Claudia-inline ou les raids roller au féminin
Les passionnés de longue distance parmi vous connaissent Claudia. Vous l'avez peut-être déjà croisé sur une randonnée longue distance ou un raid, peut-être aussi sur une FIC ou un événement de 6 Heures. Rencontre avec Claudia et sa conception des raids roller au féminin...
Par alfathor

Bonjour Claudia, Peux-tu te présenter ?
Je m’appelle Claudia D. Je suis une inconditionnelle des raids longues distances.
Toute gamine jusqu’à mon adolescence, je faisais déjà du patin à roulettes à lanières et du patin à glace. Puis, pendant quelques années, j’ai pratiqué le moto-cross.
j’ai rechaussé les patins à la trentaine, d’abord en quad puis en version à roues alignées. Avoir la condition physique et la conserver m’aide dans ma vie de tous les jours et dans ma vie professionnelle, notamment en tant qu’animatrice de cours de gym dans la capitale. Mon second métier est le conseil en image, une activité que je souhaite développer plus significativement cette année, et plus particulièrement, auprès des personnes qui ont vu leur image se déprécier en raison de la maladie ou des traitements médicaux et/ou chirurgicaux.
Quelles sont tes expériences en roller ?
Le roller tient une place importante dans ma vie de tous les jours, il représente un véritable moyen de locomotion à Paris, complémentaire avec les transports en commun, certains soirs et le week-end, un bon exutoire, un « défouloir ».
Mes débuts en roller vitesse : En 2000, j’ai participé à la première édition des 24 heures du Mans, équipe 92, les « Taiau » et je me souviens encore de cette descente sous la pluie battante une bonne partie du week-end (qui a été modifiée quelques années après ). La prise de vitesse était plus importante qu’aujourd’hui.
Une course mémorable pour moi, la FIC au Goëlo (pour le profil du circuit, très roulant, physique et technique et les paysages que l’on a le temps de découvrir après la course). Puis des courses régionales comme le grand prix de Bourgogne, avec entre autres Gevrey Chambertin, des bons crus.
Et depuis le début, les sorties hebdomadaires Paris intra-muros ou à l’extérieur de Paris ont ponctué mes quelques dix années d’expériences en endurance. Par tous les temps – flash back sur le Téléthon 2007 – Orléans Paris qui était bien arrosé. Je trouve maintenant mon compte en participant à des raids longues distances en France et à l’étranger. Quelques voyages avec Planet Roller et Claire ( Cuba, Saint-Martin, le Yemen, Marathon de Marrakech ) et dernièrement le Skate Raid 2010 sont d’excellents souvenirs.
Pendant toutes ces années, comment as-tu évolué vers le roller randonnée ?
Sur Paris, à travers toutes les sorties proposées par des mordus du bitume (entre 40km et 135 km), notamment avec le PUC (Caroline Jean, Alain Decayeux, pour ne citer qu’eux), et Planet Roller (Christine).
Puis entre copains, en se servant déjà des parcours existants.
Exemples de destinations déjà parcourues de manière progressive (de moyennes à longues distances) :
- Paris – Torcy : 45 km
- Paris – Rambouillet : 70km
- Paris – Evreux : 109 km
- Paris – Orléans : 135 km
- Paris – Dieppe : 198 km
- Paris-Le Crotoy 198 km
Un repérage en voiture au préalable reste cependant indispensable.
Pour les longues distances, le groupe est assisté par un véhicule.
Le retour à Paris se fait en transport ferroviaire à défaut en voiture.
Partout en France, et à l’étranger, les raids longues distances attirent de plus en plus de patineurs, pour diverses raisons (partir à l’aventure, la liberté, avaler des kilomètres en dehors des villes, dépassement personnel sans compétition, soif des grands espaces, en pleine nature…)
L’émergence des voies vertes, des pistes cyclables, d’un matériel plus adapté, d’un meilleur niveau de patinage notamment, contribuent à leur développement.
Pour arriver à faire ces sorties, quel est ton secret ?
