Mans 2008 : L’épopée de Mystic et des MIL
Pour ceux qui ne le connaissent pas, Jean Michel Philis (alias Mystic) est un patineur un rien déjanté qui donne des couleurs au forum de ReL. Derrière l'artiste se cache un patineur volontaire qui a formé avec son ami Eric un duo sous la bannière des Monpellier InLine. Il nous propose de revivre leur aventure, avec textes, photos et musiques à l'appui !
Par alfathor

Artistes en piste…
Prologue
Le 2 juillet 2006, les 24 h de MANS se terminent sur ma deuxième participation. Je ne reviendrais pas. Tous les défis ont été relevés : équipier, capitaine. Le Solo, non, car c’est un Everest pour moi.
Il fait froid, l’entrainement technique a repris à IKEA Beach (NDLR : le parking du Ikea de Montpellier) sous l’oeil exercé de Fano qui corrige tant bien que mal nos positions. Depuis début décembre 2007 se pose la question de la participation d’une équipe des Montpellier Inline à l’évènement de l’année : Les 24 Heures du Mans Roller 2008.
To be or not to be
Début janvier 2008 tout s’enchaîne. Les positions de chacun se définissent, la liste des prétendants s’allonge. Je n’arrive pas à me déterminer pour m’inscrire en équipe (sûrement par égoïsme) mais l’idée de relever un nouveau challenge est présente dans mon esprit depuis qu’une nouvelle catégorie a fait son apparition : Le Duo.
Je tâte le terrain, m’introspecte vigoureusement, interroge des partenaires potentiels d’une façon non formelle qui ne m’éclaire pas plus sur mes capacités à relever ce défi physique que sur le nom d’une personne voulant partager en toute confiance l’aventure. Le mot est lâché : la confiance, cette pierre d’achoppement indéfectible d’une relation commune dans l’effort… entre autres.
Un soir d’entrainement de la mi-janvier avec l’arc en ciel du dernier Radioheads dans la tête « in the rainbows » (cliquer pour écouter) nos esprits se rencontrent avec Eric Fouilloux (motard 34 – en plus un motard). Au centre du monde, nos regards se croisent, se calculent, se jaugent, des flammes, des lumières, des éclairs, des lasers traversent nos yeux en quelques fractions de seconde. Le premier défi est lancé : se dire oui et se pacser pour six mois.
La réponse tombera sur le PC et par téléphone quelques jours après, et par mail avec un tableau de marche prévisionnel qui sera quasiment inchangé jusqu’à l’heure du départ de cette édition 2008.
Dans la tête d’Eric Fouilloux (motard34)
Avertissement aux lecteurs (toute ressemblance avec un personnage existant serait purement fortuite, inopinée et sûrement subjective).
Le pragmatisme d’Eric me convient, sa façon de cadrer, de gérer le met en confiance et me rassure également même si des fois par rapport à l’entrainement ou la tactique j’ai pu émettre des doutes, des avis contraires.
Quand je l’ai fait c’est toujours de façon mesurée avec une qualité d’écoute et d’échange de part et d’autre qui profitait à notre relation.
Tout cela m’aura permis d’accroître mon sang-froid, de prendre de la distance et de plus en plus d’assurance dans la certitude de mener à bien notre duo jusqu’au bout. Cela m’aura appris la pudeur des sentiments et des émotions malgré leur exacerbation induits par le rapprochement de la date butoir du 28 juin 2008 et par nos motivations profondes et personnelles dont nous n’avons jamais véritablement parlé. De cela au final je voulais l’en remercier chaleureusement.
Nous avons chacun formaté nos entrainements par rapport à nos obligations personnelles (famille, travail, BIF, blessures, courses, météo…) et cela sans contraintes, ce qui a permis de renforcer notre relation jusqu’au départ.
Liberté, Fraternité, Pâtes fraîches
(Avant, pendant, après la course) (cliquer pour écouter)
A écouter en fermant les yeux et en montant virtuellement le Dunlop avant de glisser dans la pente, la nuit, la vie… la piste aux étoiles c’est « Star Wars ». Un Casting de rêve, l’étoffe des héros…
Logistique et gentils organisateurs : Laurence, Vero, Gaelle, L’Claude et sa femme.
