Rencontre avec le gardien Roman de Préval
Il a été le gardien titulaire de l'équipe de France de roller hockey lors des championnats du Monde 2016 à Roana / Asiago (Italie). Il a gardé les cages des équipes de Grenoble, Anglet, Nice et Amiens. Rencontre avec Roman de Préval...
Par alfathor

Entretien avec Roman de Préval, gardien de but de l’équipe de France de roller hockey
Bonjour Roman de Préval. Tu as débuté par la glace à 8 ans. Qu’est-ce qui t’as fait aller vers le roller ?
J’étais joueur à la glace, et j’ai toujours voulu être gardien. Mais à l’époque à Grenoble, il y avait déjà plein de gardiens, je commençais à peine ce sport alors il y avait un peu de réticence de la part de mes parents à investir dans du matériel, et peut être que le poste les inquiétait un peu… (rires). Du coup j’ai été joueur de champ et au bout de 3 ou 4 ans, avec un pote gardien, on a fait du roller en parallèle en inversant les postes.
J’ai fait 1 ou 2 ans les 2 sports conjointement, mais c’était entre les poteaux que je me sentais le mieux ! Du coup j’ai décidé de me consacrer complétement au roller.

Pratiques-tu d’autres sports en parallèle, en loisir ou pour ta préparation ?
J’adore découvrir et jouer à d’autres sports, mais finalement j’en pratique très peu d’autres. J’aime bien le squash ou le badminton, car même si je suis nul, je cours partout et ça a au moins le mérite de me faire bosser mon cardio. De temps en temps un foot ou Urban foot avec les potes, et là encore je vais dans les cages, mais c’est pour cacher mon cruel manque de technique.
Tu es passé par les Yétis de Grenoble, les Artzak d’Anglet, les Anges de Nice, par Amiens… peux-tu nous retracer le fil des équipes que tu as côtoyées ? Tu as beaucoup bougé !
Je suis Grenoblois d’origine, donc j’ai joué et j’ai été formé aux Yétis tout mon hockey mineur. Et puis à 19 ans, j’avais envie de bouger de ma ville natale et de découvrir autre chose. Le hockey était un bon prétexte pour bouger, et j’ai contacté Olivier Dimet à anglet, qui m’avait coaché à la glace, puis sur des stages de roller l’été. Anglet venait d’accéder à la Nationale 1 (Elite de l’époque), c’était un bon challenge, et puis il y avait pire comme coin à visiter.
J’y ai passé 5 ans, avec la chance de jouer des finales de Championnat de France, de Coupe de France et même de Coupe d’Europe. On peut dire que c’est là-bas et notamment au contact de Olivier Dimet, que j’ai découvert » le haut niveau » et ses exigences, même en pratiquant un sport amateur.
Après quelques titres et beaucoup de très bons souvenirs, je suis parti à Nice pour poursuivre mes études en ostéopathie.
J’y ai retrouvé un autre coach important, Guilhem Bruel. J’y ai fait 1 saison en N1 (2ème échelon national), avec un titre à la clé et une accession en élite, puis 2 saisons en élite.
A la fin de cette dernière saison, nous étions relégués en N1. J’avais encore l’envie de jouer en Elite, mais j’étais encore étudiant en dernière année d’ostéopathie à Nice.

Quels avantages t’a apporté le statut de haut niveau Roman De Préval ?
Grâce à mon statut de sportif de haut niveau, j’ai pu avoir un aménagement d’emploi du temps, me permettant de me libérer dès le vendredi. Du coup je m’entrainais la semaine sur Nice et à partir du vendredi je rejoignais Amiens. Ce fut une année un peu chargée il faut l’avouer ! Mais au final j’ai eu mon diplôme ! (rires)
Une fois le diplôme obtenu je pouvais m’installer n’importe où. Apres mon année à Amiens, je m’y sentais bien aussi bien sportivement qu’humainement, donc naturellement j’ai commencé à exercer mon métier là-bas. Evidemment la complicité que j’ai avec Renaud Crignier a joué aussi dans la balance. J’y ai passé 4 superbes années et je me voyais bien continuer là-bas, mais professionnellement je cherchais à mettre un coup de boost à ma carrière, et l’opportunité s’est présentée… mais à Metz.