Sans aucun doute, de l’entraînement. 1 à 2 soirs par semaine y compris l’hiver. Avec un groupe de copains, nous faisons Paris intra-muros ou à l’extérieur (en fonction du temps) une boucle de 40km en 2 heures avec du dénivelé.
Puis, le dimanche matin, nous organisons une sortie de moyenne à longue distance en fonction de notre forme physique, de notre entraînement, de la météo….
Le duo des 24 heures du Mans 2008, peux-tu nous raconter cette expérience ?
Une très belle expérience physique et humaine, à chaque fois ! Pendant 3 années de suite : 2008 et 2009 en duo féminin avec Romy et 2010 en duo mixte.
Dommage qu’en 2008 et 2009 il n’existait pas encore de classement duo féminin et encore moins de podium ! Nous avons été classées parmi les duos masculins.
En dehors de la belle aventure humaine, une épreuve comme le Duo des 24 h représente un terrain d’entraînement, une piste en boucle pour répéter la technique et être prête pour les raids.
Comment as-tu intégré le Raid 1000 km – l’ultra Skate Raid 2010 ?
Après les 24 Heures, j’ai passé la seconde en participant au Skate Raid Freibourg – Besançon (250 km sur deux jours).
Première édition pour moi où j’ai retrouvé un ami , Bernd que j’avais déjà rencontré dans un précédent Raid.
L’équipe franco-allemande était bien rodée, et les échanges tout au long des 250 km ont été ponctués de plaisanteries. Il régnait une bonne humeur et au bout du deuxième jour, quand nous sommes arrivés dans la capitale comtoise, Micha le coach de Speed Team Freibourg, m’a invitée à partager une toute nouvelle sortie : le Skate Raid ultra soit 1000 km en 8 jours sans interruption.
En route pour de nouvelles aventures… Je n ‘étais pas au bout de mes surprises !
Quel matériel utilise-tu ?
Des M100, chaussons confortables pour la longue distance. Je peux être amenée à utiliser mes carbones pour les courtes distances ou pour l’ascension de certains cols comme en 2009 dans les Alpes, carbones que j’ai spécialement équipés en roues de 5 x 80 mm, pour plus de légèreté et maniabilité.
Ensuite les protections classiques, casques, mitaines renforcées, genouillères légères antiabrasion et lunettes.
Au niveau de l’itinéraire, comment l’ultra Raid a-t-il été planifié ?
Micha avait tout repéré dans les détails. De multiples reconnaissances entre septembre 2009 et l’été 2010 à travers l’Allemagne, la Suisse et la France et ses relevés GPS étaient la garantie que l’ultra Raid se déroule sans soucis. Tous les itinéraires passaient par des paysages magnifiques, hors des sentiers battus, en contact permanent avec la nature.
Cela été un réel plaisir d’arpenter les vallons, découvrir des lieux touristiques, des cascades, des ponts en bois, des villages typiques et des champs à perte de vue.
Nous dormions dans des chambres d’hôte, des MJC, dans des lieux insolites ( dans une ferme, un grand dortoir, des couchages aménagés dans la paille ).
Le côté carré des allemands est légendaire, les timings et l’évaluation des distances étaient corrects. Nous avons terminé quelques fois au crépuscule, et là tout se métamorphose, on rentre dans d’autres dimensions dès que le soleil se couche. Les ombres, les bruits… l’inconnu parfois.
Le tracé en Allemagne et en Suisse a été une succession de voies vertes, de petit canaux le long des ruisseaux, toujours bien entretenues, et propres comme si les agents de la voirie étaient passés avant notre arrivée.
Comment intégrer un groupe multilingue et faire sa place sur 1000 km ?
Le groupe était constitué d’un français, un belge Dirk maîtrisant la langue française, et des allemands (dont une femme Sue) avec qui j’ai pu converser en allemand ou en anglais. Je suis en contact assez régulièrement avec eux depuis notre retour. Depuis, nous nous sommes rencontrés en Allemagne et en France notamment à l’occasion de
- « Rhine on skate » à Rüdesheim : 1 boucle de 135 km en roller, le long du Rhin, 1 fois par an (fin août généralement), magnifique, très sympa, bien organisé.