L’équipe : Fano, Sam ,Vantri, Pat, Jon, Francis, Del, Taz, Bernard, Mac Couille.
DUO:RICK & JMI
L’installation au camping s’est déroulée de mains de maître grâce à la Fano’s Family (Claude et sa femme) : emplacement de qualité, proximité des sanitaires du circuit et de l’entrée sur celui-ci.
On se croirait en vacances. Le temps est doux, l’ambiance est bonne et les « bleus » : Françis, Jon, Gaëlle prennent la mesure de l’évènement.
MacCouille, Jon, Françis, Taz, Sam et moi-même sommes assis sur des pliants face à la route qui mène au circuit. Nous mesurons avec assiduité les forces en présence et commentons avec moult détails celles-ci… (voir photos).
Mais le devoir nous appelle, ainsi que le poulet basquaise de Mme Cozette alors nous interrompons nos observations pour rejoindre le reste de la troupe sous les auvents des campings cars.
Youb Solo nous ayant rejoint, nous refaisons Le Mans et buvons un coup en sa compagnie. Bientôt Yannick des Funny Riders nous rejoint, puis Gillou et 8WD des Mant’Roll. Ca roule dans nos têtes à quelques heures du départ…
Sur la piste, en proie au doute
Les tours succèdent aux tours. Le temps s’égrène doucement ou rapidement selon les ressentis. Les visages se creusent et s’éclairent de sourires parfois. Les regards se vident ou brillent. Les muscles se tétanisent… Le Mans est là, écrasant, laminant.
Au bout de 4 heures de course, vers 20h00, le verdict des chronos tombe comme un couperet en ce qui concerne le Duo. En respectant notre plan de course et contrairement à ce que l’on pouvait prévoir à savoir être dans le top 10, nous sommes 18eme duo. C’est alors très dur pour nous, très très dur, parce que nous roulons bien, que nous avons quand même mal aux pieds (ma malléole me fait souffrir depuis 16h00), qu’il fait chaud, qu’Eric ne sent pas la course ni ses patins, que nous prenons véritablement la mesure de l’épreuve et de ce qu’il reste à parcourir et que les autres équipes tournent comme des supersoniques : le doute s’installe, à quoi bon !
Merci le Claude !
Mais à l’instant où Claude met à mal nos espoirs de façon involontaire en nous annonçant notre 18e place (il me fait prendre conscience de ma vanité, de mon orgueil et me fait redescendre sur la piste : merci) il annonce en même temps une très très bonne nouvelle, celle que personne n’attendait : la 25ème place de l’équipe. Formidable ! Tout le monde est sur le pont, à l’abordage bande de bachis-bouzouk, en avant.
Une décharge électrique traverse l’In-Line, ça je l’ai ressenti, tout le monde se regarde, sourit, les têtes se redressent, l’envie renait, Sam retrouve le Blue de son pseudo, l’espoir aussi, et même pour notre duo c’est reparti.
Je passe le relai à Rick, lui annonce la bonne nouvelle, il esquisse un sourire en penchant la tête de coté de sa façon coutumière et en relevant les yeux : il est content.
Je repars pour une heure, je suis plus léger et j’ai trouvé une position et un réglage de patins à droite qui ne me fera plus mal.
A partir de là ça commence de swinguer in my head (cliquer pour écouter)
20h00 : psychedelic circus
Il est 20h00. C’est l’heure de passer à table, j’ai faim. Une grande serveuse sexy en tablier blanc sur jupe noire courte et chemisier blanc découvrant un mini soutien gorge en dentelle noire qui laisse roucouler ses redondances et perchée sur ses hauts talons me tend une assiette de foie gras de canard accompagnée de ses petits toast chauds et de son verre de champagne : ce club de vacances est vraiment bien me dis-je !
Mon regard plonge dans sa vallée sublime jusqu’à l’armature sustentatoire, j’y vois écris un nom : Good YeaR ! Oh ! My god ! Une rosbeef (ça va être ma fête, c’est vrai que j’ai faim).
– Ouh! ouh! Mystic ! C’est Véro ! Voila ton assiette de pâtes avec un peu de fromage râpé, comme tu m’avais dit !
