Entretien avec Marie Gomez, psychologue du sport
Marie Gomez est psychologue du sport. Elle officie au sein du CREPS de Nantes qui abrite notamment le Pôle France de roller course. REL et Balad'O Roller sont partis à sa rencontre. Podcast...
Par alfathor

Marie Gomez, intervenante au Pôle France de roller course à nantes (44)
Marie Gomez intervient en tant que psychologue auprès des sportifs de haut-niveau à Nantes (44). Parmi ses patients, des patineurs de l’équipe de France de roller course.
Bonjour Marie Gomez, peux-tu te présenter ?

Oui, je suis psychologue clinicienne, je travaille à mi-temps au CREPS de Pays-de-la-Loire où est installé le pôle France de roller course. Je travaille également avec le FC Nantes et la Fédération Française de Sport Automobile. Avec cette dernière, j’accompagne les jeunes et les équipes de France.
Concernant le roller course : en quoi consiste ton travail ?
Nous allons spécifier l’approche selon la demande des patineurs. Nous accueillons des sportifs adolescents et jeunes adultes au sein du Pôle Espoir. Pour le Pôle France, il s’agit de patineurs plus âgés. Nous avons des publics très variés selon la discipline sportive.
Marie Gomez, de combien de personnes t’occupes tu ?
Beaucoup ! J’aurais du mal à chiffrer. Au niveau du CREPS, nous sommes référents sur certaines disciplines comme le roller. Rien que sur cette discipline, je compte une dizaine de personnes. Sans compter toutes les autres disciplines. J’ai entre 8 et 10 rendez-vous par jour, ce qui fait beaucoup.
Je travaille une quarantaines d’heures par semaine en entretien, il faut y ajouter le travail complémentaire. Je vois les 10 patineurs tous les 15 jours environ. Tout dépend du volume de compétitions. Tout dépend du travail que souhaite mettre en place le sportif.
Marie Gomez, pourquoi le sportif doit-il avoir un suivi psychologique ?
Dans le cadre légal, les sportifs ont un bilan psychologique obligatoire par an. Nous avons un travail d’identification de difficulté dans le cadre du suivi médical réglementaire. Sans indication de suivi, le sportif va faire la demande et prendre rendez-vous, parfois par l’intermédiaire de son entraîneur.
Dans le cadre du suivi réglementaire, nous sommes dans le cadre du soin. Pour la performance ou le développement personnel, nous sommes plutôt du côté de la préconisation, du conseil.
« Je travaille particulièrement en individuel. J’aime cette façon de travailler qui me correspond. «
Marie Gomez
Comment se déroule un entretien ?
Il y a plusieurs aspects : les soins qui peuvent arriver ou sinon l’accompagnement d’une façon plus globale. Ainsi, il s’agit de prendre en compte tous les aspects psychologiques de la pratique sportive et de la performance. D’autre part, il faut prendre en compte son contexte familial, ses choix professionnels, tout ce qu’il est nécessaire de questionner pour avoir un sportif à l’équilibre.
J’aime bien débuter par l’histoire sportive du patineur. Elle découle d’une histoire personnelle. Un sportif va souvent faire des choix radicaux parce que cela a du sens pour lui. Beaucoup font des sacrifices pour la performance, c’est important de comprendre les motivations qui animent le patineur. Avec la haute performance, le patineur doit faire des choix en termes de vie personnelle, de vie professionnelle, d’alimentation, de sommeil, de vie familial, d’éloignement parfois. Ce n’est pas toujours simple à vivre.
Combien de temps dure un entretien ?
« C’est vraiment un métier de rencontre et de passion, je continue d’évoluer et de grandir chaque jour au contact des sportifs. »
Marie Gomez
Entre 45 minutes et une heure. Il peut arriver que cela dure un peu plus longtemps si besoin. La fréquence des entretiens dépend du besoin du sportif.
Je n’ai pas vraiment d’horaires, les sportifs ont mon numéro de téléphone et peuvent m’appeler quand ils ont besoin. Ils ont cependant du respect et n’appellent pas n’importe quand. Il peut m’arriver de me déplacer sur certaines compétitions selon les besoins. Ils peuvent m’appeler quand ils doutent, quand ils sont stressés. Je les aide dans la décharge émotionnelle, pour qu’ils libèrent leurs émotions. Une fois qu’ils ont déchargé, je les aide à se remobiliser pour les objectifs du lendemain.

Est-ce que tu discutes avec les entraîneurs ?
Oui, dans la limite du secret professionnel du patient. Il peut nous arriver d’être dans des situations de médiation entre entraîneur et sportif. Nous sommes en lien avec les désirs des sportifs sur ces questions.
« Notre métier n’est pas encore forcément connu et reconnu, tout du moins en France. Il nous faut parfois argumenter, expliquer, que c’est un travail long qui demande de l’engagement du sportif. Les représentations restent un inconvénient. Nous devons continuer de les déconstruire. »
Ecoutez l’interview complète sur le podcast !