Interview : Stéphane Casteran, président de la Commission Nationale Randonnée

A quelques jours de l'Assemblée Générale de la Fédération Française de Roller Sports, nous avons interviewé Stéphane Casteran, président de la Commission Nationale Randonnée. Il nous dresse un état des lieux des projets liés à la randonnée en France...

Par alfathor

Interview : Stéphane Casteran, président de la Commission Nationale Randonnée
Stephane Casteran, Président de la commission nationale randonnee roller.

Stéphane Casteran, président de la Commission Nationale Randonnée

Rencontre …

Bonjour Stéphane, pouvez-vous dresser un panorama des principales actions mises en place par la CNR durant votre mandat ?

Interview : Stéphane Casteran, président de la Commission Nationale RandonnéeCela fait 3 ans que je suis en poste. Je suis élu au sein de la fédération depuis 5 ans. Depuis 2008, nous avons décliné notre action en plusieurs phases :

  • Structurer la pratique
  • Développer des outils d’animation et de formation. Il fallait structurer la pratique pour lui donner un cadre.
  • Refondre le cahier des charges de l’organisateur de randonnée et le réglement fédérale de la discipline randonnée, disponible sur le site de la fédération.

Ce document est important car il définit les règles techniques d’encadrement des manifestations sur la voie publique. Cette fiche technique est transmise aux préfectures. C’est sur la base de ce document que sont instruits les dossiers déposés par les organisateurs de randonnée.
Nous l’avons refondu pour intégrer la notion de randonnée roller sur la route. C’était en contradiction avec une pratique très répandue et déjà bien établie.

Nous avions également le cahier des charges des Randos Vertes à mettre en place

Dans un second temps, il s’agissait aussi de structurer la commission au delà des 3 membres élus. C’est un travail de longue haleine qui se poursuit, une équipe de bénévole qui s’étoffe peu à peu. Nous ouvrons les chantiers les uns après les autres.
Un pas a été franchi avec l’embauche d’un cadre technique fin 2010. L’année 2011 fut la première année de plein fonctionnement.
L’objectif était de nous mettre au niveau des autres disciplines en terme de structuration.

La 3ème dimension est la structuration territoriale. La rando est très implantée mais peu structurée. Les pratiques se font à l’intérieur des clubs qui ne collaborent pas forcément ensemble. Au niveau des organes fédéraux déconcentrés, il n’y avait pas non plus une structuration aussi marquée que dans les autres disciplines.
Aujourd’hui, il émerge des contacts, nous travaillons avec les correspondants locaux, des ligues, des comités. C’est une entreprise longue et complexe, qui demande une attention constante, d’autant plus que les interlocuteurs changent.

Parle nous de la formation…

Nous avons commencé avec les formateurs de randonnée. Les résultats sont encourageants. L’objectif est de donner un élan local et pouvoir travailler en collaboration. 

Nous avons souhaité poursuivre l’équilibre entre pratique en agglomération et hors agglomération. La commission est une ressource au service des clubs, des ligues, des comités départementaux. Elle s’appuie sur la formation, avec le brevet d’état randonnée. Nous avons poursuivi avec le BEF qui a été mis en place et refondu voila maintenant 2 ans.
En 2010, nous nous sommes attachés à la formation des bénévoles, notamment des staffeurs. Nous organisons une dizaine de formations par an, clé en main, pour les organisateurs. Nous fournissons le formateur, le contenu pédagogique… Le but est que le programme présenté réponde aux attentes des stagiaires selon leur niveau (débutant ou expérimenté). C’est un moment intéressant, d’échange interclubs, un terreau fertile à des collaborations. Les clubs peuvent ensuite s’entraider pour organiser des randonnées et mutualiser les moyens…

Une nouvelle étape a été lancée à la fin de l’année 2011 , elle va se poursuivre sur l’année 2012 : l’information des dirigeants. Par exemple, nous diffusons des notes d’information juridique concernant des sujets comme le droit à l’image, l’accueil des mineurs, etc.
Nous travaillons sur un cahier d’information pour les dirigeants abordant les volets réglementation, responsabilité, assurances… 

Quels sont les autres actions en cours ?

