Bordeaux : Les Petites Morts (33)

« Ça roule poupée? » balanceraient certains mâles devant tant de filles en mini shorts et collants résilles, réunies. Mais avec ces filles-là ont d'autres chats à fouetter. Le dernier sport en vu, venu des Etats-Unis,ne manque pas de poigne et est entièrement féminin. Quand rouler rime avec cogner les bordelaises, elles, ne se cachent plus. A Bordeaux le Roller Derby a le vent en poupe…

Par alfathor

Bordeaux : Les Petites Morts (33)

Bordeaux : les Petites Morts (33)

Roller Derby: les filles sortent les poings

Les Petites Morts de Bordeaux

Le principe de ce sport est plus complexe qu’il n’y parait. Le match dure deux fois trente minutes et chaque round, deux minutes trente. Sur la piste, deux équipes s’affrontent. Toutes deux forment avec 4 filles un pack et la cinquième, la jammeuse, au casque orné d’une étoile, doit se faufiler pour dépasser le plus d’adversaires possible y compris le pack et la jammeuse adverse et marquer des points. Pendant ce temps, dans le pack, chaque équipe tente d’aider sa jammeuse à passer devant. Il en découle bousculades et autres positions stratégiques. Certaines n’en seront pas épargnées mais les laissées pour compte se relevant toujours.

Le roller derby n’est pas permissif à souhait, il compte un bon paquet de règles que sept arbitres s’acharnent à appliquer. Hormis les coups de hanches en coups d’épaule en passant par les fessiers, ces filles hargneuses peuvent écoper d’un petit passage en prison si elles font des fautes graves ou atteignant les parties au dessus des épaules et au dessous du bassin des concurrentes. Mais attention, plus de joueuses sont en prison et plus de points l’équipe adverse gagnera…

Ces filles qui aiment la castagne

Les Petites Morts de BordeauxChutes, griffures, insultes mais surtout beaucoup de solidarité et d’entraide, le roller derby est un sport spectacle encore plus prenant que le catch mexicain  et ces filles là sont bien décidées à l’imposer en France, pays de la féminité fragile.
Les « Petites morts » sont une vingtaine de filles entre 19 et 35 ans qui s’entraînent sur des quads (patins à deux essieux avec deux roues chacun) depuis janvier 2010. A raison de trois entraînements par semaine, les filles n’ont pas du tout l’intention de lâcher la cadence, surtout après le triomphe et l’honneur qu’elles ont eu de réaliser le premier match de roller derby français, en juillet dernier, contre Toulouse.

Tous les mardis et dimanche, les douze divas de l’équipe bordelaise se retrouvent sur le rink. Des maillots noirs et verts ont été floqués à leur effigie, dans un esprit série B zombiesque. « Belle Zebute », la coatch démarre l’entraînement par plusieurs tours de rink même si l’échauffement a déjà commencé avec quelques bières en compagnie des petits amis en guise de pompom girls.

Il y a toujours quelques chahuteuses pour se faire des croche-pattes entre elles, se bloquer et se courser en rigolant. Sous les casques les filles sont blondes, brunes ont les cheveux courts, longs voire colorés et même des dreadlocks : un petit garçon regarde même sa mère sur le côté.
 « Aujourd’hui c’est endurance et si vous voulez avant on fait des chutes » explique la coatch. La priorité en roller derby c’est de savoir tomber. Pendant une demi-heure les filles vont s’aligner et se lancer sur la piste avant de tomber sur les genoux, sur les coudières ou encore sur les côtés. Puis c’est Noélia qui lance les sprints d’une minute trente qui font suer les filles et rougir les joues. « Allez go, go,go…on y va ! », à voir, l’effort est monté d’un cran, les filles mettent les mains sur les hanches, soufflent et balancent les bras. Le sport est nerveux, vif et la vitesse se mêle à la technique et aux stratégies de groupe.
Le secret ? « Avoir une totale maîtrise de ses patins afin de se relancer » explique Elodie Aka Belle Zebute.
« Le problème c’est vraiment quand les patins ne tiennent pas la cheville, on a deux filles qui sont déjà partie à l’hopital à cause de ça ».
Côtes cassées, tibia et autres dommages, le roller-derby pour  certaines n’a pas duré longtemps : trop fragiles physiquement ou non préparées, c’est même parfois un vrai danger : « Au début on ne connaissait rien au sport alors on s’entraînait au blocage avant même de savoir bien patiner, c’était dangereux, mais on était je crois, trop impatientes! » explique la tombeuse.

