Les 24 heures du Mans Roller 2005 en solo : des hauts et des bas…

Par | Publié le 31 juillet 2005 | Mis à jour le 2 novembre 2020 | Catégories : Toutes Roller course | Sous-catégories : Article de fond | 6632
| Tags : 24H du mans roller 24h du mans solo 24h solo 24 Heures roller 24h roller 2005

Plusieurs années après avoir rallié Lille à Marseille avec son équipier, Pierre a sauté sur une opportunité de dernière minute pour participer aux 24h du Mans roller en solitaire. Cet habitué des longues distances n’est malheureusement pas parvenu à terminer l’épreuve malgré son expérience des courses d’endurance. Voici son témoignage qui clot notre série sur le Mans…

pierre labaune 3 small

190km de hauts et de bas…

Quand mon pote Vincent m’a dit qu’il avait un désistement parmi ses solos, mon sang n’a fait qu’un tour ! Certes, nous étions à 30 jours du départ, je n’avais pas refais de longue distance depuis plus d’un an (fracture du péroné) et coté matos je n’avais strictement rien, ni rollers ni vêtements. Physiquement je n’étais pas non plus au top, la naissance de ma fille il y a 9 mois n’a pas favorisé les entraînements et les repos.

Mais, je ne doutais pas un instant de mes capacités ! J’avais déjà réalisé 24h en solo et ça ne m’avait pas semblé compliqué, il m’avait juste suffit de rouler sans jamais forcer. OK c’était il y a 10 ans, j’avais 20 ans et un entraînement quotidien. « Bah… le matos à évolué et tes connaissances aussi! » me dis-je…

J-1

La veille du départ, je n’avais pas encore trouvé la paire idéale. C’est Vincent, que je retrouve au Mans, qui me la dénichera : un chausson Rollerblade Lightning 07que je monte en 5×84. C’est ce même soir que j’essaye la combinaison du club (je vais rouler en combinaison pour la 1° fois de ma vie).

Samedi

Le samedi arrive et le début de mes soucis avec. Je me suis fait déposer avec tout mon matos sur le circuit, c’est assez lourd et seul je ne peux pas faire grand chose. Le club pour lequel je cours a d’autres chats à fouetter et ils ont décidé de ne pas occuper leur box mais de se baser au camping. Une légère panique s’empare de moi car je n’avais pas du tout imaginé cela ainsi. Je laisse tout sur place et pars faire les qualifs (que je finis en fakie avec Nadège).

Quand je reviens, ma décision est prise, je pars sous la tente avec les autres solos. Encore faut-il m’y rendre, et je m’épuise déjà à m’énerver autour de mon paquetage. Et ainsi de suite jusqu’au départ, que je rate de quelques secondes. Mon idée de patiner détendu a du plomb dans l’aile, mais me voila parti. Ma stratégie est de rouler simplement, comme en ballade. Je n’ai pas vraiment d’objectif kilométrique mais je veux tenir 24h non stop.

Premières révolutions

Mes premiers tours m’enchantent, mes patins roulent bien, je ne force pas, et j’ai même plaisir à accrocher quelques équipes. Mais c’est un peu obscur du coté des solos, j’en croise peu, et ceux qui me doublent roulent aussi vite que les équipes (8’30). Je trouve parfois des patineurs à mon rythme, mais ils ne sont là que pour un tour. J’essaye aussi de retrouver quelques habitués du forum, sans succès hélas. Difficile donc de trouver son rythme, et de ne pas être tenter « d’appuyer ».

C’est malheureusement ce que je fais. Je tourne en 12-13′, parfois moins. Et sans jamais m’essouffler ou affoler le coeur. Mais c’est tout de même trop rapide et j’entraîne mes muscles vers une issue fatale. De plus je suis toujours aussi soucieux car je ne me sens pas encadré, pas soutenu. En tournant un peu avec les autres solos, on les voit recevoir de nombreux encouragements, depuis les stands ou sur la piste, ce qui renforce d’autant plus mon impression de solitude et d’abandon. Je redoute de rentrer à la tente solo de devoir me débrouiller seul. Je sais qu’en solo c’est quasi impossible, surtout quand on n’y est pas préparé, et c’est mon cas.

