Interview : David Lenoir, le roller au pluriel (Suisse)

Par | Publié le 21 mars 2013 | Mis à jour le 3 novembre 2020 | Catégories : Toutes Roller-Tracté Roller Freeride Roller descente Hybrides | Sous-catégories : Interviews roller | 10718
| Tags : David Lenoir Interview David Lenoir David Lenoir roller David Lenoir suisse David Lenoir rollerblade

David Lenoir est l’un des pionniers du roller en Suisse. Il a connu l’âge d’or de la discipline, il en a été l’un des fers de lance. Retour sur le passé d’un patineur qui conjugue le roller à tous les temps…

interview david lenoir small

Rencontre…

David et Luc Lenoir enfants

David Lenoir tout jeune et déjà en quad !

Un bon rider est un rider qui a su s’ouvrir l’esprit à toutes les disciplines… et pas seulement du roller, mais aussi à l’ensemble des sports de la glisse.

David Lenoir est l’un d’entre eux. Il a débuté en patins traditionnels comme de nombreux enfants de son âge à l’époque… il a rapidement ses armes en roller en ligne, mais il ne s’est pas contenté du roller : tous les sports de glisse l’attirent ! 

Pratiquer de nombreux sports de glisse ou plusieurs pratiques du roller, s’est s’assurer un bagage technique hors-norme, une confiance sans pareil sur les patins, c’est aussi s’ouvrir de  nouveaux horizons de glisse, être constamment dans l’apprentissage et surtout ne jamais être lassé par sa pratique…

Bonjour David et merci pour cette entrevue. Cela faisait longtemps que l’on rêvait de te rencontrer pour parler de ton implication dans le roller. On se souvent encore des images du bon vieux magazine Roller Saga. Peux-tu nous raconter comment t’es venue cette passion du roller ?

Mon père (et ma mère) sont des patineurs de bon niveau. Ils pratiquent d’ailleurs encore à près de 70 ans. La découverte de l’autoroute au dessus de Vevey avant son ouverture a été ma première expérience de descente à plus de 50 km/h.
Mes parents nous avaient emmenés avec Luc (NDLR : son frère] pour la descendre. Nous faisions les remontées en voiture. Bref on avait déjà un bon exemple :-)

Ensuite, après un peu de pratique, j’ai longtemps été à l’école en roller. J’habitais en haut d’une jolie descente de 2 km qui m’amenait vite fait le matin !
Puis au Lycée à Lausanne, je profitais du roller pour aller vite manger au bord du lac le midi à l’autre bout de la ville, avec remontée en métro.

J’ai fait plein de trucs en quads, avant que l’importateur suisse me demande d’essayer le roller en ligne de chez Rollerblade (Lightning TRS) pour faire leur promo. En une heure, je savais faire tout ce que je faisais en quads… et c’était parti !
Vu que les autres quadeux pensaient que le inline n’était pas bien, j’ai vraiment pris de l’avance avant que tout le monde s’y mette.

Quelles autres sports as-tu pratiqués en parallèle du roller ?

David et Luc Lenoir enfants

Le ski, (le pendant hivernal du roller de descente), le parapente, un peu de snowboard, d’aviron jusqu’à 17 ans, de danse (moderne/jazz/street) pendant un temps, puis le roller/ski kite dès 1994 avec les premiers quadrifoils, du patin à glace, un peu de windsurf, de la voile (dériveur et cata 18′ encore actuel) et enfin du kitewing (une de mes pratiques préférées sur glace et roller).

Tu es donc un rider très complet, en roller ou dans d’autres pratiques. Quelles sont disciplines du roller que tu as pratiquées ?

Toutes, mais alors vraiment toutes ! J’étais d’ailleurs en finale de toutes les disciplines au premier IRCL (International Roller Contest Lausanne), en demi-finale du half-pipe, du street, de la descente, du jump tremplin.

Mais j’ai aussi fait des démos en slalom, en dance, du tout-terrain, de la vitesse, de la descente, du boarder cross, du slalom alpin avec piquets, de la piste de bobsleigh, de la comédie musicale, du rink-hockey, du street-hockey, de la détente sèche, du freeskate, du freeride, et que sais-je encore ! Il n’y a que sur les rails où je suis pas au niveau…

Tu as remporté plusieurs titres il me semble, notamment en Swiss Inline Cup ?

Campagne publicitaire Fruitastic en 1991

(Rires) Oui, la toute première Swiss Inline Cup s’est déroulée sur un vieux bout d’autoroute. J’avais des rollers mieux que les autres et beaucoup plus de kilomètres qu’eux dans les jambes. En 1994 il me semble ?

A propos de ton parcours professionnel : quelles études as-tu fait ?

J’ai passé une licence en Biologie à l’Université de Lausanne (1993), puis un Master en administration et technologie du Sport (2003). (Académie Internationale du Sport et Techniques du Sport, AISTS)

Comment es-tu arrivé chez Rollerblade puis Rossignol ?

En pleine crise financière (1993), je n’ai pas trouvé de job en biologie quand je suis sorti de l’UNI, mais j’ai eu un poste direct chez Rollerblade Suisse/International pour faire des démos, des shows et de la promotion. C’est un job que je faisais déjà pendant l’UNI pour gagner un peu d’argent.

J’ai tourné des publicités pour « Fruitatstic » avec campagne au cinéma. J’ai fait une campagne d’affiche dans toute la Suisse avec Cattaneo (le snowboarder des débuts).
J’ai aussi fait des démos sur les Grand Prix F1 quand Benetton venait de racheter Rollerblade avec d’énormes jumps sur la grille de départ à 12h30, le top !

