Skating-rink de Boulogne-sur-Mer (62)
Le skating-rink de Boulogne-sur-Mer fut inauguré le 27 juillet 1875. Pour l'occasion, la direction le décora de multiples illuminations. Les bénéfices de la soirée furent reversés au profit des inondés.
Par alfathor

Le skating rink de la Plage ou Skating-Rink de La Colonne à Boulogne-sur-Mer
Le skating-rink de Boulogne-sur-Mer, également appelé « La Colonne »1, fut inauguré le 27 juillet 18752. Il appartenait à M. Spiller, artiste sur roulettes, fabricant et donc propriétaire de patinoire à roulettes. A Boulogne-sur-Mer, Spiller était déjà propriétaire des bains de mer3. Pour l’occasion, la direction le décora de multiples illuminations. Les sinistrés d’une inondation à la même période bénéficièrent des recettes récoltées durant la soirée. Ainsi, Boulogne, fut donc le premier rink édifié sur le sol français. Il marqua donc le début de la grande mode de la Rinkomanie en France. Ce skating-rink, dit « la Colonne de Boulogne », se situait sur la terrasse ouest, face au Casino. Notez sur l’illustration ci-dessous la cohabitation des drapeaux français et australien.

L’influence britannique, à l’origine de la création du skating rink de Boulogne-sur-Mer
La cité balnéaire Boulogne-sur-Mer était plutôt connu pour sa magnifique plage de sable. Elle accueillait 300.000 visiteurs par saison. Son casino, non loin de la patinoire à roulettes, rencontrait également un franc succès. En 1888, par exemple, les sujets de sa majesté4 y venaient d’Angleterre, en villégiature, par bateaux entiers.
L’influence anglo-saxonne dans la diffusion des pratiques sportives au XIXe siècle est un fait connu et largement décrit par les historiens du sport. Ainsi, il ne serait pas surprenant que le « débarquement » des skating-rinks en France ait été initié par les britanniques. D’ailleurs, des journaux anglophones comme le Galignani’s messenger faisaient la promotion du skating-rink de Boulogne. Ensuite, les patins proposés dans les skating-rinks du nord étaient souvent des modèles de l’Australien Adolphus Frederick Spiller.

Extrait du Mémorial diplomatique du 20 novembre 1875 5
La ville de Boulogne-sur-Mer a, la première en France, imaginé ce nouveau sport, et pendant l’été dernier on a pu voir dans le charmant établissement au bordd e la mer, les dames et jeunes filles françaises et anglaises, comme les patineurs des deux pays, rivaliser de grâce et d’habileté.
Description de l’ambiance du skating-rink de Boulogne-sur-Mer dans le journal L’événement6 du 21 août 1875
« Le rink de Boulogne est en face du Casino, dont la terrrasse en domaine complètement l’étendue. c’est un vaste emplacement bitumé, un parallélogramme d’à peu près 120 mètres de long sur 80 de large, encadré de galeries où se tiennent les spectateurs. L’aspect de cette enceinte est fort réussi au moment où le patinage est sa grande animation. Plus de six cent personnes y affluent par de belles après-midi.
Les Anglais excellent à cet exercice M. Harry Silly Whild y fait preuve d’une habileté exceptionnelle ; on remarque également à côté un étranger qui est doué d’une grande force ; mais, l’individualité qui appelle le plus d’attention, lorsqu’elle paraît dans le Rink, c’est une jeune et jolie personne, Miss Sikes, a very nice young lady, comme cela se dit en anglais. Elle surmonte avec une gracieuse aisance toutes les difficultés de ce sport. Elle a brillé à Brighton, là même où ce qu’on peut appeler la Rinkomanie a pris naissance en Angleterre.
L’art de patiner sur roulettes est un sport non moins intéressant que le classique patinage sur la glace, et peut-être plus salutaire au point de vue hygiénique. Un Jour viendra où les médecins de Paris le recommanderont au même titre que la natation, les bains à la lame et l’équitation ; mais, pour cela faire, il faudrait connaître ce sport, et Paris, on le sait, est quelque peu lent à compléter la liste de ses attractions comme ville de plaisance. Boulogne qui tend non-seulement à s assurer une incontestable suprématie parmi nos watering-places, mais à devenir le grand centre de notre transit maritime avec le Nord, est toujours a l’affût du progrès.
Je dois ajouter un détail omis par le chroniqueur du Sport. L’introduction en France du patinage a été due à l’initiative de M. Spiller. le gracieux directeur du Casino de Boulogne. »

Les prestations de l’établissement
Une verdure généreuse entourait la terrasse. Elle disposait notamment d’une balustrade qui permettait aux débutants de se tenir… et aux spectateurs de suivre les évolution des patineurs. L’aire d’évolution se composait d’un ciment boulonnais « comme le sont quelques uns de nos trottoirs. »
L’établissement s’appuyait sur les services d’un professeur surnommé « La Saison ». Il testa la salle le vendredi précédent l’inauguration avec sa petite fille de 5 à 6 ans.
Le skating-rink de Boulogne-sur-Mer fut qualifié d’affreux par Henri Mouhot, l’auteur du livre La Rinkomanie7 (1875, p. 114). Malgré tout, le lieu perdura durant cinq années années, une durée somme-toute assez raisonnable en comparaison avec nombre d’autres skating-rinks en France à la même période.
Pour aller plus loin
Sources
- La Gazette des Eaux, 1875, p.234-235 (Gallica) ↩︎
- Ibid. ↩︎
- L’avenir d’Arcachon, 15 juillet 1877 (Gallica) ↩︎
- Le Gaulois, 25 mai 1888 (Gallica) ↩︎
- Le Mémorial diplomatique, 20 novembre 1875, p. 750 (Gallica) ↩︎
- L’événement, 21 août 1875, p. 3 (Retronews) ↩︎
- Henry Mouhot, La Rinkomanie, 1876 ↩︎
- Journal l’Amusant, 6 septembre 1879 (Gallica) ↩︎
Tous nos remerciements à Xavier P. d’avoir déniché l’article du journal l’Evénement et à Sam Nieswizski pour l’illustration du journal l’Amusant8.