Podcast : Gwendal Le Pivert, team manager Bont Europe
A 32 ans, le français Gwendal Le Pivert a mis fin à sa carrière sportive en 2021 après sept titres de champion du monde. Ce n'est pas pour autant qu'il a quitté le milieu du roller. La passion chevillée au corps, Gwendal passe de l'autre côté de la barrière pour constituer et encadrer l'équipe Bont Europe de roller course...
Par alfathor

Gwendal Le Pivert rejoint le bord de piste
Après une magnifique carrière sportive, le sprinteur et septuple champion du monde de roller course Gwendal le Pivert est récemment devenu le nouveau manager de l’équipe Bont Europe. Nous l’avions rencontré en 2012 pour parler de sa carrière sportive. Aujourd’hui, nous parlons de ses ambitions pour le futur…
Alors Gwendal Le Pivert, nous t’avions interviewé en 2012. Tu étais alors en phase montante dans ta carrière sportive. Où en es-tu aujourd’hui ?
Bonjour à tous. Effectivement, cela fait plus de 10 ans ! Ma carrière a pris un tournant incroyable en devenant sept fois champion du Monde. Et maintenant, deux ans après le championnat du monde en Colombie, j’ai décidé de mettre un terme à ma carrière de sportif de haut niveau, en équipe de France. Je vais toutefois continuer à parcourir les pistes du monde.

Qu’est-ce que tu as fait pendant deux ans ?
Je me suis consacré à des projets personnels. J’ai investi dans l’immobilier. J’ai fait des appartements et ce projet va bientôt arriver à terme.
» Il faut savoir que quand j’étais en carrière, l’athlète prenait plus de place que l’homme. Je ne pensais plus que par le sport et par mes objectifs, ça me bouffait. »
Gwendal Le Pivert, team manager Bont
Donc j’imagine que l’ambition de monter une équipe Bont Europe n’est pas un trajet de futur carrière à proprement parler ?
C’est sûr que mon projet côté roller a continué. Mais l’année dernière après Berlin, j’ai interpelé Alexander Bont, le patron de la marque, pour que l’on se rencontre tous : le distributeur Europe, le distributeur France et le grand patron pour mettre quelque chose en place. Je ne dis pas que cela ne fonctionne pas, mais simplement que l’on peut faire beaucoup mieux.
J’ai donc envoyé la fiche de résultat de Berlin et j’ai demandé à Alexander Bont : « Est-ce que tu trouves ça normal ? « . En effet, Bont n’est pas présent sur les compétitions ces dernières années. Pour moi, il y a un grand manque, qui engendre un manque de visibilité, alors que la marque a beaucoup d’expérience. Elle a été fondée en 1974, elle perd de la vitesse en Europe alors qu’elle en gagne en Asie.
Cela faisait des années que cela ne bougeait pas. Je pense qu’envoyer les résultats de Berlin ont été un électrochoc. Et c’est là qu’on ma proposé le poste de team manager pour monter l’équiper et la gérer. J’ai des projets persos, mais ce projet-là me tient à coeur depuis longtemps.
Ta relation à Bont s’est fait de quelle manière ? A quand remonte-t-elle ?
De mémoire, cela date de 2011. Mais le premier contact que j’ai eu c’était en 2011, pour les premiers championnats du monde en 2012. Le distributeur Europe de l’époque s’appelait Roy. Nous nous sommes contactés. Il était à la recherche d’un jeune en phase montante et cela s’est fait ainsi.

Gwendal Le Pivert, tu m’offres une bonne transition, tu dis qu’ils sont allés chercher un petit jeune. C’est une équipe jeune, composée de patineurs français. Comment ont-ils été choisis ?
Oui, exactement, je suis français donc j’ai énormément confiance dans ces athlètes que je connais. Bont m’a suivi toute ma carrière. J’avais en tête d’aller chercher des étrangers, mais nous n’avons pas trouvé d’accord. Je peux proposer des contrats à des patineurs espagnols ou allemands mais que faire s’ils n’ont pas envie de rouler ? Les français que j’ai sélectionné, j’ai confiance en eux. Le projet est de monter un truc ensemble. Je veux établir une relation de confiance pour monter quelque chose qui fonctionne, cette année et puis sur le long terme.
C’était le souhait d’Alexander de repartir sur quelque chose de dynamique, de frais, plutôt que d’aller vers des athlètes bien présents sur le marché et les compétitions.
Certains athlètes de l’équipe ont déjà un nom associé à une marque, mais ils avaient envie de donner un renouveau à leur carrière. Je sais qu’ensemble ça va bien se passer. Nous avons une relation d’échange, de co-construction.
La moyenne d’âge au sein de l’équipe doit être à peu près de 21 ou 22 ans. Vous faites une part belle à la mixité, ce qui est plutôt une bonne chose et qui est quand même devenu assez rare avec le manque de moyens.
Oui, déjà la mixité était indispensable. Dans la rédaction de mon budget, je ne voyais pas d’autre possibilité. Nous vivons dans une époque où l’égalité homme femme est importante. Mon équipe ne pouvait pas se composer autrement qu’avec quatre hommes et quatre femmes.