Rando des grands crus en BourgogneDans les actions de développement, il y a le circuit des « Randos Vertes Roller », un nom que nous venons de déposer à l’INPI. Nous travaillons aussi sur le « pendant urbain » des randonnées vertes en préparant un label des randonnée urbaines : « l’Urban roller ». Cela devrait se concrétiser dans les prochains mois. Nous est régulièrement sollicités sur les questions organisationnelles et réglementaires.

D’autre part, nous réfléchissons à la mise en place d’un référentiel des qualités de revêtement des pistes cyclables. Le but serait de pouvoir les proposer aux collectivités territoriales, pour venir en soutien aux comités, ligues afin que les travaux engagés dans les régions prennent en compte les spécificités du roller… C’est un travail de longue haleine qui nécessite des compétences extérieures à la FFRS. Nous travaillons avec 2 cadres techniques, Luc Bourdin et Christine Pradere, ainsi qu’avec l’AF3V (NDLR : Association Française des Véloroutes et Voies Vertes). 

Quatrième axe : la communication, un axe transversal. Là encore, il s’agit d’un chantier important avec la création du site internet de la commission, le lien régulier avec les dirigeants. Nous diffusons des rapports d’activité périodiques. Nous sommes également présents sur les réseaux sociaux qui relaient les informations de la commission. Ce support est mis au service des clubs, ils peuvent utiliser la page FB de la commission ou le Twitter.

Quelles vont être les grands axes de travail pour la CNR afin de favoriser le développement de la randonnée en 2012 ?

Nous allons poursuisvre de l’effort de structuration au niveau national, on élargit l’équipe. Nous voulons construire un réseau territorial, c’est le plus dur et le plus long. Il faut entretenir les contacts avec les acteurs locaux. Nous avons un gros travail de terrain à faire, il y a des randonnées tous les jours de la semaine partout en France, il est difficile d’être partout. A chaque fois que nous nous déplaçons, nous essayons de rencontrer les bénévoles, les dirigeants, un vrai marathon !
Nous allons également présenter prochainement un projet de kit de démarrage pour les clubs (lors de la prochaine assemblée générale).
Pour les autres axes, nous les avons déjà abordés : le cahier du dirigeant, la poursuite des randos vertes, l’urban Roller et le travail sur les revêtements…

Le circuit des Randos Vertes Roller semblent connaître un franc succès ces dernières années, arrivez-vous à toucher les non licenciés ?

Logo des randos vertesOui, les Randos Vertes connaissent un véritable engouement avec 13 étapes cette année. Nous débutons la 4ème saison avec le double d’événements depuis la création !
C’est un circuit qui continue de se développer avec un investissement croissant. Nous avons mis en place un nouveau cahier des charges pour avoir un cadre homogène. Nous voulons proposer aux organisateur un outil avec les points clés à ne pas oublier. Nous avons également refait de nouveaux visuels. Nous avons lancé l’édition d’un programme à plus de 30.000 exemplaires. Il va être diffusé aux organisateurs, sur les événements, mais aussi aux offices de tourisme locaux… 
Nous misons aussi sur l’achat d’espaces publicitaires, l’envoi de newsletters, l’équipe de communication terrain… Nous allons renouveler notre parc de kits pour avoir des éléments de communication sur le terrain au départ des randonnées et durant les pauses. Nous faisons fabriquer des tenues pour les organisateurs avec un textile spécidique pour l’encadrement, le staff technique.
Enfin, nous diffusons des communiqués de presse, des bilans d’étape ainsi que les statistiques de fréquentation. Nous avons compilé ces informations à travers des bilans que nous transmettons aux organisateurs pour démarcher les partenaires.

Quel est le profil des pratiquants sur les Randos Vertes ?

