Portrait de Renaud Crignier (Écureuils d’Amiens)

Il a vu le roller-hockey à ses débuts alors que celui était du street-hockey. Il a un passé chargé d'émotions, de souvenirs sous les couleurs des Ecureuils, des Corsaires et de l'équipe de France. ReL vous propose de partager une tranche de vie avec ce joueur talentueux et travailleur qui a débuté chez les Blacks Swans avant de porter le maillot de l'équipe de France et de s'investir dans le partage de sa passion. Rencontre avec Renaud Crignier...

Par alfathor

Portrait de Renaud Crignier (Écureuils d’Amiens)

« Le Roller Hockey peut avoir sa place au JO »

L’équipe de rollerenligne.com est partie à la rencontre du joueur de roller hockey Renaud Crignier. Il évolue au sein de l’équipe des Ecureuils d’Amiens. Entretien…

Bonjour Renaud Crignier, pouvez-vous vous présenter brièvement ?

Bonjour , je m’appelle Renaud Crignier, j’ai 30 ans et je suis directeur général du club des Écureuils d’Amiens ainsi qu’entraîneur et joueur de l’équipe Elite.

Renaud Crignier
Renaud Crignier

Au sein du Club… Comment avez-vous découvert le roller hockey ?

Je l’ai découvert par le biais de ma mère qui a créé un club dans mon village  » Les Blacks Swans de Villers-Bretonneux « . Nous nous entrainions dans une cours d’école et nous faisions des tournois amicaux dans la région d’Amiens. Nous n’étions ni licenciés, ni inscrit en championnat de France.

A la fin des années 1990, vous participez à ce que l’on appelait alors la  » Coupe des Régions  » , qu’est-ce que cela représentait pour vous ?

C’était lors de ma première saison en cadet (espoir à l’époque), je ne connaissais ni mon niveau, ni le niveau des autres joueurs cependant je savais que c’était une sélection pour l’équipe de France espoir.

Nous avons gagné 10 – 5 et j’avais mis 5 buts que je n’oublierais jamais car c’est ici que ma carrière en équipe de France débute. Il y avait des joueurs comme G. Watelet (N1 Moreuil), B. Laisné (Rouen/Villeneuve). Au deuxième tour à Angers nous avions terminé vice-champions et là aussi beaucoup de beau monde à cette époque comme B. Bireloze, H. Rebuffet, B. Tijou, B. Laisné, M. Dheilly …

Renaud Crignier, début 2000, vous participez avec les Ecureuils d’Amiens au premier championnat de France de Nationale 1. Votre premier match est contre Rouen et vous vous imposez sur la marque de 6-3. Avez-vous des souvenirs de ce match et que pouvez vous nous dire sur ce premier championnat ?

Je me rappelle très bien de ce match, il se tenait à la « Veillère » avec une première victoire et mon tout premier but en Nationale 1 . C’était un peu la découverte pour tout le monde et nous n’étions que sept clubs suite au forfait général de Montpellier (NDLR : une tempête avait détruit le gymnase de Montpellier durant l’été) juste avant le début du championnat . Nous avions terminé 4ème.

L’entraineur de l’époque était Florent Quarante. Vous qui entrainez maintenant, comment se déroulaient les entrainements du début des années 2000 ? Quelles différences avec ceux d’aujourd’hui ?

Je me souviens juste que nous faisions quelques exercices pour échauffer les gardiens et de temps en temps quelques exercices collectifs un peu plus poussés, mais il y avait beaucoup de temps de jeu car l’équipe était composée à 90% d’anciens joueurs de hockey sur glace donc nous nous amusions et nous prenions du plaisir à faire des matchs à l’entrainement.

Renaud Crignier
Renaud Crignier en action

Ensuite vous migrez pour vos études sur Paris, comment cela se passe avec l’équipe de Paris ?

Je sentais que j’avais besoin de changer d’air car après 3 ans de stages sans être retenu pour le championnat du monde c’était l’année ou jamais. Cette décision a été la plus importante dans ma carrière car nous avions terminé 3e ainsi que finaliste de la coupe de France perdue 4 – 3 contre Rethel mais elle m’a surtout permis d’être sélectionné pour mon premier mondial à Pisek en République Tchéque.

Deux fois finaliste de la Coupe de France avec Paris en 2003 et Amiens en 2006, qu’est ce qui a manqué pour obtenir cette coupe, Renaud Crignier ?

La première fois, il nous a juste manqué de la confiance. Rethel avait gagné un quart du match dans le vestiaire grâce à l’aspect psychologique. Ensuite, au fur et à mesure du match, nous nous sommes rendu compte trop tard que nous pouvions battre l’ogre ardennais, mais il était déjà trop tard. Nous sommes partis de trop loin et il nous a manqué dix minutes.

