Rouen Indoor Street Contest 2006 – interview de l’organisation
La 3e édition du Rouen Indoor Street Contest s'est tenue les 18 et 19 février 2006. Cette année encore, cet événement d'hiver a mobilisé une masse impressionnante de riders des quatre coins de France. Le R.I.S.C. est organisé sous l'égide de l'association Visual Roller Skating en collaboration avec le S.P.O.R de Rouen. Nicolas Eymery et Martin Demay ont accepté de répondre à nos questions concernant la mise en place d'un tel rendez-vous. Interview...
Par Thomas BORDIER

Interview des organisateurs du Rouen Indoor Street Contest 2006 – Martin Demay et Nicolas Eymery
Bonjour Martin, peux-tu présenter ?
Martin Demay : Bonjour, je suis Martin Demay, 25 ans, je pratique le roller depuis 1993. Je suis l’un des organisateurs du Rouen Indoor Street Contest 2006. J’ai commencé par le quad avant de passer au inline en street. A l’époque, cela correspondait au saut de marche, au tac-tac, au tremplin etc. J’ai fait également un peu de street-hockey pendant un an avant de revenur au street avec les premiers patins « agressifs » en 1996.
De là, je suis allé sur quelques contests légendaires comme Lausanne. C’est aussi le temps des blessures, de Rascaproduction Vidéo, des Road Trip à droite à gauche en Europe, des pèlerinages d’un mois à San Francisco en 2000, des boulots de vendeur dans des magasins de glisse, des road trip à nouveau. Puis, enfin, de la création avec Nicolas et Christophe de « Roll’brothers shop ». Cela nous a pris 4 mois de préparation. Nous avons ouvert et nous sommes démenés pendant 3 ans, à manger des pâtes, pour finalement fermer les portes en janvier 2006.

A ton tour Nicolas…
Nicolas Eymery : Nicolas Eymery, 23ans, je pratique le street et le park depuis 1995. J’ai commencé dans le sud (à Istre, quand j’avais 13ans) en 1998. Je suis ensuite parti en direction de Dijon pendant deux ans comme apprenti vendeur dans un shop de patins. J’étais sponsorisé pour des démos à la fête du pâté
( » Vas-y mec, exploite ton body et casse-toi les os, faut faire rêver les gens »).
J’ai participé à la conception du skatepark de Dijon (si vous le trouvez pourri, il faut voir ça avec B.J.). En 2000, je rencontre Martin dans un shop de patin à Châlon sur Saône dont je prend la gérance. De là, nous passons de bons moments avec la Rascaproduction, de roadtrip, en vidéo, en soirée et tout ce qui s’en suit. En 2002, nous arrivons à Rouen et nous créons Roll’brothers shop avec mon frère et Martin. L’aventure, pour ne pas dire la galère, commence dans une ville où il y a tout à faire. Nous trouvons un pur skate-park, géré entièrement par les « wood pusher », que nous allons pouvoir utiliser pour développer le R.I.S.C. Pour « Roll’bro », vous connaissez la suite…
Comment et pourquoi le RISC est-il né ?
Nicolas Eymery : Sur Rouen, il ne se passait rien au niveau du Roller Street, alors ouvrir un shop sans rien faire n’aurait pas été logique. C’est pourquoi nous avons décidé de créer cette événement. En plus, quand on voit la structure du park, il n’y avait rien de mieux pour organiser un contest à l’ancienne.
Martin Demay : Le R.I.S.C. n’aurait effectivement pas vu le jour si nous n’avions pas ouvert le shop. Pour nous, cet événement allait dans la continuité du shop : faire vivre une scène locale par le biais du magasin, de produits « derniers cris », en faisant venir des teams (comme la démo Rollerblade par exemple). Nous voulions aussi proposer un événement qui rassemblerait une grande partie de la scène française durant cette période « morte » qu’est l’hiver. En ce qui me concerne j’avais envie de me frotter à l’événementiel qui m’attirait sur pas mal d’aspect.

