Les innovations technologiques des roues de roller
Voilà près de 250 ans que nos roues tournent. En bois, en ivoire, en métal, pneumatiques, en caoutchouc, ou encore en uréthane, elles sont passées par toutes les matières. C'est aussi grâce à elles que le roller a connu un second souffle dans les années 90. Tour d'horizon des innovations qui ont marqué l'histoire de nos chères roulettes...
Par alfathor

De toutes les matières… c’est le PU qu’on préfère
Flashback sur les roues de roller d’autrefois
Les premiers inventeurs de l’histoire du patins à roulettes ont créé des roues en bois. Certains ont testé l’ivoire ou le caoutchouc. D’autres ont opté pour le métal, d’autres encore ont mis une bande de cuir autour d’une roue en métal pour améliorer l’accroche. D’autres enfin, ont fabriqué des roues en hématite, une matière qui mélangeait de la sciure et le sang des abattoirs. Comme quoi rien ne se perd !

Un article du journal Coemedia du 5 novembre 1913 nous indique qu’à cette période il existait des roues en buis, en fibre et même en aluminium !
Le patin idéal est celui […] dont les roues ne dérapent pas. Or, les roues d’acier sont quelquefois glissantes: et c’est, en pareil cas, un très grave inconvénient, les embardées n’amènent jamais rien de bon. Ainsi les connaisseurs préfèrent-ils aux roues d’acier les roues de buis, ou mieux, encore de fibre vulcanisée.
Paul Bonhomme, Le patinage à glace et à roulettes, 1910
Enfin, les dilettanti déclarent que rien n’est supérieur aux roues en fibre de mica, parce qu’elles ont du mordant sur la piste, et que ni le froid, ni la chaleur ni l’humidité n’a d’action sur cette matière.
La composition et la forme des roues de roller sont en évolution permanente
Au fil des siècles, les patineurs ont constamment réfléchi à la façon d’améliorer les performances des roues, tant en termes d’accroche, que de roulage, de bruit ou de confort.
Sur les roues ci-dessous, le bois a été recouvert de goudron et rainuré, pour améliorer l’accroche.

Fin des années 70 : la révolution des roues de roller en uréthane
Il faut attendre 1970 pour que l’uréthane soit employé pour la première fois dans la fabrication des roues de roller et de skateboard.
Le polyuréthane (PU) est un composite de matière plastique (polymère thermoplastique) qui intervient désormais dans la fabrication des rollers en ligne.

Depuis lors, il s’est généralisé sur tous les modèles, à quelques exceptions près :
- les roues pneumatiques sur certains modèles de roller tout-terrain
- des roues en PVC ou en polypropylène des patins très bas de gamme. Ce matériau dur offre un confort de glisse rudimentaire.
Auparavant, les roues s’usaient trop rapidement, manquaient d’adhérence ou transmettaient trop de vibrations. L’utilisation du PU a permis de concilier souplesse, confort et résistance à l’abrasion.
La segmentation progressive du marché des roues
L’utilisation du polyuréthane, matière simple à produire et à transformer, a favorisé une véritable segmentation du marché. Il a alors été possible de concevoir des roues répondant aux besoins des utilisateurs en fonction de leur pratique : dures, souples, et de petit diamètre pour la rampe ou tendres et de grand diamètre pour la randonnée ou la course, crantées pour le tout-terrain, etc.
Au plan esthétique, la création de roues transparentes a également augmenté l’éventail de choix des utilisateurs.

Le nombre de roues des rollers n’est pas figé
Entre 2000 et 2010, le design dominant pour la plupart des pratiques se stabilisait à 4 roues. Depuis lors, leur nombre évolue au fil des tentatives des fabricants. Le concept des 3 roues de grand diamètre a le vent en poupe depuis une décennie.
Le patinage de vitesse : 4×110 sur la piste et 3×125 mm sur marathon
En roller course, le 3×125 mm s’est imposé au fil des années sur les marathons. Sur la piste, ce diamètre reste interdit par la réglementation internationale. C’est donc le 4×110 mm que l’on retrouve au plus haut niveau.

Les roues de roller de randonnée dans la foulée de la course
Les roues de « fitness » sont devenues plus grandes au fil des années, tout comme en roller course. L’avènement de l’endurance et des courses de longue distance a fortement poussé cet accroissement du diamètre. Des roues plus grandes apportent un meilleur confort sur les sols abimés et plus de roulage.
Avant 2000, se trouvaient fréquemment des modèles avec roues de 76 à 80 mm. Désormais, le 80 mm est l’un des plus petits diamètres disponibles pour un roller adulte… et on peut monter à 110 voire 125 mm comme en patinage de vitesse.