Ton départ pour les environs de Metz a dû sérieusement bousculer tes plannings, comment gères-tu cela ?
Ça a été compliqué en logistique tout d’abord. Le déménagement, clôturer l’activité d’un côté et commencer de l’autre, la découverte totale de la région et de la ville. Mis à part informer Renaud Crignier rapidement pour qu’il puisse essayer de trouver un autre gardien, à ce moment-là, ma priorité n’était clairement pas le hockey.
Une fois les choses décantées, forcément tu regardes quand même les options qui s’offrent à toi : Est-ce que tu as envie d’arrêter ? Si non, ou est-ce que tu peux jouer ? À quel niveau ? Est-ce que ça vaut le coup ?
Du coup je joue à Montigny-les-Metz en Nationale 2. Je garde 2 entrainements par semaine, et je m’entraine physiquement à côté.
Le planning est plus chargé c’est sûr, mais on essaie d’aménager pour concilier vie professionnelle, vie personnelle, et sport. Du coup je m’entraine physiquement sur ma pause déjeuner pour ne pas avoir tous les soirs de la semaine pris par le sport.
C’est pas mal de contraintes, c’est parfois couteux moralement et physiquement. Mais on n’a rien sans rien. Alors je me fixe des objectifs, et j’ai encore des challenges motivants, ça aide à garder le cap.
Quels ont été les moments forts de ta carrière ?
Il y en a eu beaucoup ! Mais si je dois en piocher quelques-uns, je dirais les 2 médailles avec l’équipe de France, parce que représenter son pays est une fierté énorme, que pouvoir tenter d’être champion du monde est le plus gros challenge qui soit et que l’osmose qu’il y avait dans l’équipe était incroyable. Je me rends compte aussi que l’alchimie qu’il faut trouver pour faire un résultat est un équilibre tellement fragile, qu’en réunissant les mêmes ingrédients tu n’obtiendras pas forcément le même résultat, augmente l’intensité de l’expérience !
Apres je dirais la demi-finale de Coupe d’Europe à Anglet. Notre équipe se composait pour moitié de joueurs avec leur grille (car à peine seniors). On a rivalisé avec Asiago, une équipe italienne composée que de Golgoths, d’anciens pros, d’un gardien drafté NHL, renforcée par CJ Yoder (à l’époque le meilleur joueur du monde) et Brian Yingling. C’était vraiment David contre Goliath !
Pour rajouter au suspense et à l’émotion, on gagne en mort subite, devant 2.000 Basques en furie, c’était vraiment énorme !

