Interview : Nicolas Belloir, président de la F.F.R.S.
Les élections fédérales se sont tenues les 20 et 21 mai derniers à Saint-Brieuc. Elles ne se déroulent que tous les 4 ans. Après plus de 8ans à la tête de la Fédération Française de Roller Skating, Joel Retureau n’a pas été réélu. Nicolas Belloir, l'ancien secrétaire générale de la F.F.R.S. lui a succédé. Il répond à nos questions. Interview...
Par alfathor

Nicolas Belloir, nouveau président de la FFRS
Pourriez vous nous décrire votre passé dans le roller ?
J’ai découvert le patin, structuré en clubs, en 1987 lorsque j’ai rencontrée ma femme. Comme tout adolescent, je pratiquais pour le plaisir le roller et le skateboard. Progressivement, je me suis mis à la randonnée tout en ayant une licence en artistique. Ce choix a été dicté, initialement, pour aider ma femme dans son club où je l’ai accompagné pour organiser des manifestations en patinage artistique et mettre en place des sections pour les plus jeunes. C’est aussi de cette manière que mes premiers pas se firent au sein d’un club. Aujourd’hui, je suis toujours licencié en artistique tout en pratiquant en randonnée dans mon club d’origine l’A.S.P.T.T. Saint Malo.
Quelles ont été vos précédentes actions associatives avant votre entrée à la FFRS ?
L’action dans un club est essentielle mais pas suffisante si l’on veut développer et promouvoir le roller, les échanges sont indispensables avec les autres clubs. Ce constat m’a incité à prendre une responsabilité au sein du comité départemental d’Ille et Vilaine dont je suis le Président depuis 1996. Parallèlement, j’ai également pris des responsabilités au sein du conseil d’administration de la ligue de Bretagne afin de participer aux orientations définies en matière de développement du roller skating au niveau régional. A ce titre, je tiens à souligner que la Bretagne a longtemps été la première ligue de France avec une représentation des disciplines assez équilibrée. Elle n’échappe pas aujourd’hui à l’évolution des disciplines pratiquées en ligne avec une forte connotation pour le loisir.
Pouvez vous nous décrire vos actions des années précédentes à la FFRS ?
C’est relativement récent puisqu’en mars 2001, je me suis présenté à la fois au Comité National de Patinage Artistique et au Conseil d’Administration de la FFRS. J’ai été élu vice président du CNPA et membre du Conseil d’Administration, à la suite de changements dans le bureau le président m’a proposé le poste de secrétaire général.
Cette fonction, même si elle est dans l’ombre du président, reste très importante et passionnante car c’est un poste très polyvalent. Il concerne aussi bien l’administratif, le fonctionnement institutionnel, la communication, les ressources humaines, la gestion des soucis de contingence matérielle propre à une fédération, mais également un rôle prépondérant de représentation de la fédération au côté du président. De cette transversalité, il est difficile de retenir des actions, toutefois l’amélioration de la prise de licence, les services aux clubs avec la labellisation, la communication avec notre participation à un magazine diffusé en kiosque, et la tentative de création d’une licence randonnée qui nous a permis de renouer le dialogue avec les associations non affiliées à la FFRS, représentent les actions les plus significatives.
Pouvez-vous nous faire un bilan des actions menées précédemment pour le développement du roller par la FFRS ?
Comme dans toutes les fédérations, mais particulièrement à la FFRS, l’idée a été de renforcer la pratique compétitive en offrant des encadrements spécifiques aux différentes disciplines (sous forme de stages par exemple). Cette politique a pour corollaire le développement de la formation, à tous les niveaux, avec le Brevet d’Initiateur Fédéral organisé par les Ligues, le renforcement du Brevet d’Educateur Fédéral et des Brevets d’Etat comme dernièrement avec la randonnée. Ce travail, élaboré avec efficacité par la commission enseignement et formation, est conduit en lien étroit avec le Ministère de la Jeunesse et des Sports qui nous en a délégué la responsabilité. Ce volet de la formation est capital, il est notre véritable savoir-faire, c’est un peu notre image de marque.
Le troisième axe de développement a été de donner une meilleure représentation aux nouvelles disciplines et accueillir les pratiquants loisir en dehors de toute logique compétitive. Ce dernier point devra être accentué pour mieux répondre à la demande.
