Les 24 Heures du Mans roller de Gadget
Le Mans, le Bugatti, le Dunlop : des noms mythiques pour les amateurs d'endurance auto, moto, mais aussi roller. Cette année Gadget, membre actif de rollerenligne.com s'y colle pour une grande première. Il participe au 24 Heures. Récit façon Gadget...
Par alfathor

La recette : plaisir et bonne humeur
Pour cela il me faut donc :
– trouver une équipe, les équipes locales étant déjà au complet,
– prévoir le financement de ce périple,
– mettre au point une stratégie d’entraînement,
– perdre du poids et ce n’est pas gagné !
Trouver l’équipe
La première phase consiste donc à trouver une équipe pour participer car je ne suis pas du tout prêt mentalement et physiquement à me lancer en solo (et mon budget ne me le permet pas).
C’est ainsi qu’en bon usager du forum de Rollerenlinge.com, je me suis mis à la recherche d’une équipe.
Là je suis tombé sur une équipe en constitution : la Pingouin Staiiile Attitude (PSA) dirigée par Benson, un p’tit gars énergique et épatant. Cela colle assez bien pour moi et l’esprit détendu du capitaine me plait beaucoup. Il ne cherche pas des coéquipiers de haute volée, juste des rollermen and women prêts à s’investir autant que possible dans leurs 24 Heures. Bref un esprit qui correspond parfaitement à ce que je cherche.
Nous sommes 7 lorsque j’intègre cette équipe, puis 9 le samedi au Mans (10 dès 6h30 le dimanche).
Le financement
La deuxième phase, simultanée à la première, c’est le financement de mes 24 Heures. Et là ce n’est pas une mince affaire.
En effet, il faut s’inscrire, mais aussi se déplacer et prendre en compte tant le repos, que la gestion autour de mon travail au Bloc orthopédique… Bref, je dois jongler avec un planning pas facile.
Le départ se fera donc le samedi de Montpellier et retour le dimanche pour reprendre le travail le lundi après-midi. Merci le planning, je ne travaillais pas lundi matin.
Le budget se décompose comme suit :
– trajets en train aller-retour : 170 Euros (Prem’s un mois avant)
– inscription aux 24 Heures du Mans : 540 Euros divisés par 10 soit 54 euros
– alimentation : 32 euros (sans compter le champagne),
– T-shirt de l’équipe : 27 euros (à propos le XL Décathlon est petit),
– roues : 62 euros (merci Moana),
– et divers matériels pour 90 euros (dont les caleçons de courses et le matelas),
…soit un peu plus de 400 euros tout compris pour participer au 24Heures. Un tiers de mon salaire mensuel, ça fait mal !
Troisième phase : la préparation physique
Là c’est un peu la catastrophe, mes engagements du moment, ma santé ainsi que la météo ne me permettant pas de me préparer assez en avance ni d’acquérir du foncier.
Je me mets juste un peu au régime en modifiant mes habitudes alimentaires, et en favorisant une bonne hygiène de vie.
Heureusement dans les 4 semaines qui précèdent Le Mans, j’ai la possibilité d’aller m’entrainer un peu avec mes amis des Montpellier InLine. Un peu de technique, un peu de foncier et de pliométrie… un truc de fou mais qui fait du bien après.
Puis, la semaine précédent le mans, plus rien, si ce n’est un peu de vélo d’appartement (merci le voisin) pour continuer à mobiliser les muscles sans forcer.
La préparation psychique se fait par la préparation des concours d’infirmier et de mon oral, le plus important à mes yeux, pour le 19 juin.
Bref, pas grand chose en dehors des contacts réguliers avec mon capitaine.
La veille
Le 27, c’est le feu. Je taffe le matin. J’arrive à 14 heures à la maison pour y faire un peu de ménage (merci Papa et Maman d’arriver de 30) puis je prépare consciencieusement mes bagages…
Je vais ressembler à un dromadaire dans le train, mais ce n’est pas grave c’est pour le bonheur d’être au 24Heures.
Le jour J
Après 5 heures de train, une voiture nous attend avec Alex (Alfathor) au Mans. Merci à Ludovic du Team Sarthe Loops Racing by Cado Motus de nous avoir pris en charge.
