Rencontre avec Romain Masson, Equipe de France roller hockey

Les derniers championnats du monde de roller hockey ont mis en lumière l'excellent collectif tricolore qui a terminé vice-champion du monde deux années de suite. Rencontre avec l'un des joueurs de l'équipe de France, le Bordelais Romain Masson...

Par alfathor

Rencontre avec Romain Masson, Equipe de France roller hockey
Interview de Romain Masson

Entretien avec Romain Masson

De la glace au roller hockey

Romain Masson est aujourd’hui âgé de 33 ans. Il a débuté le hockey sur glace à l’âge de trois ans en région parisienne au club de Viry-Châtillon (91), club de M.Pourtanel, où il a passé douze ans. Il a ensuite intégré le sport études d’Amiens dès ses 15 ans et a donc évolué sous les couleurs des Gothiques en élite pendant cinq ans.

Après un bref passage en ligue Magnus sur Gap (05), et pour achever ses études, il a dû faire des concessions et rejoint l’équipe de Lyon pendant quatre ans. Il a poursuivi sa carrière pendant un an sous le soleil de Montpellier. Et enfin, après trois années bordelaises, il a décidé de poser ses valises dans la région à l’arrivée d’une petite fille. C’est à ce moment là qu’il a raccroché les patins à glace. Le bilan reste plus que positif avec deux Championnats du Monde, une participation à la Coupe Continentale, 6 titres de Champion de France, 4 titres de Vice Champion de France, 5 médailles de Bronze au Championnat de France.

Le roller s’est ensuite présenté à lui. Pour ne pas stopper net le sport, il a alors accepté l’invitation des « Aloses », aujourd’hui devenus les « Lions » de Bordeaux. Cela semblait être une évidence, ayant pratiqué le roller depuis son plus jeune âge en parallèle de la glace.

En 3 ans seulement, c’est là encore un bilan positif avec :

Romain Masson au championnat du monde de roller hockey 2016
Romain Masson au championnat du monde de roller hockey 2016

Bonjour Romain Masson, comment as-tu découvert le hockey sur glace, puis le roller hockey?

Mes parents me trouvaient dynamique et souhaitaient que je pratique rapidement un sport atypique, autre que le football. En allant chez mon médecin traitant, celui-ci leur a conseillé lors d’une discussion le « hockey-sur-glace ». Tout simplement, parce que nous habitions à proximité de la patinoire de Yerres en région parisienne. J’ai semblerait-il selon mes parents, tout de suite accroché sur mes premiers coups de patins, et à partir de là je n’ai jamais arrêté. J’ai même donné envie à mon jeune frère de me rejoindre.

Le roller était ensuite une évidence ! Mon adaptation s’est plutôt bien passée.

As-tu ressenti une différence notable entre les deux pratiques du roller hockey et de la glace ?

Au début c’était nouveau pour moi puisque la discipline est quand même différente par rapport au hockey sur glace. Mais le roller hockey n’était pas non plus quelque chose de complètement nouveau, puisque petit dans la rue avec mon jeune frère et voire même dans les années qui ont suivi je m’échappais souvent faire des matchs et des tournois dans ma région avec des amis et des connaissances qui m’invitaient à participer à ce sport.

Romain Masson sous les couleurs de Bordeaux : photo : Slap'On'Graphie
Romain Masson sous les couleurs de Bordeaux : photo : Slap’On’Graphie

Quels ont été les moments forts de ta carrière sportive ?

C’est difficile d’y répondre. Le sport de haut niveau, autant la glace que le roller hockey m’a donné la chance de vivre des moments inoubliables ; qu’ils soient négatifs ou positifs à la fin.

Les moments forts qui me viennent à l’esprit, j’en ai plein la tête ; mon premier titre de Champion de France, mon troisième titre de Champion de France d’affilée en jeunesse avec Viry-Essonne, mon premier match en élite avec les Gothiques d’Amiens au Coliséum dans une patinoire pleine à craquer, ma première sélection en Equipe de France, la défaite 15-0 aux Championnats du Monde face au Canada et surtout face aux stars de la NHL (Nash, Spezza…) et ce le jour de Noël, un but à 7 secondes de la fin du match à la patinoire de Bordeaux Mériadeck levant 4000 personnes de leur siège pour les phases finales, ou bon nombre de buts en duo avec mes meilleurs amis Pierre-Yves Albert ou Vincent Cadren, etc.