Pouvez-vous nous parler du Brevet d’État Randonnée ?
Avant tout de chose, je voudrais préciser que ce Brevet n’a pas été uniquement conçu par les techniciens de la fédération. Lors de la mise en place du groupe de travail sur la licence randonnée, les premiers échanges nous ont démontré le réel intérêt de l’ensemble des acteurs de la randonnée (affiliés et non affiliés) à mettre en oeuvre un Brevet d’Etat randonnée. Partant de constat, il a été développé avec tous ceux qui disposaient d’un savoir faire dans ce domaine. L’implication de tous, avec des expériences très diverses, nous a permis d’avoir sur ce Brevet d’Etat des échanges très constructifs pour définir des contenus adaptés à la discipline. Ce travail partagé en amont est sans doute à l’origine du nombre important de candidats à la première session et de leur réussite.
Voilà déjà – sur la méthode, c’est-à-dire l’ouverture aux autres – un embryon de la politique que je souhaite continuer à mener.
Allez-vous prolonger ces actions ?
Nous avons fortement progressé à la FFRS tout n’est pas parfait bien sûr, mais depuis 4 ans de gros efforts ont été fournis. Nous allons accentuer le développement de la pratique compétitive, ce souci constant est partagé par la Direction Technique Nationale (D.T.N.) afin d’obtenir de meilleurs résultats à tous les niveaux. Ce développement de la pratique sportive en compétition repose aussi sur les clubs pour lesquels nous devrons avoir une meilleure écoute afin de les accompagner dans la préparation de nos athlètes. La compétition c’est également l’organisation de nos différents Championnats de France, l’accueil de grands rendez-vous comme prochainement les Championnats du Monde féminin et masculin de Roller In Line Hockey.
Cependant vis-à-vis des pratiques compétitives nous avons conscience qu’elles perdent des parts de marché au profit de pratiques de loisirs et de convivialité, en famille, en pleine nature … Face à cet engouement nouveau ils se développent dans les clubs des pratiques consuméristes. Les parents attendent des prestations particulières (encadrement, animation et horaires adaptés) et zappent s’ils ne trouvent pas une réponse appropriée à leur demande. Le roller n’est pas épargné par ce phénomène, c’est-à-dire un glissement vers une économie de la demande, mais surtout nos clubs ne sont prêts dans leur logique de fonctionnement, axée sur une pratique régulière avec pour finalité de participer à des compétitions, à proposer des prestations à la carte. Si cette adaptation est nécessaire, elle doit être progressive car elle touche aujourd’hui au fondement d’un club. A ce niveau, la fédération doit montrer l’exemple et mener une politique d’ouverture envers les structures ayant un véritable savoir-faire pour répondre à ces nouvelles demandes afin de proposer des services supplémentaires en dehors de la compétition. Enfin sur la promotion, axe stratégique pour le développement d’un sport, la nouvelle équipe ne va pas révolutionner les choses, mais devra prochainement engager une réflexion pour valoriser les manifestations existantes.
Quels seront vos axes de développement ?
Au delà des différents aspects précédemment évoqués – que nous allons accentuer – nous devrons porter une attention toute particulière au partenariat indispensable pour obtenir des marges de manoeuvre supplémentaire pour promouvoir et communiquer sur notre sport. En terme de communication, nous devons travailler à l’externe avec la presse, le mouvement sportif et les pouvoirs publics, ou en interne envers nos clubs. Une chose est sûre, malgré ces constats de carence, nous avons conscience des limites de nos moyens actuels en matière de communication.
Le 3ème volet de développement est à destination des clubs. Ils ont des difficultés à s’organiser, ils ont des moyens limités, l’encadrement bénévole est faiblement professionnalisé. Il faut donc réfléchir à des propositions (ce travail incombera à la prochaine commission vie fédérale) de nature à les accompagner dans leurs tâches quotidiennes aussi bien administrative que technique. La fédération ne doit pas fonctionner en sens unique. C’est vrai, l’organisation du mouvement sportif est pyramidale pour l’instant et on ne peut pas la changer, mais pyramidal ne veut dire hiérarchique. Je souhaite à ce titre plus d’interactivité avec les ligues, les Comités Départementaux et les clubs.
Quelles seront les démarches de la FFRS vers les pratiquants non licenciés ?
