L’utilisation des matériaux composites dans l’industrie du roller

L’évolution des matériaux de fabrication des patins à roulettes en un clin d’oeil

Qu’est-ce qu’un matériau composite ? Définition…

 » Un matériau composite est un assemblage de différents constituants. […] Les matériaux composites fabriqués pour leurs propriétés d’usage par l’industrie sont souvent constitués de fibres immergées au
sein d’une matrice (colle ou polymère). »

Yves Rémond et Jean-François Caron – « Les matériaux composites dans le sport »

Les premières paires de patins à roulettes de l’histoire étaient fabriquées à l’aide de trois matériaux principaux : le bois, le métal et le cuir. Le bois est d’ailleurs considéré comme le premier des matériaux composites, par son essence même. Puis, au fil des décennies et des innovations successives, de nombreuses autres matières firent leur apparition tels que le caoutchouc, le plastique et toutes ses déclinaisons.

La révolution des polymères ou matières plastiques

La plus grande révolution fut sans doute celle du plastique dans les années 1960. Elle permit une production de masse sans précédent dans l’industrie des articles de sport. Le patin à roulettes dans un premier temps, puis le roller à roues alignées dans un second temps ne firent pas exception à la règle.

A notre connaissance, le première brevet américain d’une paire de patins à roulettes utilisant du plastique remonte au 1er juillet 1958. Nous le devons à Charles E. Jones et William G. Growle de la Manning Manufacturating Corporation (Chicago, Illinois).

Dans l’industrie automobile, l’utilisation des matériaux composites daterait des années 1980. Mais il est probable que leur usage remonte à quelques années auparavant pour des modèles haut de gamme ou des prototypes. Dans le monde du sport, les matériaux composites tels que la fibre de verre et le carbone sont de plus en plus fréquents aujourd’hui.

Les prémices des matériaux composites dans l’industrie du patinage sur glace et à roulettes

Dans les années 1970 et par la suite, les industriels commencèrent à employer des matériaux moins courants pour répondre aux besoins de performance des athlètes. Les composites utilisés dans le milieu du roller sont généralement de la fibre de verre, de la fibre de carbone et parfois du Kevlar. Mais ces matériaux peuvent aussi se combiner avec des matières plastiques comme le Nylon.

La fabrication d’un patin en composite

Les fabricants juxtaposent les couches de fibres pour donner des propriétés mécaniques spécifiques à leurs produits. Puis, ils les noient dans une matrice. Dans le monde du roller, c’est la résine Epoxy qui s’utilise le plus pour fabriquer les rollers de course haut de gamme sur mesure. Il peut arriver que les fabricants réalisent les pièces sous vide pour améliorer leur résistance.

Bont : un précurseur ?

Ce fut notamment le cas d’Intze Bont, en 1974. Le fondateur de la marque australienne éponyme. Il réalisa le moule en plâtre du pied d’un patineur sur glace. Puis, il en fit le positif et construisit ainsi une chaussure sur mesure en résine et en fibre de verre. Il généralisa cette technique de « last design » à partir de 1975. Bont utilisa la fibre de carbone en production industrielle à partir de 1989, selon le site de la marque.

Des procédés de fabrication déjà éprouvés

Ce principe de construction existait déjà dans l’industrie aéronautique et dans le nautisme, sur les bateaux haut de gamme. Cependant, il restait encore peu répandu dans le monde du sport. Il est d’ailleurs intéressant de noter que le roller était en avance par rapport au cyclisme dans la fabrication de chaussures sur mesure. Bont se diversifia d’ailleurs dans ce domaine de la chaussure de vélo sur mesure en 2003. En effet, la firme australienne équipa des cyclistes locaux.

