Entretien avec Karine Urvoy-Malle, vainqueure des 24 Heures du Mans Roller 2018 en solitaire

A presque 50 ans, Karine a le sport chevillé au corps : vélo, course à pied, natation, roller... elle combine chacun d'entre eux pour atteindre son objectif de l'année : une premiÚre place aux 24 Heures Roller. Rencontre...

Par alfathor

Entretien avec Karine Urvoy-Malle, vainqueure des 24 Heures du Mans Roller 2018 en solitaire

Interview de Karine Urvoy-Malle

Bonjour Karine, peux-tu nous parler de ta préparation pour les 24 Heures solo ?

En fait, je ne fais du roller que quelques mois dans l’année. Le reste du temps, je pratique d’autres disciplines. Cela me permet de ne pas être saturée. J’ai toujours cette envie du fait que c’est tout neuf. Comme on court un peu tout seul, c’est différent. Et cela fait 3 ans que je gagne les 24 Heures.

« Je ne me bats pas contre une concurrence, je me bats surtout contre moi-même. »

Tu pratiques donc plusieurs sports durant toute l’année…

Oui, depuis 2016 que je suis arrivé à Montpellier, je multiplie les sports : vélo, course à pied, natation… Je fais du roller 5 à 6 mois dans l’année d’avril à septembre.
Cette année, j’ai commencé le roller plus tôt parce qu’il y avait un marathon en Espagne au mois de mars. Durant l’hiver, j’ai surtout fait du VTT et du vélo de route. Comme on est dans une région où il fait bon, on peut s’entraîner à partir de janvier. En Haute-Savoie, on faisait du ski.

J’ai fait aussi une excellente saison de cross-country cette année. Je me suis qualifiée pour le Championnat de France en équipe. Ensuite, je suis passé directement aux courses longues avec le Championnat de France de Marathon à Albi (81). J’ai un peu raté mon chrono pour des questions de technique : je montais trop les jambes, j’ai eu mal à l’aine. Avec l’expérience, ça devrait s’améliorer.

Entrainement vélo pour Karine Malle Urvoy

« A 50 ans, on est toujours en quête d’expérience. »

J’ai enchaîné avec l’entraînement vélo à la montagne, pour grimper la Dunlop. Le Mans est un toujours un objectif, mais je me fixe des objectifs dans chaque sport. Le Mans, c’est mon tour de France, j’ai une préparation bien spécifique.

Revenons sur ta performance sur le Bugatti cette année…

Je ne suis pas super contente de ma prestation, je n’ai fait que 19 heures de course. Je n’avais pas de staff, il a fallu gérer ma nourriture. Je n’ai pas eu de ravito. Quelques personnes m’ont aidé un peu. J’ai été seule quasiment du début à la fin, ça a été dur. Après 12 heures de course, j’étais plus ou moins dans les temps et j’avais 47 tours d’avance sur la seconde.

Comment se fait-il que tu n’aies pas eu de staff ?

Deux jours avant de partir aux 24H du Mans, j’ai eu un désistement de mon staff. Si on veut faire un temps, c’est presque essentiel. J’ai quand même décidé d’y aller seule. Je suis revenue seule aussi, ça a été dur. bref, les paramètres n’étaient pas réunis pour faire une perf’.

Raconte-nous ta course sur ces 24 Heures…

J’ai oublié mes chevillières, j’ai eu des soucis de malléoles. J’étais un peu moins bien au départ, sans doute ai-je fait un peu trop de vélo. Je n’ai pas bombé au départ, j’ai préféré attendre que les garçons me rattrapent. J’ai roulé souvent avec Igor, Simon, Patrick, Claude. J’ai subi un peu la course des hommes. Je me suis économisée. C’est une épreuve qui se gagne avant tout dans la tête. Je les ai suivis pendant 6 heures et j’ai dû m’arrêter pour ravitailler. Il a fallu que je trouve un solo pour m’aider. Alexandre Marie m’a aidé. Il m’a enlevé une épine du pied. J’ai presque roulé tout le temps avec Simon Gérard.

Dans les autres 24 Heures, j’avais la concurrence des autres filles, là je n’avais pas de challenge, c’était hyper dur. Je voulais un record mais je ne pouvais pas, il faisait trop chaud. J’ai cogité. J’ai continué avec deux parisiens que j’ai rencontrés, on a fait la causette pendant 8 heures. c’était vraiment sympa : Armindo Solo et Fancko Solo. Ils font ça depuis une dizaine d’année. Pour enlever mon mal de pied, on a discuté tout le temps. On s’est mutuellement poussés à continuer. Au bout de 19 heures, je me suis arrêtée 3 ou 4 heures. Au total, j’ai fait 5 à 6 heures d’arrêt.

Karine Malle Urvoy sur le circuit Bugatti

Pourquoi y a-t-il eu moins de concurrence cette année ?

Je n’en ai aucune idée. Déjà beaucoup de celles qui ont goûté en solo se sont mises en équipe, ça reste une course difficile les 24 Heures. Mon défi personnel serait de remporter 7 fois Le Mans, à l’image des coureurs du Tour de France.

Tu te revois donc partir l’année prochaine ?

Oui, sans souci ! J’améliorerai ma technique de patinage. Je n’étais pas fatiguée, je n’avais pas de courbatures. La semaine suivante, je suis partie pour 5h20 en vélo avec 2000 m de dénivelé. J’étais bien mais je sentais que je n’étais pas à mon top avec du reste d’acide lactique. Je ne suis pas partie vite pour drainer tout ça. Contrairement à beaucoup de solo, je ne pars pas chaussée. Je démarre en chaussette, dans la tradition de l’épreuve.