Romain Masson au championnat du monde de roller hockey 2016

Je souhaite à chaque joueur, de vivre autant de souvenirs que j’en ai eu à la glace comme au roller, et toutes les émotions que cela m’a procurées ! Ca n’a pas de prix !

Romain Masson, quelles ont été les personnes qui t’ont inspirées ?

Il y a plusieurs personnes qui m’ont inspirées.

C’est tout d’abord mes coachs à la glace. Je vais en citer quelques uns qui m’ont beaucoup apporté dans ma progression : Benoit Groulx, Dave Henderson, ou encore Lionel Bilbao (et j’en oublie certainement d’autres).

Ce sont également des joueurs qui me faisaient rêver étant jeune. Quand j’évoluais à Amiens par exemple, j’admirais du côté français la vitesse et le talent des « Rozenthal » ou de Laurent Gras. Puis du côté des étrangers, j’aimais beaucoup ce joueur finlandais Arto Vuoti pour la prestance qu’il avait sur la glace et cet instinct du but. Et enfin comme beaucoup d’enfants; Wayne Gretzky qui est une légende pour toutes les personnes qui aiment le hockey sur glace.

Romain Masson au championnat du monde de roller hockey 2016
Romain Masson au championnat du monde de roller hockey 2016

A quel moment as-tu intégré l’équipe de France de roller hockey ?

J’ai intégré l’Equipe de France au bout de quelques mois, et cela fait maintenant trois ans que j’évolue avec le groupe France. Tout a commencé lors d’un déplacement à Caen, et d’une rencontre engagée, où j’ai semblerait-il attiré l’œil du sélectionneur national. Il m’a alors sollicité par téléphone et j’avoue avoir été agréablement surpris.

Mais j’étais satisfait de pouvoir amener ces résultats seulement au bout de quelques mois de roller, c’était important pour moi et pour mon club également.

Ensuite, j’ai pris cette première convocation comme une bonne nouvelle en me disant que c’était une expérience supplémentaire à ma carrière sportive. On avait entendu beaucoup de choses à ce propos, alors que c’était un non-évènement.

J’avais tout à prouver au roller hockey, je n’étais personne.

J’y suis allé en me disant qu’il n’y en aurait qu’un, alors qu’il fallait tout donner ! Et comme ci c’était le dernier…

En venant au roller hockey c’était une façon de continuer un peu le sport suite à mon arrêt au hockey sur glace. Mais comme je suis ambitieux, j’avoue que le groupe France m’avait ensuite effleuré l’esprit.

Comment s’est passée ton arrivée dans le collectif France ?

J’ai abordé ce premier stage dans un état d’esprit de sportif de haut niveau habitué à donner le meilleur de lui-même quand il est convoqué. Exécuter, progresser, mettre en application les consignes du coach pour obtenir les résultats escomptés par l’équipe et son staff.

Le groupe préparait le Mondial en France et les places étaient chères. Je ne connaissais pas beaucoup de joueurs dans ce groupe, et ces garçons n’étaient pas là par hasard. Il m’a fallu les découvrir mais je savais aussi que je pouvais mettre mes qualités au service de l’équipe nationale.

Je n’ai pas été retenu la première année pour Toulouse malgré tous les stages que j’ai effectués, mais je n’en ai jamais tenu rigueur au sélectionneur. Au contraire je les encourageais à distance pendant ce mondial.

A quel moment as-tu été sélectionné en équipe de France Romain Masson ?

Après la contre-performance de la France (9e place) à Toulouse en 2014, j’ai été sélectionné l’année suivante pour le championnat du Monde à Rosario (Argentine) où nous avons fini vice-champions du Monde, puis cette année encore pour le mondial d’Asiago 2016 où nous avons obtenu une belle médaille de bronze.

