Les « Locos patines » du célèbre peintre Espagnol Goya
Francisco de Goya est célèbre pour ses peintures et pour avoir sombré dans la folie, mais saviez-vous qu'il a réalisé de nombreux croquis au long de sa vie ? L'un d'eux représente un patineur en train de perdre l'équilibre. Découverte...
Par alfathor

Courte histoire d’une oeuvre : les patins fous de Goya
Durant l’été 1824, Goya fut contraint de quitter l’Espagne. Il décida de s’exiler en France. Il passa brièvement par Paris avant de revenir à Bordeaux. Il logea cours de l’Intendance, à l’emplacement de l’actuel institut Cervantes. Il y mourut le 16 avril 1828.
Une série d’esquisses de la vie quotidienne
Durant ces quatre années en France, il réalisa les dessins rassemblés dans les « Álbum » G et H. Goya s’inspirait de scènes de vies de la cité Girondine. Sa préférence se portait sur les milieux populaires, dans leurs aspects parfois les plus sombres : une exécution à la guillotine, un fou derrière les barreaux, une pendaison à la campagne…
Le patineur : des patins à essieux, près de 40 ans avant Plimpton ?
Parmi ces oeuvres, la planche n°32 de l’album G a particulièrement suscité notre attention. Elle représente un patineur en train de perdre l’équilibre. Au delà du réalisme du mouvement retranscrit par Goya, on ne peut s’empêcher de remarquer la stupéfaction et la peur qui émane du visage du patineur avant sa chute. Les cheveux en arrière donne une impression de vitesse. L’arrière-plan laisse entrevoir un autre moyen de transport en devenir : une draisienne.
Cette scène se déroule entre une et quatre années après l’apparition du patinage sur roulettes à Bordeaux. En 1823, Robillon présentait le ballet pantomime « Nathalie ou la Laitière Suisse » au Grand Théâtre.
Un détail laisse perplexe : le patineur est équipé de patins à essieux, les roues réparties de part et d’autre du pied… Or, l’invention du patin traditionnel est largement attribuée à James Leonard Plimpton en 1863. Les patins à roulettes traditionnels seraient-ils apparus en France près de 40 ans avant l’invention de Plimpton ? Seul l’avenir et des recherches complémentaires permettront d’éclaircir ce mystère. En effet, les patins utilisés par Robillon dans son spectacle ressemblaient plutôt aux patins en ligne de Petitbled (1819) ou de Jean Garcin (1828), voire à ceux de Legrand (1849) , une génération plus tard.
Des oeuvres disparues qui revirent le jour
A sa mort, son fils hérita de ses oeuvres et les rassembla. Elles passèrent ensuite de main en main au fil des générations, jusqu’à se perdre temporairement pendant la seconde Guerre Mondiale. Elles furent pour partie retrouvées dans les fonds du Musée de l’Ermitage de Saint-Pétersbourg (Russie). Une partie des oeuvres est conservée au musée du Prado. D’autres, telles que le patineur, sont à Boston (USA).
Locos patines
Dimension de l’oeuvre : 19,1×15,2 cm
Liens utiles
Merci à Xavier P. pour cette découverte !