Parles-nous de ton métier d’ostéopathe, comment concilies-tu travail et roller hockey ?
Je le fait comme tout le monde ! L’avantage et l’inconvénient quand tu fais un sport amateur, c’est que tu le fais sur ton temps libre ! Du coup tu t’entraines le soir après ta journée de travail, et tu joues les weekends.
Je suis parti à Metz pour l’opportunité professionnelle, donc il est vrai que je consacre d’avantage de temps à mon métier d’ostéopathe qu’au roller hockey que ce que je pouvais faire avant.
Mais comme je te l’expliquais plus haut, tu essaies d’optimiser le temps. D’abord pour pas avoir des journées à rallonge tout le temps, et deuxièmement, parce que déjà partir presque tous les weekends, plus les stages, et qu’en plus tu ne rentres pas le soir à la maison parce que tu t’entraines, ce n’est pas compatible avec une vie de famille.
Comment se déroule une de tes journées Roman De Préval ?
Classique : réveil, grognements, re-réveil, douche, déjeuner… Puis je prépare soit mon sac de hockey, soit mes affaires de sport, mon repas du midi et je pars au boulot. Une fois au cabinet, je suis 100% ostéopathe.
Ma matinée terminée, je me dépêche pour aller à la salle de sport et faire ma séance. En général ça fait court, du coup je mange en vitesse, je renfile ma blouse pour réattaquer mon après-midi. Et les soirs d’entrainements, dès que j’ai fini le travail, je file au roller hockey.
Y a t-il des personnes (sportifs ou non) qui t’ont inspirées ?
Je pense forcément à Cristobal Huet. C’est lui que j’ai vu en premier jouer à Grenoble et ça m’a donné envie de faire gardien. Encore plus quand tu vois sa carrière ! La longévité, l’exemplarité, et la constance du mec !
Comment as-tu intégré l’équipe de France de roller hockey ?
Ça a commencé avec les espoirs. C’est qu’une petite étape, mais ça veut dire aussi qu’on t’a repéré. Une fois que tu as mis un pied dedans, ça donne envie d’aller plus haut et de passer le cap avec les séniors.
J’ai longtemps fait les stages sans faire les compétitions. Mais les places sont chères, elles se méritent. Et puis un jour ça a été mon tour.
Que représentent les Roller Games 2017 pour toi ?
Je suis toujours partagé sur ce genre de question (rires). D’un côté je te dirais que ça doit être une expérience de malade ! En terme d’évènement, de lieu… De partager un évènement majeur avec d’autres sportifs d’autres disciplines ça change aussi.
De l’autre, je te dirais qu’on y va pour une compétition ! Que tu sois en Chine avec d’autres athlètes devant du public, ou au fond d’un hangar en Hongrie, tu es là pour aller chercher un titre ! Après je trouve ça bien d’avoir un gros évènement qui donnera sûrement plus de visibilité à notre discipline. Et le fait de découvrir d’autres sports et athlètes qui font pourtant partis de la même fédération que moi !
Quels sont tes projets pour le futur Roman De Préval ?
Etre heureux !
Tribune libre : si tu souhaites ajouter quelque chose…
Merci à toi Alexandre « The Eagle » Chartier !

Fiche technique de Roman De Préval
- Nom : De Préval
- Prénom : Roman
- Date de naissance : 10/11/1985
- Née à : Saint Martin d’Hères (38)
- Taille : 1m85
- Poids : 80 kg
- Pays : France
- Habite : Metz
- Premiers pas en roller : 9 ans sur l’anneau de vitesse de Grenoble
- Catégorie : Sénior
- Études/métier : Ostéopathe
- Points forts : Explosivité, technique
- Points à améliorer : Concentration
- Autres sports : –
- Le dernier film vu : merde… « La La Land » lol !
- Musique préférée : Tout sauf JUL (et autres dérivés autotunés)
- Jeux vidéos : je me suis arrêté à Mario Kart sur Game Cube
- Lectures : Je m’endors sur les 3 mêmes lignes depuis 2 mois « techniques ostéopathiques »
- Aime : Manger
- N’aime pas : l’injustice
- Qualités : Gentil, drôle, passionné
- Défauts : passionné, doute, parfois vexant
- Club / équipe : Graoullys de Montigny les Metz
- Meilleur souvenir : Parcours avec l’équipe de France a Rosario en 2015
- Pire souvenir : Défaite en mort subite en finale à Rosario en 2015
- Langues parlées : Français, anglais vite fait, Picard en fin de soirée
- Alcool ou jus de fruit ? Jus de fruit
- Plage ou montagne ? Montagne
- Matin ou le soir ? Matin
- Fromage ou dessert ? Dessert
- Rap, métal ou techno ? Rap
- Football ou de rugby ? Rugby

Palmarès de Roman De Préval
- Champion de France Nationale 1 de roller hockey avec les Anges de Nice
- 4 fois vice-champion de France
- 3 fois vainqueur de la coupe de France
- Médaille de bronze et d’argent en coupe d’Europe avec les Artzaks d’Anglet.
- Médaille de bronze du championnat de France Elite de roller hockey avec Grenoble
- Champion d’Europe avec l’équipe de France Espoirs
- Médailles d’argent et médaille de Bronze aux championnats du monde avec l’équipe de France Sénior
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Championnat du monde de roller hockey 2016
Photos : FFRS