Interview : Sylvain Rouillard, reporter photo
Nombre d'entre vous connaissent Sylvain sans le savoir. Le personnage est plutôt modeste et discret. 1er indice : vous l'avez certainement déjà croisé sur une étape de la F.I.C. en train d'arpenter les bords de circuit, ou à encourager les patineurs. 2e indice : il s'occupe du portail photo de Rollerenligne.com. 3e indice : il a longtemps roulé sous les couleurs de Planet Roller avant de se dédier entièrement à une autre de ses passions : la photo. Coup de projecteur sur ce passionné oeuvrant toujours en coulissse : Sylvain Rouillard...
Par alfathor

Interview
C’est Sylvain qui se présente lui-même… Et tout d’abord, sa biographie : « Bonjour à tous ! Je suis Sylvain Rouillard, j’ai 35 ans, habite en proche banlieue parisienne et je suis ingénieur en informatique. Mes hobbies sont Paris et ses endroits méconnus, la photo, le cinéma, le roller et aussi bien manger !
J’ai débuté le roller par les randonnées parisiennes et les voyages organisés à l’étranger par Planet Roller. Ensuite il y a eu les randonnées du dimanche également organisées par Planet : Paris-Châteauneuf, Paris-Gien… J’ai participé aux éditions 2001, 2002 et 2003 des 24 Heures du Mans. Ma première expérience du marathon fût lors d’une manche de la FIC à Annecy et, en 2003, j’ai participé à plusieurs manches de la FIC en m’entraînant un peu plus. »
Sa passion : reporter photo sur les marathons de roller :
« J’ai commencé mes premières photos de courses lors du contre-la-monte de Dijon en 2003. En 2004, suite à une chute de ski, j’ai dû faire une croix sur la saison en roller : j’ai donc décidé de la faire avec mon appareil pour suivre mes amis et en profiter pour les encourager dans l’effort. En 2005 après une opération du genou, j’ai rempilé avec l’appareil et, en juillet, nous lancions la galerie photo sur rollerenligne.com après les 24h du Mans. »
Dans cette interview, Sylvain évoque tout d’abord les questions techniques liées à la prise de photo sur les marathons de roller. Ensuite, il évoque les sensations qu’il développe durant les courses, des sensations que l’on peut rapprocher de celles des compétiteurs. Et dans une dernière partie, Sylvain nous parle de son travail de reporter photo, et notamment de tout le travail de post-production.
Bonjour Sylvain. Tout d’abord une question technique qui intéressera les passionnés de photographie et les amateurs : quel type d’appareil photo utilises-tu ?
« J’ai commencé en 2003 avec un bridge Minolta 7i : les reflex étaient hors de prix à cette époque et le 7i avait eu de très bonnes critiques dans les revues spécialisées. Un point intéressant du bridge était de pouvoir disposer d’un objectif 28-200 intégré sans avoir à changer d’objectif en fonction des circonstances. En 2004, j’ai utilisé en complément un boîtier argentique pour pouvoir exploiter un objectif 100-400, permettant d’être « plus au contact » des patineurs. En 2005 j’ai fait l’acquisition d’un reflex Canon 350D, appareil d’entrée de gamme Canon. Il dispose d’une plus grande réactivité que mon précédent bridge (déclenchement pratiquement instantané, 3i/s en mode rafale avec la possibilité d’enchaîner 10 photos de suite) et en plus, je peux réutiliser des objectifs de mon boîtier argentique (au coefficient 1,6 prêt lié à une taille de capteur plus petite que celle d’un film 24×36). Par ailleurs, son autonomie est plus importante – environ 500 photos contre 150 avec le bridge – et il procure une meilleure qualité d’images (l’appareil dispose du même processus d’image que les appareils professionnels) et une résolution d’image bien plus importante (8 mégapixels contre 5 auparavant). »
Comment prépares-tu ton matériel avant de descendre sur un marathon ?
« La préparation consiste à recharger l’ensemble des batteries et accus, vider les cartes mémoires, nettoyer les objectifs, préparer les lunettes de soleil, la casquette, le parapluie et la crème solaire ;-) ! »
Est-ce que tu fais un travail de repérage avant les courses pour te positionner aux meilleures places ?
« Suivant les circuits et le temps dont je dispose, je fais un tour de circuit pour repérer les bons endroits pour les photos. Je note aussi le temps de déplacement pour rejoindre la ligne d’arrivée, histoire de ne pas louper le final. »
Ca va peut-être en surprendre plus d’un, mais peux-tu dire que, comme les athlètes, tu participes aussi intensivement à la course ?