Le roller street s’adapte aux spots qu’il fréquente
En roller agressif, en revanche, leur nombre varie de 2 ou 4 roues selon le type de pratique. En effet, la pratique de la rampe nécessite d’avoir 4 roues à plat. A contrario, pour le freestyle urbain et le roller street, les platines freestyle à deux roues ont le vent en poupe. Il existe aussi la configuration avec antirockers : deux petites roues au centre.
Les anti-rockers sont des erzatz de roues. Ce sont de petites « cales » fixes entre lesquelles viennent se caler les barres. Elles améliorent considérablement la glisse en slide. Elles évitent de rester bloqué durant l’exécution des figures.

Les roues de roller street grandissent
Chaque discipline nécessite un profil de roue, un noyau et un sur-noyau particulier. Les contraintes exercées en roller street, par exemple, imposent d’utiliser des roues plates, de faible diamètre, dures et à noyau plein.
Depuis quelques années, la dureté des roues de roller agressif a légèrement diminué (3 shores en 3 ans entre 1997 et 2000), alors que leur diamètre a augmenté depuis 2004. Les modèles de 59 à 62 mm sont devenus plus fréquents. De plus, le concept du Powerblading utilise désormais roues et platines de freeride sur des modèles de street pour gagner en vitesse.
D’autres innovations propres au roller street
Les roues sans noyau sont apparues parce que les riders de street n’utilisent que des roues de petit diamètre très dures. Il n’est dont plus nécessaire d’insérer une structure très rigide pour fixer les roulements.

Nous vous avons parlé des roues à jantes en aluminium. La marque Exile a propose des modèles avec un noyau en aluminium réutilisable. Une fois la gomme usée, on peut aller en racheter en magasin.
Le roller tout-terrain connaît une seconde jeunesse
Les patins tout-terrain possèdent des designs bien spécifiques liés à leur usage. Les marques ont opté pour des roues pneumatiques de très grand diamètre en caoutchouc, dans l’esprit des roues de vélo. Le polyuréthane ne règne plus en maître.

Le début des années 2000 : un foisonnement d’innovations
Quelques marques ont proposés des patins à 3 roues entre 1997 et 2000 : Rollerblade avec le Perseus ou le Coyote, Spin avec le Cross, Roces avec le Big Cat S.A.S.
Les modèles équipés de roues de 125 à 200 mm sont devenus courants. Le nombre de roue varie de 2 à 4 mais 3 semble devenir le standard actuel.
Le caoutchouc préféré au polyuréthane pour les roues de roller tout-terrain
Le caoutchouc est utilisé pour ses qualités d’adhérence et de souplesse sur sol humide. Il glisse moins que le polyuréthane sur un revêtement mouillé.
Afin de favoriser l’adhérence sur terrains variés, certaines marques ont brièvement cranté leurs roues en polyuréthane . L’efficacité reste sujette à discussions !
Le diamètre moyen équipant les modèles sortis en 1998 et 1999 était proche de 105 mm, contre 82 mm pour les plus grandes roues de fitness référencées durant la même période. Aujourd’hui, les modèles disponiblent propose des roues de 150 mm à 200 mm. Des modèles comme le « Outback » affichaient des roues de 90 mm. En 1997, les 150 mm du « Coyote » ne passaient pas inaperçus. Puis vint le Vi SUV Powerslide et enfin toute la gamme élargie du même fabricant.

Les roues de roller hockey et freeride
Le high-low ou « hilo » consiste à positionner le patineur en bascule avant en utilisant des roues de grand diamètre sous le talon et de diamètre inférieur sur l’avant du pied. Cela procure un patinage plus nerveux et de meilleures relances.

En roller freeride : un noyau plein ou peu ajouré
on trouve aussi des roues pleines. Ce ne sont pas des roues sans noyau, mais celui-ci n’est que peu ou pas ajouré. Là encore, le but est de gagner en rigidité et en réactivité. En freeride, les Hyper Concrete utilisent ce principe et fonctionnent plutôt bien sur le marché.

Les roues de roller slalom ont la banane
Après le hi-low, il était impossible d’oublier le montage en banane ! Sous cette métaphore fruitière se cache un principe dans le même esprit. Les roues centrales sont d’une dimension supérieure à celles positionnées aux extrémités.

