Raid roller longue distance de Paris à Millau pour le Téléthon 2004
Dans le cadre du Téléthon qui s'est déroulé les 3 et 4 décembre 2004, Rollerenligne.com et PlanetRoller ont relié Paris à Millau en roller. Le départ a été donné de la capitale le 30 novembre au matin et l'arrivée à Millau a eu lieu le 4 décembre en fin d'après midi. Philippe Renard, Lidia Rainoldi, et Alexandre Chartier ont parcouru 650 km en 5 étapes de 100 à 160 km par jour. Récit...
Par alfathor

5 étapes… 650 km
La semaine précédente, le ciel chargé et les nombreuses pluies faisaient craindre des conditions météorologiques difficiles pour le raid Paris-Millau. Ce n’est pas sans quelques inquiétudes que le groupe consulte fébrilement la météo tous les soirs.
Trois jours avant le départ, les chaînes de télévision et les sites internet annoncent encore du mauvais temps. Heureusement, la donne changera un peu avant le départ. La saison n’est pas propice à ce genre de délire sportif…
Lever entre 4h et 5h du matin selon les personnes. Il faut finir de préparer les sacs et se rendre au Palais Omnisport de Paris Bercy. Les briefing matériel ont été organisés durant les dernières semaines.
Des vivres sont prévus pour les 5 jours du raid : des barres de céréales et énergétiques, des gâteaux, de l’eau, une trousse de soin, des couvertures de survie. Pour les « gros » repas, c’est l’option des restaurants qui a été choisie. La veille, José Artur (Pop club de) a annoncé notre départ sur France-Inter entre 22h00 et 23h30.
Arrivée à Bercy à 7h30. Le soleil n’est pas encore levé, mais on voit déjà que la journée sera clémente. Philippe arrive avec Nathalie qui relaiera Christine dans la voiture suiveuse pour la 4ème étape entre Clermont-Ferrand et Saint-Flour. Lidia arrive avec Philippe de RollerTV, venu couvrir le départ.
Quelques personnes ont fait le déplacement pour encourager les patineurs : Serge Rodriguez, William Peters, vice-président de mobile en ville, Jacques Trief, président de l’A.R.B.P., et des adhérents de Planet Roller, Sylvain et Isabelle. L’association « mobile en ville » donne le départ…
Etape 1 : Paris / Gien, une « classique »
Cette première étape fut une « classique » dans le sens où les 3 patineurs l’avait déjà faite entre 3 et 4 fois. Le parcours a été reconnu longuement par Philippe les années précédentes. Il n’y a donc aucune surprise. La distance avoisine les 160 km mais ne présente pas de réelle difficulté, hormis quelques portions de grattons.
Le petit groupe longe les quais de Seine en direction de la banlieue, le soleil se lève en face de nous, plein est. Ce beau temps est inespéré ! La température est plutôt douce, c’est un vrai régal de filer sur les pistes alors que les franciliens s’entassent petit à petit dans les bouchons, cela donne un sentiment de liberté inégalable.
Les villes succèdent aux villes, nous passons la limite symbolique de la francilienne, les habitations se clairsèment. Nous arrivons dans la Beauce : Des champs à perte de vue, des lignes droites sans fin. Après une courte pose à Milly la Forêt, nous reprenons la direction de Gien. Le groupe a fait 60 kilomètres, il en reste une centaine. Nous voulons rejoindre Bellegarde pour le déjeuner, mais l’heure avance.
Etape 2 : Gien / Bourges
Il est 6h30 quand le réveil sonne. Premier réflexe : jeter un oeil par la fenêtre : La ville du bord de Loire est plongée dans le brouillard. Heureusement, il se lève progressivement. Quelques gouttes tombent encore. Il a sûrement plu durant la nuit. Le sol est trempé. La voiture suiveuse a crevé, il faut aller faire réparer avant le départ. C’est Thierry de l’association Gien Relax qui fonce chez le garagiste le plus proche. Nelly (Gien Relax) va remplacer Christine, qui conduit notre voiture suiveuse, le temps de la réparation. Il ne faut pas perdre de temps, car les journées sont courtes. Nous sortons de Gien par une départementale assez fréquentée.
De nombreux camions nous dépassent. La journée débute avec un gratton mouillé, nous progressons lentement. Après une dizaine de kilomètres, le calvaire se termine lorsque nous empruntons une petite départementale, plus lisse et moins fréquentée.
