Pays-Bas : un autre monde pour la vitesse ?

Les marathons d'Emmeloord et d'Oldebroek se sont déroulés la semaine dernière aux Pays-Bas : l'occasion de faire le point sur la pratique de la vitesse dans un pays qu'on connait peu ici en France...

Par alfathor

Pays-Bas : un autre monde pour la vitesse ?

Pays-Bas : un autre monde pour le roller de vitesse ? PAYS-BAS : UN AUTRE MONDE POUR LE ROLLER DE VITESSE ? Les marathons d’Emmeloord et d’Oldebroek se sont déroulés la semaine dernière aux Pays-Bas : l’occasion de faire le point sur la pratique de la vitesse dans un pays qu’on connait peu ici en France…

Autre pays, autre formule

La recette de la KPN Inline Cup (la série de marathons à laquelle appartiennent Emmeloord et Oldebroek) est somme toute simple : un circuit de 800/900 m autour d’un pâté de maisons (certains diront que ce circuit a la forme schématisée d’un anneau de glace), quelques barrières pour bloquer la circulation, 40 km de course et les patineurs pros sur glace qui courent sur des roulettes à la belle saison. Rien de plus facile à faire !
Chacune de ces deux courses était programmée en soirée (aux alentours de 18h30), car les Seniors B (ainsi que les Juniors) et les femmes (Elites et Nationales) roulaient juste avant. Au final, des compétitions bouclées à plus de 40 km/h de moyenne par une cinquantaine de néerlandais d’un niveau homogène. Un autre monde pour le roller de vitesse ?

Un niveau élevé quelle que soit la catégorie

Première surprise : les courses Seniors B et femmes sont déjà très relevées. La masse (de participants) y est pour quelque chose, ainsi que l’enjeu. Le nombre d’athlètes au départ à chacune des deux courses dépasse allègrement la trentaine (y compris chez les femmes).
Dans la catégorie B, on trouve principalement des patineurs qui se battent pour monter en A et, peut-être, décrocher un contrat pro. Chez les femmes, les patineuses sont avant tout des spécialistes du marathon, comme par exemple l’inoxydable Hilde Goovaerts (qui emmène la délégation belge, suivie des sœurs Gaudesaboos, des frères Swings et de Ferre Spruyt), ainsi que des spécialistes de la glace passés sur les roulettes l’espace d’une saison estivale.
Même si les distances semblent courtes, et feraient bondir dans d’autres pays (30 à 40 km), l’engouement est bien là, en témoignent les chronos affichés à l’arrivée (40 minutes pour 30 km chez les B à Emmeloord par exemple).

Une organisation simplifiée

Deuxième surprise : les Néerlandais savent mettre en place des marathons avec « deux bouts de ficelle. » Les deux compétitions d’Emmeloord et d’Oldebroek se déroulaient sur des circuits de 800/900 m d’une simplicité biblique (deux lignes droites, deux grands virages, trois barrières pour détourner les flux de voitures…). Peu de juges, à peine trois sur la ligne d’arrivée pour valider les sprints intermédiaires et le sprint final, mais cela semble inutile : les courses vont tellement vite que faire des fautes serait totalement superflu !
Les circuits en question, même s’ils sont plats, ne sont pas forcément exempts de difficultés (des petits dos d’âne, des rainures et des îlots directionnels à Emmeloord). L’avantage également, c’est que les routes sont aussi très rapidement rendues à la circulation (il suffit de retirer les trois barrières en question).

Chambouler la hiérarchie mondiale

L’astuce, grâce à de tels circuits, réside dans le fait que des échappées seraient inutiles, voire suicidaires. Certes, les tentatives ne manquent pas, mais le peloton qui chasse est tellement homogène qu’à chaque fois, elles semblent condamnées à avorter, même si elles sont conduites par un Bart Swings ! On peut parler d’astuce ici, car évidemment, favoriser les sprints massifs rend le spectacle beaucoup plus intéressant ! Un peloton homogène, c’est aussi ce qui fait la force des courses aux Pays-Bas.
Il y a quelques années encore, cela aurait été impossible à voir. Mais voilà, les pros de la glace se sont progressivement mis à concourir également sur les roulettes de manière pleine et entière, et pas uniquement pour se préparer à la saison sur glace suivante. Des équipes se sont formées, et, bon an mal an, des courses d’un niveau largement équivalent à une World Cup sont organisées toutes les semaines, voire plus fréquemment.

