Interview Mélissa Chouleysko « lettre par lettre »
Mélissa Chouleysko fait du roller de vitesse depuis l’âge de 10 ans dans un club unique en son genre, le R.O.C.S. de Saint-Jean-de-la-Ruelle. C’est l’un des clubs phares de la région en vitesse (avec Loury et Ballan-Miré). Elle exerce ses talents aussi bien sur des compétitions traditionnelles sur piste que lors de grands rendez-vous comme les 24 Heures du Mans Roller. Rencontre...
Par alfathor

« Je ne me mets aucune limite : il y a toujours des rêves à assouvir ! »
Le R.O.C.S. fait sortir des talents particuliers dans de nombreuses catégories (on pense aux coéquipiers de Damien Soncarrieu qui sont allés décrocher la troisième place de la catégorie Prestige aux 24 Heures du Mans cette année ou encore à Sylvain Cabotin, récent champion de France sur piste à Valence d’Agen chez les Nationaux…). Mélissa apparaît comme la figure de proue du club : la jeune athlète de 24 ans est capable de gagner les 24 Heures du Mans (deux fois d’affilée en 2010 et 2011, avec des records de tours à la clé), d’enchaîner les marathons de la World Inline Cup (une troisième place à Ostrava mi-juin ou encore une quatrième place à Rennes derrière Cécilia Baena, Nicole Begg et Justine Halbout) et les courses traditionnelles en France avec une même régularité ! Au moment où cette interview « lettre par lettre » est publiée, Mélissa tient sûrement la deuxième place du classement provisoire de la WIC 2011 : il ne reste que deux étapes pour qu’elle accède au podium final ! Mais avant tout, elle voulait rendre hommage aux autres talents du R.O.C.S. :
« Je tenais à rendre hommage à mon entraineur, Rémi Hubert, ainsi que mes partenaires d’entraînement, Thomas Gaucher, Julien Hubert, Sylvain Cabotin, Benoit Viry, Karim Sidi, Nicolas Lecleuzia, Steven Gallais, François Sylvain, Carole Sylvain, Corentin Frémont, Adeline Boucher, Laura Daenes, Mathias Gilles, Maxime, Vanessa Lorenzi, Marc Hemesath, Philippe Chapuis… et tous ceux que j’ai oublié ! »
M comme marathon – On ne pouvait pas commencer autrement… C’est ta distance préférée : pourquoi ?
Tout d’abord, l’endurance, c’est mon truc depuis toute petite ! Ensuite, on a le temps de savourer sa course, on ne fait pas que tourner en rond : j’aime les longs efforts et me faire mal.
C’est là que tu te distingues cette saison, notamment en World Inline Cup (WIC) : était-ce quelque chose que tu avais envisagé ? Et comment le prends-tu ?
Ou là, là ! Non, ce n’étais pas du tout envisagé jusqu’à ce que Daniel Busser (NDLR : le manager d’EO Skate) vienne me proposer son sponsoring après une course au Portugal en début d’année. A la base, j’étais partie pour faire une saison « tranquillou » car je n’étais plus très motivée pour courir toujours avec les mêmes personnes et toujours aux mêmes endroits ! Je le prends très bien car c’est une superbe opportunité pour moi d’aller faire des marathons aux 4 coins de l’Europe et même dans le monde. C’est une chose que je n’aurais pas pu faire toute seule sans sponsor ! Et cela me permet aussi de courir avec de nouvelles filles, ce qui est vraiment super. Donc un GRANNNNDD MERCCIII à Daniel !
Deux questions plus larges sur les marathons : quel est ton meilleur souvenir sur la distance ? Et le pire ?
Mon meilleur souvenir sur la distance (nous dirons 30 km à l’époque), c’est ma première victoire en Championnat de France à Coulaines ! Et le pire, c’est mon déclassement injustifié à Lourdes sur le Marathon, où je passe de la première place à la troisième…
E comme équipe de France – Tu as fait partie de l’équipe de France par le passé : peux-tu nous en dire deux mots ?
J’ai participé à deux Championnats d’Europe : le premier à Paços de Feireira au Portugal et le second en France à Grenade. Alors, pour les résultats, je ne m’en souviens plus… Mais j’avais une place de meneuse dans l’équipe ! Ce fut une très belle expérience, et que de bons souvenirs !
As-tu des regrets de ne pas avoir été sélectionnée cette année ?
Des regrets ? Oui et non bien sûr ! Après, quand je vois la mentalité qui règne au sein de ce milieu, ça ne m’attire pas du tout !
Est-ce un rêve et/ou un objectif à plus ou moins long terme ? Pourquoi ?
Oui, j’aimerai retourner au moins une fois en équipe de France avant de stopper ma carrière un jour. J’envisagerai cela comme une satisfaction personnelle !
L comme Loiret – Il n’existe pas beaucoup de clubs de roller dans le Loiret. Sais-tu pourquoi ?
Pourquoi ? Car le sport n’est pas assez développé et que nous n’avons aucune infrastructure fiable pour faire des compétitions – et même pour nous entrainer ! J’abuse un peu, car nous bénéficions d’un beau gymnase pour l’hiver quand même !
Ton club de Saint-Jean-de-la-Ruelle existe depuis quand ? Qui le dirige ? Comment se passe la formation ?
Pour les dates, il va falloir que je me renseigne auprès de François Sylvain, le nouveau président du club depuis cette année… Au niveau de la formation, les petits commencent avec l’école de patinage et ensuite, une fois qu’ils maitrisent certaines bases et selon leur choix leur, leurs facilités et leur motivation, ils se dirigent soit en école de course, soit vers le hockey, soit vers l’artistique. Après, arrivé un certain âge, et selon leur niveau, ils rejoignent les grands !