Il y a aura une politique d’ouverture envers ces pratiquants. Ici non plus, pas de hiérarchie. Nous devons travailler ensemble afin de développer le roller pour être mieux reconnu de tous et en premier lieu des pouvoirs publics. Plus nous serons nombreux, plus nous serons reconnus et plus nous parviendrons à donner un véritable statut au Roller.
On entend souvent que le roller est un effet de mode, ce n’est pas vrai. Ce n’est pas qu’une pratique urbaine individuelle , c’est aussi une activité de loisirs pratiquée en famille sur des sites naturels. A ce titre, nous souhaitons renforcer le partenariat avec l’A.F.3.V. Cette association possède une base de données sur les voies vertes, un savoir-faire et une expérience reconnue en matière d’aménagement de voies exclusivement réservées à des véhicules non motorisés. La mutualisation de nos informations permettra de mieux prendre en compte les rollers sur les voies vertes qui en sont des utilisateurs à part entière. Ensuite, il faut tordre le coup à cette idée répandue selon laquelle la pratique du roller serait en régression. En 2002, les statistiques de l’I.N.S.E.P. donnait 1.865.000 pratiquants, aujourd’hui ils seraient 2.452.000. (Chiffres clés du sport d’octobre 2004). Cette progression génère toujours des difficultés pour les collectivités locales à répondre aux attentes diverses des pratiquants de rollers. Si les collectivités locales sont dépourvues, les clubs affiliés ne savent pas toujours non plus comment répondre à cette demande. Tout le monde se cherche.
L’objectif là aussi est de mettre en oeuvre des dispositifs innovants capables de fédérer les clubs et les pratiquants ne nécessitant aucun service de compétition.
Quelles sont selon vous les chances du roller aux Jeux Olympiques ?
Elles n’ont jamais été aussi sérieuses. Sans refaire l’histoire, les liens de l’ancien président du C.I.O, Juan Antonio Samaranch, avec le Rink-Hockey, nous laissaient espérer – depuis 1992 où il fut en démonstration à Barcelone – une intégration au programme olympique. Malheureusement cette initiative n’a pas été concluante. La Fédération International de Roller Sports (F.I.R.S.) a fait un bon travail auprès du C.I.O. pour être reconnu. Le cahier des charges olympique est certes précis mais lourd. Dans ce contexte, la meilleure opportunité reste la course qui obéit le mieux aux différents critères fixés par le C.I.O. pour intégrer la liste des sports olympiques. Ces critères sont la maturité sportive, l’universalité, une audience du public importante, une reconnaissance médiatique en devenir et un coût d’intégration raisonnable. En effet, les épreuves pourraient se dérouler sur circuit routier, et dés lors bénéficier de certaines infrastructures existantes pour d’autres disciplines, je pense ici notamment au marathon, dont le circuit pourrait être le même que celui du marathon d’athlétisme. Intégrer une discipline sans générer de coût supplémentaire est un argument auquel le CIO ne sera pas insensible.
Notre plus grand bonheur serait que la candidature de Paris 2012 soit retenue avec pour nouvelle discipline olympique le roller. Simplement, la décision n’appartient pas à la ville organisatrice mais bel et bien au C.I.O. De toute façon cette reconnaissance du roller ne pourra se faire qu’au détriment d’une autre discipline…
Que pèse le roller par rapport au karaté, au golf ou au rugby ?
Le roller a le même développement que ces sports. Le souci, c’est la reconnaissance médiatique. Heureusement, la course est très structurée. Nous avons énormément de champions du monde. Même si la concurrence existe, il ne faut pas relâcher nos efforts au niveau du C.I.O. Nous essayons de démontrer à travers les événements nationaux le poids du roller, notamment sur les championnats du Monde Roller In Line Hockey (R.I.L.H.), en invitant les parties prenantes pour leur montrer que nous avons le statut de discipline olympique, mais aussi le savoir-faire.
Sur quoi souhaiteriez vous conclure ?
Toutes les orientations présentées ne reposent pas sur une vision exclusive de la pratique de notre sport. La compétition sportive comme la pratique loisir doivent aujourd’hui se retrouver et cohabiter à la fédération. Cette vision sera le leitmotiv de la nouvelle équipe du Conseil d’Administration pour les 4 années à venir.
Liens utiles
Site de la Fédération Française de Roller-Skating
Merci Nicolas Belloir, président de la FFRS