Un contexte bien particulier

Une aubaine pour les Néerlandais, mais aussi un « piège. » Leur nation est si petite en superficie (comparée à la France) que les patineurs du plat pays n’ont aucun intérêt à en sortir pour courir ailleurs : ils se contentent, en quelque sorte, de leur circuit national. A quoi bon s’aligner sur une World Cup, voire un championnat du monde ?
A noter que ce phénomène n’est qu’une reproduction de ce qui se passe avec la glace (les Néerlandais qui courent les coupes nationales ne s’intéressent pas aux Jeux Olympiques). On peut pourtant imaginer qu’avec de tels athlètes (et pour appuyer, des temps de 56 minutes pour 40 km à Emmeloord par exemple), ils pourraient largement chambouler la hiérarchie mondiale et modifier le schéma des marathons continentaux ou mondiaux ! Ingmar Berga l’a d’ailleurs prouvé en 2008 en allant décrocher une seconde place en WIC, lors de l’étape (néerlandaise) de Wolwega – où le quatrième était son compatriote Rob Hadders et, plus loin, Joey Mantia « seulement » sixième et Luca Saggiorato « seulement » septième.

Conclusion

Une dernière remarque pour conclure : le circuit néerlandais des marathons semble solide et pérenne. Le système se renouvelle constamment, grâce au double intérêt que représentent les courses de roller (des compétitions avec un challenge à la clé ainsi qu’une préparation pour la glace) et grâce à l’engouement général qu’il suscite (avec la possibilité pour les meilleurs B et les Juniors de monter en A, et pour les A de décrocher un contrat). De leur côté, les femmes auto-régénèrent leur niveau en quelque sorte, étant donné qu’elles courent toutes en A : elles progressent donc forcément vers le haut, ce qui reste l’objectif dans un sport de compétition ! Pour comparer, le système néerlandais ressemble un peu aux courses de vélo qu’on retrouve en France, avec au bout le même avantage : des pelotons fournis de compétiteurs presque tous aptes à gagner… En tout cas, tout le monde semble y gagner ! Alors, les Pays-Bas sont-ils un autre monde du roller ? A en juger par les arguments énoncés plus tôt, oui et non… En tout cas, ils peuvent apparaître comme une source d’inspiration – la source d’inspiration qui a introduit les rollers aux roues alignées dans le reste de l’Europe voilà maintenant presque vingt ans…

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Texte : Vincent Esnault
Photos : droits réservés

vitesse monde pour autre PaysBas
Auteur
Alexandre Chartier 'alfathor'

Bonjour à tous, je suis Alexandre Chartier, fondateur et webmaster de rollerenligne.com. Le site a vu le jour officiellement le 11 décembre 2003 mais l'idée germait déjà depuis 2001 avec infosroller.free.fr. Le modeste projet d'étude est devenu un site associatif qui mobilise une belle équipe de bénévoles. Passionné de roller en général, tant en patin traditionnel qu'en roller en ligne, j'étudie le patinage à roulettes sous toutes ses formes et tous ses aspects : histoire, économie, sociologie, évolution technologique... Aspirine et/ou café recommandés si vous abordez l'un de ces sujets !

2 responses to “Pays-Bas : un autre monde pour la vitesse ?”

  1. y.guyader
    18 mai 2010 at 6 h 37 min
    Pour nuancer les propos de Vincent il ne faut pas oublier que bon nombre de patineurs Hollandais ont tenté leur chance en WIC et tous se sont cassés les dents, en effet bien que forts physiquement tous ces patineurs sont lents au sprint exception faite de Gary Heckman et Sjoerd Huisman. Plusieurs équipes Hollandaises faisaient partie de la WIC quelques années en arrière comme Timmerman ou encore Habovo Group et aucun des patineurs national n a été en mesure de décrocher des résultat
  2. Robert
    14 mai 2010 at 10 h 42 min
    Cela devrait changer, justement, car les parcours en ligne droite favorisaient plutôt les machines d'endurance et d'échappées. Le circuit KPN, comme l'article le présente, favorise les arrivées massives et les patineurs qui possèdent ces habiletés pourront avoir maintenant se faire voir.
    Mais n'oublions pas que en Hollande les bons patineurs techniques se retrouvent surtout sur la glace en style Olympique et que les machines d'endurance règnent se tournent ainsi sur le circuit marathon et sur les roulettes.

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