Quelles sont tes conditions d’entraînement ? Disposez-vous d’une piste, d’un anneau routier, de routes pour les longues distances ?
Alors, depuis plus d’un an, nous disposons d’un nouveau gymnase super sympa que nous avons deux fois par semaine. Malheureusement, il ne contient pas assez de places assises pour organiser un championnat de France indoor par exemple… Pour les beaux jours, nous allons nous entrainer sur une piste d’athlétisme plate en bitume assez abimée de 200 m. Et pour les longues distances, on prend notre courage à deux mains et nous allons faire des entrainements sauvages sur les routes d’Orléans et les villes aux alentours !
Itinéraires – Cette saison, tu n’arrêtes pas de changer d’itinéraires, de te déplacer, de voyager ! Entre le Portugal, l’Espagne, la république Tchèque, la Corée du Sud… Comment gérer tout ça, les entraînements, la récupération et le travail à côté ?
Et bien le plus simplement possible ! Le travail passe avant tout, mais j’ai la chance d’avoir un employeur qui aime le sport et qui me laisse prendre des jours à droite à gauche pour voyager. Les entrainements, j’y vais sûr deux fois par semaine, car nous n’avons que deux jours d’entrainement de planifié par le club. Au niveau de la récupération, c’est repos ou encore footing !
Quels sont tes souvenirs les plus mémorables de ces voyages ?
La découverte de la Corée !!! C’est vraiment un monde à part, avec des gens différents et très polis, une autre dimension, et tout cela à l’autre bout du monde ! Sans le roller, jamais je n’aurais pu partir là-bas… C’est tout simplement merveilleux !
S comme sprint – Un point faible ?
Ouiii ! Mais on me dit sans cesse que ça se passe dans la tête ! Car effectivement, je n’aime pas ça, il faut l’avouer…
Comment le travailles-tu pour t’améliorer ?
Aux entrainements, avec mon coach et mes collègues d’entrainements qui me tirent pour me faire progresser : on travail les sprints très courts, les relances en virages, la vélocité…
On te voit constamment à la relance dans les marathons et les courses traditionnelles, à la manière d’une Nathalie Barbotin, comme pour user tes adversaires. Est-ce que ça ne te décourage pas un peu de voir que tu ne trouves pas forcément de relais quand tu accélères ?
Si bien sûr… Tu essaies de faire bouger un peu les pelotons féminins, mais en retour, il n’y a quasiment pas de répondant… Les filles sont super fortes pour rester dans la roue et attendre, attendre… D’où l’ennui de regarder les courses féminines.
Si les courses féminines arrivent souvent au sprint, c’est aussi que vous n’êtes pas nombreuses dans les pelotons. Quelle serait la solution d’après toi pour étoffer les pelotons féminins ?
Se la jouer à la Nicole Begg : être forte et encore plus forte que les autres pour éliminer les filles tout naturellement une part une !
S comme sacrifices – Ta préparation est très poussée : peux-tu nous en dire deux mots ? Notamment, quels sports entrent en ligne de compte, ton nombre d’heures d’entraînement…
Huuhhhmm, très poussée je ne pourrais pas utiliser ce terme, car ce serait mentir… Je ne m’entraine pas comme je le devrais pour avoir ce niveau ! A côté, j’ai mon métier, ma vie de famille et personnelle : parfois, il y a des choses qui passent avant le sport ! Pour moi, le sport est une passion et restera toujours une passion, donc s’il y a des jours et des semaines où je veux m’entrainer, je vais le faire sérieusement. En revanche, s’il y a des jours où je suis moins en forme ou bien que l’envie n’est pas là, je ne m’entraine pas ! Mis à part le roller, j’aime beaucoup courir seule avec de la musique sur les oreilles ! Je fais un peu de vélo de route ainsi que du VTT avec des gars du club les week-ends où nous n’avons pas de compétitions. Pendant la trêve hivernale, nous faisons également de la PPG une fois par semaine.
On dit souvent que pratiquer un sport à haut niveau représente beaucoup de sacrifices : est-ce que tu le vois comme ça aussi ?
Pour ma part, je n’emploierais pas le terme de sacrifice, car le roller, ou le sport en général, c’est pour moi une passion, mon passe-temps, ma détente… Certes, il y a des moments où j’aimerais voir plus souvent mes amis, ma famille, ou encore profiter de mes week-ends autrement. Mais je me dis que pour le moment, je suis libre de vivre ma passion, alors je la vis pleinement et je sais qu’elle ne durera pas toute ma vie !
A comme avenir : l’avenir proche : quelles sont les prochaines courses inscrites à ton programme ?
La prochaine course sera probablement la WIC en Pologne fin août, suivie du Marathon de Berlin puis d’une course à Cologne en Allemagne. Et pour finir la saison, je m’alignerai sur la finale de la WIC en Chine début octobre.
Sans rien dévoiler de trop secret, quel est ton objectif final pour cette saison ? La place au général de la WIC par exemple ?
Oui, bien entendu ! Mon objectif final est de maintenir ma seconde place du classement général de la WIC !
Et l’avenir lointain : comment envisages-tu l’évolution de carrière dans les quelques années qui viennent ? Te reste-t-il des rêves à achever ?
Alors ça, je n’en sais rien du tout ! Comme on dit, l’avenir me le dira… Mais je ne me mets aucune limite : tant que je peux, je continuerai ! Des rêves il y en aura toujours à assouvir, que se soit dans le roller ou dans d’autres sports.
A plus long terme encore, te vois-tu entraîner des jeunes, transmettre ce que tu sais ?
J’ai déjà commencé depuis cette année ! Et je trouve ça génial, donc je ne suis pas prête d’arrêter !
Et bien merci Mélissa. Bonne continuation et bonne chance pour tes prochains marathons !
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