Rock ‘n’ roll baby

Le chanteur des Misfits, groupe de punk hardcore grimmé aux mythiques prouesses vocales sorties d’outre-tombe, a chanté l’hymne national américain en préambule d’un match. Mais le plus évident, ce sont ses compagnes de musiciens rock,  (FAT MICK de NOFX par exemple) qui enfilent les patins. Un sport de filles tatouées ou non, grandes, petites, rondes ou maigres qui n’est pas sans rappeler le mouvement énervé Riot Girls.

Des filles trash? Pour les Petites Morts, Bordeaux était la ville de prédilection pour le roller Derby… 
« Bordeaux à une culture rock, ça a pris de suite par rapport au roller derby, j’en ai surtout parlé aux filles que je  croisais en concert… Pour moi le roller derby est forcément corrélé à la culture rock et d’autant plus à  celle de Bordeaux », affirme Elodie Koob.
« On écoute tous du rock, et certaines jouent dans des groupes. Pour ma part, je suis bassiste dans Maréchal Putain et Mustang Twister… » confie Maud O Red (en référence à sa coupe de cheveux), qui porte le numéro 5, enquêtrice Ipsos (le jour).
D’autres font partie d’association culturelles comme l’association Old Skull. Quant aux autres elles sont, pour la plupart, de vraies mélomanes :
« Flo est bassiste des Betty Boots et guitariste de Deirdre is dead, Charlotte est dans Corps de brève…en fait ici tout est confondu, âges, professions, classes sociales… » conclut Maud.
Autonomes, féministes et solidaires; au panache rock affirmé: les Petites Morts loin des clichés du genre, balancent autant les riffs que les hanches !

En piste?

Les Petites Morts de Bordeaux

Pour aller plus loin…

Entrainements

  • le mardi à 19h30 sur le rink quais des sports face à l’arrêt de tram St-Michel 
  • le jeudi à 20h30 sur le rink quais des sports face à l’arrêt de tram St-Michel
  • le dimanche de 15h00 à 18h00 à la halle des sports du campus universitaire à Talence.

Date de création / déclaration au journal officiel : 27 février 2010 – affiliée FFRS
Contact : rollerderbybordeaux@gmail.com
Page Facebook : Roller Derby Bordeaux sur Facebook

 

Liens utiles

Club : Roller Derby Ardennes (08)
Rencontre avec les Nantes Derby Girls
Les Simones, l’équipe de roller-derby orléanaise
Club : The Cannibal Marmots (38)
Club : Rencontre avec les Patineurs d’Angoulême (16)
Club : Roller-Derby Toulouse (31)
Les équipes de roller-derby en France
Le matériel indispensable en roller-derby
Livre : Bliss, métamorphose d’une fille ordinaire
Rubrique dédiée au roller-derby sur rollerenligne.com
Présentez votre club sur ReL ! La démarche…
Roller Derby Bordeaux sur Facebook

 

Texte : Tiphaine Deraison
Photos : Les petites Morts de Bordeaux

roller-derby bordeaux petites morts bordeaux
Auteur
Alexandre Chartier 'alfathor'

Bonjour à tous, je suis Alexandre Chartier, fondateur et webmaster de rollerenligne.com. Le site a vu le jour officiellement le 11 décembre 2003 mais l'idée germait déjà depuis 2001 avec infosroller.free.fr. Le modeste projet d'étude est devenu un site associatif qui mobilise une belle équipe de bénévoles. Passionné de roller en général, tant en patin traditionnel qu'en roller en ligne, j'étudie le patinage à roulettes sous toutes ses formes et tous ses aspects : histoire, économie, sociologie, évolution technologique... Aspirine et/ou café recommandés si vous abordez l'un de ces sujets !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *