Championnat du monde roller course 2011 à Yeosu (Corée du Sud) : la délégation indienne
Après un tour d’Europe au sein des délégations peu habituées aux médailles réalisé à l’occasion des championnats d’Europe 2011 aux Pays-Bas, plongeons-nous cette fois-ci au cœur des délégations des continents voisins ! Paré pour un voyage autour du monde, réalisé à travers plusieurs tours de pistes, ici à Yeosu, au Sud de la Corée du Sud ? On commence avec l'Inde !
Par alfathor

1ère étape au pays de Gandhi, bienvenue au sein de la délégation Indienne
La délégation indienne est composée de 13 patineurs parmi lesquels figurent 8 juniors (dont 3 femmes) et 5 seniors, 2 coaches, 1 juge et 4 officiels représentant la fédération indienne. Il n’y a ni médecin, ni kinésithérapeute.
La plupart des coureurs vont encore à l’école et aucun d’entre eux ne vit du roller. Toutefois, selon la province dans laquelle ils résident, le gouvernement local (et non national) leurs verse parfois des subventions qui s’ajoutent occasionnellement au soutien financier de certaines entreprises. Les athlètes ne sont donc pas tous logés à la même enseigne !
Mais cela n’est pas étonnant, le roller étant, une fois n’est pas coutume, loin d’être un sport national. En effet, si le sport le plus populaire en Inde est le cricket, le hockey sur gazon n’en est pas moins le véritable sport national. Le roller reste donc un sport de l’ombre dans ce pays qui compte près d’1,2 milliard d’habitants soit plus de deux fois le nombre total de citoyens européens (dans l’UE à 27). Les 500 clubs de roller du pays (nombre qui peut impressionner au premier abord) représentent donc probablement un nombre infime de clubs en comparaison avec les autres sports du pays.
Les équipements à disposition en Inde
Au total, huit pistes de roller sont parsemées dans le pays et les deux premiers anneaux recouverts du revêtement Vesmaco (cf. piste de Rennes notamment) sont en projet. S’il n’existe pas véritablement de circuit routier dédié au roller, l’un des entraineurs nous explique que « cela n’est pas bien grave, puisque les patineurs s’entrainent très tôt le matin sur des voies expresses (!!!) » avant de préciser observant nos yeux effarés que « bien sûr, il y a une voiture balai pour protéger les coureurs des autres véhicules ». OUF ! Nous voilà (presque) rassurés ! Parfois, le gouvernement local peut donner son accord et fermer quelques routes pour permettre aux patineurs de s’entrainer en toute sécurité cette fois-ci. Il existe en fait une dizaine de gros clubs de roller éparpillés au sein des différentes provinces du pays. Elles accueillent et forment de très nombreux jeunes enfants, non seulement sur les rollers en ligne, mais peut-être surtout en quads !
Avis aux nostalgiques des quads !
Alors avis aux nostalgiques des quads ! Tenez-vous bien, tous les ans ont lieu en Inde les championnats nationaux de patinage de vitesse (ce qui n’a rien de spécial pour le moment). Sauf que la spécialité justement réside dans l’organisation de ces championnats qui se divisent en deux parties :
– 1ère partie : championnats de rollers en ligne. Les distances courues sont quasiment identiques aux distances courues en France, sur la piste comme sur la route ! 500 patineurs y participent chaque année.
– 2ème partie : championnats en quads ! Les distances parcourues sont les 300 m, 500 m et 1000 m sur route. 700 patineurs y participent chaque année, soit plus que pour le roller en ligne !
En réalité, l’Inde n’a jamais cessé d’organiser des championnats en quads depuis l’arrivée des rollers en ligne et l’utilisation des quads est restée très courante et très populaire dans le pays. Si la fédération indienne a maintenu ces épreuves, c’est pour ces raisons en particulier : « cela permet d’augmenter les effectifs de patineurs, de poursuivre le développement de notre sport, et ce sont les quads qui y contribuent le plus » poursuit l’entraineur indien.