Le relief est un peu plus varié que la veille, mais les côtes ne sont pas encore trop sévères. Nous traversons quelques villages désertés, des portions boisées, des champs. Nous passons de vallons en vallons, la route est glissante : un mélange de terre et d’eau s’est déposé sur le sol. Nous descendons au pas. Les portions de gratton alternent avec les parties lisses. Les patineurs cherchent leurs appuis en permanence. Il va falloir s’y faire car les jours suivants risquent bien de ressembler à celui-ci.
Christine reçoit un coup de fil de Bourges, nous sommes invités par la ville dans le cadre du Téléthon. Initialement, nous devions faire route vers Cérilly, nous nous détournons pour rejoindre Bourges.
Nous faisons halte à Ménetou pour nous restaurer. La route après le repas sera simple, une ligne droite d’une trentaine de kilomètres jusqu’à notre nouvelle arrivée. Cette section est un vrai bonheur ! Le soleil nous accompagne durant cet après-midi. On sent à peine les côtes tant le bitume est lisse. Nous avalons le reste de l’étape jusqu’à l’entrée de la ville de Bourges. Nous rejoignons le centre historique où s’est installé la tente du Téléthon. Les bénévoles nous offrent gentiment un café.
Après une petite promenade touristique dans les rues piétonnes et à la cathédrale, nous rencontrons Monsieur Milliard, adjoint au maire et chargé du dossier des personnes handicapées. Il nous fait rencontrer un journaliste de la Charente Libre. Le lendemain, le petit groupe apparaîtra dans les journaux locaux.
Etape 3 : Cérilly / Clermont-Ferrand
Le réveil est difficile. Il pleut sur la ville. La nuit est encore sombre sous ces lourds nuages. Il nous faut rejoindre Cérilly en voiture de très bonne heure pour faire la distance prévue dans la journée (138 km) et respecter le road-book. Durant tout le transfert, les gouttes ne cessent de marteler les vitres. Dur dur pour le moral.
A l’arrivée vers Cérilly, quelques rayons de soleil commencent à poindre ! Une bonne étoile veille sur nous !
Mais le véritable enfer n’est pas la pluie. Nous ne sommes pas encore conscient que les 100 kilomètres qui nous attendent seront un cumul de gratton et de côtes… Cette étape est un enfer ! S’il existait un Paris-Roubaix en roller, il se déroulerait dans l’Allier : le département du gratton. Cette étape n’est qu’une succession de montées et de descentes, la routes est plus glissante qu’un fond de baignoire. La terre, l’eau, la bouse de vache, se mélangent en une mixture impatinable. C’est un cauchemar. Les nerfs sont mis à rude épreuve. Quelques gouttes tombent de temps à autre, inquiétant les patineurs.
Nous arrivons à mi parcours, il est temps de se poser pour manger. La pluie commence à se faire plus dense. Le repas chaud nous revigore un peu. Nous sommes trempés. La portion qui nous attend cet après-midi n’est pas beaucoup plus heureuse. Sur les conseils du restaurateur, nous modifions légèrement le tracé pour éviter un col composé de 54 virages, quelques kilomètres de plus, mais beaucoup de côtes en moins.
En sortant du restaurant, la pluie cesse. Nous avons une chance inouïe. Le sol est trempé, mais au moins on ne roulera pas sous la pluie. Nous repartons directement dans le vif du sujet : des côtes, du gratton, et ça glisse. Le soleil sort du manteau de nuage, un arc en ciel se pose à l’horizon, les paysages sont magnifiques. Même l’enfer recèle quelques beautés. Nous atteignons un plateau. Sur notre droite, la chaîne des volcans d’Auvergne se dresse au loin. Les sommets sont drapés dans les nuages. Les flancs sont couverts de neige. Demain, nous contournerons ces montagnes. Vu d’ici, les montagnes vieilles ont l’air plutôt jeune.
Il faut se hâter, la nuit ne va pas tarder à tomber. Les 30 derniers kilomètres sont un peu plus faciles à patiner. Les montées s’atténuent, nous descendons progressivement dans la vallée. Le patinage devient dangereux. Le coucher du soleil rend les descentes périlleuses. Heureusement les routes sont relativement lisses. Nous arrivons dans les villes avoisinant Clermont-Ferrand. La nuit est tombée. Il va falloir finir à la lumière des phares de la voiture.
Nous avons rendez-vous non loin de Clermont avec des membres de l’APR63 et du Corum Saint Jean qui nous accueillera pour la nuit : Sébastien, Géraldine, Martine, Mr Marquez… Nous passons ensuite prendre Nathalie à l’aéroport. Elle relaiera Christine dans la voiture suiveuse. Enchaîner 5 étapes à 20 km/h pendant 8h par jour demande une sacrée dose de patience. Nous nous souviendrons longtemps de cette étape… les Fous Allier.