Je vais les citer : Doucelin Pédicone, Julia Nizan, Mathilde Pedronno, Valentin Thiébault, Timothy Loubineaud, Aubane Plouhinec, Marine Balanant, Quentin Poujol… A la fois des fondeurs et des sprinteurs. Comment vois-tu l’articulation entre eux ?
Après, effectivement, nous avons l’équipe senior femme avec Marine, Julia et Mathilde. Puis nous avons la patineuse junior Aubane qui n’ira pas sur les mêmes compétitions. Elle a un contrat différent.
Nous avons pensé qu’une pure sprinteuse comme Mathilde Pedronno et deux coureuses de longue distance comme Marine Balanant et Julia Nizan pouvaient suffire pour aller titiller et s’amuser sur les compétitions.
Chez les hommes, nous aurions pu partir sur un pur sprinteur comme Guzman par exemple. Mais nous avions déjà Valentin. C’est un patineur que j’apprécie énormément. Il est sprinteur, mais avec des qualités de fondeur et chez les hommes nous avons pensé qu’il nous fallait deux purs fondeurs. C’est pourquoi nous avons Doucelin et Timothy. Valentin est un sprinteur qui peut régler des sprints sur marathon et faire l’emballage final et aller gagner ou aider l’équipe en cas de problème pendant la course. Il est physique.
On aurait pu prendre un pur sprinteur, à l’instar de Mathilde Pedronno qui ne peut pas faire de marathons mais qui peut faire des courses de sprint et les gagner haut la main.
Sur quelles courses allez-vous vous aligner ?
Nous n’allons pas les divulguer maintenant. Nous les dévoilerons en temps voulu. C’est sûr que nous essayerons d’être présents sur les manches majeures et d’aller sur le maximum de marathons possibles. J’aimais les marathons mais ce n’était pas dans ma façon de travailler.
» Pour moi ces épreuves de marathons sont des vitrines de notre sport. C’est important pour le sport et pour la marque. »
Gwendal Le Pivert, team manager Bont Europe

Nous espérons donc vous voir en coupe de France ou en Coupe du Monde. Gwendal Le Pivert, comment allez-vous vous positionner par rapport à Powerslide, EOSkates et Rollerblade ?
J’ai toujours pensé depuis tout jeune que l’âge n’a pas d’importance.
» A chaque fois que j’ai pris le départ d’une course, je me disais qu’il ne fallait avoir peur de personne, mais qu’il fallait se méfier de tout le monde. »
Gwendal Le Pivert, team manager Bont Europe
Peu importe avec qui je courrais. C’est un peu la dynamique que je veux donner à cette équipe. Oui, il y a de grosses écuries, mais si on veut gagner, on ne va pas se positionner troisième ou quatrième équipe. Nous jouerons notre va-tout, en gardant à l’esprit le plaisir. S’il n’y a pas de plaisir, il n’y a pas de victoire. Nous sommes une marque forte, probablement la plus ancienne du roller, avec un héritage énorme, tout comme Rollerblade.
Et même si nous arrivons maintenant avec une équipe après quelques années d’absence, nous n’avons pas peur. Les cinquièmes, sixièmes et septièmes place ne sont pas l’objectif et j’ai confiance dans mes patineurs pour réaliser de belles places.
Gwendal Le Pivert, Bont est effectivement une marque historique du roller avec les premières chaussures moulées en roller course dans les années 1970. Bont se développe très bien en Asie et en Amérique du Sud, mais peine en Europe. Qu’allez-vous faire pour trouver votre place sur le marché européen ?
Déjà par l’intermédiaire des coureurs. Nous devons être visibles; Ces cinq ou six dernières années nous étions très peu visibles. Nous pouvons faire beaucoup mieux pour être vus et entendus. En Europe, il y a aussi beaucoup plus de marques, de toutes tailles. Au moins quatre ou cinq en France, cinq ou six en Italie, quelques unes en Espagne. Nous avions perdu de la vitesse. La dynamique a changé désormais. La distribution Europe revient à Toulouse avec Jérôme Masri. Il a lui aussi l’envie de faire avancer les choses. C’est une envie mutuelle de Jérôme, Alexander et moi de ramener Bont à l’avant des pelotons et se réintéressent à la marque.
Comment vois-tu l’évolution du marché du roller course dans les années à venir ?
Pour moi cela passera par les marathons. Je pense qu’il y a une erreur faite au plan politique. Si nous voulons faire évoluer le sport, il faut simplifier et ne mettre qu’un championnat piste et un marathon. Pour moi, on se perd dans le nombre de courses. Il faut quelque chose de très élitiste avec la piste et le marathon. J’aime toutefois le 100 m qui devient spectaculaire avec des gens qui commencent à se spécialiser.
C’est le moment de notre traditionnelle tribune libre Gwendal Le Pivert. Est-ce que tu as envie d’ajouter un mot sur un thème que nous n’avons pas abordé et qui te tiendrait à coeur ?
Le plus important quand on fait un sport, c’est vraiment le plaisir. A la fin de ma carrière, cela a été le plus difficile. A force de répéter les mêmes gestes, les entraînements, les hivers, je n’avais plus tant de plaisir que ça. Sans plaisir, rien n’avance. Si je devais donner un conseil aux jeunes d’aujourd’hui, c’est vraiment le plaisir qui permet d’aller plus loin, plus longtemps. Cela aide les enfants à continuer, à l’instar de ce que font les coureurs sur le vélo qui sont encore là à cinquante ans.
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