Cela dépend vraiment des étapes, nous avons des profils et des niveaux assez différents. Sur les randos sportives, ce sont plutôt des habitués souvent licenciés. Il existe 4 niveaux de difficulté dans les randon, comme en ski. Sur les autres randonnées plus faciles, nous constatons une proportion de non licenciés plus importante, jusqu’à 90%. Toutes les randos sont différentes. Nous captons le grand public à ce moment-là, des pratiquants occasionnels ou nouveaux.
La dimension touristique peut être forte, cela peut intéresser les collectivités de savoir d’où viennent les pratiquants.

Cette année pour la première fois, nous avons avancé la présentation du calendrier afin de permettre aux clubs de s’organiser dans leurs déplacements suffisamment à l’avance. Cela demande pas mal d’anticipation mais cela offre aussi une meilleure visibilité.

Il reste très difficile de savoir si on recrute, pour le moment, nous n’avons pas suffisamment de recul sur expérience. Quand nous associons de nouveaux pratiquants et des clubs, nous faisons par la même occasion découvrir le club, cela permet de capter des adhérents potentiels.

Souhaitez-vous augmenter le nombre des randos labellisées ?

L’objectif est d’approfondir le dispositif à périmètre stable. Nous devrions rester sur un nombre de randos vertes à peu près stable. La plupart des randonnées font le plein. Nous voulons accompagner les randonnées existante au mieux, valoriser les étapes, faire découvrir la pratique du roller. Il reste des choses à mettre en place.

Contrairement aux autres disciplines fédérales, la randonnée possède un statut un peu atypique : En effet, qu’elle n’a pas vocation à organiser des compétitions. Quelles sont les directives de la DTN et du ministère ?

Chaque discipline fédérale a ses spécificités, c’est ce qui fait la richesse du roller. On aurait tort de croire que la randonnée est à part. Il est vrai que nous ne faisons pas de déplacement à l’international mais le besoin de fédérer, de former, de mutualiser, d’organiser des événements est primordial.
Les demandes du ministère portent sur le développement, la formation, pas seulement sur le haut niveau. Nous travaillons donc sur les critères de développement et de formation. Notre philosophie d’action est d’être utile pour la randonnée, les clubs et la fédération. Nous travaillons sur les dimensions de sport nature, de pratique ludique, de famille, de santé, d’implantation territoriale, de pratique visibles en extérieure… Ces choses font que l’on a un rôle plein et entier.

La Roll d’Azur : franc succès pour une première

Quels sont les moyens alloués à la CNR par rapport aux autres commissions et comités ? La randonnée représente 10.000 licenciés sur 50.000 et ne doit pourtant pas bénéficier de 20% des ressources fédérales…

Les subventions du ministères sont cadrées par le ministère. En 3 ans, le budget de la randonnée a été mutliplié par 4. Il atteint 70.000 Euros. Fin 2010, l’embauche d’un cadre technique a été un pas important. Dans une période où l’argent des subventions baisse, nous avons pu faire cet effort d’avoir un cadre et démontrer son utilité…  
Nous constatons une montée en puissance réelle. Les actions conduites ne sont pas les mêmes que dans les autres disciplines. Nous n’avons pas non plus les mêmes dépenses que les autres comités. Nous n’avons pas des frais de déplacement aussi conséquents…

Par rapport aux projets présentés lors de l’Assemblée Générale, nous parvient à mettre en place l’ensemble des actions sur lesquelles nous étions engagés. Nous ferons le bilan à la fin des 4 ans. D’autre part, il ne faut pas oublier qu’au sein du budget fédéral, nous profite du travail de commissions transversales (comme la communication par exemple…).

On a l’impression que la France peine vraiment à avancer sur le statut légal des patineurs au sein du code de la route alors que plusieurs autres autres pays en Europe ont déjà légiféré. Comment évolue les travaux sur ce point ?

