Retour sur les 24 Heures Roller de Calafat 2011 (Espagne)

Ils sont de plus en plus de français à participer chaque année aux 24 Heures de Calafat (Espagne). La seconde édition de cet événement hispanique s'est déroulée les 22 et 23 juillet dernier sur un circuit routier fortement exposé au vent. Les tricolore sont venus, ont vu et ont vaincu ! Retour sur les performances tricolores...

Par alfathor

Retour sur les 24 Heures Roller de Calafat 2011 (Espagne)

Pour venir à Calafat, il faut aimer le vent !

Histoire et présentation du circuit

Vue aérienne du circuit de CalafatLe circuit automobile de Calafat est situé à L’Almeta de Mar (Province de Tarragone, Espagne), une petite ville balnéaire.

Chose intéressante, le tracé du circuit ressemble en de nombreux points à celui du Bugatti, il a quasiment la même forme !
Inauguré en 1974, il mesurait initialement 2,550 m. Il a été rallongé en 1987 pour atteindre les 3,250 m pour une largeur minimale de 6,5 m.

En 2009, il a connu une rénovation totale de son revêtement, des paddocks, des box…

En 2010, il a reçu la première édition des 24 Heures roller de Calafat. Les français ont tout de suite accroché et sont venus participer à cette épreuve.
L’organisation a remis le couvert en 2011 et les tricolores ont brillé dans les différentes catégories.
De nombreux solos sont présents sur place : Sixties (Philippe Debadier), Youb Solo (Hubert Maniabal), Mystic (Jean-Michel Philis), Bones (Brigitte Raoul). Ils sont accompagnés de leur staff/famille.

Philippe Debadier remporte l’édition 2011 en solitaire avec 120 tours et 390 km.

Le récit de Mystic (Montpellier Inline)

Une course en solo c’est aussi une équipe, des amis, la dream team, le club des MILs, un staff et le  box n°24 de cette année. On y retrouve Franck, Aurélien, Philippe Debadier (« Sixties », grand vainqueur de l’édition 2011) et notre staff : Cédric, le frère d’Ivan, Agnès sa merveilleuse belle-soeur, ma fille Laurène, fabuleuse dans le combat et son ami dévoué Vinvent. Sans eux, nous aurions moins existé .

Je cite « Sixties » : « Je pense que ce vent est une constante et qu’il sera toujours présent à Calafat ».  Donc vous  êtes prévenus pour les prochaines éditions… D’après l’hôtelière de l’Hospitalet del Infant, village voisin de Calafat où se situe notre hôtel : « Il y a toujours du vent ici, il couche de 4 à 5 camions par an » !
A contrario le vent permet au corps de ne pas trop monter en température mais il assèche les muqueuses : nous boirons, Brigitte et moi, l’équivalent d’un pack et demi  d’eau chacun. Le vent use aussi l’organisme.

Le jour J

Après 7 heures de sommeil réparateur et un petit déjeuner très copieux, nous voilà en route pour le circuit. Il semblerait qu’il y ait moins de vent, il semblerait. Retrouvailles, embrassades, accueil des nouveaux, salutations, dossards, installation du box, tout va bien.
Repas du midi à base de pâtes et tofu, boisson de préparation : chacun son rythme, on s’installe.
Briefing à 14h50, reconnaissance du circuit de 15h15 à 15h30. Retour au box, derniers préparatifs, massages, élasto, bidons, gels,  instructions au staff puis concentration.

Le matériel

Au Mans 2011, mes pieds ont failli ainsi que ceux de Brigitte provoquant notre effondrement mental et physique. Entre Le Mans et Calafat, nous avons privilégié les entrainements vélo et jogging plutôt que roller afin de les préserver. Nous sommes donc partis avec 4 paires pour moi et 3 pour Brigitte.
Pour la reconnaissance je chausse les Bont Vaypor/ EOskates 4×104 mm. Outre le plaisir de la glisse, je sens une douleur insidieuse s’immiscer. En rentrant au box, je décide de partir en Powerslide R4 avec platines BJ Concept 4 x100 montées avec des roues matter Juice F3 à noyau plein. Je vais les garder durant 12 heures pour ensuite terminer en « moches patins ».
Brigitte partira en chaussure Mariani avec platine Icon et roues en 3X104 + 94 mm qu’elle gardera environ 6 h pour passer ensuite en R4 BJ Concept 4X100mm avec roues Matter F3 à noyau plein. Elle terminera en Rollerblade Tempest à partir du dimanche matin jusqu’à la fin. Nous n’aurons pas mal aux pieds durant les 24 heures, nous changerons de patins pour des questions de maintien de chevilles et de confort pour finir la course dans les meilleures conditions.

Départ

15H50 : Appel de chaque coureur par son nom et son numéro de dossard sur la ligne de départ façon moto GP : la tension monte. Les regards se fixent. Le vent agite les drapeaux. Emotion et souvenirs de l’édition 2010 reviennent. Le doigt sur la touche « ok » du GPS, 15h58, 15h59… 10,9,8,7,6,5,4,3, 2, 1… Fuego !

