GoldJM : de Mareil-Marly à Saint-Paul-les-Dax (1/7)

Une envie, un besoin, le désir de se surpasser, je ne sais pas ce qui a véhiculé en moi le fait de partir à roller alors qu'en TGV en 4 heures, on est rendu. Je dois avoir une araignée au plafond, rien que pour penser, que je peux à 55 ans, partir pour 800 kilomètres. J'irais de Mareil-Marly à Saint-Paul-les-Dax en 7 jours...

Par alfathor

GoldJM : de Mareil-Marly à Saint-Paul-les-Dax (1/7)

Jean-Marc Goldenberg, de Mareil-Marly à Saint-Paul-les-Dax en 7 jours

800 km en 7 jours

Je prévois de partir le samedi 30 janvier pour arriver le vendredi 5 février. La veille du départ, je tourne en rond, excité que je suis à l’idée de vivre cette aventure personnelle en toute liberté. Je prépare mon GPS, ma couverture de survie, et un gilet jaune de sécurité pour que l’on me voit bien, chose qui me parait indispensable à ma survie.

Le grand jour

4h du matin, ça y est, le grand jour est arrivé. Je me lève mu par une force indicible. Je vais regarder par le carreau de la fenêtre de la cuisine… je suis maudit ! Tout est blanc ! Mais par pour rire : il est tombé 8 a 9 cm de neige pendant la nuit. Blanc de blanc. Ce n’est pas possible ! Pourtant, je ne sais pas quelle force me pousse, mais je m’équipe quand même.
Je met une paire de chaussettes fines, plus une autre plus épaisse par dessus. Je me glisse dans un collant, et là aussi, je double la mise, avec un second plus matelassé.
Je sors. Dehors, le thermomètre affiche quatre degrés sous zéro. J’ai opté pour six roues vertes Matter à l’avant et une rouge à l’arrière. Je me couvre de mon casque fétiche jaune et orange des 24h du Mans, j’ajuste mes lunettes. Au dernier moment je regarde mes paires de gants, j’ai le choix entre des polaires et une paire épaisse, étanches et doublée de Décathlon. Finalement, j’opte pour cette dernière. Plus tard, je me féliciterai de cette lueur de bon sens. Je place mon sac à dos à sa place, même juste avec l’essentiel, il reste encore bien lourd, 7 à 8 kilos sans doute.
Je descends les escaliers, tout est calme, et la ville parait dormir. Mes idées sont ailleurs, je vais partir à Dax pour rejoindre ma mère qui s’ennuie seule depuis la mort de mon père. J’arrive en bas. Mes premiers pas sont plus apparentés à du patin à glace qu’à du roller. Je me dis que je suis cinglé, mais je pars malgré tout, en pensant que c’est celui qui est au dessus de nous, qui l’a voulu ainsi. Inch Allah comme on dit.

De Mareil-Marly à Châteaudun

J’emprunte la CD 98 pour partir, je fais face à une cote d’un kilomètre. C’est une image surnaturelle qui s’offre à moi. Tout est d’un blanc immaculé : les arbres, la route. Les rares voitures qui passent ne laissent que peu de traces tant la neige est épaisse. A mi-cote, un gars qui rentre de boite de nuit un brin éméché, ralenti tant la chaussée dérape. Il se met à ma hauteur :
« Tu vas ou comme ça avec tes rollers ? Tu es fou ! Je vais vers Saint-Nom-la-Bretèche, viens, monte, je t’emmène. »
Je lui réponds : « Impossible, je pars pour Saint-Paul-Les-Dax ».
Il éclate de rire et moi aussi. Je suis aussi cinglé que lui a trop bu ce soir en boite. PAUL M… tu te reconnaîtras !
Je suis content malgré le fait que je dois taper régulièrement sur mes patins pour dégager la neige qui s’insinue entre les roues. Mes platines carbones EOSKATES tiennent bien le coup dans ces conditions extrêmes.
Il me faudra ralentir pour redescendre vers Plaisir. Je m’arrête pour satisfaire un besoin naturel… patatra ! Je me retrouve le cul par terre. H » oui, la glace ça glisse ! Il me faudra 3h30 pour atteindre Plaisir à 12 km de chez moi, la vitesse d’un piéton. Je me dit qu’à ce train là, je suis pas rendu, et qu’il va me falloir un siècle pour rallier Dax, mais je continue malgré tout, guidé par la foi des patineurs, sans doute.
Je vois les enfants qui vont à l’école en bus, je me dis que j’ai de la chance de vivre libre. Je sors mon GPS, il me fait passer par le centre-ville. Je rejoins la montée de l’étang de la Crane puis direction de la vallée de Chevreuse. Je roule comme je peux en essayant de choisir des endroits sans glace ou neige dur dur !
A Rambouillet, il y a tellement de neige qui retombe que je ressemble à un bonhomme sur roulettes, la carotte en moins ! Cela ne m’arrête pas, je continue, me faisant klaxonner par des voitures, qui du reste, ne vont pas plus vite que moi, tant ça glisse.

