Les 24 Heures Roller de Laurent Jasserand
Laurent Jasserand est licencié au club Chambéry roller en Savoie depuis 2001. Il a pratiqué le rugby, le cyclisme, le triathlon, le roller hockey et enfin le roller longue distance depuis 2008. Il nous plonge dans son aventure au coeur des 24 Heures du mans Roller 2014...
Par
alfathor

Récit par laurent Jasserand
Tout est à construire
J’ai beau chercher des plans d’entrainements, des bases ou des repères pour débuter la préparation pour la longue distance en roller, rien n’existe, hormis pour du marathon ou encore de l’indoor. Cette discipline est vierge de toute reconnaissance et d’informations utiles pour mettre en valeur un véritable sport de compétition. Les récits des précédents participants sur REL et ma culture du multisport me permettront d’avancer seul dans un premier temps.
Préparation physique
Pour me donner les moyens de réaliser mes objectifs dans de bonnes conditions et d’atteindre mon meilleur niveau j’ai pris les services d’un coach qui réalise mes plans d’entrainements suivant mes dispos et mes objectifs. J’ai donc débuté avec Alain Roche en octobre 2012 avec deux épreuves phare sur mon calendrier. La première est la petite Trotte à Léon en août 2013, grande course autour du Mont-Blanc longue de 300 km et 25.000 m de dénivelés positifs. Cette année 2013 a été très riche d’enseignement dans ma préparation physique et m’a permis de mieux comprendre les entrainements et la gestion d’une course ultradistance .
La seconde épreuve a été l’édition 2014 du Mans. Après une année de trail, ma préparation a débuté mi-janvier. Préparation physique, sorties course à pied, trail, ski de fond, un peu de vélo et des renforcements musculaires (3/5 séances par semaine). Cette année sera la dernière car pour préparer une telle compétition il faut passer beaucoup de temps sur les patins et dans les baskets. Physiquement, avec mon métier de cuisinier à la brasserie Oucédon (mes plus grands supporters et mon plus fidèle sponsor !) cela devient dur de bien récupérer et d’enchainer les séances.
Parallèlement, je prépare aussi le Tor des géants en Italie (Trail de 330 km et 24.000 m de dénivelé positif dans le Val d’Aoste) début septembre prochain. Magnifique course de montagne.
Rouler utile
Pour motiver plus encore ma préparation, j’avais décidé de rouler pour des associations. J’ai rencontré les personnes d’Odysséa Chambéry et l’association 4S qui luttent contre le cancer du sein, organisent la course et marche à Chambéry et accompagnent des malades. J’ai pu donc récolter des dons par rapport à mes kilomètres parcourus. Mon meilleur résultat au Mans étant de 477 km en 2011, j’ai mis la barre à 500 km et roulé en rose, la couleur de l’association.
Arrivée au Mans
Après avoir passé 15 jours sous le soleil en Bretagne et participé 2 semaines plus tôt à la Grol’Race (24 Heures roller sur les côtes sauvages de Quiberon) avec ma femme, nous avons pris la route du circuit Bugatti au Mans… loin d’être ensoleillé !
Mon objectif de faire 500 km est devenu difficile mais pas encore impossible à atteindre. Au départ, j’ai uniquement ce but, ce challenge de collaboration et de partage avec l’association en tête et toutes les personnes qui m’ont poussé dans cette aventure.
J’ai avec moi pour me soutenir, m’encourager et prendre soin de moi : ma femme, Jessica, mon fils, Julien (je vous aime) avec qui j’ai établi un plan de marche pour bien débuter la compétition sans être parasité par les classements et les faits de course. Ils m’informent régulièrement afin que je sois stable dans mes chronos et en cohérence avec ce que nous avons programmé.
C’est parti !
Avant de se placer sur la ligne de départ, la pluie redouble et les visages sont mitigés entre le plaisir de retrouver les amis et les conditions météorologiques annoncées pour ces prochaines 24 heures. Le départ traine en longueur, les pieds pataugent sur la moquette, j’avais pris le soin de couvrir mes patins avec un sac poubelle histoire de ne pas plonger les pieds dans un aquarium dès la première minute.
