L’interview de Mateo de Ramon Vilella, entraîneur de Montreux HC, Champion Suisse 2016/2017
Le club du Montreux HC a remporté le titre de Champion Suisse, un superbe couronnement qui lui échappait depuis plusieurs dizaines d'années. Une bonne occasion de poser quelques questions à son entraîneur depuis 2013...
Par Jean LASSUEUR

Interview
Bonjour Matéo, avant de parler de ta responsabilité d’entraîneur de Montreux et du club, peux-tu nous parler de ton passé de joueur et d’entraîneur hors la Suisse, dont une partie aux Canaries, sauf erreur ?
J’ai débuté ce sport à l’âge de 4 ans. En cours de saison, notre gardien s’est blessé et j’ai pris son poste.
Mon grand-père avait été gardien toute sa carrière et je souhaitais suivre son chemin. Cela a duré 17 ans.
Toutefois, à l’âge de 16 ans, en parallèle, j’ai commencé à entraîner l’école de patinage et le virus m’a atteint.
En 1998, j’ai été engagé par Hockey Patins de Vic pour une équipe, puis deux et finalement je suis devenu le responsable du mouvement junior, soit 18 équipes, environ 145 juniors, durant 5-6 ans.
Par la suite, j’ai passé 7 mois à Séville pour entraîner la première équipe, mais comme je n’ai jamais été payé, j’ai quitté.
Direction Ténérife pour 6 saisons avec la première équipe et la Coupe CERS remportée, j’ai décidé de partir vers d’autres horizons.
Début 2013, le Montreux HC m’a contacté et j’ai été engagé en septembre 2013 où je travaille toujours comme entraîneur de la première, de l’équipe féminine, d’une équipe de juniors et de l’école de base.
Tu as aussi été entraîneur de l’équipe Suisse, notamment lors du Mondial de Vendée en 2015. Peux-tu nous parler de cette responsabilité et, peut-être, des raisons pour lesquelles tu as arrêté ?
Mon engagement n’a duré que 2 saisons. Nous avons joué à Madrid et le Mondial de Vendée.
Je n’ai pas réussi à m’identifier avec la vision des dirigeants de la FSRH et eux certainement pas avec la mienne. J’ai préféré céder mon poste à une personne leur correspondant
Avec Montreux, je crois que ton premier titre a été celui de la Coupe Suisse lors du Final-Four de Biasca en 2015 ? Un souvenir de haute importance, j’imagine ?
Effectivement, en 2015, nous avons décroché le titre de la Coupe Suisse à Biasca. Montreux n’avait plus gagné de titres depuis des années, alors l’émotion a été grande pour tous, l’équipe, les dirigeants et les supporters
Tu as la chance de gérer les 2 gardiens nationaux suisses, Jean-Pierre Vizio et Guillaume Oberson qui s’entendent très bien. Y a-t-il un tournus ou quelles sont les règles de numéro 1 et 2 ?
C’est une grande chance que d’avoir 2 magnifiques gardiens dans mon équipe.
Il n’y a qu’une seule règle établie, le travail et encore le travail.
Leur entente parfaite leur permet de ne pas devoir faire numéro 1 et numéro 2.
Les deux connaissent la qualité et le défaut de l’autre. Cela a été démontré durant la saison, que ce soit à la Coupe des Nations ou durant les play-offs.
Si je prends l’exemple de la demi-finale où J.P. Vizio a joué tout le match et se retrouve avec un carton bleu lors des penalties, rentre alors G. Oberson qui fait un travail exceptionnel qui nous permet la qualification à la finale.
Cela montre l’état d’esprit et de confiance de mes deux gardiens. Je suis fier d’eux !
Que représente pour toi la Coupe des Nations ? Un immense privilège qui permet à Montreux d’affronter une majorité d’équipes nationales de très haute valeur et de se bonifier pour la suite du championnat après Pâques ?
Le privilège d’affronter les meilleurs équipes nationales. Cela donne un feed-back positif et un bon rythme de compétition pour la suite du championnat.
En Championnat, cette saison, l’équipe a brillamment terminé le tour de qualification en 3ème position, sauf erreur une place jamais atteinte précédemment ?
Quand tu joues un championnat avec play-offs, le plus important n’est pas la place du classement, mais l’état d’esprit des joueurs, leur physique. La preuve en est Genève qui se trouvait à la 7ème place et qui s’est qualifié pour jouer la finale.