Qu’est ce qui vous a motivés à refaire le Rouen Indoor Street Contest en 2006 ?
Martin Demay : Ma motivation personnelle était de montrer aux skaters que durant trois ans nous nous étions battus pour nous, mais aussi pour eux par le biais de « Roll’bro », en sponsorisant des skaters ou des contests en France, afin de faire vivre notre petite scène. Même une fois le shop fermé nous allions leurs « pondre » le R.I.S.C. 06. Nous avions une once d’espoir, sûrement utopique d’ailleurs, que les riders prennent conscience de qui et pourquoi on se bat pour eux.
Nicolas Eymery : Mon avis rejoins celui de martin ; Compte-tenu de la forte demande des riders et des réussites des années précédentes on ne pouvait pas leur refuser ça.
Par qui le Rouen Indoor Street Contest 2006 est-il organisé ? (Association, entreprise privé…)
Nicolas Eymery : A l’origine le R.I.S.C. était organisé par RollBrothers Shop, pour ses deux premières éditions. Pour la troisième, nous avons décidé de le faire en partenariat avec l’association du park pour éviter les frais de location de celui-ci (500€ tout de même), ce qui nous permettait, aux bonheurs des gagnants de proposer un price-money.
Martin Demay : En effet, cette année l’organisation s’est faite par le biais de deux associations : celle du skatepark de Rouen (le S.P.O.) pour la structure et Visual Roller Skating (V.R.S.) pour le staff. Pour tout le reste, démarchage, sponsors, médias, organisation, mal de crâne,etc., Nico et moi portions tout sur les épaules.
Quel budget faut-il pour organiser un événement comme celui-ci ?
Nicolas Eymery : Environ de 3500 EUros. La Croix-Rouge coûte cher. Il faut aussi compter la location de la sono, le dj, la buvette, la soirée, etc.
Martin Demay : Le budget varie vraiment par rapport aux partenaires par exemple. Sans le conseil régional, cette année, nous n’aurions pas pu sortir de price-money.
Avez-vous trouvé beaucoup de partenaires pour le Rouen Indoor Street Contest 2006 ?
Nicolas Eymery : Toujours les mêmes et heureusement qu’il sont là. Pour les citer : La Tôle, Eurotop et Roll’brothers pour sa dernière action, ou bien encore France Boisson, la Mairie de Rouen et le Conseil Régional.
Martin Demay : Il est vrai qu’en ce moment, le roller street n’étant pas très en forme, conjoncture économique oblige. Les différentes marques roller se sont montrées plutôt frileuses. Quant aux partenaires hors roller, c’est un vrai combat dû à un grand manque de médiatisation de notre « discipline ». Heureusement que les « vrais », ceux qui mangent, boivent et rêvent roller sont là pour suivre et pour redonner du jus à notre industrie. Hein Sboub !

Comment expliquez-vous que ce rendez-vous amène tant de riders ?
Martin Demay : Cela vient principalement du fait que la date est fixée en plein milieu de l’hiver, ça sort un petit peu tout le monde de l’hibernation. D’autre part, la communication est bien lancé à l’avance. Les gens attendent un peu maintenant (c’est quand même la troisième édition) mais surtout, nous comptons sur le bouche à oreille. Il n’y a que ça de vrai dans notre milieu…
Nicolas Eymery : Un magasin, un contest, un vrais team, des vidéos et des connections à gauche et à droite… et sûrement du fait que pendant ce week-end, tout les étudiants sont en vacances en même temps. En plus, les différents reportages qui ont été fait ont laissé une bonne impression des années précédentes.
Y’a t’il eu des modifications d’organisation pour ce Rouen Indoor Street Contest 2006 par rapport aux précédents ?
Nicolas Eymery : Déjà, le fait que se ne soit plus « Roll’bro » qui s’occupe de la paperasse et de bien des choses, mais cela reste moins compliqué que les deux premières édition.
Martin Demay : Des modifications, y’en a un paquet mais on ne les voit pas forcément, ne serait-ce qu’au niveau de la préparation trois mois à l’avance, d’avoir réussi à dénicher un price-money, une buvette un peu plus complète, une organisation plus ou moins bien huilé qui t’évite de courir tout le week-end( même si c’est quand même le cas). Mais tout cela, ils nous aura fallu trois éditions pour y arriver.
Y a t’il des personnes en particulier qui vous ont aidé durant ce week-end ?
Nicolas Eymery : Oui bien sûr ! Tout d’abord, le staff ; J.P., Simon , Ghanem, Alice, Lize, Sophie, Damien, Tino, Botchoî, Debuf, Olivier qui on assuré tout le temps du contest, Cléo pour le dossier de presse, les juges Khalid de Niceskate, Julien Franc et Brian Aragon, ainsi que Bukette pour le speaking. Un grand merci à tout ceux-là. Martin Demay : Merci encore à eux pour toute l’aide apportée.