Très bon départ d’Ivan qui part le premier. Il met une mine colossale à tous les coureurs, Ils mettront un demi-tour ou plus à le reprendre, très fort et très très vite !
Avec Brigitte, on ne s’affole pas, notre plan de course est bien établi selon nos aptitudes. On reprend Ivan qui nous avait fait cette petite cachoterie du départ canon et on laisse partir les meilleurs ! Notre petit peloton se forme auquel viendront se greffer les deux Franck (Familly Roller et lu tonrembas) et des espagnols. On donne le tempo avec Bri à notre rythme.

Vent favorable

24 Heures de Calafat 2011

En ce début de course le vent nous est favorable, on en revient pas. Il nous pousse dans les côtes. Cela ne dure que jusqu’au début de la nuit, mais cela nous permet de nous économiser.
Comme d’habitude en début de course, pas de MP3. J’écoute tout ce qui se passe : ma respiration, mes roulements, le vent, ceux qui nous doublent, ceux qui nous parlent, la  concentration est maximale mais nous sommes bien dans la course. Je ne regarde pas non plus mon GPS, ni la moyenne, ni la vitesse, je me retiens même de regarder l’heure. Je compte seulement les tours de 3,2 km, ça m’occupe et je calcule mentalement qu’à environ 13 tours j’aurais effectué un marathon. Et là, bonne surprise : 1h52 pour BRI et moi, pas de lassitude, ni de courbatures.
Ivan et certains de nos compagnons du début ont été décrochés,  les premiers solos nous ont déjà pris 2 tours mais peu importe. Le staff nous fait passer un bidon toutes les 40 mn à peu près, ça tourne bien ! J’interroge Brigitte du regard à chaque relai qu’elle prend (à elle les parties roulantes à moi les côtes) car la seule inconnue pour nous reste nos pieds ! Mais tout va bien, et vers 19 heures (20 tours), nous faisons un premier arrêt de 30 mn comme prévu pour s’asseoir et diner copieusement, se rafraichir, reposer nos jambes… mais pas trop non plus pour ne pas s’engourdir.

Le vent tourne

Podium solo19H30. On repart pour un run de 2 heures. La première heure sur la digestion est terrible et  le vent vient de tourner, de fraîchir et de se mettre de face dans les parties montantes… La guerre d’usure commence, on se souvient de 2010.
Les corps s ‘arcboutent, la lassitude et le doute nous rongent au fur et à mesure. Deuxième arrêt à 21h30 (+ 14 tours) pour 30 mn de pause. Assis dans mon fauteuil, je mange une banane et un mélange noix de cajou/amandes salées. Je bois une bière très légère pour avoir un peu d’amertume et moins de sucré ainsi que de la Saint-Yorre. Je suis fatigué et Brigitte aussi, on accuse le coup. Ivan ne me semble pas au mieux non plus, il a des problèmes gastriques, sa motivation se relâche.

En nocturne

22h00 : de nouveau un run de 2 heures, ça devient dur de compter les tours, mon MP3 est en route mais le vent lancinant couvre le son. On s’arrête à 23h52 (+10 tours ), on s’accorde une pause de 40 mn pour se refaire la santé dans notre nid, notre hâvre de paix : le box 24.

Le Box 24  c’est comme la zone 51 dans le Nevada : une bande d’extra-terrestres chancelants avec une lumière halogène frontale, une rougeoyante dorsale, irradiant chaleur, moiteur et arômes divers dispersés par le vent.
Il est 0h30 quand nous repartons après une pause de moins en moins reconstructrice, Déjà 8H30 de course dans le timing préétabli sans anicroche et peu de retards, je sens déjà qu’il se passe quelque chose, la course de notre vie au bout des 15h30 restantes je l’espère !
On repart pour seulement 5 tours tellement nous sommes fatigués et là le scoop tombe à 01H15 du matin  par notre staff: deux des prétendants à la première et deuxième place ont lâché : une motivation supplémentaire pour nous qui remontons 2ème et 3ème puis 3ème et 4ème : rouler à notre rythme, faire des petites pauses, et surtout engranger des tours, des tours et des tours pour éloigner les meilleurs des trois premières places.
La valse des boissons énergisantes commence. Je regarde les lits de camps, c’est le chant des sirènes de Calafat. Je ne succombe pas à la tentation, S’allonger et ne plus exister… mon fauteuil m’attend après chaque run, Agnès et Laurène m’interrogent du regard et suivent mes instructions. Elles prodiguent alimentations, boissons et réconfort.
Bones est là, on s’épaule, se soigne, se parle, on fait la course ensemble, nos esprits unis dans l’adversité et les douleurs,on roule « riders on the wind »… c’est la première fois que je n’écoute plus de musique, le vent me parle, il siffle, il chante et lamine nos nerfs, notre volonté, alors je médite en roulant et je l’aime ce vent… de plus en plus.