Etape 4 : Clermont-Ferrand / Saint-Flour
Si les jours précédents ont sollicité les organismes par la variété des reliefs et des revêtements, l’étape de Clermont-Ferrand à Saint-Flour ne dérogera pas à la règle. Dès la sortie de la ville, nous attaquons les ascensions sur un sol détrempé. Il faut rejoindre Issoire, 40 km plus loin. Les routes sont tellement glissantes que Philippe avance plus vite que nous en marchant dans l’herbe. Les descentes sont très périlleuses tant l’adhérence est précaire… mais le soleil nous accompagne. Nous perdons beaucoup de temps sur ce morceau du trajet et nous sommes inquiets pour l’heure d’arrivée du soir…
Arrivé à Issoire, nous prenons la direction de Massiac. Le groupe emprunte une ancienne portion de nationale parallèle à l’autoroute. Nous roulons sur un bitume épais alors que la bande lisse d’asphalte de l’autoroute nous fait de l’oeil. La route est calme, assez roulante malgré le vent de face en continu. Nous approchons de Lempdes sur Allagnon et de ses gorges. Nous faisons escale dans un petit bistro plein de clichés qui nous font sourire. Le premier est son nom : le 500 bornes, nous sommes déjà à 500 km de Paris ! Le second cliché est une référence au nom de famille de Philippe, la salle est pleine de … renards !
A la fin du repas, nous entrons dans les gorges de l’Allagnon. La route serpente près du cours d’eau durant plus d’une vingtaine de kilomètres. Des châteaux se dévoilent aux tournants des virages, dressés sur leurs éperons rocheux. La route est bien enrobée, nous avançons sans peine. Nous atteignons Massiac. C’est à partir de cette ville que les difficultés vont vraiment commencer. Nous allons passer de 500 à 700 puis 1100m d’altitude. Après calcul, nous aurons effectué près de 40 km de montée dans la journée et franchi deux cols.
Nous attaquons la plus longue montée du raid, le plateau sera atteint en plusieurs paliers. Lidia, qui n’est pas fan de côte fait le plein pour toute l’année ! Chacun monte à son rythme, il est difficile de rester en peloton sur des ascensions aussi longues. Les paysages avoisinants sont calmes, reposants, nous croisons peu de véhicules. Le Cantal approche. Une fois arrivés au sommet de la première difficulté, nous constatons que le plat des courbes de niveau de notre carte IGN n’est que très relatif… c’est une succession de petites montées et descentes en continu jusqu’au col de la Fageole à 1114m d’altitude. La fatigue se fait sentir, le rythme a un peu faibli en montée. Le col est atteint à la tombée de la nuit. Descente sur Saint Flour. La ville est magnifique, accrochée sur son promontoire et éclairée par le dessous.
Nous nous retrouvons à l’hôtel où Christine nous a fait la surprise de revenir. Nous rencontrons les bénévoles du Téléthon et la presse autour d’un vin chaud. Demain, nous attaquons la dernière ligne droite…
Etape 5 : Chaudes-Aigues / Millau
Les derniers 122 km furent certainement les plus beaux souvenirs de ce raid. la qualité globale des bitumes était plutôt bonne, les paysages nous laissèrent souvent ébahis, et les anecdotes abondent.
La route de Chaudes-Aigues à Nasbinals est un billard, vallonnée, mais roulante. A partir de Nasbinals, nous sommes au coeur des plateaux de l’Aubrac. Autour du ruban de bitume, tout n’est que brouillard, givre, et silence. Quelques flaques se sont transformées en glace, preuve que la température avoisine les 0°C. L’atmosphère est vraiment particulière. Nous progressons au milieu des nuages, enveloppés dans un drap de silence. Christine est partie devant avec la voiture, nous n’entendons que le bruit des roues sur le goudron et le vent sur le visage. Nous croisons parfois quelques vaches et chevaux qui se précipitent vers nous, pensant probablement que l’on vient les chercher pour les emmener à l’étable. Pas un bruit ne trouble la quiétude des lieux.
Pendant plusieurs kilomètres, nous n’apercevons aucune habitation, c’est une sensation inoubliable. Le retour à la civilisation sera d’ailleurs assez brutal et difficile. Le col de Bonnecombe (1350m d’altitude) apparaît petit à petit au milieu des nuages. Le rythme est soutenu aujourd’hui, on sent que la fin du périple approche. Nous redescendons. La campagne sort du brouillard, on distingue le halo du soleil à travers la couche blanche. Lorsque nous arrivons en vue du second col de la journée, le Trébahut, le ciel bleu s’est imposé. Il commence à faire un peu meilleur.
