le départ. Normal après tout : ils étaient quand même treize sur la ligne, contre cinq « petits » Français notamment… Dès le premier tour, un certain Jack Tuyp partait tout seul, sur un circuit à nouveau trempé. Il allait prendre le vent ainsi pendant une petite moitié de course, avec une avance jamais définitive (40 à 45 secondes au maximum). Derrière, Pierre-Yves Péridy faisait le travail pour l’équipe de France. Il était relayé de temps en temps par le Suisse Livio Wenger ou encore par le Portugais Martyn Dias. Le train faisait des dégâts à l’arrière et le Belge Jore van den Berghe abandonnait même, sur chute.
Guillaume de Mallevoue s’impose en patron
A peine Tuyp repris que Ruurd Dijkstra partait. Cette fois-ci, tout le monde avait compris : le Néerlandais n’a jamais pu prendre plus de dix secondes au paquet. A quatre tours de l’arrivée, il fallait s’y remettre. Les Néerlandais lançaient donc une nouvelle torpille amphibie, Niels Mesu.
Ce dernier n’est pas un inconnu sur la glace, mais il n’est venu au roller qu’il y a trois ans. L’Autrichien Jakob Ulreich, sentant bien le coup, jetait toutes ses forces dans cette bataille pour le rejoindre. Guillaume De Mallevoue, très attentif jusqu’alors, partait lui aussi à l’abordage. C’était la dernière fois que le peloton voyait ce trio de près.
Malgré les efforts de Martyn Dias, mais aussi de Livio Wenger, l’avance des fuyards augmentait au fur et à mesure. Surtout que la colonie néerlandaise restée en arrière commençait à bloquer plus ou moins. A un tour de l’arrivée, l’avance des trois échappés était de 40 secondes. Un écart suffisant pour voir venir, éventuellement tergiverser à l’amorce des derniers hectomètres.
A vrai dire, on sentait Guillaume un poil plus fort. En effet, le Francilien a notamment dû se relever à deux tours de l’arrivée, au passage près du compte-tour, pour attendre Mesu et Jakob Ulreich. Il n’allait leur laisser aucun espoir dans les deux derniers kilomètres. L’un après l’autre, Guillaume les a décrochés pour finir seul et premier. Mesu deuxième, arrivait sous les acclamations d’un public néerlandais très nombreux. Ulreich paraissait tout aussi heureux d’offrir à l’Autriche une médaille de bronze !
Seniors femmes : Nathalie Barbotin était très forte sur le marathon à Zwolle
Au nombre de fois où le speaker a prononcé son nom, au nombre de fois où on l’a vu en tête sur les deux écrans géants installés sur le circuit, au nombre de fois où elle a attaqué : pour toutes ces raisons, sans conteste, on peut dire que Nathalie Barbotin était (encore une fois) la plus forte.
La Française n’a pas ménagé ses efforts. Elle s’est placée intelligemment dans un peloton qui risquait les accrochages à cause d’un sol encore mouillé. Elle fut bien inspirée. Dans le premier tour, une chute collective mettait à terre Aurore Schiro. Elle devait abandonner, ainsi que Juliette Pouydebat, qui elle revenait au courage. En fait, une bonne partie de la course, le train allait être assuré par les Néerlandaises. Elles étaient dix au départ.
Plusieurs fois, le peloton devait casser à la suite des attaques de Nathalie Barbotin. Cela permettait de voir qui était en jambes. A chaque fois, trois ou quatre Néerlandaises répondaient, dont Elma de Vries, ainsi que les Allemandes, notamment Jana Gegner et Sabine Berg, mais aussi deux Belges bien discrètes mais bien présentes, Hilde Goovaerts et Nele Armée, ainsi que Justine Halbout.
Ce jeu d’attaque-défense allait animer les deux derniers tours presque sans relâche. Les Néerlandaises ainsi que les Allemandes, semblaient calquer leur course sur celle de Nathalie, ce qui allait leur être fatal. Car ni Elma de Vries, ni Mariska Huisman, ni Jana Gegner, ni Sabine Berg, ni Tina Struever n’ont prêté attention à l’attaque de Nele Armée à deux kilomètres de l’arrivée.
Nathalie Barbotin
Elles paraissaient comme aspirées par l’attention qu’elles portaient entièrement sur Nathalie. Elles attendaient sans doute que la Française aux quinze titres européens les ramènent sur un plateau… Pendant ce temps-là, la Belge filait vers l’or, les yeux grands ouverts en direction de la ligne d’arrivée. Voilà une belle revanche pour celle qui avait dû mettre entre parenthèses sa carrière en raison de problèmes de dos.Elle avait également manqué la médaille de bronze de l’élimination sur route quelques jours avant. Les Allemandes peuvent s’en vouloir d’avoir trop attendu. Bien sûr, elles finissent deuxième (Berg), troisième (Gegner) et quatrième (Struever), mais le titre est plus beau ! Quant à Nathalie Barbotin, encore une fois, elle impose le respect général. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle elle a été élue athlète féminin de ces championnats d’Europe.