« Mais le coût pour produire des chaussures de cyclisme à Sydney dépassait les 800 dollars australiens en prix public. C’est pourquoi nous avons planifié de créer une usine en Chine pour pouvoir les produire à un tarif plus abordable. Nous avons donc fabriqué et vendu des chaussures de vélo à partir de 2006 à Sydney, mais nous avons vraiment commencé à les produire en grande quantité lorsque nous avons déménagé en Chine fin 2007. »

Alexander Bont

Une entrée logique des matériaux composites par le haut de gamme

Comme dans de nombreuses autres pratiques sportives, les matériaux composites équipèrent d’abord les produits les plus hauts de gamme, en patinage sur glace, puis en roller. Les marques les plus réputées de l’époque sont Néerlandaises, comme Viking.

En roller, Bont fut l’une des premières marques. Par la suite, Salomon réalisa notamment un prototype de patin de vitesse tout carbone en 1998-1999.

Le sur-mesure bénéficie des matériaux composites

En roller course, le sur-mesure prit son essor avec l’avènement des équipes professionnelles au milieu et à la fin des années 1990. Nous pensons notamment à des fabricants italiens de référence comme Davide Mariani (1997).

En France, au début des années 2000, plusieurs fabricants de chaussures sur mesure se sont lancés sur le secteur avec notamment Carving, Jean-Stéphane Sierra (1994), Philippe Renard (2005) et plusieurs autres. Sierra produit d’ailleurs désormais autant pour le cyclisme que pour le roller course.

Par la suite, le carbone et la fibre de verre se généralisèrent dans le monde du roller course. Et aujourd’hui, il est difficile d’imaginer un modèle qui n’utilise pas ce type de matériaux.

Les cuffs ou spoilers en composite

Dans le prolongement des coques, les cuffs devaient forcément trouver leur place. Ils arrivèrent d’abord sur les modèles de longue distance, puis dans le slalom et la descente.

Les platines et châssis de roller en composite

Mais comme vous pouvez l’imaginer, l’utilisation des composites en se limite pas aux chaussures ! Et déjà dans l’univers du roller quad, des marques comme Lazer, de HawaiiSurf, le shop d’Eric Gros, utilisaient le carbone dans les années 1990.

A partir des années 2000, plusieurs fabricants commencèrent à expérimenter, concevoir et fabriquer des platines de roller course en composites. L’un des plus connus à l’heure actuelle reste EOSkates, qui s’engagea totalement dans cette voie. Par la suite, Bont ou encore Powerslide lui emboitèrent le pas.

Les matériaux composites se répandent dans toutes les disciplines du roller

Même en roller street ou roller agressif

Il y a quelques années, il aurait été difficile d’imaginer que des pratiques comme le roller street bénéficieraient des matériaux composites. En effet, le carbone et la fibre de verre s’accomodent mal des chocs subis par les coques. Pourtant en 2011, Valo proposait le J.J. Light, un modèle avec une semelle carbone. Il est cependant vrai qu’elle était bien protégée par une soulplate en plastique. Malgré tout, cex matériaux restent peu employés en roller agressif.

Plus récemment, la firme « Adapt » a lancé de nombreux modèles en composite à base de carbone dans plusieurs disciplines du roller. La marque Adapt a vu le jour aux Pays-Bas, sous l’impulsion d’Olga Bouwhuis et Pieter Wijnant.

1350 € pour la paire de boot de roller street seule quand même en 2023 ! Nous ne savons pas comment se comporte un roller avec une boot totalement en carbone comme celle-ci en cas de choc.

En slalom et freestyle

En slalom comme dans de nombreuses autres disciplines, l’usage des matériaux composites apportent légèreté, rigidité, réactivité. Et ainsi, contribue à la performance.

En roller hockey

Le roller hockey bénéfica aussi des améliorations des matériaux composites, d’autant plus qu’il partage ses chaussures avec le hockey sur glace.

Au delà des patins, il existe également des crosses en carbone, comme la Oxelo XLR que nous avions testée sur REL.

Pour aller plus loin

Les matériaux composites dans le sport (Yves Rémond et Jean-François Caron)

Un article Wikipedia sur la fibre de carbone