Interview : Didier Chaplain est « Diabolik »
Au fin fond des Vosges, non loin de la Voie Verte de Remiremont, se cache une petite usine devant laquelle un grand nombre de patineurs ont dû passer sans savoir qu'elle abritait l'un des rares fabricants français de platines de roller : "Diabolik". La petite entreprise ne connaît pas la crise. Chaque année, Didier Chaplain dévoile des produits au design si caractéristiques et à la réputation grandissante. Interview de l'intéressé...
Par alfathor

Didier Chaplain : fabricant des platines Diabolik de roller en aluminium
Didier Chaplain fait partie des très rares artisans à produire des châssis de roller dans le monde. Sa passion pour le roller l’a amené à créer la marque Diabolik, rapidement devenue une référence sur le marché du roller course.

Bonjour Didier Chaplain, comment en es-tu arrivé à faire des platines de roller et à créer Diabolik ?
En fait, à l’époque je roulais comme tout le monde en 5×80 mm. Quand le 84 mm est arrivé, je me suis amusé à me faire une platine qui n’était d’ailleurs pas terrible et un peu copiée sur une autre marque. Ensuite avec la venue du 100 mm, je me suis dit que ce serait cool de faire mon propre modèle. J’ai alors créé les 3×100 mm + 84 mm courte en pensant qu’avec ce type de roues, il fallait de la vélocité. Comme elles me paraissaient bien, je les ai faites essayer à Sébastien Henry. Depuis ce jour-là il n’a plus voulu me les rendre. Il m’a dit : « fabriques-t-en d’autres, celles-ci je les garde ! » Il arrive toujours à avoir ce qu’il veut (rires).
« La chose principale qui nous tient est la passion. »
Didier Chaplain
Qu’est ce qui fait que vos platines sont si plébiscitées dans le milieu de la vitesse ?
Je crois que la chose principale qui nous tient est la passion. Les platines sont conçues, essayées, fabriquées, vendues par des rouleurs et pour des rouleurs. On essaye de faire le mieux pour nous et après on en fait profiter les autres. Nos produits sont en constante évolution. On travaille sur de petites séries et on essaye d’optimiser les modèles en permanence. Chez nous, il n’y a rien de figé et il y a toujours quelque chose de nouveau chez Diabolik.
Bien sûr, je peux te parler de nos points forts : la rigidité, la maniabilité, la hauteur des modèles, la possibilité de décoration, mais je crois que la meilleure preuve que l’on veut faire le top est que l’on taille nos platines dans un bloc d’aluminium très dur.
Bien sûr ce n’est pas très lucratif puisque le bloc fait dans les 2,3 kg au départ pour finir à 200 grammes, ce qui fait que le prix à la sortie d’usine est entre 5 et 10 fois plus élevé qu’une platine classique en profil extrudé. Mais c’est la seule solution pour réaliser les modèles que l’on imagine.
Quelles sont les différences majeures avec les autres marques ?

Comme je te l’ai dit, nous travaillons nos châssis dans la masse, ce choix donne des inconvénients mais c’est aussi notre point fort. En effet, ce procédé permet une grande liberté dans la tenue d’un cahier des charges qui comprend la rigidité mais aussi la finesse, faire le plus rigide pour le plus léger est le premier critère que l’on prend en compte.
Comme nous ne sommes pas « coincés » par la forme d’un profilé non-modifiable, nous pouvons avoir des ponts qui descendent très bas et qui sont très fins (0,5 mm au plus fin). Ils permettent d’empêcher les roues de travailler en torsion et donc d’éviter un maximum de fautes de carres.
La dernière innovation que nous venons de mettre en œuvre sur les protos 3x84mm + 2x104mm est la réalisation de flasques d’épaisseurs non constantes qui permettent d’avoir un avant plus épais et donc très rigide et très directionnel, plus de finesse sur les roues du milieu. Enfin, bref, à chaque nouveau modèle et nouvelle série, nos modèles évoluent car nous avons toute liberté dans l’usinage.
Pouvez-vous nous présenter vos gammes ?

La première platine que j’ai créé est la 3×100 mm et 84 mm courte. C’est une petite platine « diabolikement » maniable et agile d’où son nom. Elle est surtout très peu dépensière en énergie, et s’avère idéale pour les courses en montée.
– La première fut la 5×90 mm dont l’avantage est qu’elle est la plus basse du marché. D’ailleurs, on vient de sortir l’évolution 2, légèrement modifiée. Elle est un tout petit peu plus légère mais juste quelques grammes de moins. On l’a déclinée de deux façons : une version « course » et une version « descente » plus épaisse et rigide.
Ensuite, est venue la 4×100 mm avec le début du concept de garde-boue en dessus de roues donnant une très grande rigidité.
La suivante : la « Kids », très compacte, très légère, plutôt prévue pour les enfants ou les très petits gabarits. Puis, arrive très prochainement une 3×104 + 88mm plus longue, sur laquelle on peut mettre tout type de chaussures, entraxe 195 ou 165 au choix.
Nous sommes également en train de tester en ce moment la 3×104 mm + 2×84 mm (pour laquelle on trouvera un autre nom) qui procure de très bonnes sensations de glisse.
Enfin, il ne faut pas oublier la 4×110 mm sur laquelle on peut mettre 5 roues de 84mm, donc le « top » de la polyvalence.
Voilà, je crois que j’ai fait le tour, nous proposons donc 7 modèles, une gamme bien complète pour tout type de rouleurs.
La marque Diabolik peut-elle produire davantage de platines ? Quelles sont vos activités annexes ?

A la base, nous sommes à la base des outilleurs. Enfin, je dis « nous », mais nous ne sommes que deux personnes dans l’entreprise (sans oublier le webmaster Anthony Gehin que l’on paie en Prince de Lu ! (rires) et ma femme qui fait secrétaire mais je ne vous dis pas « comment » je la paie … (rires).
Nous travaillons sur tous types de pièces mécaniques, outillages, moules, pièces complexes et en ce qui concerne les platines, ce n’est qu’une activité annexe arrivée en même temps que ma passion.
Nous ne passons pas par des réseaux de distribution surtout à cause du coût d’usinage des pièces, donc la promotion reste très limitée. C’est en partie la qualité de nos produits et le bouche à oreilles qui fait partie de notre développement. Nous préférons faire du haut de gamme sur un plus petit nombre. On n’a pas comme but premier d’inonder la planète mais seulement de faire plaisir aux rouleurs.
Didier Chaplain, comment en es-tu arrivé à travailler avec Philippe Renard ?
Au départ, c’est Sébastien Henry qui nous a mis en relation l’un et l’autre. On a fait connaissance, sympathisé, puis Philippe Renard est venu me rendre visite. Nous avons regardé nos « produits » respectifs et Philippe a tout de suite été d’accord pour jouer le jeu en ce qui concerne le fait de ne pas prendre de trop grosses marges au départ sur les platines en vue de proposer un produit abordable pour ces clients. On s’est vite rendu compte que la philosophie de nos deux productions était proche et donc qu’on allait pouvoir être de plus en plus complémentaire. Voilà comment au fil du temps Philippe a obtenu l’exclusivité de la vente des platines Diabolik, hormis moi bien sûr. En fait, je crois que notre mentalité et notre conception du commerce est la même et c’est pour ça que nous nous entendons très bien.
Merci Didier, bonne continuation !
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Photos : Diabolik
simon
23 mars 2013 at 14 h 10 min