Y a t’il eu des modifications du park directement liées au Rouen Indoor Street Contest 2006 ?
Nicolas Eymery : Juste un petit curb qui d’ailleurs n’a pas été skaté une seule fois (il était pris pour un banc). Le reste des modifications du park sont normales et ce n’est pas encore fini…
Martin Demay : On a aussi remis la table de « saut à courbe » au milieu de l’aire afin de donner une ligne aux runs pour les rotations et on a replaqué les trous dans le bowl. Sinon, la pile du micro a lâché et les enceintes n’étaient pas dirigées vers le bowl, il aurait fallu les déplacer. Mais rien de méchant !
Quelles étaient vos attentes pour ce week-end ?
Nicolas Eymery : Du roller et en veux tu en voila !
Martin Demay : En premier lieu, réussir à rentrer dans nos frais. Quand on est pas une grande entreprise d’événementiel avec des fonds derrière, c’est un pari. Après, nous voulions avoir une bonne organisation : ouvrir à l’heure, commencer les runs dans les temps, finir le contest avant que tous le monde ne rentre chez soi, mais surtout donner un contest fait par et pour des skaters (avec toute « l’arrache » que sa doit inclure, normal ! ) et que tous le monde se fasse plaisir.
Il y a eu beaucoup de monde présent pour le Rouen Indoor Street Contest 2006. Vous en attendiez autant ?
Nicolas Eymery : On ne peut pas savoir à l’avance, mais on attendait au moins autant de personne que l’an dernier. Et ce fut mieux encore. Merci a tout les riders de s’être déplacés !
Martin Demay : Franchement, je ne m’attendais pas à autant de monde, mais encore moins qu’ils y en aient autant qui skatent, par rapport aux autres années. Merci encore à eux d’être venu aussi nombreux.
Que penses-tu de Denis Gul qui a vraiment bluffé beaucoup de monde dans ce contest ?
Nicolas Eymery : C’est un bon skater, mais vas-y doucement mec ce n’est que du roller !
Martin Demay : Elle me fait penser à un coureur cycliste ta question. Non sérieux, il a vraiment bien skaté, bien propre, complet et c’est un des rares à avoir proposé un vrai run, ça fait plaisir !

Le Rouen Indoor Street Contest 2006 peut-il être considéré comme une réussite ?
Nicolas Eymery : Nous on est rentrés dans nos frais donc c’est encore une réussite de ce coté-là, mais cela n’en serait rien si les skaters n’avait pas kiffés.
Martin Demay : Je suis de l’avis de Nico ;on est rentrés dans nos frais, le déroulement s’est bien passé, mais l’important c’est que tous ceux qui on fait le déplacement (et même les locaux) aient bien apprécié leur week-end !
Si vous pouviez changer quelque chose dans ce week-end, qu’est ce que ce serait ?
Martin Demay : Et bien moi, j’aurais bien voulu qu’il y ait un peu plus d’ambiance. Personnellement j’ai trouvé ça un peu mort le dimanche malgré un sacré niveau alors je sais pas quoi réveillez vous ! Si nous avions réussi à faire venir le « grand public » afin de sortir un peu de la cave ça n’aurait pas était plus mal. Après, il est vrai que le skatepark ne propose pas de vraies structures d’accueil pour cela (gradins, toilettes, eau courante, etc.).
Nicolas Eymery : Le froid qui nous gèle tous jusqu’au os !
Après 2006, à quand le prochain Rouen Indoor Street Contest ?
Nicolas Eymery : peut-être un de ces quatres ?
Martin Demay : voyons déjà si les mentalités évoluent. Quand je vois qu’il y a conflit parce qu’une semaine avant il y avait un autre contest (Nalfprotest d’Alfano) et que au lieu de se réjouir d’avoir plusieurs événements à cette époque,certains préfèrent prôner leur manif’ en allant même jusqu’à dénigrer l’autre contest, je me dis que ça ne vole pas bien haut et qu’on n’est pas rendus !
Vos remerciements ?
On tient à remercier tous les gens qui nous ont aidés au niveau de l’organisation : staff, juges, D.J., buvette, tous ceux qui ont fait le déplacement et qui nous en ont mis pleins les yeux ! La totale quoi ! Merci à tous les skaters qui ont soutenu le shop, aussi bien les locaux que ceux des différentes villes de France qui ont compris qu’on se bougeait pour eux. Merci aux amis Rascatiens , dijonnais, rouennais, anneciens, lyonnais et les autres pour le soutien. Et supportez vos shops, ceux qui se bougent pour vous, qui entreprennent des actions pour vous ! Vous ne voulez pas qu’on finisse tous à acheter en grande surface à des gens qui n’en ont rien à faire de notre milieu ! bref achetez réfléchi !
Peace
Martin et Nicolas
Pour aller plus loin
Interview : Bobor & J.F. Best – Photos : Etienne Aka – Tino Ramousse – Rollerenligne.com – Merci à Nicolas Eymery et Martin Demay