Test : Roll’X Endur’X… Poeti’X !
Une fois n'est pas coutume, apportons un peu de poésie dans les tests matériel ! Jp2Copter, parti éprouver les Roll'X Endur'X par jour de fort mistral, a vu sa plume s'envoler. Il en ressort un texte aussi poétique que technique...
Par alfathor

Sur mes Roll’X, par 100km/h… de mistral
Ah le mistral… Qui n’en a pas entendu parler ?
Ce qu’on en dit est en-dessous de la vérité, tous ceux qui l’ont affronté peuvent humblement en témoigner. En bateau, à vélo… même à moto et à pied il est craint. Alors en roller…
Sortir ou pas ?
Samedi, mistral à 100km/h toute la journée. J’ai parcouru 300km la semaine dernière. J’en suis à plus de 200 cette semaine. La tête à l’envers, les volets qui ont claqué toute la nuit, le mugissement fou sous les toits, l’étang de Berre tout blanc d’écume. Alors je décide de m’accorder la journée de repos. J’en profite pour monter des roulements (ABEC5 de récupération) dans mes nouvelles Roll’X Endur’X de 100mm. Et je place dans mes C4 les semelles fines en Noène toutes neuves que je viens d’acheter.
Dimanche. A peine fermé l’oeil de la nuit. Encore les volets qui claquent, les antennes pliées sur les toits voisins… Mince, ça ne se calme pas… Et la météo qui prévoit que ça va encore durer.
Bon. Le mistral je l’ai déjà pratiqué. En voilier, en kayak, en vélo, et à roller jusqu’à plus de 80km/h. Alors je n’hésite plus davantage. 100km/h ? Faut voir !
Le circuit de l’Etang de Berre pour terrain de jeu
Rendu sur mon parking habituel du cimetière de Berre, je commence par caler tout ce qui peut s’envoler dans la voiture, hayon ouvert pour pouvoir chausser. La prise au vent de la voiture la fait se dandiner, même à l’arrêt.
Mes C4 sont tellement confortables, bien réglés et semellés, que j’ai l’impression d’être dans des pantoufles. La voiture verrouillée, je tourne le dos au vent qui m’entraine sans même donner le moindre coup de patin, malgré le gros gratton. Mais ce n’est que pour les 50m jusqu’à la sortie du parking, car la direction à prendre sur la route, c’est justement à l’opposé !
Ça y est, c’est parti. Le rodéo est lancé. Sitôt face au vent, je deviens sourd. Vous savez, comme quand un train rentre dans un tunnel. Un bruit assourdissant et une pression continue sur les tympans. Mais… Je roule ! Les premiers mètres sont en effet bordés par une haie d’arbres serrés. Le vent est ralenti. Malgré le graton de cette courte portion, je patine presque normalement. D’ailleurs, le graton, je ne le sens pas. Je m’applique à placer mes patins normalement, malgré l’ambiance chahutée.
Première pensée pour mes Roll’X : « Ça roule et en plus c’est moelleux ! »
Les 2 premiers kilomètres sont par vent ¾ de face. Sur revêtement de qualité. Je continue d’avancer, malgré une foulée forcément raccourcie. Ça roule, 10 à 12km/h environ. Le seul souci, c’est les rafales à composante latérale qui me déséquilibrent sur le coté. Et je suis obligé à plusieurs reprises de sortir les bras de derrière le dos pour me rééquilibrer et relancer. Je n’entends rien d’autre que le vent. Je me retourne toutes les minutes environ pour guetter, à travers les larmes que m’arrache le mistral, une éventuelle voiture derrière moi. La route ne fait pas 3 mètres de large et j’en occupe une bonne moitié !