Les heures passent, la nuit est tombée depuis un moment, et pour moi qui suis noctambule, je sais que je roule mes meilleurs moments. Pourtant j’ai toujours autant de mal à trouver mon rythme. J’ai fait une pause repas et mécanique (réglage platine) bénéfique, et j’ai fais une pause kiné catastrophique (attente, mauvaises phrases, pas de résultat). Je reprends la piste, tourne un peu avec JP et Alain D. Je les suis aisément partout, sauf dans la montée où je dois forcer, c’est pourtant si agréable d’avoir enfin un rythme. Je ne suis pas essoufflé mais mes muscles répondent de moins en moins. Au lever du jour, je fais une pause. Mes genoux semblent « de cristal » (dixit un autre solo) et mes jambes me permettent à peine de marcher. Une fois assis, se lever est terriblement douloureux, presque insupportable. Et une fois sur mes patins, je ne me sens rigide et faible à la fois. Continuer devient presque dangereux. Pourquoi je suis là ? Pourquoi je fais tout ça ? Un coup d’oeil sur mon bordel, sur Magali qui masse Thibault, Fred qui fait la navette, et moi plus seul que jamais… Malgré les mots réconfortants de Magali qui perçoit ma détresse, je décide d’arrêter et de partir me coucher, la mort dans l’âme, sachant très bien que je ne rechausserais pas. J’ai échoué dans mon non-stop un point c’est tout.

Je suis évidemment terriblement déçu. Même si j’ai parcouru 190 km et tenu 12h, je n’ai pas atteint mon objectif. Je ne peux mettre en cause ni mon matériel, ni mon manque d’assistance (certains solos étaient encore plus seuls), ni mon âge (hein Roland?!), ni le fait d’avoir roulé seul (certains ont bouclé les 24h en roulant seuls). L’explication la plus rationnelle de mon échec réside dans le manque de préparation, physique et logistique.

Mais je n’ai pas que des regrets. D’une part cela m’a permis de savoir que je n’en étais plus capable. Ensuite cela m’a permis de voir le Mans d’une façon très différente de la fois où j’étais en équipe. On est toujours sur la piste, on roule moins vite, on voit plus de choses: la (fabuleuse) lutte entre les top-teams, les multiples gamelles, « l’hétérogénéité » des patineurs. On a même le temps de discuter avec les débutants surchauffant dans la montée, ou parfois on échange juste un sourire, si rare sur le circuit. Mais il me manque des rencontres, celles que j’espérais avec les habitués du forum (Ginette en particulier), et aussi les autres solos avec qui on a peu échangé. Cependant, comme disait Thibaut, on ressentait plus de la complicité que de la rivalité entre nous. Et quand je regarde les autres solistes, je reste perplexe. 400 km me semblait un objectif plus qu’honorable. Flirter avec les 500 est pour moi hors norme, incompréhensible.

Je ne sais pas si je retenterais expérience. Outre le coup élevé ajouté au goût amer de échec, il faudrait que je me re-prépare sérieusement, et à Marseille l’orientation n’est pas trop en ce sens… mais qui sait…?

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 Texte : Pierre Labaune
Photos : XsFred et Pierre Labaune

Auteur

Alexandre Chartier

''alfathor''

Alexandre est le fondateur et webmaster de rollerenligne.com depuis 2003. C'est un passionné de roller en général, tant en patin traditionnel qu'en roller en ligne. Il aime le patinage à roulettes sous tous ses aspects : histoire, économie, sociologie, évolution technologique... Aspirine et/ou café recommandés si vous abordez un de ces sujets !

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