Pour la seconde finale contre Anglet, c’est l’expérience des grands évènements qui nous a fait défaut. Nous avons mal géré ce match dans son ensemble. Jouer sur terrain neutre devant une salle pleine était nouveau pour la plupart d’entre nous et c’est vraiment dommage car nous avions éliminé Rethel 6 – 4 deux semaines plut tôt et pris une leçon contre Anglet 9 – 1, cela fait désordre.

22 novembre 2008 : Vous jouez pour la première fois au Coliseum d’Amiens, une vraie salle de Sport, quelles sensations lorsque vous apprenez la nouvelle ? Et quel sentiment en tant que joueur de pouvoir évoluer dans un complexe comme celui-ci ?

C’était une grande nouvelle !

Les travaux de la Veillère ont obligé la ville à nous reloger pendant quelques mois et nous espérions tous le Coliseum. Ensuite est venu l’achat des balustrades, les premiers entrainements et le premier match contre Grenoble avec environ 500 spectateurs.

Tout le monde était ravi de ce succès qui d’ailleurs ne nous permet plus de revenir jouer à la Veillère qui ne contient que 150 places . C’est vraiment génial d’avoir un des plus beaux terrains de France mais maintenant, on espère tous un jour jouer dans une salle comble ! 1200 spectateurs ca serait la folie.

Malgré une place de Vice-Champion en 2010, beaucoup de joueurs bougent dans votre effectif, est-ce que cela est compliqué de bâtir sur du long terme dans ces conditions ?

Ce sont les aléas du sport et encore plus quand il n’y a pas de contrat comme les sports professionnels qui permettent de garder un joueur sur plusieurs années. Je parlerais plutôt de « cycle », nous avons eu une bonne génération qui a grandi et évolué ensemble jusqu’au deux podiums consécutifs en 2010 et 2011 mais maintenant, je forme un nouveau groupe avec l’arrivée de 8 joueurs dans l’équipe et c’est un nouveau défi aussi intéressant et enrichissant que le précédent.

Renaud Crignier

Dernière ligne droite de championnat Elite 2012 avec une qualification en ligne de mire, deux gros morceaux : Rethel à domicile, Anglet en terre basque, et enfin Paris XIII, comment allez-vous préparer ces rencontres ?

Nous allons préparer ces matchs normalement comme toute l’année avec du travail, du sérieux et du plaisir car ce sont les trois mots d’ordres pour nous cette année.

J’espère vraiment que ce groupe ira en play-off car il le mérite, nous sommes partis de très loin avec toutes les déconvenues que nous avons eues jusqu’en novembre. Il y a deux matchs pour tenter l’Exploit contre Rethel et Anglet puis nous espérons tout jouer sur le dernier match contre Paris XIII qui sera pour nous : une finale.

La carrière internationale de Renaud Crignier

En 2005 à Viry, vous perdez en demie-finale de championnat du monde. Pouvez vous nous expliquer comment cela s’est passé ?

Dans ce championnat du monde de roller hockey 2005, Nous étions invaincus et sur une bonne dynamique mais les Tchèques étaient vraiment solides et au dessus de nous même si nous avons fait un gros match et que nous avons tout donné. D’ailleurs, ils auraient dû gagner la finale contre les Etats-Unis.

En 2005 à Bercy, vous décrochez avec l’équipe de France, la médaille de bronze lors du mondial contre les Suisses sur la marque de 2 à 1. Peux tu nous raconter comment s’est passée cette journée ? La préparation avant ce match, les minutes avant, comment s’est déroulée cette rencontre? Et qu’est ce qui passe dans la tête au moment où le buzzeur retentit ?

Je me rappelle que ce fut une journée comme les autres : petite déjeuner – réveil musculaire – repos/temps libre – repas et départ à la salle.

Renaud Crignier
Avec l’équipe de France de roller hockey

Nous ne parlions pas trop mais nous sentions qu’il y avait beaucoup de pression et d’espoir sur ce match. Par contre en arrivant à Bercy, en regardant les matchs défiler avant nous, en voyant les féminines décrocher la médaille de Bronze, la pression était là…

D’ailleurs, l’appel des joueurs et l’hymne national fût le moment au cours duquel j’ai le plus ressenti la pression jusqu’à aujourd’hui. Le match a été incroyable et serré jusqu’à la fin. Trois gros moments sont à retenir pour moi, l’unique but que nous prenons, à ce moment là nous nous sommes dit avec Oliver, Jimi et Jean-Mi que nous ne pouvions pas perdre à cause de nous car en plus nous avions pris le but vainqueur la veille contre les tchèques. Ensuite, nous avons mis les deux buts suivants avec une sortie de zone d’école pour le second où tous les joueurs de la ligne ont touché le palet. Le dernier moment est la mitaine de Terry à cinq seconde du buzzeur qui ruine tous les espoirs des suisses.