Bonne impression de mes Endur’X. Ça grippe drôlement bien, tout en n’étant pas rigide. Ça accompagne les efforts de poussée, même déviée par les mauvaises conditions, sans céder 1 mm d’accroche latérale. Ça doit être bien en méchante cote, pensais-je en me rappelant mon ascension du Ventoux. Avec des roues trop dures, qui décrochaient brutalement quand la poussée était vrillée, ou quand un gravillon ou une bosselette déclenchait un choc intense qui torturait les malléoles… Je n’avais encore jamais eu d’aussi mauvaises ampoules que ce jour là !
Ça y est, je suis plein vent de face. Je me laisse tomber en avant, m’appuyant sur le mistral. Les courts tronçons droits sont parsemés de gravillons et de branchettes. Je ne regarde pas trop où je pose les roues, je suis arcbouté et progresse à petites foulées d’un mètre, un mètre cinquante au maximum, à 5km/h. Je n’ai pas le temps de souffrir, des virages à angle droit me permettent de récupérer avec le vent de côté, je dépasse les 15km/h. Des haies et des arbres atténuent un peu le vent. Mes roues passent sur tout, sans que je m’en aperçoive vraiment. Ça roule vraiment facilement, même si je ne vais pas vite !
Enfin j’atteins la zone dégagée, où les champs de blé et de luzerne, où les vignes taillées n’offrent aucun abri. J’observe au dessus de moi un goéland qui plane en reculant, les martinets qui montent sans gagner un centimètre face au vent avant de se mettre à piquer pour grignoter quelques dizaines de mètres, puis recommencer. Les hirondelles font du « radada », à 20 cm au dessus de la route, sous le niveau de la végétation, où le vent est moins insupportable pour les insectes. Arrivées face à moi, elles se détournent à moins de 5 mètres pour m’éviter.
Environ 2 kilomètres comme ça, plein vent de face. La patience du solo vient me prendre par la main. A une vitesse d’environ 5km/h, je pousse en canard prononcé, tantôt fléchissant les cuisses au maximum pour me baisser, tantôt m’allongeant sur le vent pour me laisser à moitié porter. Malgré ma gestion de l’effort, où j’évite de m’essouffler, où je laisse la chute en avant de mon corps créer la vitesse minimale d’avancement, je sens mes fessiers comme pris dans un étau ! Patience. Bientôt le hameau de Mauran, avec ses propriétés bordées de haies…
Une grosse demi-heure pour l’atteindre, le double d’une sortie standard… Moins de 10 km/h de moyenne. Mais je ne suis pas encore entamé, à peine échauffé. Je passe entre les haies protectrices, les serres, les vergers. Le vent est de travers, mais malgré la route assez gratonneuse, j’ai l‘impression de retrouver des conditions plus habituelles. Toujours cette impression d’être dans des pantoufles. Je suis ravi, car ici, je ressens souvent un petit coup au moral provoqué par les vibrations sur ce léger faux plat montant au goudron plutôt dégradé. Alors qu’aujourd’hui, sans aller pourtant plus vite, j’ai l’impression que mes poussées sont intégralement suivies par une bonne glisse accompagnée d’un inhabituel silence de roulage. Bien sur, le bruit du vent pourrait me cacher une autre réalité, mais ma sensation de plaisir est bien réelle. D’autant plus que le vent assez atténué dans cette zone cesse un instant de me torturer les tympans.
Une progression aux limites de l’équilibre
Évidemment, ces conditions ne vont pas durer et j’emprunte désormais la route plus large qui mène au hameau des Baïsses. Plein vent de face. Acceptable jusqu’au passage à niveau, franchi sans une secousse, mais infernal juste après. En effet, à cet endroit une haute haie de cyprès à droite et une haute et très longue serre en verre à gauche créent un couloir générant un effet venturi épouvantable.
Les rafales sont certainement supérieures à 100 km/h. A tel point que je progresse avec des pas en canard d’un mètre au maximum et que parfois, il m’arrive de rester avec le pied arrière en suspension pendant plus de 2 secondes, ne sachant si j’allais pouvoir le poser devant pour la poussée suivante ou bien s’il allait falloir le reposer en arrière pour éviter de reculer !