Les vertus d’une équipe solide
Bien sûr, on peut aligner quatorze patineurs au départ pour multiplier les chances de victoire d’autant – ce qu’on fait les Néerlandais. Bien sûr, on peut se reposer sur les épaules d’une star mondiale réputée imbattable – ce qu’on fait les Belges. Mais quand les deux variables se rencontrent, toutes ces stratégies finissent par s’annihiler… Ça n’a pas manqué ! Dans le marathon des Seniors hommes, deux athlètes se sont faufilés par un trou de souris pour aller prendre l’or et l’argent du marathon. Deux briseurs de rêve qui ont réchauffé les cœurs latins : Yann Guyader et Fabio Francolini. Il faut voir cette course avec l’œil sur le Français bien évidemment. Il nous a habitué à considérer que la meilleure défense, c’était l’attaque. C’est vrai que cette stratégie semblait la plus justifiée face au contexte de départ…
Inutile d’attendre que les Oranges, déjà tellement pressés de garder le titre à la maison, ne s’en aillent comme à la parade. Dès le premier tour, Yann s’échappait donc avec Ewen Fernandez, plutôt pour lancer ce dernier comme un éclaireur. Ça a eu le mérite d’obliger les Néerlandais et le Belge Ferre Spruyt à se dévoiler une première fois.

Les français s’animent
« L’épisode » Fernandez terminé, il était temps pour Brian Lépine d’écrire la deuxième page de l’histoire. A huit tours de l’arrivée, alors qu’on voyait déjà pas mal de Néerlandais en perdition, Fracesco Peula (Espagne) filait en douce avec le Français. Ingmar Berga, le tenant du titre, et Marteen Swings, le frère de l’autre, allaient les rejoindre. Cette échappée aurait pu être la bonne, d’autant plus que derrière, les Bataves cadenassaient.
Mais voilà, le petit Swings n’avait pas la caisse assez solide. Un tour après, son frère, déjà bien seul, devait se la coltiner pour recoller les morceaux d’une médaille d’or qui semblait se fissurer entre ses mains. Lépine, Berga et Peula avaient quand même près d’une minute d’avance ! Yann Guyader serrait les dents en queue de ce qui restait du peloton, dans un moment de moins bien. Mais les Français étaient encore quatre à l’avant (en comptant Ewen Fernandez, Julien Levrard et Elton De Souza), sans compter Brian Lépine. Cette densité et cette solidité allait permettre au leader tricolore de se refaire une santé très rapidement. Dans un championnat d’Europe, ça compte quand même de pouvoir appuyer ses yeux – et son moral – sur du bleu, du blanc et du rouge !
La peau des Oranges !
A quatre tours et demi de l’arrivée, Bart Swings avait réussi à faire se recoller le paquet de tête. Indubitablement, le Belge est très fort : il a fait plier presque à lui tout seul un Brian Lépine qui n’est pas n’importe qui et un Ingmar Berga, l’une des stars Néerlandaises ! Ewen Fernandez a alors pris le relais plus souvent qu’à son tour pour empêcher toute sortie intempestive. Crispijn Ariens et Ingmar Berga, encore lui, ont retenté plusieurs fois de sortir dans les trois derniers tours, en vain : le Français et Bart Swings veillaient. A ce moment-là de la course, on avait l’impression d’une tactique néerlandaise trop stéréotypée (une attaque en solitaire, puis une autre, puis une autre…), mais aussi d’un Bart Swings qui dispersait ses forces. L’arrivée allait nous faire mentir.
Le sprint final des seniors hommes au marathon roller de Zwolle
Car encore une fois, ce sont bien les Néerlandais et Bart Swings qui entamaient le dernier tour en position de force. Certains signes ne trompent pas : à la cloche, le Belge resserrait la boucle de sa chaussure, prêt à sprinter vers le titre. A 400m, trois Néerlandais (Ariens, Berga et Hekman) avaient pris la tête, immédiatement suivis par Bart, Yann et Fabio Francolini. On imaginait déjà le podium… Une fois de plus, c’était tout faux !
Dans la dernière ligne droite, les trois Néerlandais se sont mis de front, ne se préoccupant que du Belge, qui sautait à droite et à gauche sans pouvoir franchir la muraille orange. Yann Guyader avait bien vu une autre option possible : le Français construisit son sprint solidement sur la gauche de la route, là où il avait vu qu’une petite place se libérait. Il voyait le jour par un trou de souris, mais ce trou de souris menait vers une lumière dorée…
Fabio Francolini, qui avait suivi la bonne roue, en profitait pour aller chercher l’argent. Sur la photo de l’arrivée, on voit un Yann hyper heureux d’avoir décroché le Graal, trois Oranges un peu pelé(e)s, comme hirsutes, et un Bart Swings dégoûté. S’il est vrai que les Oranges ont eu la peau de Bart, on pourra aussi bien dire que Yann et Fabio ont eu la peau des Oranges ! Cette histoire donne finalement raison aux Tricolores : on ne gagne qu’en faisant la course, pas en essayant de la défaire !
Texte : Vincent Esnault – Photos : Daniel Busser – Vidéo : schaatsen.nl
j-p
8 août 2011 at 20 h 44 minbadobreizh
8 août 2011 at 12 h 05 min