A la fin … tu sais plus où tu es, tu vas voir tout le monde, tu sautes sur tout le monde, tu gueules comme un fou, tu pleures, t’y crois même pas et tout ça à domicile en France à Bercy devant 4000 personnes dont tes proches et ta famille… C’est indéniablement mon plus beau souvenir sportif et je ne pense pas qu’il pourra être détrôné à part peut être finir champion du monde en France et finir sa carrière la dessus.

2006, Championnat d’Europe à Rouen, vous décrochez le premier titre de l’équipe de France face aux Tchèques, comment analysez vous cette performance 6 ans après ?

C’est vrai que nous avons fini premier mais c’était sous forme d’une poule avec très peu d’équipes et surtout en terminant sur un nul 2-2 face aux tchèques ce qui est bizarre. Finir sur une victoire aurait changé beaucoup de choses. Maintenant, nous n’allons pas faire la fine bouche et nous avons bien été champions d’Europe.

2008 : Vice-Champion du monde, pourquoi la France ne parvient pas à prendre le dessus sur ses adversaires et à décrocher le plus beau des titres ?

Difficile de trouver le pourquoi du comment de ce mondial 2008, sûrement un manque d’expérience de cet évènement … le dernier match du championnat du monde où toutes les équipes sont dans les gradins, en extase sur le match, et nous sur le terrain et en plus contre les Etats Unis. Sur ce match, ils ont vraiment été forts et même si on mène 2 – 1, ils n’ont jamais paniqué. Le score est sévère car nous avons lâché un peu en fin de match mais nous avons tout donné et nous sommes fiers de ce parcours.

Renaud Crignier, en 2009, les jeux mondiaux, antichambre des JO, se déroulent à Kaohsiung, la France obtient la médaille d’argent, est-ce que le roller hockey à sa place parmi les Sports Olympiques ?

Quand, je vois la finale dans une salle comble et à guichet fermé (4500 places), je me dis que Oui, il peut avoir sa place aux JO. Un terrain de roller hockey peut se monter dans n’importe quelle salle contenant des gradins. Cependant, je pense qu’il manque des nations comme la Russie, la Suède, la Finlande, la Norvège… pour un avoir un championnat beaucoup plus complet car à l’heure actuelle il y a un trou entre les sept premières équipes et les autres.

Renaud Crignier

Mondial en Italie l’an passé : une compétition à oublier ou à garder en mémoire pour une réussite en 2012 en Colombie ?

Un mondial ça ne s’oublie jamais, qu’il soit positif ou négatif, il faut toujours en tirer des conclusions et chercher les choses à refaire ou à ne plus faire. J’espère que cet échec va donner de l’envie et de la rage à l’équipe qui partira en Colombie car jouer les places 5 à 8 c’est vraiment la loose. Nous nous entraînons toute l’année pour jouer le dernier carré et jouer une médaille sur le dernier match donc j’espère que la France retrouvera le podium même si elle l’a connu que 3 fois en 15 ans …

Les restrictions budgétaires touchent énormément le fonctionnement des équipes de France, pensez vous que vous allez avoir les mêmes chances que les autres équipes pour cette édition ?

C’est une chose nouvelle qui va changer énormément de choses. Un groupe plus restreint mais peu être plus soudé ?

Ce mondial sera difficile sur le plan physique mais peut être plus de solidarité pour avancer tous ensemble ? … je pense que la réponse nous la connaîtrons après le mondial quand il sera temps de tirer des conclusions mais une chose est certaine c’est que la condition physique sera primordiale cette année pour mettre toutes les chances du coté de l’équipe de France.

Pour aller plus loin

Compte facebook de Renaud Crignier

Texte : Gregory Verne – Photo : RS Amienois , BlackGhost, CRILH FFRS

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Auteur
Alexandre Chartier 'alfathor'

Bonjour à tous, je suis Alexandre Chartier, fondateur et webmaster de rollerenligne.com. Le site a vu le jour officiellement le 11 décembre 2003 mais l'idée germait déjà depuis 2001 avec infosroller.free.fr. Le modeste projet d'étude est devenu un site associatif qui mobilise une belle équipe de bénévoles. Passionné de roller en général, tant en patin traditionnel qu'en roller en ligne, j'étudie le patinage à roulettes sous toutes ses formes et tous ses aspects : histoire, économie, sociologie, évolution technologique... Aspirine et/ou café recommandés si vous abordez l'un de ces sujets !

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