La fin du grand blanc, mangeur de patineur

Arrive la montée vers Épernon, puis celle de Maintenon… et là, miracle ! Le sol commence à apparaître sous la neige, le soleil montre timidement le bout de son nez. À l’intérieur une joie formidable m’envahit. Et si j’avais bien fait de partir quand même ? Les kilomètres suivants, me sont bien plus agréables. Je commence a dérouler plus sereinement.
A 13 heures, j’arrive sur Chartres, Je vais manger une pizza. Enfin assis, je déchausse. Que c’est bon d’ôter ses patins !
Je demande un peu d’aluminium, car après la moitié du repas j’ai le bol alimentaire plein. Je bois de l’eau. Des jeunes arrivent et plaisantent avec moi. Ils m’offrent un verre de Coca-Cola. Comme mon estomac n’est pas au top depuis plusieurs jours, j’accepte de bon cœur.
A 14 heures je repars direction Châteaudun. C’est mon 1er but, et je dois y arriver coûte que coûte.
Je poursuis heureux. Le soir de cette première étape, que dis-je, de cette première épopée, J’arrive vers la destination tant convoitée après quelques 129 kilomètres qui dans mon esprit en valent bien 200 aux vues des conditions paradisiaques précédemment citées !
Châteaudun : pour dormir ce sera un hôtel, Les Marmottes avec une super chambre à 3 places, une douche, une télé HD ultra plate, mais personne à qui parler. Après 14 heures de patinage extrême,en solitaire, ça aurait été un plus…

La suite du périple de GoldJM demain…

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Jean-Marc Goldenberg est un patineur spécialisé dans les longues distances. En 2007, il a remporté les 24 Heures du Mans roller en solitaire alors qu’il avait 52 ans. Il a débuté le roller à l’âge de 5 ans.

Texte : GoldJM (Jean-Marc Goldenberg)
Photos : GoldJM

GoldJM MareilMarly SaintPaullesDax
Auteur
Alexandre Chartier 'alfathor'

Bonjour à tous, je suis Alexandre Chartier, fondateur et webmaster de rollerenligne.com. Le site a vu le jour officiellement le 11 décembre 2003 mais l'idée germait déjà depuis 2001 avec infosroller.free.fr. Le modeste projet d'étude est devenu un site associatif qui mobilise une belle équipe de bénévoles. Passionné de roller en général, tant en patin traditionnel qu'en roller en ligne, j'étudie le patinage à roulettes sous toutes ses formes et tous ses aspects : histoire, économie, sociologie, évolution technologique... Aspirine et/ou café recommandés si vous abordez l'un de ces sujets !

2 responses to “GoldJM : de Mareil-Marly à Saint-Paul-les-Dax (1/7)”

  1. gui_gui
    26 février 2010 at 12 h 32 min
    Le Monsieur demande un peu de "papier alu" pour envelopper les restes de son repas car il n'a pu en manger que la moitié, il est déjà rassasié. Lors de gros et longs efforts, l'estomac ne peut accepter beaucoup d'un seul coup...
  2. gastroenterologue
    25 février 2010 at 18 h 52 min
    "Je demande un peu d'aluminium, car après la moitié du repas j'ai le bol alimentaire plein" : kézaco pour les non initiés, svp ?

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