En ce qui concerne ces championnats d’Inde, il en existe en fait deux, et cela se justifie probablement par l’immensité du pays et mérite quelques explications. Le premier championnat est celui dont nous venons de parler et qui est appelé le « championnat national ». Ce dernier se tient annuellement à la fin du mois de décembre ou au début du mois de janvier. Seuls les meilleurs athlètes des 27 provinces sont sélectionnés pour cet évènement. Quant au second, il est appelé le « Warrior Tournament », existe depuis seulement quelques années et se déroule au mois de mai. Tous les Indiens peuvent y participer. Dans la mesure où l’évènement rencontre un très vif succès, ses organisateurs songent d’ores et déjà à le rendre international ! Affaire à suivre pour les amateurs de voyage et d’aventure…
Retour sur Yeosu et les championnats du monde
Pour décrocher leur sélection et courir à Yeosu, les patineurs indiens ont dû répondre à certains critères de sélections : être médaillé aux Championnats nationaux et/ou avoir participé aux « Asian Games » ou aux championnats du monde de l’année précédente.
Une fois leur sélection en poche, les coureurs se sont préparés de façon intensive notamment à travers deux stages « Equipe d’Inde » de deux semaines chacun à Vishakhpatnam en juin et à Ahmedabad en août juste avant de se rendre au Pays du Matin calme.
Pour ce déplacement de treize jours (ils sont arrivés le 26 août, soit quatre jours avant le début du championnat), les frais sont à la charge des patineurs et de leur famille, mais également de l’encadrement ! Toutefois, la plupart d’entre eux reçoivent des aides a posteriori de leur gouvernement local (et non national). Le gouvernement national ne verse des subventions qu’aux athlètes médaillés… Le coach a tenu à préciser que « les patineurs sont issus de tous les types de familles, même des moins favorisées. Les jeunes qui ont le moins de moyens bénéficient souvent d’une forme de parrainage de la part de certaines entreprises, ce qui leur permet de venir participer à des grands championnats comme les championnats du monde ».
Les objectifs de la sélection sont les suivants : « il faut être le plus compétitif possible » s’exclame l’un des coachs, avant d’ajouter que « pour les 300M, l’idéal aurait été de tomber sous les 26’’, un 25’’999 aurait été formidable. Notre coureur n’a pas fait si bien avec un temps de 26’’35, mais tout de même, ce n’est pas si mal. Nous progressons dans le domaine chaque année, et c’est cela qui est important. » Plus généralement, le but est de rentrer dans le top 20. Une jeune Junior a d’ailleurs rempli son contrat lors de sa première course de fond en allant chercher une 18ème place qui fait le bonheur et la fierté de ses entraineurs.
Concernant leurs adversaires, les Indiens se focalisent sur les pays d’Asie et en particulier sur le Japon, l’Indonésie, l’Iran, ou encore de la Chine. Inutile de parler de la Corée du Sud ou de la Chine Taipei, « ceux-là sont inatteignables » ! « Nous voudrions devenir le 3ème pays d’Asie, c’est ça notre objectif à court et à moyen termes ! » conclue finalement l’entraineur qui ajoute ci-dessous, une petite note personnelle écrite de sa plume d’Indien, et destinée aux lecteurs de Rollerenligne :
« India is getting into the world scenario and within 3 years, we are targetting the top 10 position at world level. We would love to come to France and train with Arnaud Gicquel [Who he skated against, at the last championship in 1993 during which quad skates were used]. He was, and still remains in everybody’s mind, a great champion and person. And whenever there is any international event, please, do invite us!”
Ramul Rana
Coach of the Indian team
Traduction : “ L’inde prend place sur la scène mondiale et espère atteindre d’ici trois ans le Top 10 au niveau mondial. Nous adorerions venir en France et nous entrainer avec Arnaud Gicquel [contre lequel il a couru à l’occasion des derniers championnats du monde en quads en 1993]. Il était et reste dans l’esprit de tous, un grand champion et un grand homme. Si vous organisez une compétition internationale, s’il vous plaît, invitez-nous ! »
Ramul Rana
Entraineur de l’équipe d’Inde
2ème étape au Pakistan !
Liens utiles
Voir notre page du championnat du monde roller course 2011 à Yeosu (Corée du Sud)
Photos : Léa Réguer Petit, LHDQ
go
2 septembre 2011 at 22 h 43 min