Interview de la patineuse roller freestyle Polina Semenova (Russie)
Numéro 3 mondial au classement WSSA, Polina Semenova (Russie) est peut-être discrète mais c'est indéniable : elle a du talent. Sa spécialité ? Les compas, extensions et évolutions à toutes les sauces, exploitées dans tous les sens. Voici un petit flash-back sur son parcours jusqu'à aujourd'hui...
Par Chloé SEYRES

Rencontre avec la patineuse freestyle Polina Semenova
Fiche technique de Polina Semenova
- Nom : Semenova, Polina
- Date de naissance : 22 février 1985
- Nationalité/origines : Russe
- Job : Monitrice roller pour enfants et slalomeuse
Bonjour Polina Semenova, une petite définition personnelle ?
Pour moi, le slalom ressemble à de la danse. Aujourd’hui, il y a vraiment des styles différents qui se développent rapidement ; et alors que certains slalomeurs vont se concentrer sur des combinaisons de pas de danse et d’éléments acrobatiques, d’autres vont plutôt développer leur style pur, d’autres seront plus dynamiques… et chacun a son propre style, unique.
La genèse : depuis combien de temps pratiques-tu le freestyle ?
Ma première compétition remonte à 2004, donc ça doit faire 5-6 ans que je slalome… je ne me rappelle plus exactement.
Mais mes premiers patins, ce sont mes parents qui me les ont offerts quand j’avais 10 ans. En fait, la première fois que j’ai essayé, je me suis dit que le roller ça n’était pas pour moi… parce que pour en faire bien il fallait que je m’entraîne, et s’entraîner c’est dur ! Mais quelques mois plus tard j’ai réessayé avec des amis et depuis je n’ai jamais arrêté !
Comment as-tu découvert le freestyle ? Et qu’est-ce qui t’a attirée de premier abord ?
On a déménagé avec mes parents, on est passé de la banlieue à Moscou même, et il y avait un skatepark à côté de notre appartement. Et là j’ai vu des slalomeurs… la première fois je les ai regardés rouler, mais la deuxième je suis allée chercher des gobelets en plastique à la buvette du skatepark et j’ai essayé. A chaque fois que quelqu’un arrivait au skatepark, j’essayais des nouvelles figures, et très rapidement je me suis trouvé des verres Ikea (mieux que les gobelets de la buvette).
La progression : Polina Semenova, t’es tu entraîné seul ou avec d’autres ? Quelle importance ont joué les médias dans ton apprentissage ?
J’ai roulé seule pendant longtemps au début. Quelques fois des gens arrivaient, me montraient des nouveaux tricks et je bossais dessus. Ensuite j’ai commencé à rouler avec les autres slalomeurs et là forcément, j’ai progressé bien plus vite ; quand on roule en groupe, on apprend plus vite et on travaille plus facilement sur les nouveaux tricks.
Après, quelqu’un (Andrey) a commencé à me coacher un peu plus sérieusement, tous les weekends. Il m’a montré des nouveaux tricks, et grâce à lui j’ai pu participer à ma première compétition.
A mes tout débuts, Andrey m’avait donné un CD avec des vidéos du Team Russe. Je l’ai regardé et j’ai pensé : « Mon dieu, jamais je pourrai faire ça : je ne comprends même pas ce qu’ils font ! »… ça a été un super stimulant pour m’entraîner !

Photo Credit : Zergkind
Les palliers de progression
Quels ont été les moments-clé de ton évolution Polina Semenova ?
En 2004, après un an de slalom, j’ai participé à ma première compétition. Pendant mon premier run j’ai oublié mon programme ; c’était horrible ! Mais mon deuxième run était correct et j’ai terminé 3ème derrière Rekil (Kirill Ryazantsev) et Kommucap (Anatoly Gorbatov) ! Il n’y avait pas assez de filles pour les qualifications et j’ai dû rouler avec les garçons.
Après un an, je me suis faite sponsoriser par Fila, grâce à qui j’ai pu aller sur ma première compétition internationale. C’était en France, à Saint-Médard-en-Jalles (2005). C’était inoubliable ! On était un team soudé, et on a eu vraiment trop de chance… si bien qu’on a remporté la moitié des coupes ! Moi j’ai fini 3e en style derrière Katya Dikushina (2e) et Fanny Violeau (1ère), Dlinn (Vladimir Tkatchev) 3e, Dima (Dimitry Milyokhin) a gagné le style slalom et Rekil le speed-slalom ! …Et Rekil et moi, on a aussi gagné le Team slalom, c’était mieux que dans mes rêves les plus fous !
Depuis 2007 j’ai un nouveau sponsor, je suis dans le Seba Team maintenant. C’est une nouvelle étape dans mon patinage : je commence à devenir plus technique. Et c’est vraiment top d’être dans un team avec les meilleurs riders !