Après 6 heures de roulage dans des conditions exécrables, j’ai décidé d’avancer d’une heure ma première pause pour un massage tonique, un rapide séchage et changer de vêtements, j’en profite pour boire un bouillon de volaille avec du riz. 7 minutes ont suffi à me remettre sur le circuit.
Interminables heures de pluie
Les conditions ne vont pas en s’arrangeant. Le passage pluvieux annoncé a duré 14 heures soit jusqu’à 6 heures du matin. Mes chronos se situent toujours entre 10 et 11 minutes au tour, quelques fois plus quand les jambes sont lourdes mais le mental reste solide et me restimule pour retrouver une étape suivante et avancer. Mes amis du club roulent pour moi de temps à autres, essentiel pour ce refaire la cerise et se changer les idées.
Au milieu de la nuit je navigue entre la 4ème et la 5ème place sans le savoir puisque les consignes sont de ne pas m’informer des classements.
Après une courte accalmie qui me redonne un peu de baume au moral, une averse monumentale me pousse dans mes retranchements et m’amène à me demander si je dois continuer. Mais les raisons pour lesquelles je suis là et le fait de penser à mes proches transforme ce négatif en pensées positives. Je m’arrête, me sèche les pieds, bois un thé chaud et repars de plus belle, toujours en respectant mon plan.
C’est en milieu de matinée (toujours sous la pluie ) que je rejoins « Ligne Droite solo » (Claude Viltard de Chambéry Roller) et que j’apprends que je peux monter sur la troisième marche du podium et lui sur la seconde. Mais la course est loin d’être finie alors je ne me précipite pas. Je réfléchis à ce podium, ces 500 km qui s’échappent et la ferveur de mon staff pour ne rien lâcher.
Julien et Jess me stimulent corps et âme pour ne pas faiblir, m’obligent à boire et à manger. Les amis de mon club Chambéry Roller, engagés en duo et en Endurance continuent d’être à mon service et me permettent de conserver ma régularité d’une part et la troisième place d’autre part. Il reste alors quelques heures de course et nous constatons que les 500 km ne seront définitivement pas possibles à atteindre… mais la deuxième marche du podium, elle, n’est qu’à quelques tours de retard. Ok, c’est Claude devant mais on a oublié d’être potes sur cette épreuve, il a deux tours et demi sur moi et une grosse armada à son service, objectif oblige, que cela ne tienne, je veux aller le chercher pour Odysséa.
Ma bataille s’engage avec l’énergie qu’il me reste mais malgré tous mes efforts il ne me reste pas assez de temps pour rattraper mon retard. Même avec un final en moins de 12’ (10’04’’) Je reprends seulement un tour, la course est entendu.
Pas si loin de l’objectif malgré la pluie
S
ous le soleil, je franchis donc la ligne d’arrivée à la 3ème place avec 485,6 km au compteur, à 15 km de mon objectif mais largement compensés par un merveilleux podium et une collecte pour Odysséa de 800 € !
En 2009, quand j’ai décidé de faire mon premier 24 Heures du Mans roller, il faisait partie des coureurs qui, au travers de leur récits m’ont donnés envie de faire de l’ultra endurance et aujourd’hui, j’éprouve une grande fierté d’être sur le podium à ses côtés. Merci Thibaut Dejean.
Je retiendrais un réel esprit de solidarité, d’équipe et de combativité grâce à Gilles, Sylvie, Fred, JC, Thomas, Denis, Olivier, Greg, Fabie et Thib’s qui étaient au Mans mais aussi mon club Chambéry Roller sans oublier les compagnons de route occasionnels, Dan solo ou le duo London Skate.
Pour conclure, je remercie les précieux donateurs, les dons se poursuivent encore quelques jours pour celles et ceux qui le souhaitent en vous connectant sur cette page.
Liens utiles
Classement général des 24 Heures du Mans Roller 2014
Sanglier76
16 juillet 2014 at 17 h 38 minjmarc
9 juillet 2014 at 21 h 55 mindan solo
9 juillet 2014 at 21 h 55 min