Je profite d’ailleurs de cette interview pour remercier Bernard Seguy, qui m’a fait confiance et m’a permis de m’exprimer sur le terrain. Il m’a fait progresser dans ce sport et bien qu’on entende parfois quelques critiques à son égard, pour ma part je ne le remercierai jamais autant pour la chance qu’il m’a donné. C’est fabuleux ce que j’ai partagé avec cet homme ainsi que le groupe France. On a toujours pu se parler en toute transparence tous les deux. Et je pense que c’est important pour un coach et ses joueurs afin qu’ils fédèrent autour de lui.

Ensuite, est venu Geoffroy Tijou, qui a suivi dans ce sens et qui m’a fait évoluer également dans mon jeu. Il a su trouver les mots justes pour que je me mette au service du groupe. Chaque consigne était mesurée et m’a permis de me surpasser. Il connaît son sujet pour avoir joué à ce niveau.

Indubitablement, je les remercie sincèrement tous les deux, et j’en profite aussi pour remercier toutes les personnes qui m’ont envoyé des messages de sympathie encore ces dernières années. C’est toujours touchant autant de soutien…

Romain Masson
Romain Masson avec Bordeaux

Romain Masson, à combien de mondiaux as-tu participé ?

J’ai participé à quatre championnats du Monde : deux au hockey-sur-glace et deux au roller hockey.

Tu mènes aujourd’hui une double carrière professionnelle et sportive, sans compter le rôle de parent, à quoi ressemble ton emploi du temps ? Comment gères-tu l’ensemble ?

Ma journée est minutée !

Je me lève, je m’occupe de ma fille et du biberon « Chocolat ». On s’habille et je l’emmène à l’école pour 8h30 !

J’ouvre l’agence à 9h00 et à 17h30 je file chercher ma fille à la sortie de l’école. En effet, je travaille dans les assurances.

Je rentre avec ma puce, je la lave et la fais manger.

Puis, j’attends le retour de sa maman pour la coucher et partir m’entrainer.

Enfin, je rentre tard de l’entrainement, je mange et je me couche !

Voilà à quoi ressemble aujourd’hui ma journée de travail, de « papa » et d’athlète…

Mais tout ceci sans l’aide de ma compagne ne serait pas possible, c’est pourquoi je la remercie sans arrêt et lui tire mon chapeau.

Romain Masson avec Bordeaux
Romain Masson avec Bordeaux

Romain Masson, comment as-tu trouvé un emploi ?

J’ai décidé assez tôt, en accord avec mes parents, de ne pas partir dans cette aventure sportive sans autre bagage. J’ai toujours suivi mes études en parallèle du sport de haut niveau. J’ai eu un bac ES (Economique et social) avant de poursuivre sur une première année de STAPS à Gap (05). J’ai ensuite complètement bifurqué en faisant un BTS dans le tourisme, intitulé « Animation Gestion Touristique Locale ».

J’ai passé en parallèle un diplôme de guide régional qui m’a permis d’obtenir deux diplômes la même année. Enfin, je me suis spécialisé avec un « Bachelor en Management et Marketing de l’évènementiel ». Quand j’ai terminé mes études, je me suis dit qu’il fallait trouver des entreprises qui étaient à l’écoute des sportifs de haut niveau. Je suis d’abord rentré chez Orange, où j’ai travaillé comme commercial, ensuite, j’ai eu la chance de rencontrer des entreprises qui m’ont permis d’avoir des horaires aménagés : du coup, j’ai fait pas mal de petits boulots pour avoir ce compromis entre activité sportive et carrière professionnelle.

Parles-nous de l’association à laquelle tu adhères pour les sportifs de haut niveau…

Après l’arrêt de ma carrière sportive à la glace, je suis allé voir Arielle Piazza, une élue locale Bordelais, adjointe aux sports d’Alain Juppé, qui m’a mis en relation avec une association nommée « Link’In Sport » et présidée par l’ancien perchiste internationale Romain Mesnil, vitrine du sport français, et dans laquelle on retrouvait notamment des membres comme Fabrice Jeannet, triple champion olympique d’escrime, Benjamin Lang actuellement aux JO à Rio en aviron, Eric Poujade vice Champion Olympique de cheval d’arçons, Stéphanie Falzon en Equipe de France de lancer du marteau, Laurent Torecillas en volleyball, etc.