Passage à vide

Entre 1h50 et 2h40, seulement 4 et 5 tours, plus de jus. Brigitte est prise de violents maux de dos alors qu’elle roulait très fort accompagnée de Philippe. Elle avait pris de l’avance sur moi et décide de s’arrêter pour soulager son dos, voire dormir. Je m’arrêterai au tour suivant épuisé par le vent et la course. L’arrêt se prolonge pendant 1h40 durant lequel je dormirai seulement 20 mn. Mon corps saturé de fatigue, de boissons et gels énergisants ne trouve pas le repos et le calme, il tressaille et sursaute. Je n’ai pas déchaussé de peur de m’installer dans le confort, de ne pas me réveiller et surtout ne pas pouvoir rechausser car je sais que j’ai de multiples ampoules au bout des doigts de pieds.

24 Heures de Calafat 2011

4H20 on repart plutôt mal que bien, il nous faut au moins un tour pour que les muscles répondent et chauffent, c’est terrible la sensation d’être scotché sur le bitume avec l’impression que chaque tour de 3,2 km dure 20 mn. Sur le circuit on roule avec Philippe, le futur vainqueur qui nous a rejoint par hasard car tout seul c’est l’enfer. Plongés dans la nuit noire très peu éclairée par nos frontales, on s’apporte du réconfort en parlant et en faisant des micro pauses de 15 mn après chaque run de 3,4 ou 5 tours .

Seconde journée

24 Heures de Calafat 2011

Le jour se lève brutalement vers 5h30, on est tellement étonné et ébahis de sortir des ténèbres que l’on pensait infinies que de nouvelles forces nous animent et nous mènent au déjeuner du petit matin.

6 h10 du matin. Pause d’une heure et dix minutes. Après mon thé salé, mon cake aux fruits et malgré des classements qui fluctuent entre la deuxième et la 4ème place, ma victoire est en moi dans les yeux du staff, d’Ivan et de Brigitte. Ne pas faillir pour eux, mon club et moi enfin !

7h20, on repart avec Brigitte comme dans un rêve (run de 3,4,5 tours au maximum entrecoupés de pause de 10 à 15 mn) pour finir ce qui sera notre plus belle course en solo de 24 heures.

Arrivée

15H50 : regroupement des solos français et espagnols non loin de l’arrivée, tous se saluent et se remercient ; c’est un moment chargé d’une émotion intense, Philippe prend le drapeau francais amené par Youb, gagnant de la première édition. Le coureur de l’équipe leader de la course a franchi la ligne d’arrivée vers 16h02, Philippe s’élance la drapeau en main il s’apprête à franchir la ligne, victorieux, auréolé de son humilité et de sa gentillesse exceptionnelle. Je prends la main de Brigitte nos regards rivés sur l’infini à vivre.

Ivan(le terrible) craquera vers 4h50 et repartira avec nous vers 10h00 pour finir à toute vitesse. Il bouclera 67 tours (comme moi en 2010 : un signe) et 230 kms et sera 10ème au scratch .

Brigitte Raoul (Bones) première féminine, termine 4ème au scratch 92 tours et 299 kms  relègue sa suIvante à plus de 32 tours.

Jean-Michel Philis (Mystic) arrive 3ème au scratch avec 99 tours et 322 km.

Principaux résultats

  • Philippe Debadier (Sixties) – 1er en solo
  • Brigitte Perhirin (Bones – Montpellier Inline) termine 4e au scratch des solos et première féminine avec 93 tours soit plus de 302 km
  • Jean-Michel Philis (Mystic- Montpellier Inline) arrive 3e au scratch des solo avec 99 tours soit plus de 321 km
  • Ivan finit 10e au scratch des solo avec 70 tours soit plus de 227 km
  • Longchamp Roller Team 2ème au classement général et 2ème en marathon 6
  • Roller Frejus Gap Antibes : 3ème au General et 1er en team 10

Liens utiles

Classement par équipe 2011
Vidéo de remise des récompenses n°1
Vidéo de remise des récompenses n°2
Vidéo de remise des récompenses n°3
Vidéo de remise des récompenses n°4
Vidéo de remise des récompenses n°5
Les photos de Calafat de Sixties, vainqueur en solo
Bande annonce de la vidéo Longchamp Roller Team
Le circuit de Calafat
Les photos de Bio Rider Nature

Texte : Alfathor
Photos : Youb solo, Sixties, Mystic
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Auteur
Alexandre Chartier 'alfathor'

Bonjour à tous, je suis Alexandre Chartier, fondateur et webmaster de rollerenligne.com. Le site a vu le jour officiellement le 11 décembre 2003 mais l'idée germait déjà depuis 2001 avec infosroller.free.fr. Le modeste projet d'étude est devenu un site associatif qui mobilise une belle équipe de bénévoles. Passionné de roller en général, tant en patin traditionnel qu'en roller en ligne, j'étudie le patinage à roulettes sous toutes ses formes et tous ses aspects : histoire, économie, sociologie, évolution technologique... Aspirine et/ou café recommandés si vous abordez l'un de ces sujets !

1 response to “Retour sur les 24 Heures Roller de Calafat 2011 (Espagne)”

  1. aurélien
    25 août 2011 at 20 h 45 min
    que de souvenirs.../

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