Et sur sol mouillé ? Les réponses de marques de roller à la pluie
Peu de marques se sont penchées sur le problème de l’adhérence sur sol mouillé. A notre connaissance, Continental a ouvert la voie, en collaboration avec Michelin, à la fin des années 1990. Le brevet semble avoir été racheté par K2 les années suivantes.
La marque française P.S.I a proposé également des modèles équipées de roues noires en caoutchouc dont les qualités d’accroche sur l’humidité ont fait mouche. Elle n’existe plus à l’heure actuelle.
En 2011, la marque MPC a repris le flambeau avec les fameuses Storm Surge, un modèle qui offre une excellente adhérence sous la pluie.
Fin 2018, Powerslide à lancé sa roue pluie Torrent, preuve que ce marché reste encore dynamique. C’est sans doute l’un de ceux avec le plus grand potentiel d’innovation et d’amélioration. Le principal inconvénient des roues pluie est qu’elles collent trop et s’usent vite sur les sols secs.

1997 : les roues de roller bi-densité (K2)
Ce concept inédit sur le marché du roller en ligne a fait l’objet de plusieurs brevets dont un a été déposé par K2 en 1997. Le principe repose sur l’utilisation de deux densités de polyuréthane dans la fabrication du sur-noyau.
Vous pouvez retrouver un article entièrement dédié à cette innovation ici.
Les roues de roller à bi-densité étaient autrefois réservées à la pratique du roller course. Elles se répandent petit à petit dans les autres disciplines, notamment en roller freeride.

Des roues de roller en polyuréthane gonflables
Le magazine « Sport Première » mentionnait la création, par la marque américaine Hyper, de roues en polyuréthane gonflable. Elles auraient été exposées au Salon de Chicago en 1999. Ce type de roues permettrait une adaptation à tous les types de terrains et de pratiques, par un simple réglage de la pression.
Nous n’avons jamais trouvé de modèle équipé de ces roues dans les catalogues fournisseurs de l’année 2000.
A la même période, Hyper a proposé des roues en polyuréthane équipées d’une chambre à air en logée au coeur du noyau. Nous n’en avons pas retrouvé de traces depuis…
Les roues de roller avec noyau en aluminium
L’efficacité, la solidité et la rigidité des noyaux sont des préoccupations constantes. L’aluminium s’est imposé comme une solution pour quelques fabricants.

Pendant de nombreuses années, cette innovation a été limitée par le confort des roues. Trop rigides, elles devenaient désagréables à patiner. Le marché a brièvement proposé ce type de produits en roller de vitesse (P.S.I et Intzcore), en freeride (P.S.I), roller tout-terrain (Land Roller) et en roller street avec la marque Exile.
Les jantes aluminium offrent une rigidité et une solidité bien supérieure à celle des matériaux classiques mais elles ne plient pas. Elles sont donc raides, peu confortables et provoquent une usure prématurée du polyuréthane qui subit tout le stress du patinage. En roller street, la marque Famus propose désormais une gamme complète.
En roller course, les roues de roller en aluminium sont sont souvent un peu plus lourdes et risquent de se voiler en cas de choc. Enfin, leur coût de production supérieur limite leur entrée sur le marché.
L’utilisation de la bi-densité a permis leur retour avec des performances à la clé. C’est notamment le cas pour les Bont/MPC Red Magic Hardcore 125 mm.
D’autres innovations de roues de roller qui firent long feu
2000 : un système anti-louvoiement dans le noyau
En 2000, Hyper a conçu un système d’équilibrage destiné à limiter le louvoiement des roues à grande vitesse. Le principe réside dans l’insertion d’un lest entre les branches du noyau, tout comme cela peut se faire pour l’équilibrage des roues de voitures.
C’est un procédé dont on a plus de nouvelles aujourd’hui… sans doute du fait que la fabrication des roue est mieux maîtrisée qu’à l’époque ?

Les roues de roller avec jante en carbone
Dans la lignée des jantes en aluminium, certaines marques de roues comme Hyper (encore) ont proposé des roues équipées de noyau en carbone.
Le modèle « Helium », par exemple en était équipé. Le surcoût engendré par l’utilisation de cette technologie n’est pas négligeable. En effet, nous parlons ici de consommables que les patineurs ont tendance à user en grande quantité ! En effet, contrairement aux platines et aux coques de patins en carbone qu’il est possible de garder plusieurs années, les roues peuvent avoir une durée de vie assez courte, surtout à un bon niveau. Bref, il faut avoir le portefeuille qui va avec… ou les sponsors pour vous fournir !