Arrivé sur le site, je suis impressionné.
Entrée dans l’arène
C’est ma première participation au Mans. En arrivant par le camping, je suis déjà dans l’ambiance. C’est assez énorme, des tentes et des bagnoles un peu partout, beaucoup, mais beaucoup de monde, une effervescence qui n’a rien à envier aux courses motos.
L’organisation est carrée et la sécurité très présente et totalement rigide. Je suis en confiance pour mes affaires dont la majorité restera dans la tente. C’est un peu fou sur place quand on arrive, mais j’ai la chance de ne pas avoir vécu le coup de feu du vendredi… mais cette effervescence me manque un peu.
Une fois ma tente installée et accueilli par l’équipe, je rejoins le groupe dans les paddocks. Passé le tunnel et entré dans le village, je suis un peu déçu de sa petite taille, mais en même temps je ne suis pas venu pour ça. J’arrive à notre paddock, tout le monde est là. Les équipes se partagent relativement bien l’espace, et même si cela est perfectible l’ambiance générale est bonne. Les équipes se respectent bien. Dans le paddock, l’équipe est installée avec siège, matelas et hamac… du pur bonheur, mais je ne m’en rendrais compte que plus tard.
Prise de contact avec le site et hop hop hop, il est presque le temps du départ.
La ZM
Sur la piste, là aussi l’organisation est efficace, les juges de pistes sont très présents et assez intransigeants en ce qui concerne le respect des zones moquettes(ZM).
Pour nous ce sera la ZM 53. L’espace est bien délimité, clair et précis, pas de quoi se tromper. Seul l’accès depuis le paddock jusqu’à la zone moquette me paraît un parcours du combattant tant il est encombré de monde. Il faudrait presque jouer des coudes pour rejoindre la ZM 53 en passant par le trou du mur de protection.
16h00 :La Pingouin Staiiile Attitude est au départ
Gus fait le premier tour, secondé par Besson. Derrière lui, Jeff-cacolac prend le relais (sans le bob). Puis, c’est à mon tour. Ensuite, François de la Ciotat, puis Nico, et enfin MarieL (qui malgré une chute violente à son second tour se comportera en véritable Walkirie du bitume en continuant malgré la douleur), l’autre Marie (qui ne s’appelle pas Claire) prendra le relais avnnt de le passer à Tonio, et hop, nous tournerons ainsi.
Mon premier tour
C’est pour moi une vraie découverte de la piste Bugatti. Le bitume est plutôt agréable mais ce n’est pas non plus un vrai billard.
La Montée du Dunlop me scie les jambes : je n’aime pas les montées même avec moins de poids embarqué. Le dernier gauche de celle-ci est dur avec son petit ressaut. Puis, la bosse se finit et l’on rentre dans la descente.
Elle envoie bien avec un grand virage à droite en bas. Certains freinent. Je ralentis un poil mon allure, mais le virage n’est pas si méchant. On doit pouvoir prendre tout ça assez vite finalement.
Le petit faux plat montant n’est pas pour moi un problème, grâce à la vitesse acquise et à l’inertie due à mon gabarit.
La relance est top. Les virages qui suivent sont très sympas, le pifpaf d’après le ravitaillement est amusant et rapide malgré un petit vent de face.
Ensuite il faut rouler. L’arrivée paraît proche. Mince j’ai occulté deux virages encore avant la ligne des stands. Il va falloir relancer encore un peu. Le dernier gauche me coupe le souffle et son dévers marqué m’use les guiboles.
Dernier double droite et c’est la ligne des stands. Je relance un coup pour passer le relais dans de bonnes conditions. Personnellement, je n’opte pas pour le relais à l’américaine car je n’y suis pas habitué ni à l’aise.
Le relai passé, François s’élance. Je ralentis et sors enfin du circuit pour rejoindre mes camarades dans le stand, me poser, m’affaler sur une chaise… je retire les patins. Ouf !
Dans le rythme
Les autres tours s’enchaineront plus facilement, l’appréhension du premier étant passée… mais la Dunlop sera toujours une adversaire redoutable pour moi, surtout son dernier gauche, tout comme le dernier gauche du tour. A croire que je n’aime pas tourner sur ma gauche. En fait, les deux sont pourvus d’un petit ressaut (bon pour l’appui en moto) qui me casse les papattes.