« La fatigue physique ne sera pas la même que les athlètes bien évidemment mais il faut essayer d’être concentré, d’anticiper les évènements pour bien se placer et pouvoir faire ses photos dans de bonnes conditions, ne pas arriver au dernier moment sur la ligne d’arrivée et rater une belle fente finale. Dans la mesure du possible il faut anticiper les déplacements des juges sur la ligne, les mouvements des autres photographes et caméramen et essayer de penser dans la mesure du possible au public qui lui aussi souhaite faire des photos. Suivant les courses, le suivi de l’épreuve est plus ou moins facilité par la possibilité d’écouter les commentaires du speaker et par la connaissance des athlètes (manière de patiner, couleur des combis, du casque). Une fois bien placé, reste le moment fatidique du déclenchement, car il suffit de déclencher trop tôt ou trop tard et l’on obtient pas forcément une belle photo… »
Qu’est-ce que c’est, pour toi, une course parfaite ?
« La perfection existe-elle ? Vaste sujet … Ce n’est pas l’objet ici. Une bonne course, c’est une course où j’ai eu la possibilité de voir passer suffisamment souvent les patineurs pour avoir suffisamment de choix ensuite pour ma sélection photos. C’est aussi d’avoir su déclencher au bon moment pour pouvoir capter le bon mouvement, la bonne action, un regard, un moment insolite… Ensuite, j’évoquerais la réussite des photos finish, bien évidemment ! Ma définition d’une bonne photo, ça serait d’avoir su capter le beau mouvement, le bon regard… Ah, mais je l’ai déjà écrit ! et aussi d’avoir une photo bien exposée (ni trop claire, ni trop sombre), d’avoir un sujet bien net, sauf effet souhaité. »
Qu’est-ce qui, au fil des saisons, te passionnes toujours autant dans ce sport et ta façon de l’aborder ?
« Si j’enchaîne ma troisième saison de reportage, c’est pour le plaisir de faire de belles photos : je trouve que le roller est un sport très esthétique. C’est aussi pour la joie de retrouver les différents compétiteurs, de les voir progresser au fil de la saison, de prendre de leurs nouvelles. Et puis il y a cette convivialité et cette bonne ambiance qui règnent sur les courses. Avant, j’encourageais souvent les patineurs que je connaissais, mais maintenant, cela devient plus difficile car lorsque le peloton passe, il n’est pas évidemment de nommer toutes les personnes. Et puis, dans l’enceinte du circuit, il est recommandé de garder le silence pour être fair-play vis à vis de tous les participants ! »
Est-ce qu’on peut faire un parallèle entre ton boulot de reporter photo et les patineurs de vitesse ?
« Pendant les compétitions, chacun va faire sa moisson de photos (ou chausse les patins pour participer). Lorsqu’Alexandre (N.D.L.R. le webmaster de Roller en Ligne) est présent sur un événement il fait les interviews à chaud sinon en fin de journée ou d’épreuve, nous faisons le point sur les résultats et Alexandre part en quête des interviews pour rédiger les articles et de mon côté j’attaque le classement des photos une fois de retour. »
Le travail de post-production est tout aussi important…
« La post-production est même plus importante que le temps de prise de vue. Alexandre me donne carte blanche pour la sélection des photos qui sont mises sur la galerie. Ensuite, il va piocher dans la galerie pour illustrer les articles. Le travail de post-production consister à classer le stock de photos, éliminer les photos floues, mal cadrées et retoucher les photos ayant des problèmes d’exposition principalement. Une fois les étapes précédentes terminées je peux attaquer la sélection. Dans un premier temps je sélectionne les photos les plus réussies et ensuite, j’essaie de faire une répartition équitable de photos entre les différentes catégories et épreuves. Une fois la sélection terminée, je mets les copyrights et je transfère les photos sur la galerie. »
Dernière question : qu’est-ce que tu voudrais voir évoluer pour améliorer encore ton travail ?
« Sur le plan des améliorations, voici quelques suggestions : définir une distance minimum entre les patineurs et les motos afin que tout le monde puisse produire ses images sans avoir une moto dans le champ au moment du sprint final par exemple et aussi aménager une zone sur la ligne d’arrivée pour ne pas risquer de gêner les patineurs après leur sprint. Pour l’instant, le travail sur les courses se passe plutôt bien avec les différents médias ! »
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