-Merci VERO c’est trop gentil.
Je l’engloutis, pas Véro, le contenu de l’assiette et sincèrement à ce moment là j’me dis avec l’accent de Roberto Begnini : « Oh ma qué la vie est belle ».
21h00-22h00 : Crimes et châtiments
Je suis donc repu lorsque je repars. J’ai l’impression d’aller bien. L’illusion est de très courte durée lorsque je redémarre car je me dis d’avance que cette heure sera difficile ; je n’aime pas rouler le ventre plein ni sans avoir digéré.
De plus, la nuit approche avec son monde d’incertitudes, de fatigue, d’angoisses. J’ai peur de défaillir, de vomir, de tomber, de craquer. Et bientôt le relai de trois heures arrivera et je n’ai jamais roulé autant avec mes Bont. Tous ces facteurs jouent sur mon mental.
Avec le recul je m’aperçois que je glisse dans un autre monde surtout dans la façon de communiquer avec l’autre : j’ai l’impression que mes interlocuteurs, du moins ceux du box peuvent écouter ce que je leur réponds en pensées et que je n’ai pas forcément besoin de verbaliser. Je m’efforcerai à chaque pause de ne pas discuter uniquement avec les yeux mais de garder le lien oral.
Ce relai entre 21h00 et 22h00 fut une horreur, j’ai été littéralement scotché au Dunlop lors de ma première ascension : j’avais l’impression de soulever des jambes de plomb et le rythme fut très dur à trouver malgré mon MP3.
Ce fut mon heure déboire avec celle de l’après déjeuner du dimanche midi : les mêmes causes produisant souvent les mêmes effets. Il m’a été difficile de m’accrocher à quelque chose de tangible ou à quelqu’un et je me suis souvent demandé si Rick partageait les mêmes émotions ? C’est grâce à ces interrogations qui m’ont été d’un grand secours que j’ai pu rester lucide et peut être me (nous) sauver du chaos (KO).
23h00-01h00 : Double effet Kiss cool
De 22h00 à 23h00, je me suis écroulé lamentablement dans mon fauteuil, ravi de m’être débarrassé du bâton de relais. Avant j’avais revêtu mon Skin long qui évite les crampes, favorise le retour veineux, évite la stagnation de l’acide lactique par compression de la masse musculaire. Puis, je me suis couvert de ma couverture de survie, celle que j’amène toujours en haute montagne, tout ça m’a rassuré.
Et j’ai réfléchi. J’ai vu la lumière, la solution. Du coup j’ai eu hâte de l’annoncer à Rick à 23h00.
Flashback : Normalement, Rick n’avait prévu qu’une heure de repos pour lui de 23h00 à 24h00 avant de prendre son relai de nuit de 3 heures. Ça lui faisait vraiment trop peu de relâche après 4 heures de circuit et avant trois heures de roulage pendant lesquelles moi j’allais me reposer, peut être dormir.
La solution s’est imposé claire, limpide, évidente : Au lieu d’une heure j’allais rouler deux heures entre 23h00 et 1h00 du matin pendant lesquelles il se retaperait avant son grand run de 3 heures.
J’ai décidé cela en 5 mn, le lui ai expliqué en quinze secondes au passage de témoin. Son visage s’est illuminé aussitôt. C’était noël pour nous deux. Je suis parti léger pendant deux heures. J’étais bien. On a gagné Le Mans à cet instant et Jésus m’a dit (cliquer pour écouter)
01h00-04h00 : Gazzzzzzz prezident, rêve et transe en danse, voyage au bout de la nuit
Je viens de rouler 2 Heures avec facilité après ma précédente heure de galère. Rick part pour 3 heures. Il a l’air bien. Je sais qu’il fera le job du mieux qu’il peut.
Maintenant je me dois de récupérer, me laver, dormir. Je pense dormir dans le box mais trop de lumière. Dans la tente solo/duo, il y a un concert Hip-Hop, grrrrrrrrr !
Je me douche alors près de la tente solo/duo et décide d’aller au camping. Que de temps perdu : une heure pour tout ça ! Je me couche habillé déjà pour pouvoir repartir le plus vite possible et je m’écroule proprement dans un sommeil profond.