Entre temps, je me fais vraiment plaisir à rouler, à relancer de temps à autre. Nous roulons donc à 9 jusque vers minuit. L’ambiance est très bonne et sympathique. Notre capitaine tourne en musique ou pose dans le hamac orange.
Les filles sont pleines de bonne humeur de joie et de charme. Chacun donne ce qu’il peut dans ses tours. C’est vraiment une super équipe dans laquelle je me sens bien (si si, même si je râle un peu).
Défaillance nocturne
Peu avant minuit, je vis un intense moment de solitude : une faille dans le passage des puces et je pars confiant. Un tour se passe à allure normale pour moi soit environ 12 minutes, puis je ne vois personne au stand… et hop, je repars pour un nouveau tour. La dunlop ne me semble pas plus méchante, et le tour s’effectue presque sur la même bas que le précédent.
Ce n’est qu’en arrivant sur la zone de relais que je comprends, hellé par François, que je n’ai pas la puce, je m’arrête donc pour la seule fois en ZM53, touche ma cheville gauche… En effet, la puce n’y est pas. Je viens donc, comprends-je, de me taper deux tours pour rien. Mais cette péripétie fait plus rire que pleurer, d’autant que nous n’avons perdu qu’un tour au général, mes coéquipiers ayant bien fait les choses.
Cette passade anecdotique sera d’ailleurs sujet de plaisanterie entre nous ensuite et révélateur du besoin de vigilance de chacun lors du passage des puces.
Dodo, belote et rebelote
Vers minuit, Benson, Jeff, Guss, Marie C et Tonio attaquent leur phase nocturne pendant que les autres partent se coucher.
Une fois le portable réglé pour 4h00 du matin, je m’endors comme un loir !
Un peu trop comme un loir puisque je n’entends pas la sonnerie de mon portable (caché sous mon matelas) je rejoins donc mes comparses de nuit avec 40 minutes de retard.
La nuit, les tours s’enchainent plus vite. Malgré un peu de fatigue, le froid me ravive un peu et je supporte assez bien.
Rouler au lever du soleil sur le Bugatti a quelque chose de magique. J’aurais presque envie de m’arrêter…. mais non, pour mes coéquipiers, je me dois de ne pas faiblir.
Le matin arrive donc avec la promesse du retour de nos amis, et de l’arrivée de Magalie, notre dernière comparse qui travaillait entre temps. Cela me ragaillardit de savoir que les relais s’espacent.
6h41 en pleine forme après mon tour
Nous voilà au complet !
De retour à dix tout va beaucoup mieux. Mais la fatigue se fait sentir. Malgré tout l’ambiance au stand est toujours très bon enfant. C’est un bonheur de rouler pour tous. Je suis dans un état second, partagé entre l’excitation inhérente à l’équipe et la fatigue qui vient. A aucun moment je ne souhaite abandonner.
Malgré tout, je fais deux tours non comptés, un couac dans le passage des puces qui reste anecdotique tant le plaisir est là, et qui ne laissera pas de trace. De même un relai très mal assuré fait presque faire chuter François, notre locomotive… Heureusement tout se passe bien.
Je râle je peste, j’essaie de soudoyer mes comparses, notamment les filles pour ne pas prendre mon relai, mais c’est en fait un vrai plaisir de les faire. Je fais des rencontres magnifiques sur le circuit, notamment des solos pour qui j’ai une grande admiration, et des duos notamment mes amis des « in lines » et 8WD…l’imperturbable. Plus l’heure avance et plus je prends de plaisir sur le Bugatti, mais il faut déjà aussi prévoir mon départ en catastrophe….
Mon dernier relai
Ce n’est que du bonheur, j’insulte mentalement une dernière fois la Dunlop, me pique au jeu dans le virage qui la suit, arsouille un peu avec un type de mon niveau… asperge joyeusement la blonde du ravito en attrapant ma dernière bouteille, qui comme les autres ne rentrera pas dans la poubelle au bord du circuit.