Cet exercice d’équilibre sur 500m, incliné de 30° vers l’avant, avec l’impression de gravir une dune infernale, a surement duré longtemps. Mais à part les fessiers tenaillés par l’effort inhabituel, je n’ai pas eu plus d’angoisse que ça.
Enfin le premier tronçon avec le vent dans le dos. Normalement, je devrais l’effectuer sans pratiquement donner un coup de patin. Mais ce que je ressentais à chaque fois que je suis passé sur cette ligne droite de 2 km s’est reproduit aujourd’hui. Inexplicablement, le goudron de toute beauté à grain plutôt fin a un roulage déplorable. Une impression de rouler sur du carton gaufré. Aucune aspérité ou vibration, juste un freinage incompréhensible qui m’a toujours semblé nécessiter un effort particulier pour entretenir la vitesse. Et aujourd’hui, mes roues Roll’X ne m’apportent pas de solution. J’en déduis que c’est réellement le revêtement qui est la cause principale de déperdition d’énergie. Ceci dit, malgré les haies et les propriétés bordant cette route qui atténuent un peu le vent, il n’était pas été difficile d’atteindre les 30km/h. Mais cela vient-il des roues, ou du revêtement, j’ai eu l’impression que le freinage s’accentuait sensiblement avec la vitesse alors que les conditions de vent étaient particulièrement favorables. Et que le roulage redevenait plus facile avec la réduction de vitesse.
Au bout du chemin de Coussous que je viens de parcourir, j’emprunte la large route menant vers la Fare Les Oliviers. Bon revêtement, sali sur 300m par les camions d’une entreprise riveraine. Et vent de coté. Impression de facilité, confort, roulage et réactivité des patins. La zone maculée de boue et de graviers est avalée sans m’en apercevoir.
De nouveau le vent de face, chemin de Richelme. Atténué par les haies de cyprès. Le meilleur revêtement de mon parcours, celui où on peut tenir sur 2 km, sans vent, une moyenne de 30km/h en petit peloton. Roulage facile à 15km/h avec pratiquement 50km/h de vent de face.
Puis le retour. Par la route des Baïsses à nouveau, vent dans le dos. Un revêtement plus ancien, mais néanmoins de bonne qualité générale, avec un bon roulage. Plusieurs tronçon de 1 à 2 km où la vitesse s’est maintenue entre 20 et 25 km/h sans un coup de patin. Une accélération à plus de 30km/h, toujours sans patiner, au passage du fameux venturi juste avant de retraverser le passage à niveau, sans plus de secousses qu’à l’aller.
Décidément, le confort et le contrôle apportés par mon équipement et mes nouvelles roues, en particulier, sont excellents. Je décide d’en tester la stabilité à vitesse plus élevée. Il ne m’est pas difficile avec presque 100km/h de vent me poussant dans le dos d’approcher les 40km/h. Et bien malgré les 12.2 » de ma platine compacte, aucun souci de contrôle et de stabilité, toujours une impression de moelleux et de grip rassurants. Tout au plus, sent-on le freinage au roulage s’accentuer avec la vitesse.
Ce test de vitesse effectué, je profite des derniers kilomètres en roue libre pour me remettre à observer mon environnement. A ceux qui me demandent : « tu n’en as pas marre de tourner tout le temps au même endroit ? » j’explique qu’à chaque passage, le paysage, les saisons, les cultures, les conditions météo changent. Je croise des riverains ravis de l’animation que j’apporte à leur quartier et qui me saluent, jusqu’aux chiens qui me reconnaissent. Oiseaux des marais, chevaux, moutons, poules, ménagerie d’un cirque, le bouc, le cochon, le lapin, les oies d’un éleveur original. Si je ne recherchais du plaisir que dans la vitesse, je serais certainement déjà lassé. Mais qui peut se vanter d’avoir un parcours avec une telle concentration d’attractions ?