– Gilles, Gilles ! C’est l’heure de te lever pour relayer les autres !
– Heing! Quoi ! J’suis pas Mac Couille, kesquispass ? Pétard je vois le Bollywood sourire de Mister francis.
– Mince qu’il me dit en rigolant, je m’ai trompette de tente. Je suis mort de rire, de fatigue et j’hésite à le désintégrer sur le champ.
Bilan 1h15 de sommeil au lieu 1h40. J’suis dans le potage. Heureusement Gilles qui avait entendu Mr Kozett s’était levé et avait préparé un bon café que j’avale en bloc avec jus de fruit, quatre quart et cake.
C’est déjà l’heure de repartir sur la piste. Je suis déjà en retard pour mon relai de 3 heures.
On part en petite foulée avec Françis jusqu’au circuit. Super ce footing, ça réveille et réchauffe car il fait très humide et les muscles sont durs à redémarrer.
On arrive en forme. Je mets trop de temps à chausser, j’en perd. Rick à déjà donné le témoin à LAURENCE qui m’attend près de la ZM 40.
J’ai les boules, on a perdu 15 mn par ma faute mais Rick est content, il a fait 14 tours sur 15, c’est déjà génial. Il ne me reste plus qu’à en faire autant, alors en route et gazzzzzzzzzzzzzzz avec tout d’abord Psychedelic Furs : (cliquer pour écouter)
04h00 : le grand noir, 05h00 : les aliens, 06h00 : l’éveil du monde, 07h00 : la vestale
Les jambes sont raides, je plonge à l’envers du Dunlop. Elles ne tremblent pas au petit matin, elles jouent leur partition sur la trompette de Truffaz (cliquer pour écouter).
Ça va, je gère bien les passages sombres et éclairés, surtout celui de la deuxième descente dans le noir dans lequel on a l’impression de patiner dans le vide, j’ai adoré cette sensation.
Au gré des tours, des In-Line en pleine bourre me dépassent. Je n’arriverai jamais à en accrocher un. Pour quasiment tous les avoir vu, Taz avec son départ à la célérité lumineuse (extraordinaire, il partira avec les 40 premiers), Vantri fabuleux le fabulon (il glisse tel un elfe). Del avec son beau patinage déterminé et efficace, j’adore. Françcis et son orchestre, incroyable dans la relance dans le petit faux plat montant d’après la descente du Dunlop. Jon la sangsue, quand y en a plus j’en remet un coup mais en toute innocence, heing, je me rappelle de la tête d’un type que tu suivais, il était pas à la fête entre 30 et 40 km/h au même endroit que Françis, Mac Couille le sublime avec une patate énorme, facile le gazier prout, Fano concentré sur le geste, le regard fixé sur Laurence à travers les nuages, les monts et les merveilles, la ligne d’arrivée, Blue qui avait retrouvé l’âme du Petit Prince qu’il est lorsque je l’ai vu surfer la montée du saint Graal, Pat qui m’a décoiffé en me dépassant, assoiffé de vitesse, aspirant la nuit magnifique et pour finir en beauté, quel homme, le puissant Marguerite (Bernard) qui allie amour, gloire et beauté sans jamais rien lâcher. Mince c’était vraiment beau de vous voir et ça me faisait du bien.
Il est 3h40 du matin. Je sors du refuge des conscrits (2.749 m) il fait – 10° on va attaquer le glacier dans une heure, on sera sur les dômes de Miage (environ 4.000m) vers 10h30. Tiens Youb Solo et Sylvoutch. Qu’est ce qu’ils font en roller si peu habillé à cet endroit ?
– Mystic, ça va ?
– Oui et vous, enfin je crois, j’ai un peu mal partout
Youb me dit qu’il a vu Gandalf en bas de la descente avec une lanterne ! Je lui réponds que j’ai vu un alien bleu en tenue SKF avec une caméra et que celui-ci m’a parlé avant de disparaître à la vitesse de la lumière.
Oui, tout va bien, le jour commence de se lever, les voiles et les limbes de la nuit se déchirent. Je reprends possession de mon corps qui roule depuis 3 heures maintenant. Le cycle de vie perdure, enfin. La genèse aussi (cliquer pour écouter).
