De Paris à Orléans avec Goyan Romano
Goyan est un habitué des longues distances, que ce soit en France ou ailleurs. Les raids entre Paris et Orléans sont presque une routine. Cette fois-ci, Goyan s'était fixé pour objectif de rejoindre Tours soit 250 km dans la journée mais il a du composer avec les aléas du voyage...
Par alfathor

Récit par Goyan…
A chaque fois que je prends le train pour rentrer sur Paris depuis Orléans, je me demande bien quel fada as bien pu construire cet « aérotrain » en pleine campagne pour qu’au final, il ne soit pas utilisé. [NDLR: Jean Bertin, père de l’Aérotrain]. Pfff, que de béton, on pourrait en faire des pistes avec tout cela !
Etant donné la couleur sportive du week-end, j’ai décidé vendredi soir, de me lancer un petit défi, rejoindre les puscistes à Tours depuis Paris. Projet ô combien réalisable, mais faut il encore que « quelques » éléments abondent dans le bon sens.
Les raids restent une de mes variantes favorites du roller de vitesse. La liberté, l’autonomie, la performance personnelle, la consécration lorsqu’on arrive … cela ne ressemble en rien aux autres disciplines cousines dans le roller.
A peine ai-je donc décidé de rouler dimanche qu’il me faut un minimum de préparation. C’est donc samedi soir vers minuit que je décide quoi mettre dans mes affaires.
- Règle numéro une : partir léger.
- Règle numéro deux : se renseigner sur la météo.
- Et enfin la règle la plus importante : par où vais-je donc passer ?
Le charme de ce type de journée, c’est que malgré les nombreuses randos déjà faites, on peut être sur que chaque balade sera différente en terme de parcours, à peu de choses près. Cela faisait donc très longtemps que je ne m’étais pas aventuré en dehors de la capitale, mais après avoir constater que la pluie prévue n’était pas arrivée par chez nous, j’ai cru en ma bonne étoile et confiant j’ai décidé de régler mon réveil à 4h45 du matin.
Préparatifs
Paris – Tours : 250 km environ. Divisé par 20km/h = 12h30. Fastoche la conversion. Mais seulement, mon calcul pour partir aux aurores n’était pas bon. De toute les façons, 250 km, c’est du très gros morceau, ça sera pour une prochaine.
C’est peu préparé mais confiant que je m’engage dans ce projet. J’ai envie de jauger mon état de forme, mais aussi mes connaissances pour me diriger et perdre le moins de temps possible. Car le principal ennemi lors de ces aventures, c’est de se perdre.
Je prends donc deux sacs. Un petit sac à dos, avec :
- tong
- 2 bouteilles d’eau de 50 cl chacune
- papiers
- carte bancaire
- argent
- caméra
- téléphone portable
- les indispensables clefs à laine et à étoile.
Un autre sac (c’est la saison qui veut ça, car d’habitude je n’en prends pas) contenant :
- un bonnet
- un coupe-vent de rechange
- un tee-shirt de rechange
- une demi polaire de rechange.
Côté nourriture, j’ai mangé pâtes et riz la veille en abondance, je ne devrais pas manquer. Je prends deux barres de céréales, ainsi qu’un lot de 5 biscuits diététiques. Je trouverai bien de quoi me ravitailler dans un petit village d’île-de-France …
Enfin pour compléter mon attirail, j’emmène deux cartes routières, compagnon INDISPENSABLE à toute aventure lointaine. J’affectionne particulièrement les cartes, car ce sont de vraies mines d’informations, malgré la technologie grandissante, il y a un petit côté « humain » là dedans qui n’est pas négligeable.
Mise en route
05h30 : porte de Vitry. Après avoir avalé deux pains au chocolat, resserré mes patins, croisé un jeune fêtard bourré mais jovial, je m’en vais vers le sud. La route pour commencer est simple et très belle : faux plat descendant, couloir de bus dédié central, je m’amuse à croiser des habitants alentours qui marchent ou errent en fin de nuit.
Les conditions sont parfaites, un peu frais peut-être, j’ai donc mis le zip en bas et la polaire en haut pour être sur de ne pas attraper froid. Le parcours doit me conduire vers Ablon-sur-Seine et Villeneuve-le-Roi. Les premiers rayons de soleil viennent à ma rencontre. Les quais de seine sont superbes, un bitume excellent, faux plat descendant et pas une voiture. Arrivé à Grigny, je dois piquer vers le sud-ouest, ce qui me vaut quelques montées et passages par la N7, heureusement peu fréquentées à cette heure-ci.
J’ai assez bien choisi mon parcours, car, dans ce type de sortie, il faut se faire plaisir avant tout. Rouler avec des voitures qui te double à fond tous le temps, c’est nul. Là, pour le coup, je suis vraiment content de mes choix. Merci les cartes qui m’ont permis de lire la route aisément.
Une constatation importante est faite très tôt : le vent me pousse. Déjà à 04h30, j’avais remarqué que le vent soufflait dans une direction inhabituelle. Dans ces cas, on a vraiment l’impression d’être porté, je décide donc d’en profiter ; et refaisant mes calculs pour jauger de la faisabilité de rejoindre Tours dans la journée, je commençe à me dire que cela peut le faire.
Sortie de zone urbaine
C’est à hauteur de Boudoufle que la vraie campagne et la vraie route s’offrent à moi. Le plus « chiant » est de quitter Paris et sa petite couronne. Beaucoup de voitures, zone urbaine dense … Une fois passée cette barrière, les espaces sont là, les couleurs aussi, vert, jaune, bleu. Les oiseaux sifflent de partout et on a l’impression d’avoir traversé la France entière (l’Ile-de-France est tout de même sacrément jolie).