Enfin je prends mon dernier dernier gauche, il ne me casse pas les pattes cette fois-ci, et hop, la ligne des stands, mon dernier relai à Marie.
La stratégie de fin de course est en place.
Derniers tours de l’équipe
Je file donc en roller au camping, démonte ma tente, luttant avec les sardines, refait mon paquetage, dégonfle mon matelas….
Puis à l’écoute des haut-parleurs je file en chaussettes direct vers le paddock. C’est le dernier tour…. Je cours dans le tunnel puis ralenti les pieds en feu, pour arriver en retard, juste pour voir Benson, notre heureux capitaine qui revient de son tout dernier tour. Essoufflé, heureux, en larmes !
C’est un superbe moment d’émotion, de joie, d’excitation mêlés. C’est la fin de nos 24 Heures roller.
Nous sommes tous euphoriques, galvanisés par une amitié récente et fortifiée par l’effort de 24 petites heures.
Dernières photos, et je fais péter le champagne. Au départ c’était prévu pour fêter ma réussite au concours d’infirmier, et finalement ce fut surtout pour fêter notre rencontre, nos 24 Heures, notre moment.
Epilogue
Retour à la gare de tramway du circuit comme un fou avec mon paquetage. Sur place, je retrouve deux Montpelliérains qui ont hélé un taxi que nous prendrons jusqu’à la gare du Mans. Enfin, nous voici dans le train et de retour vers Montpellier.
Conclusion de mes 24 heures
Ce que je retiendrais de tout cela, c’est d’abord ce foutu dernier gauche de la Dunlop avec ce petit ressaut qui me casse les pattes…
Cette envie d’insulter cette fichue Dunlop, envie ravalée lorsque je fus doublé par une magnifique pépette en pleines formes (un peu de savoir vivre ne nuit pas).
Puis c’est cette brave jeune femme préposée au ravitaillement en eau qui a grave ramassé la flotte de ma deuxième bouteille littéralement écrasée lors de mon bottle-catch. C’est simple il ne restait que 2 gorgées d’eau…( et je ne parle pas des autres ravito).
Ensuite, il y a le dernier gauche du circuit, pour moi sûrement le plus dur moment car le plus proche de la fin. Puis, le fait de s’arracher dans la mesure du possible pour passer le relai. Ca c’est pour la course elle même.
Mais je retiens aussi les rencontres faites là…
D’abord avec tous les membres de mon équipe qui, malgré ma mauvaise foi, et mes faux-fuyant m’a largement supportée, les filles pour leur bonne humeur, leur courage et les prise de photos, les gars pour tout le reste.
Merci spécial à Benson sans qui cette équipe n’aurait pas vue le jour.
Mais il y a encore la rencontre avec Ratus le déguisé, Appache, un peu déçu par son abandon malheureux, 8WD le marseillais, mon sage, mon maître, mon phare au bout du Dunlop, mes amis Montpelliérains croisés sur le tarmac ou dans les stands, Arnaud le parigot, qui gérait l’intendance d’équipes issues de R&C, Marcos (R&C et parisien aussi) qui semblait tant souffrir dans son solo que je l’ai encouragé (anonymement), et j’en oublie encore plein.
Enfin, il y a cette ambiance toute particulière, la magie du lieu et du moment, cette impression diffuse de bonheur mêlé à l’inquiétude sourde du « J’vais jamais finir en vie! » Et surtout une organisation solide, efficace, sécurisante, presque rassurante en regard de la Dunlop…
Bref, je retiens une seule chose, j’ai envie de le refaire, un peu comme un tour de manège infernal… Quel pied !
(Promis pour la prochaine je me prépare plus tôt et je tombe sous les 10 minutes au tour et tout ça en faisant le pingouin ! )
Un tout petit regret tout de même, je n’ai pas trouvé de photo de moi entrain de rouler sur le bugatti et j’ai vraiment un bon Bugatti-blues, merci l’équipe ! Un coucou à Mathieu qui fut notre photographe officiel avec Marie.
La pression, l’excitation du Mans ne m’aura passé que plus de 3 jours après la fin et même encore, je ne cesse d’y repenser… que du bonheur !
Un Gadget reconnaissant
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