Il y avait beaucoup de sports individuels représentés et majoritairement des athlètes du niveau championnat du monde ou Jeux Olympiques. L’objectif principal de cette association est la reconversion des athlètes de haut niveau dans le monde professionnel. Ils m’ont ainsi aidé à me construire, à élargir mon réseau et, comme j’avais du temps, je les ai également aidés à structurer cette association qui avait moins d’un an d’existence. Puis ils m’ont également mis en relation avec le Comité national olympique et sportif français (CNOSF), où il y avait un programme appelé « l’accompagnement des sportifs de haut niveau ». Un chef d’entreprise jouait le rôle de parrain avec un athlète filleul, ce qui m’a permis d’avoir deux parrains : l’association « Link’In Sport » avec mon parrain et ami aujourd’hui Romain Mesnil, puis le CNOSF.

A la longue, j’ai appris par le réseau qu’Allians avait un programme « Athlètes et Carrières » qui correspondait tout à fait à ce que je recherchais dans le monde de l’assurance. Ainsi, depuis le 1er septembre 2014, je suis conseiller en assurance dans un point services du centre-ville de Bordeaux.

Romain Masson et son équipe des Lions de Bordeaux
L’équipe des Lions de Bordeaux

Romain Masson, quels sont tes futurs projets?

J’ai quelques projets personnels qui ne vont pas tarder à venir. Mais j’attends un peu avant d’en parler…

Sportivement, faire une belle saison avec Bordeaux, certainement ma dernière et rester en élite pour le club.

En ce qui concerne l’Equipe de France de roller hockey, être au service du groupe s’ils a toujours besoin de moi, et pourquoi pas viser le titre mondial, si proche ces deux dernières années.

Et bientôt quand j’aurais raccroché les patins, m’investir pleinement au surf (rires) !

L'équipe de Bordeaux face au public
L’équipe de Bordeaux face au public

Fiche technique de Romain Masson

  • Nom : Masson
  • Prénom : romain
  • Date de naissance : 26 avril 1983
  • Née à : Athis-Mons, france
  • Taille : 1m74
  • Poids : 87 kg
  • Pays : France
  • Habite : Bordeaux (33)
  • Premiers pas en roller : 1986
  • Catégorie : senior homme
  • Études : BTS animation gestion touristique locale – Bachelor management et marketing de l’évènementiel.
  • Points forts : vitesse, maniement du palet, la vision du jeu et l’instinct du but.
  • Points à améliorer : l’aspect défensif.
  • Autres sports : ski, surf, tous les sports en général…
  • Le dernier film vu : Divergente 3.
  • Musique préférée : Stevie Wonder.
  • Jeux vidéo : NHL
  • Lectures : Boris Vian
  • Aime : la franchise et l’humilité.
  • N’aime pas : l’injustice et l’hypocrisie.
  • Qualités : persévérant (c’est-a-dire ne jamais rien lâcher et travailler fort, se surpasser afin d’atteindre ses objectifs).
  • Défauts : très mauvais perdant !
  • Club / équipe : les lions de Bordeaux
  • Meilleur souvenir : les titres gagnés à la glace comme au roller hockey.
  • Pire souvenir : la défaite en finale des championnats du monde 2015 en Argentine contre la République Tchèque.
  • Parle : anglais, espagnol et grec
  • Alcool ou jus de fruit ? Jus de fruit
  • Plage ou montagne ? Plage et montagne
  • Matin ou le soir ? Le soir
  • Fromage ou dessert ? Fromage
  • Rap, métal ou techno ? Rap
  • Football ou de rugby ? Rugby 
Romain Masson

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Auteur
Alexandre Chartier 'alfathor'

Bonjour à tous, je suis Alexandre Chartier, fondateur et webmaster de rollerenligne.com. Le site a vu le jour officiellement le 11 décembre 2003 mais l'idée germait déjà depuis 2001 avec infosroller.free.fr. Le modeste projet d'étude est devenu un site associatif qui mobilise une belle équipe de bénévoles. Passionné de roller en général, tant en patin traditionnel qu'en roller en ligne, j'étudie le patinage à roulettes sous toutes ses formes et tous ses aspects : histoire, économie, sociologie, évolution technologique... Aspirine et/ou café recommandés si vous abordez l'un de ces sujets !

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