Nous savons que le plus dur de l’étape est passé. Le reste ne devrait être qu’une formalité. Quelques surprises nous attendent pourtant encore… comme ce versant nord et ombragé qui, au détour d’un virage ne présente à nos yeux qu’une immense plaque de glace, ou bien encore cette immense descente de plus de 8 km dans laquelle nous userons définitivement notre jeu de roue en alternant freinage en T, chasse neige et godille. En revanche, le spectacle est à couper le souffle. La vue plongeante sur la vallée nous dévoile un patchwork de champs aux couleurs variées, de maisons, de villages… La variété du relief tranche avec la morosité de la Beauce ou de la région parisienne. Le dépaysement est assuré.
Nous sommes à nouveau dans la vallée, à quelques foulées de Millau. Des cyclistes nous rejoignent en sens inverse depuis l’arrivée. Ils sont au courant de notre venue ! Apparemment, l’information a circulé parmi quelques personnes. Ils nous escortent vers la mairie, se frayant un chemin à travers les bouchons du soir. Nous arrivons déjà dans la salle de la mairie, où nous sommes accueillis par Monsieur Godfrain, député maire de Millau. Laurent et les adhérents de l’association Millau Crazy Roller nous y attendent également. L’aventure touche à sa fin, mais on a un peu de mal à en prendre conscience… vivement la prochaine !
Impressions des participants
Lidia « Lili » Rainoldi
« Au retour de notre raid, j’ai eu du mal… A redescendre sur terre ! J’étais comme droguée, ou saoule. Aucune courbature, rien! Simplement sur une autre planète, la tête et les yeux remplis d’images inoubliables ! Un défi, un challenge à relever : y arriver, sans monter dans la voiture ! Et c’est ce que nous avons fait ! Dans la bonne humeur, ça c’était facile, on se connaissait tous les cinq. Si je recommencerai ? C’est dingue, mais j’ai déjà envie de le refaire ! Avec Christine, bien sûr ! Pour sa top organisation ! »
Christine « Cri-cri » Bernard
» Tous les ans au mois d’août, quand je descendais à Montpellier, je voyais le viaduc prendre forme. Cette année, apprenant qu’un évènement était prévu, je voulais absolument y participer avec « Planet Roller ». Faire Paris – Millau en roller est une folie en cette saison, mais Alex a dit oui, puis « Petit renard » (un autre surnom de philippe) et enfin Lidia. Rouler pour une cause est encore mieux et donne plus de tonus pour les patineurs : voilà comment est né le défi sportif du « Téléthon Roller Paris-Millau ».
L’envie de réussir donne des ailes, tout a suivi très vite, contrat Téléthon, autorisations préfectures, contacts téléphoniques tous les jours et sur Internet pour régler tous les détails, les accueils.
Alex a préparé le trajet et le matos, Philippe a été le capitaine de route, Lidia s’est entraînée pendant quinze jours, 2 fois par jour. L’aventure est inoubliable et riche en rencontres, et pourtant, ce ne fut pas facile, les routes étaient très souvent mauvaises, des côtes les unes derrières les autres. Mais le soleil nous a toujours réchauffé le coeur. Bravo aux trois patineurs, merci à Nathalie qui nous a rejoint à Clermont-ferrand pour un relais en voiture suiveuse. »
remerciements
Merci à Christine, Nathalie, Thierry et Nelly Poillera de Gien Relax – Laurent de l’association Millau Crazy Roller – Delphine, Robert, Bernard et toute l’association Montpellier Funny Riders – Sébastien, Géraldine, Martine, Mr Marquez et toute l’association APR63 de Clermont-Ferrand – Le corum Saint Jean – Monsieur Milliard, Maire-adjoint chargé des Personnes Handicapées de Bourges – Monsieur Godfrain, Député-Maire de Millau – Mobile en Ville – Adeline Le Men – José Artur (France Inter) – L’Association Rungis Brillat Peupliers – Les Motesses – RollerTV.com
Liens utiles
Telethon.fr
Planetroller.com (Article de Christine)
Association Argos
Mobile en ville
le détail du raid sur le forum
Plan de l’étape 1
Plan de l’étape 2
Plan de l’étape 3
Plan de l’étape 4
Plan de l’étape 5
Photos : Alfathor et Christine Bernard