Hormis mes deux sacs, j’ai à ma main une bouteille d’eau d’1.5 litres. C’est pesant à porter, mais indispensable pour la réussite d’une telle sortie. Je bois donc à petite gorgée, afin de compenser la transpiration et la perte des sels minéraux. Ce n’est qu’au bout de deux belles heures (je dirai même deux heures trente) que je me mets à avaler toute crue une barre de céréale.
Le mental joue pour beaucoup lors des aventures loin de chez soi. La musique peut être un partenaire idéal, mais j’ai remarqué que cela pesait sur mon système nerveux central. Déconcentration, énervement. Ce n’est donc que dans des moments « ultimes » que je me décide à la lancer. Le choix des routes également peut influer sur le moral.
A la hauteur de Boissy-le-Cutté (sud-ouest de la Ferté Allais) je décide de changer de cap car je ne veux pas rater une route particulière … Je plonge alors plein sud-est vers le village d’Orteaux. Dix minutes d’ascension tel un mur, qui gratte horriblement, pour arriver sur un plateau venteux, qui me conduit à une « descente extrêmement dangereuse » (dixit le panneau). Je prends donc mon temps, tel un skieur, je casse la vitesse à coup de « S » afin de ne pas m’élancer dans l’inconnu. Malgré le détour et la vitesse cassée, je prends encore du plaisir à découvrir de nouvelles routes.
Lorsque l’on roule ainsi, il est difficile de s’arrêter pour faire des repères sur les cartes, filmer, photographier, manger … C’est donc en roulant que je fais mes « devoirs » excepté le premier car mes mains ont été bien trop prises entre la carte et la bouteille d’eau.
Après quelques portions difficiles à partir de Puselet-le-Marais, je décide de faire un premier stop car je ressens une douleur musculaire. Petite pause de cinq minutes pas plus, il fait frais et c’est très venteux, inutile de s’attarder. J’approche du village de Méréville, à ma droite, un ciel gris et chargé s’annonce assez proche, tandis qu’à ma gauche, un soleil resplendissant inonde les cultures. Lorsque je franchis la D49, je pique à droite sur une petite route qui est censé m’amener dans ce village. Mais je constate, aussi tôt bifurqué, que le vent à légèrement tourné et que la route que je viens de quitter était bien meilleure tant en revêtement qu’en vent favorable.
Bien mal m’en as pris je me sens encore une fois porté par ce vent puissant. J’ai par ailleurs éprouvé sa force juste en faisant demi-tour pour rejoindre cette départementale, jamais je n’aurais tenu seul contre lui ! Une idée me traverse l’esprit, il serait intéressant de tendre une voile lors de ces conditions pour aller encore plus vite (mais peut être dangereux). La route est belle, trop belle. Je commence à sentir un peu de fatigue quand tout à coup : le pire vient à moi.
Le pire avant la fin
Le gratton, tend redouter surgit, et par pour quelques mètres. Alors que j’avais échappé jusqu’ici à de mauvaises conditions, je dois subir un terrible gratton pendant au moins dix kilomètres. Ce n’est qu’à une passerelle enjambant une autoroute que je décide de m’arrêter. Le lieu est plus que venteux, mais ma voute plantaire à droite me fait horriblement mal. Cela fait longtemps que j’ai mis de côté l’éventualité d’aller à Tours, je me contenterai d’Orléans, mais encore faut-il que la route me le permette.
Ces dix minutes d’arrêt forcé m’ont permis de récupérer.Il me reste vingt-cinq kilomètres et je sens que mon corps n’est plus à fond. Je me sens bien pourtant, mais mon manque de condition physique doit y être pour quelque chose. C’est décidé en tous les cas que je m’engage pour les derniers kilomètres.
A ma grande surprise, passant la forêt d’Orléans, la route est superbe et est pourvue d’un « bas côté » praticable. Je roule plus doucement, mais là encore le vent me porte. Je reconnais cette portion, emprunté en 2005 avec un grand groupe.
L’arrivée à Orléans se fait aisément. Par contre, l’arrivée du tram à amené son lot de pavés, il n’y a que cela dans le centre. Autant vous dire qu’après ce que je viens de « subir », mes pieds ne sont pas contents.
Il me faudra attendre deux heures avant de pouvoir quitter la ville. J’en profite pour manger et visiter un peu.
Bilan
Le mythe des cent kilomètres est envisageable avec un minimum de préparation et d’équipement. J’ai donc fait avec grand plaisir cette balade qui permet de prouver encore une fois que le roller est un mode de déplacement « comme un autre » en tous les cas qui peut valoir le vélo. J’ai roulé exactement 6 heures avec une bonne demi-heure de pause (seulement). Donc parti à 5h30, arrivée à 12h00.
Vous aurez noté que jamais je n’ai croisé de boulangerie ou d’épicerie à travers ces villages trop petits ou aux commerces fermés pour vacances. Encore une fois, partir équipé fais partis du B.A.BA. Sans cette bouteille d’eau je n’aurais jamais tenu.
Je pense que c’est une balade qui pourrait être proposé pour des patineurs aguerris. En tous les cas, mon conseil pour celles et ceux qui voudront faire le 100 km du mois de juin, c’est d’aller faire des bornes (Marais ?) afin d’éprouver votre corps à ce type d’efforts bien particulier.
Je vais créer la trace sur google maps et faire un ‘ !@#$%^&* montage vidéo (mais rien d’exceptionnel).
Merci de votre patience et bonne route !
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30 avril 2012 at 15 h 39 min