Au final : des titres qui te tiennent à cœur ?
Tous les titres ont une signification particulière et ils sont tous importants pour moi.
Mais ceux qui m’ont le plus marquée, ce sont ma 3e place à Saint-Médard 2005, et ma première place en 2005 à Moscou – ex-aequo avec Katya Dikushina. J’étais tellement paniquée sur les patins que j’étais loin d’espérer une première place.
Et bien sûr, il y a aussi ma première place aux Inline Games 2008 de Hanovre. Le week-end était simplement parfait : j’ai adoré l’ambiance décontractée pendant les épreuves, c’était marrant et intéressant en même temps (le team battle et le reste).
Est-ce que le roller t’offre des opportunités Polina Semenova ? Si oui, lesquelles ?
Bien sûr ! En premier lieu, les voyages : en 4 ans j’ai été dans plein de pays, et dans plein de villes… c’est énorme !
- Grâce au roller, j’ai des amis dans d’autres pays.
- Grâce au roller, j’ai le métier de mes rêves.
- Et discuter avec les riders étrangers, ça me permet d’améliorer mon anglais.
- Et puis j’ai pas besoin d’aller faire du fitness, le roller, c’est le plus efficace des sports !
- Et enfin, la vie sans roller c’était bien plus ennuyant et monotone qu’aujourd’hui.
Tu participes à différents formats de freestyle en compétition : individuel et battle. Que t’apporte cette diversité de pratique du slalom ? Des préférences ?
Le battle et l’individuel sont deux choses différentes. Et les deux ont des points forts.
En individuel, on peut créer un programme intéressant sur sa musique, avec des temps forts et des figures. D’un côté c’est très intéressant, mais de l’autre c’est difficile de rouler calé sur la musique et de faire un run unique et original.
En battle, on peut faire ce qu’on veut. La meilleure façon de rouler c’est de faire des tricks de plus en plus difficiles et intéressants. J’aime beaucoup l’idée du last trick. Un autre point fort aussi : le battle est plus dynamique, plus intéressant pour le public, et moins stressant pour les riders… parce que c’est moins « officiel » que les programmes individuels pour moi, plus marrant et décontracté.
Ce sont deux formats différents de compétition et les deux sont intéressants.
Quels aspects du slalom préfères-tu ? Tes types de tricks préférés ?
Maintenant je préfère le style, et j’essaie de rendre mon patinage plus esthétique. Bien sûr je travaille aussi le côté technique, mais je pense que le style-slalom est avant tout une affaire de style et de beauté du geste, et seulement ensuite une affaire de technique.
Mon type de trick préféré en ce moment ce sont les compas, parce que ce n’est pas difficile pour moi et j’ai réfléchi à pas mal d’extensions à partir de cette base.
Prochaine étape ?
Mon cauchemar, ce sont les wheelings ! Je sais pas pourquoi mais j’y arrive pas ! Et ça me prend énormément de temps de travailler chaque trick en wheeling. Donc mon prochain but ce sont les wheeling spins – enfin ! et plus encore ! Mais pour arriver à de bons résultats il faut vraiment que je m’acharne.
Peux-tu nous parler de ton job de monitrice roller ?
Je donne des cours à des enfants. D’autre part, je travaille au skatepark et au Park de la Victoire pour la Fédération Russe de roller, et aussi pour WorldClass – un des meilleurs centres de fitness de Moscou.
En outre, je travaille avec des enfants à partir de trois ans, 4-5 jours par semaine – ça dépend du nombre de cours. Et j’adore ça, même si c’est très dur de travailler avec des enfants, parce qu’il faut arriver à les intéresser : si le cours est ennuyeux, l’enfant n’aura pas envie de rouler avec vous la fois d’après.
Tous les cours doivent comporter des jeux, pour les aider à comprendre comment rouler. C’est plus dur que d’entraîner des adultes, mais bien plus intéressant.
Cette année, un de mes petits a participé à la compétition de style-slalom pour débutants… j’étais même plus stressée que si ça avait été moi qui participais !

A côté du roller, d »autres passions te prennent du temps ?
Oui, trop de choses !
Du snowboard l’hiver, et du windsurf l’été.
Mon nouveau sport c’est le Trampoline acrobatique. C’était un sport que je pratiquais quand j’étais petite. J’ai des figures et des enchaînements qui me reviennent… C’est marrant, et ça a un petit côté nostalgie. En tout cas j’adore, et j’y vais une fois par semaine.
Et bien sûr, il y a les trucs banals, un peu comme tout le monde : voir les amis, aller au cinéma et au théâtre, lire un bon bouquin, aller prendre un verre, potasser son anglais, faire du shopping, etc.
Quelque chose à rajouter ? Remerciements ?
Merci à Goga, Sema et Rollerclub pour tout ce qu’ils ont fait pour moi. Et merci à Seba pour le soutien. Enfin, merci à Andrey grâce à qui j’ai commencé, à tous mes amis, et à ma mère pour tout.
skali
28 février 2009 at 8 h 21 minAlf
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