Aussi, aujourd’hui, je prends le temps d’observer le vent, rappelant parfois le bruit d’un avion en bout de piste, donnant l’impression de passer à quelques mètres d’une cascade quand il s’engouffre au travers des branchages d’un arbre, couchant les câbles électriques à l’horizontale, où bizarrement ils conservent leur courbure parabolique. J’ai même été étonné de ne pas rencontrer davantage de branchages sur la route. Mais la puissance du vent était telle qu’elle a balayé vers les fossés ou les prés presque tout ce qui était possible !
Ma sortie de ce matin m’a laissé un tel souvenir que j’ai refait le même parcours au coucher du soleil, particulièrement flamboyant avec ce vent fou. Les vagues mordorées des champs de blé sous cette lumière exceptionnelle étaient sublimes. Les copains, en roulant, regardez le paysage !
Alors ces Roll’X Endur’X ?
Premièrement, le silence. Peu de bruit de roulage, juste un discret chuintement, aucun de bruit de roulements. La qualité d’amortissement de la gomme donne un moelleux qui supprime les vibrations rencontrées sur d’autres roues. Le confort ressenti est au niveau du silence. Et il faut arriver très vite sur un gros graton pour enfin entendre les cages à billes s’agiter à l’intérieur des roulements et commencer à ressentir les premières vibrations! Ensuite, l’adhérence et le contrôle facile et progressif en trajectoire ou sur l’obstacle, qu’il s’agisse de gravier, de rainures, de graton ou de rails, à toutes les vitesses. En particulier, j’ai trouvé le freinage en chasse neige particulièrement sécurisant et efficace avec ces roues.
Le seul point négatif que je relève à ce niveau d’expérience, c’est le freinage du roulage qui s’accroit assez rapidement avec la vitesse, particulièrement sur revêtement fin.
C’est normal avec toutes les roues, le phénomène d’hystérésis est inévitable. Mais c’est probablement le seul reproche que l’on peut formuler à première vue aux roues Endur’X : elles rechignent plus que d’autres à aller vers les hautes vitesses.
Ça tombe bien, car ce n’est pas pour cela que je les ai choisies. Elles me rappellent un peu les Bont G4 que j’ai eu l’occasion de tester, mais avec des caractéristiques accentuées : encore plus de confort, associé à un roulage encore plus énergivore à vitesse élevée que les Bont. Avec un contrôle et une adhérence assez proches, donc nettement au-dessus de la moyenne sur le sec, particulièrement sur revêtement difficile.
J’imagine très bien l’usage à privilégier pour les Endur’X : outre l’ultra endurance en course, elles ont une adaptation parfaite pour le raid : confort, roulage à vitesse raisonnable, contrôle, adhérence, même le freinage ressenti à vitesse élevée peut rendre service dans des descentes risquées !
Il me reste à les évaluer en longévité et sur sol mouillé pour avoir un avis plus complet et confirmer mes premières impressions.
S’il s’avérait que la longévité des Endur’X était satisfaisante, on pourra sans crainte saluer leur excellent rapport prestation-prix, pour un usage fort bien ciblé par leur dénomination !
Bilan des Roll’X Endur’X
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Les plus + Confort passe partout | ![]() Les moins– Roue inadaptée aux relances rapides |
Galerie photos
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Liens utiles
Ces roues sont très proches de deux autres modèles, également testés :
Test de la Roll’X Marathon’X (110mm)
Test de la Bont G4 (100mm)
(Les photos présentées sont extraites de la galerie de Jp2Copter : Voir la galerie)
Le parcours emprunté peut être visualisé ici : maps
Rphil
26 mai 2010 at 12 h 55 minmystic
25 mai 2010 at 8 h 31 mincpt_caverne
24 mai 2010 at 23 h 59 minJuste une chose, manque une photo des roues ;)
8wd
24 mai 2010 at 22 h 37 minLes endurX ont un noyau plus petit que les Maraton pour le même diametre exterieur, donc davantage de gomme pour une meilleur longévité et confort.
Roue très roulante car sans adhésif rajouté, idéale pour le sec.