- « Elsass Kanal Tour » : 105 km de voies vertes entre Strasbourg – Saverne – Molsheim
Les régions Est de la France sont plutôt bien dotées en tracés pour les raids.
Avais-tu déjà enchaîné 8 jours de roller non stop ?
Non, et cela constituait l’enjeu du moment, un nouveau défi.
Je me souviens de la journée où nous sommes redescendus de Metabief. Une journée spéciale descente, un peu de pluie, gratton, pistes en terre…
Nous avons traversé le Haut Doubs, des bois avec du dénivelé, entourés de champs, de superbes paysages.
Heureusement que le temps était au beau fixe, la majeure partie du raid, nous en avons profité plus pleinement.
La seule journée vraiment pluvieuse, a été celle de notre retour vers Freibourg, une bonne centaine de km sous la pluie.
L’enchaînement des étapes reposait sur un subtil équilibre entre un bon sommeil réparateur, une alimentation reconstituante, une ambiance énergisante, on a beaucoup ri, de vrais moments de complicité dans le groupe.
Finalement le rythme des journées était-il adapté ?
Nous étions tous en mode « vacances » et pas de chrono pour nous speeder, pas de starter ni d’arrivée avec bonus pour le premier arrivé.
Nous faisions des micro pauses, notamment pour nous ravitailler en boisson, déchausser, nous rafraîchir à l’ombre ou près d’une fontaine (10 min), et une pause un peu plus longue pour nous restaurer un peu.
Sur l’ensemble des 1.000 Km nous avons tenu une moyenne de 25 km à l’heure jusqu’à l’arrivée à Freibourg.
Même le dernier jour, sous la pluie battante, nous n’avons pas relâché la cadence. Le moteur principal : la cohésion du groupe, la technique en peloton, la prise de relais réguliers, la belle énergie.
As-tu trouvé la force de repartir en balade après cette épreuve, patiner vers d’autres raids ?
Oui, mais avec un peu moins d’entrain. Je suis revenue en forme physique et psychique de ce raid, voire même régénérée, là n’est pas la question.
J’avais surtout perdu mes points de repère. Le fait de s’échapper complètement de la réalité, après tant d’intensité physique, au sein d’un groupe en parfaite harmonie, de vivre une belle aventure humaine.
Les séparations ont été pleines d’émotion. J’ai ressenti comme un gros vide à mon retour à Paris. On se raccroche aux histoires, aux fous rires, aux photos prises pendant les montées, les descentes parfois interminables et tellement grisantes, dans la campagne, en ville.
Ta recette pour toujours et encore être surprise et repartir ?
Me lancer d’autres défis, ne pas rester sur ma fin et faim découvrir de nouvelles destinations, nouvelles vibrations, vivre d’autres et aussi belles aventures humaines. Tout cela représente autant de motivations.
Ta recette pour réussir à accomplir de tel défis ?
C’est une histoire d’équilibre entre un entraînement progressif, des 50-70 km, puis des 100-110 km, puis des 6 heures en solo en boucles et enfin les raids. L’idée c’est de ne pas griller les étapes, rester vigilant et écouter son corps pour les phases de repos. Ne surtout pas négliger la technique de patinage aussi efficace que possible et garder en tête que le roller est un sport où tu peux t’entraîner tout seul et réussir de grande chose à plusieurs, cela me paraît plus existant.
As tu de nouveaux projets en tête cette année ?
Oui, en Avril prochain le canal du midi (Toulouse Bordeaux) puis en juin, je fais le Roll’X Raid (4 x 100 km), une toute nouvelle édition qui traverse l’Est de la France. J’ai déjà hâte d’y être pour pouvoir retrouver des amis et rencontrer de nouvelles personnes.
J’envisage également le raid proposé en Finlande en juillet 2011 et je renouvelle ma participation à l’utra skate raid en août 2011, si celui-ci a bien lieu.
Liens utiles
www.speedteam-freiburg.de
Site de l’Alliance Glisse Franche-Comté
Photos : Claudia et Vincent Buin
Daniel
23 février 2011 at 9 h 51 minchrys
23 février 2011 at 9 h 48 min