6h00, 7h00, Hallelujah !
Wagner, les Walkyries, Laurence, telle une vestale chevauchant un pur-sang, sur son muret, nous met dans le bon sens, son regard est un glaive, une assurance contre la défaillance et l’échec, le coup de fouet salvateur. Des heures qu’elle note, chronomètre, injonctionne. Hommage (cliquer pour écouter).
J’ai fini mes trois heures, j’ai eu du mal à patiner sur la fin, ne sachant plus quel était le bon geste. Comme Rick, je crois avoir fait 14 tours, j’ai envie d’un bon café et d’un bout de cake aux raisins secs.
Je vais aller voir le kiné pour me faire masser et faire l’état des lieux. Je ne sais même plus quel est notre classement et je m’en contrefiche maintenant. Je veux qu’on termine avec ce grand bazar, en bonne santé et tranquillement, le reste me semble dérisoire ! Mais on est toujours rattrapé par son destin.
Je déchausse dans mon fauteuil, serein ! Ploum, ploum, ploum, mais qui vois-je arriver d’un air primesautier, avec ses petits yeux rieurs et espiègles, un petit sourire aux lèvres : Mossieur Claude, le papa de Fano et là je me dis : « putain, là, je crois qu’il va me tuer ! »
Il sait qu’on a eu mal à 20h00 la veille à l’annonce de la 18eme place. Le pauvre ne connaissait pas nos objectifs et projections pour le classement.
Alors pour lui c’est tout naturellement qu’il m’annonce la remontée dans la nuit de la 18e à la 11e place, c’est un fait de course, voilà.
Je ne peux pas me lever pour l’embrasser, j’suis coincé dans mon fauteuil. Rick avait raison pour la constance et la régularité, ça a payé, dans la nuit il y a eu beaucoup de dégâts.
Tout l’In-Line est content pour nous, je vais me faire masser le coeur léger, un sourire aux lèvres, yes ! Hallelujah papa de Fano et merci, hommage encore ! (cliquer pour écouter).
Le jour le plus long : dimanche 29 juin et aujourd’hui lundi 7 juillet. J + 8 ,this is the end.
A 7h00, passage du témoin à Rick qui s’en va pour deux heures. Je lui glisse la bonne nouvelle « 11e ». Il sourit et patine certainement le cœur plus léger.
Dans le tarot, la lame 11, c’est la force de la femme domptant le lion, c’est la persévérance, la fidélité. Cette carte maîtresse, on la tient et on ne la lâchera plus jusque la fin.
Je profiterai de la présence d’Alex qui me filme dans la montée pour remercier ma femme et mes enfants auxquelles je pense de plus en plus.
Je ne me souviens plus vraiment des évènements entre 7h00 et 9h00 et des gens rencontrés. J’essaie de gérer au mieux. J’ai envie qu’on s’occupe de moi et je vais me faire masser par un kiné ostéo : ça fait du bien.
Ces deux heures passent très vite, et je n’ai pas vraiment le temps de m’assoupir, malheureusement.
De plus je viens de m’apercevoir que Gepeto (nom que j’ai donné à mon GPS) n’a presque plus de batterie et que je n’ai pas de clef USB pour le recharger. Je me dis que ce n’est pas grave mais je m’apercevrais de mon erreur plus tard dans la matinée…
Papa c’est loin l’Amérique ? Tais-toi et rame !
Je viens de relayer Rick de 9h00 à 10h00. Pas l’enfer mais pire. Une espèce de No man’s land spirituel et physique.
Pshittttt, il n’y a presque plus rien en moi : ni physique, ni désespoir, ni envie, ni technique seulement l’idée d’en terminer et je n’en sais pas plus sur Rick.
Mon gps en carafe, je ne maitrise rien, ni ma vitesse, ni le nombre de tours à faire par rapport aux km parcourus. Des fois je suis paumé et j’attends de voir si Rick est dans la zone relai pour savoir si j’en ai fini.
Je suis incapable de prendre un groupe, de relancer. J’ai l’impression d’être une tortue sur la piste et seule la montée ne me gène pas. Je la monte au train et j’y croise beaucoup de solo, duo et membres d’équipes qui sont souvent moins bien que moi.