Ensuite, j’ai participé à la mise en place de toute les structures Rollerblade en Suisse et en Europe avec Sami Raimann.
En 1998, Rossignol m’a débauché comme team manager pour un projet de descente soutenant le mythique « Descender ». J’ai donc fait de la promotion, des démonstrations, mais aussi du consulting technique et du marketing.

Peux-tu nous raconter cette période ?

Il y a trop de choses à dire ! J’étais le seul patineur acrobatique inline en Europe, puis j’ai été rejoint par les meilleurs quads de Lausanne, Yvano, Sandoz, Kato et les autres.

Quelle a été ton influence sur le développement du fameux roller de descente Rossignol Descender ?

Je suis arrivé trop tard pour le concept de base… Ensuite, j’ai fait ce que j’ai pu pour améliorer le concept : visserie torque, chausson comformable, châssis 5 roues, rigidification… mais au final, j’ai surtout travaillé sur le step-in de Rossignol !

J’imagine que tu pratiques encore un peu le quad ? Que trouves tu dans le quad et dans le Inline de différent ?

En quad, le manque d’appui avant est ce qui me manque le plus maintenant. Mais sinon, le grip est tellement meilleur en quad également. Quand tu mets des quads en slide, ça freine vraiment fort, et les angles que tu peux prendre ne sont pas comparable au inline. 

Que fais-tu aujourd’hui ?

David Lenoir tout jeune et déjà en quad !

Je coordonne les activités de l’Association lausannoise de sport urbain « La Fièvre », gérant antre autres le Skatepark HS36

Quel métier voulais-tu faire initialement ?

Biologiste…

On voit qu’aujourd’hui les grandes marques traditionnelles n’innovent plus et vivent sur leurs acquis. Que penses-tu de cette situation ?

C’est la merde ! Je trouve même qu’on régresse, et mes skates préférés reste des Aeros première génération, légers confortables efficaces, (malgré/grâce à la coque), voire le célèbre Maxum, oubliés depuis longtemps. Je ne trouve pas de patins équivalents ni qui me plaisent dans les collections actuelles. 

Aujourd’hui, tu continues de patiner…

Oui, je suis retourné en piste de Bobsleigh l’année passée. Je me suis qualifié pour la finale de Beton On Fire et presque dans les dix : 12ème !
Sinon, je fais encore de temps à autre du half-pipe et du skate park. Je veux être capable de rider tout les éléments du park dont je m’occupe, quand même !

Que représente le roller pour toi aujourd’hui ?

Toujours mon sport préféré, et qui me fait encore bouillir ma marmite à la fin du mois.

Quel avenir vois-tu pour le roller ?

Qui sait ? La deuxième vague inline n’est toujours pas arrivée. Un jour elle viendra. Elle apportera avec elle un peu de développement rationnel dans les skates qui ont été massacrés par des marketing managers sans aucune notion de patinage et de physique du patinage. Le marché a été saccagé par des marques cherchant à se différencier avec des patins soft irréalisables.

Aimerais-tu apporter ton concours à une marque qui chercherait à innover ?

Oui, j’ai encore un paquet d’idée à réaliser, mais le développement est toujours aussi long et cher, bien que l’on ait bien progressé dans le « rapid prototyping » ces derniers temps.

Le roller semble avoir beaucoup décliné en suisse, comment l’expliques-tu ?

Le marché est arrivé à saturation totale. Les patins jouets des supermarchés ont asphyxié les ventes de grandes marques. Le manque de structures (fédération / écoles / compétition) n’a pas aidée. Enfin, la Suisse manque aussi d’infrastructures adaptées à la pratique comme des pistes cyclables, des zones roulables, des skate parks, etc.) 

Un mot pour conclure ?

« Use your skates » comme l’a si bien résumé Rollerblade dans une de ses dernières campagnes.

David et Luc Lenoir enfants

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Texte : Alfathor
Photos : David Lenoir, Allinline.ch
et droits réservés

Auteur

Alexandre Chartier

''alfathor''

Alexandre est le fondateur et webmaster de rollerenligne.com depuis 2003. C'est un passionné de roller en général, tant en patin traditionnel qu'en roller en ligne. Il aime le patinage à roulettes sous tous ses aspects : histoire, économie, sociologie, évolution technologique... Aspirine et/ou café recommandés si vous abordez un de ces sujets !

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    Une réponse pour “Interview : David Lenoir, le roller au pluriel (Suisse)

    1. Elektra

      Bonjour,

      J’ai lu votre article sur David Lenoir, très bel article.
      Juste une petite précision. Le Descender à été inventé par Joseph Polidori et Pierre Gignoux. Cela d’après un petit schéma sur l’idée de Joseph Polidori qui l’avait dessiné dans le bureau d’étude de Rossignol devant Pierre Gignoux qui était ingénieur. Son inspiration il l’a tiré d’un bras oscillant d’une moto. Et le développement,en ELD, a été poussé aux extrème, tant sur route, sur piste, que sur terrain varié ou skate park et par tout les temps par lui même.Quant la technicité du Descender. Les matériaux employés, ont été proposé par Joseph, mais sa hiérarchie de l’époque ne l’ont pas pri au sérieux. D’ou la vénue de Arnaud, responsable dévéloppement chez Hyper à l’époque pour savoir vers quel axe de travail la Société Rossignol devait travailler. Ce n’est qu’en réunion, que Arnaud, fit les mêmes propositions que Joseph. Des mois de perdus pour enfin sortir ce Roller mythique. Quand à David Lenoir,

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