Vos play-offs ont aussi été assez extraordinaires puisque vous avez d’abord éliminé Uri en 2 manches dont une sur but en or de Tiago Sousa à 2 minutes de la fin des prolongations, puis Dornbirn en 3 manches sur but en or par le même Tiago Sousa, mais à 8 secondes de la fin des prolongations. S’agissait-il de chance ou de stratégie subtile ?
L’équipe a eu cette année un esprit fantastique. Chaque joueur a su apporter un équilibre à l’autre.
Oui, Tiago Sousa a marqué deux buts dans les dernières secondes, mais chaque but est le résultat d’un travail d’équipe.
Mes joueurs ont avant tout compris qu’ils doivent se battre jusqu’au coup de sifflet final de l’arbitre.
En Suisse, le titre de Champion Suisse se joue depuis l’an passé sur un seul match décentralisé à Soleure ainsi que les autres titres soit le Féminin et les LNB et LNC, tous les quatre sur le même principe. Quel est ton point de vue à ce sujet ?
Je m’abstiens de tout commentaire !
La finale à Soleure vous a permis de remporter le titre de Champion Suisse face à Genève qui avait pourtant ouvert la marque après une minute, mais vous avez presque immédiatement répondu et, dans une certaine mesure, pris le match à votre compte grâce à un cinq-six de base de très haute qualité. Quelle est ton analyse ?
Nous avons étudié, analysé notre adversaire. La préparation a été minutieuse. Chaque joueur connaissait son travail, que ce soit en technique d’équipe ou homme à homme. Ils ont été à la hauteur de mes attentes.
Je rectifie, nous ne sommes pas 5-6 de base, nous sommes composés de 10 joueurs. Chacun de mes joueurs a un rôle et ils apportent ce pour quoi ils travaillent aux entraînements.
Vous allez à nouveau disputer la Coupe d’Europe la saison prochaine en vous retrouvant comme précédemment contre des équipes portugaise, espagnole et italienne. Pour toi, s’agit-il d’une Première en tant d’entraîneur ? Quel objectif vises-tu ?
Ce n’est pas une première pour moi. Je l’ai déjà vécu avec mon équipe de Ténérife.
Ce sera une superbe expérience que de pouvoir vivre cette Coupe d’Europe.
Se confronter à des équipes professionnelles nous apportera de la confiance, de la motivation et le plus important, de la joie.
Vivre une telle compétition est une belle récompense.
Sans trop entrer dans les détails, allez-vous vous renforcer pour cette échéance et la saison prochaine sachant que vous ne disposerez d’un banc encore un peu restreint, la preuve étant que pour la Coupe des Nations vous vous êtes renforcé avec Estève Pujals, joueur de La Vendéenne la saison 2016/2017 ?
L’équipe sera la même. Nous continuons sur notre même philosophie, celle de l’intégration des jeunes du club.
Nous sommes la seule équipe composée de trois jeunes de 17 ans dans la sélection de LNA. Certes ils n’ont pas encore beaucoup de minutes de présence durant les matches, mais nous savons tous que c’est un long travail. Les jeunes l’ont bien compris et se donnent au maximum durant les entraînements, mais ils doivent encore évoluer.
Les autres joueurs de l’équipe leurs apportent un soutien indéfectible et c’est chouette à voir ! Ils se font aussi engueuler, ça permet de se forger.
Cette saison, quel a été ton plus mauvais souvenir ?
J’ai pour habitude de ne garder que le positif, cela me permet d’être qui je suis.
Mais une chose que je ne comprends pas, c’est l’acharnement de la FSRH à stipuler dans chaque article qui parle du Montreux HC que nous sommes une équipe d’étrangers.
Sur dix joueurs, six sont suisses et qui plus est montreusiens !
Si nous regardons le contingent des autres équipes, ils ont tout autant de joueurs de nationalité étrangère, mais seul le MHC est pointé à ce sujet….
Et plus encore, quel est ton meilleur souvenir ?
Le titre de Champion Suisse, c’est certain. Ce titre représente l’engagement et l’esprit de mon équipe. Pas un week-end ne n’est passé sans un rendez-vous, que ce soit pour une bière, un repas ou une soirée bien animée. C’est pour moi mon plus beau souvenir
Un grand MERCI à toi Mateo !