Concernant le statut du patineur, la France n’est pas un cas isolé : l’espagne et l’italie ont même moins de tolérance de la part des autorités. Nous préfèrons regarder des exemples comme la Belgique qui a fait évoluer son code de la route qui est devenu un code de la rue.
Nous avons pris le problème à bras le corps. Nous avons travaillé sur le code de la rue qui a vécu pendant 4 ans, Il a permis de formuler des propositions.
Malheureusement, la démarche est mise en sommeil par l’état, les interlocuteurs ont changé, nous n’avons aucune visibilité. le roller n’est pas seul dans l’affaire, les cyclistes attendaient le panneau tourne à droite…
Beaucoup d’autres chantiers n’ont pas abouti comme la définition du trottoir par exemple : il existe des conflits d’usage. De nombreux sujets sont toujours dans les tuyaux. Nous n’avons pas la même audience qu’une fédération d’usagers cyclistes. Cette situation est un crève coeur, nous n’avons jamais été aussi près d’avoir gain de cause. L’ensemble des élus et parlementaires a été questionné sur le statut du patineurs. Nous avons eu des réunions mensuelles pendant 4 ans. Il a fallu faire connaître le roller, gagner la confiance des partenaires, beaucoup avaient un avis négatif.
Les efforts ne sont pas perdus pour autant, nous sommes en période d’élection où tout est gelé. Le canal du sport reste ouvert…

On compte environ 50.000 licenciés en France pour une population de patineurs estimée à 2 millions, ça laisse une marge de progression importante pour la randonnée… Comment comptez-vous attirer les patineurs loisirs ?

A travers deux dimensions : l’action propre de la commission et l’action transversale de la fédération. Les licenciés sont générées par les clubs. La fédération fournit les outils, le cadre général.

Quel es l’intérêt pour un patineur de prendre une licence randonnée ?

La rando verte des HerbiersIl peut être dans la situation de prendre des cours avec les clubs, les initiateurs, les BE, les BPJEPS, Un licencié bénéficie des outils de la fédération et de la licence : une aide juridique, un accompagnement des clubs d’une manière générale. Les patineurs ne veulent pas rejoindre la fédération en tant que telle, ils veulent rejoindre un club où ils trouvent leur compte. Nous aidons à fournir un cadre propice au développement. 
Nous avions 10.900 licenciés en randonnée en 2011. Nous sommmes sur une bonne tendance en 2012. Cela laisse une marge de manoeuvre importante. Si l’on compare avec les 20,7 millions de cyclistes, la fédé cycliste 110.000 licenciés, la fédération Cyclo 120.000 licenciés. Quand on regarde le ratio, le roller est plutôt bien placé. Il existe quand même une demande importante de pratiquer dans un club…

Un mot pour conclure ? Tribune libre…

A quelques jours de l’assemblée générale, nous allons réunir la Commission Nationale Randonnée. La participation des clubs et des représentants des ligues est importante, c’est un moment privilégié de travail collectif et d’échange. La fédration ne serait rien sans l’ancrage locale et les bénévoles qui travaillent sur le terrain !

Liens utiles

Vidéo : entretien avec Stéphane Casteran au sujet du code de la rue
Statut du patineur, : question à Stéphane Casteran (2008)
Site de la Commission Nationale Randonnée
Le compte-rendu d’activité 2012
Note d’information sur les mineurs dans les randonnées

Texte : Alfathor
Photos : droits réservés 

cnr roller Interview Stéphane Casteran Commission Nationale Randonnée
Auteur
Alexandre Chartier 'alfathor'

Bonjour à tous, je suis Alexandre Chartier, fondateur et webmaster de rollerenligne.com. Le site a vu le jour officiellement le 11 décembre 2003 mais l'idée germait déjà depuis 2001 avec infosroller.free.fr. Le modeste projet d'étude est devenu un site associatif qui mobilise une belle équipe de bénévoles. Passionné de roller en général, tant en patin traditionnel qu'en roller en ligne, j'étudie le patinage à roulettes sous toutes ses formes et tous ses aspects : histoire, économie, sociologie, évolution technologique... Aspirine et/ou café recommandés si vous abordez l'un de ces sujets !

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