Quel est le record à battre ?

Il me semble que c’est celui de Hilde, dans les 565 km. Par contre, je ne sais pas comment elle avait fait. Je lui ai mis systématiquement un marathon dans la vue à chaque fois qu’on a courues ensemble. Elle avait sans doute de l’aide pour le drafting.

Tu es aussi engagée aux 24 Heures roller de Calafat ?

Oui, j’espère qu’elle y sera, j’aime la concurrence ! Il n’y a pas grand monde. C’est un circuit hyper roulant mais la chaleur est redoutable. Il y a aussi le vent. Il faut rouler avec deux ou trois solos ou duos.

Comment fais-tu pour récupérer ?

J’ai une alimentation saine. Pas trop de viande. La pratique régulière du sport aide aussi.

Quel volume de sport fais-tu par semaine ?

  • Lundi : natation
  • Mardi : course à pied
  • Mercredi : natation et roller
  • Jeudi : roller
  • Vendredi : récupération
  • Samedi matin : course à pied
  • Dimanche : vélo

Je vais environ 10 à 12 heures de sport par semaine. C’est bien de varier, ça évite de s’abimer. Je ne fais jamais tout le temps la même chose, je diversifie.

Cette année, l’objectif c’était aussi la X-Race Aventure, dans le mont Ventoux. Cette course a pour but de franchir le Mont Ventoux en 4 disciplines. Chacun peu faire dans son sport ou enchaîner les 4 tout seul : roller, course à pied, VTT et vélo de course. L’organisation a pour but d’inciter les gens du haut-niveau à venir à ces courses. Cet été, j’ai fait une équipe qui s’appelle la KKISS (avec 2 Karine, Sonia et Stéphanie).

Tu as un passé sportif assez conséquent ?

Quand tu es jeune, tu fais ton sport de prédilection. J’ai fait les Jeux Mondiaux en roller et les Championnats du Monde. C’était de 1986 à 1991. J’étais en équipe de france de roller avec Sylvie Gravouille, Sandrine Perron, Caroline Lagrée, Anne-Françoise Lefeuvre.
Entre 1992 et aujourd’hui, j’ai arrêté pour raisons professionnelles. J’ai entraîné de 1992 à 1994 à Saint-Brieuc et Lamballe. Quand tu sors du milieu et que tu entraînes des athlètes, ils ont confiance en toi.

Tu étais engagée sur quelles distances ?

Je faisais plutôt du demi-fond et du fond. Je faisais des courses à éliminations avec de la tactique. J’ai dû faire 4ème lors d’un championnat du Monde mais nous étions souvent esseulées. Cela devait être en 1988 et 1991. C’était sur des courses à éliminations. Les italiennes étaient vraiment fortes à 3, je terminais souvent 4ème toute seule. C’est comme la Colombie aujourd’hui.

Comment avais tu découvert le patin ?

En 1977, c’était une activité qu’il y avait pas loin de chez moi. Je m’y suis mise comme ça. c’était soit course à pied, soit roller. J’ai dû faire quelques séances d’artistique et d’acrobaties, mais j’étais intéressée par la course. J’ai souvenir de Vincent Morvan, Franck Cardin, Pascal Briand

J’ai mis du temps à revenir, j’ai redémarré en 2011. Je m’étais arrêtée en 1991. 

Quelle est ta profession ?

J’effectue des missions en grande surface.

Quels sont tes objectifs pour le reste de la saison ?

La saison est encore longue jusq’au championnat du monde en septembre sur marathon en Suisse à Engadin. 3ème gros Objectif : le Natur’Man du Verdon en triathlon début octobre. Voilà, les défis s’enchaînent à l’aube de mes 50 ans !

Karine Malle Urvoy sur le podium des 24H du Mans Roller 2018

Des remerciements ?

J’ai été soutenue par MG Custom (Alan). Il m’a fait des chaussures. Ce sont des chaussons, il faut juste qu’on affine sur les malléoles. Merci à l’Equipe de Christophe Audoire et Nathalie Barbotin. Merci à Bruno, du club du Mauguio Carnon Triathlon, partenaire de vélo. Merci aux digirants de Good Year sur le circuit où je me suis entraînée, à côté de Mireval. J’y faisais de meilleurs temps que les années précédentes, de l’ordre de 3 minutes sur un semi-marathon et 2 minutes sur un marathon (je passe en 1h09). Merci à mes 3 filles et à mon époux qui me laissent revivre ma passion de jeunesse ! J’ai eu des barres Baouw organic nutrition. Je tourne à l’année avec eux, les barres de toutes les aventures, Made In France.

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Auteur
Alexandre Chartier 'alfathor'

Bonjour à tous, je suis Alexandre Chartier, fondateur et webmaster de rollerenligne.com. Le site a vu le jour officiellement le 11 décembre 2003 mais l'idée germait déjà depuis 2001 avec infosroller.free.fr. Le modeste projet d'étude est devenu un site associatif qui mobilise une belle équipe de bénévoles. Passionné de roller en général, tant en patin traditionnel qu'en roller en ligne, j'étudie le patinage à roulettes sous toutes ses formes et tous ses aspects : histoire, économie, sociologie, évolution technologique... Aspirine et/ou café recommandés si vous abordez l'un de ces sujets !

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