Je me raccroche à n’importe quoi, par exemple au thé salé sucré que je boirais en pensant à Tintin au Tibet ou à certains duo esseulés : Gillou, Serge, Romy ou Claudia de planetroller qu’on a réussi à garder sous contrôle avec seulement 10 mn d’avance au bout de 24h00. Quand vous voyez une femme taillée comme une ablette, qui, à quelques tours de la fin vous en met un seulement sur la technique de poussée alors que vous avez tapé la discussion toute la montée du Dunlop histoire de l’avoir sous contrôle : c’est dur, très dur de la voir partir tout doucement.
Je suis cuit ! J’en oublie mon MP3 et ma musique parce que j’ai la flemme de changer de pile ou parce que je l’oublie.
En passant le témoin, Rick a l’heureuse idée de diviser les relais. On ne tourne plus au temps c’est à dire environ une heure mais en nombres de tours 4 puis 3 puis 2, ça relance la dynamique, ça fractionne, c’est moins ennuyeux.
Pour moi 9h00 -13h00 fut la tranche horaire qui a duré le plus longtemps, j’ai cru qu’on y arriverait jamais.
Dans le box on sent l’effervescence de fin de course, chacun s’agite et s’occupe comme il doit.
Vero masse toutes les cuisses endolories qui se présentent et tous en tirent du soulagement, Gaelle amène à qui veut de la nourriture, de l’eau ou autres, Claude aussi est à nos petits soins. Françis, entre 11h00 et 12h00, lors d’un déchaussage pour changements de chaussettes découvre la supernova sous mon pied gauche, j’avais à peine senti l’échauffement sous celui-ci.
Il me soigne de mains de maître, il me sauve. La fin est là, le texto de Maya (NDLR : la femme de Rick) aussi.
On va terminer, l’émotion monte, les parents de Rick nous observent, les tours s’enchaînent. Tout ce qu’on a dans les tripes on le met sur le ruban.
Rick fait trois tours de folie avant mes deux derniers. Je suis dans la ZM tendu comme une corde à piano pour mes derniers tours de roues, Jon y est aussi, c’est magnifique, je m’élance à fond, des sanglots dans la gorge, j’envoie vraiment tout ce que je peux, incroyable.
Je m’envoie un squeezee, gaz, gaz, gaz, c’est dur, ça vibre, mais ça passe, je prends des aspis de qui je peux, j’ai mal partout mais je relance. SURTOUT NE PAS SE FAIRE DEPASSER PAR LE DUO ROLLER DE ROMY ET CLAUDIA, on mérite cette 11ème place, on a été la chercher, on a tout fait pour, c’est à nous.
10mn30 pour l’avant dernier tour, je reprends un booster au venin de serpent et au crachat d’hyène, wouahhhhhhhh !
J’ai des fourmis partout, c’est trop fort, ce n’est pas le moment de tout faire péter. Je jette tout, je bois un grand coup, ça y est papa je suis libre, on a gagné…
THIS IS THE END of THE INLINE’S RIDERS ON THE STORM (cliquer pour écouter).
Epilogue
Sous le coup de l’émotion, je me suis lâché. Voila la vraie fin. Rick et JMi sur le tarmac brûlant, leurs patins à la main s’avancent vers la foule en délire. Ils viennent de battre avec les dix membres de leur équipe les aliens de toute la galaxie lors de la rencontre inter-boréalis.
Leurs muscles éprouvés sont luisants, leurs yeux d’acier brillent. Comme dans « Independance Day » à la fin du film le président et Will Smith se regardent, se serrent la main, ils viennent de mettre au tapis des envahisseurs belliqueux…
Le président lui dit alors : » Pas mal, non ? «
Et si vous me demandez et alors l’année prochaine ? Je vous répondrai par une petite chanson, car faut pas changer les bonnes habitudes ! Merci à tous, ce fut merveilleux (cliquer pour écouter).
Photos : droits réservés
mystic
19 août 2012 at 14 h 16 minma couille
22 juillet 2008 at 8 h 48 minévinrude
21 juillet 2008 at 14 h 13 min