L’apport de rigidité est incontestable. De plus, l’économie de masse doit également être prise en compte. Cependant, les propriétés mécaniques du noyau peuvent être limitées. En effet, les fabricants leur donnent différentes formes pour leur procurer davantage de flexibilité, d’accroche dans les virages ou encore de roulage. Le carbone limite les designs possibles.
2004 : lancement des roues OCRA
La course, laboratoire au service de la performance, a vu la marque coréenne O.C.R.A. entrer sur le marché avec des roues singulières.
Elles avait la particularité d’abriter des billes calées par des ressorts dans les branches de leur noyau. Avec l’inertie et la force centrifuge, les billes partent vers l’extérieur du noyau, augmentant ainsi l’effet gyroscopique des roues. Selon leur inventeur, le gain de performance avoisinerait les 2 à 3%.

Les roues de roller lenticulaires de Hyper et Fila
2006 a été l’année des roues lenticulaires. Les gammes vitness Fila ont brièvement vu passer ce concept. Il était notamment proposé sur le modèle emblématique de la marque de l’époque : le Fila M100. Si l’efficacité du concept est encore à prouver, la marque rouge et blanche en a équipé son produit phare.
En cyclisme, les roues lenticulaires sont utilisées pour améliorer l’aérodynamisme, mais les résultats ne sont guères concluants et cette technologie est vouée à disparaître au profit des roues paraculaires et à bâtons.
Cette astuce offre une maniabilité accrue et permet des virages plus serrés.

Un grand succès actuel : les roues lumineuses !

Les roues lumineuses en voient de toutes les couleurs
Ces dernières années, les roues lumineuses sont de plus en plus populaires. Elles sont utilisées sur les patins en ligne comme sur les roller quads. Les roues lumineuses rencontrent un franc succès dans les soirées roller, mais aussi dans les randonnées où elles deviennent un accessoire d’amusement et de sécurité.
Il existe deux types de modèles :
- Ceux avec une dynamo dans le noyau (comme sur les roues Luminous)
- Ceux alimentés par un bloc batterie (comme sur les roues Powerslide Graphix)
Quelles innovations pour le futur ?
Comme nous avons pu le voir, aucune innovation majeure n’est réellement apparue depuis l’utilisation du polyuréthane dans la fabrication des surnoyaux. En cela on peut dire que les roues ont atteint un « standard », un design dominant. L’essentiel des modifications qu’ont connu les roues peuvent être considérés comme des optimisations par rapport aux pratiques dans lesquelles elles sont sollicitées.
Les prochains défis à relever pour les constructeurs peuvent être multiples : ils devront par exemple réussir à concevoir une roue qui possède une excellente adhérence sous la pluie tout en gardant d’excellentes performances sur sol sec. Les difficultés qui seront rencontrées dans la conception sont celles de toutes les autres pratiques sportives : gagner en solidité sans pour autant augmenter la masse, optimiser la masse sans perdre l’inertie, améliorer les performances sans pour autant sacrifier le confort. On peut se demander si le roller restera un marché suffisamment porteur pour que les marques daignent encore investir véritablement dans la recherche et le développement…
En attendant, c’est l’esthétique des roues qui innove et c’est un bon début !
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14 mars 2023 at 23 h 15 minalfathor
15 mars 2023 at 7 h 54 minthierry Feutrier
17 février 2009 at 12 h 09 minalfathor
18 novembre 2021 at 10 h 22 minJean
17 février 2009 at 11 h 33 minMatter est également une marque plus récente sur le marché pour laquelle on ne peut pas vraiment parler "d'histoire".
Enfin, si cela parle "beaucoup" de Hyper c'est surtout parce que la société reste une des firmes qui a fait le plus avancer le marché depuis près de 20 ans. Si tu es ancien dans le milieu du roller, tu ne pourras pas le nier...
Cedric
16 février 2009 at 16 h 39 minLa friction associée est négligeable ce qui n'est pas du tout le cas en cyclisme où les roues ont un grand diamètre...
anonyme
16 février 2009 at 10 h 57 minAlfathor
2 janvier 2009 at 11 h 06 minEt je trouve ca tres biaisé Hyper pour etre bien honnete.