De Londres à Brighton en roller
Chaque année, dans le but de collecter des fonds, la British Heart Foundation (BHF) organise une randonnée en vélo, du centre de Londres vers la fameuse cité balnéaire de Brighton sur la cote sud de l'Angleterre. Un petit groupe de "skaters" des différentes randos londoniennes est toujours de la partie....
Par alfathor

Direction l’Angleterre
La randonnée BHF traverse la campagne anglaise sur des routes partiellement coupées à la circulation, pour un trajet de 58 miles soit environ 92 km, au total.
Préparation
Au niveau préparation physique, ayant appris tardivement la date de la rando, autant dire que ma préparation a été quasi nulle. De toute manière, je ne suis pas un grand sportif. J’essaie de faire environ 40 km de roller toutes les semaines (les randos du mercredi et du vendredi), plus un peu de roller et de kite par-ci par-là et quelques autres sports selon la saison. Au niveau roller, j’ai un peu plus de 10 ans de pratique régulière.
Il faut dire que ce qui m’a le plus motivé pour faire cette rando fut la curiosité, savoir si mon corps accepterait ou non de rouler sur une telle distance.
J’ai donc remonté mes Salomon FSK d’origine. Ils sont équipés en ABEC 7 avec des roues HYPER PRO 250 80/76mm 84A, un peu dures et petites pour une telle rando !
Au niveau protection, je me suis équipé de simples protège-paumes qui ont bien fait l’affaire.
Je suis parti avec un tout petit sac à dos de type « Camelback » contenant :
– Une poche à eau de 2 litres avec un peu de sirop (pas envie d’acheter de la poudre énergisante pour une seule rando),
– 6 barres céréales/fruits,
– 2 bananes,
– un t-shirt et chaussettes de rechange,
– des chaussures légères (tongues),
– une mini serviette de bain,
– un K-Way (n’oubliez pas que la rando se déroule en Angleterre),
– mon portefeuille.
Le jour du départ
4h30 : le réveil sonne. Mes allergies au pollen m’ont pris une moitié de la nuit je n’ai quasiment pas dormi (environ 4h). Je décide d’y aller quand même. Après une mini douche et un petit déjeuner composé d’un bol de céréales type muesli et d’une banane, c’est parti. Mon bus est à 5h05 et j’ai une correspondance à ne pas rater.
5h20 : le premier bus était en retard, j’ai raté la correspondance. J’enfile les rollers et je file au départ en roller. 10 km, je me dit que de toute façon ça me permettra de me chauffer un peu et de ne pas partir froid.
5h50 : j’arrive au départ des cyclistes. Il faudrait qu’on m’explique quand même les habitudes alimentaires des Anglais : un café à 6h00 du matin avant une activité sportive soit, je n’approuve pas mais j’arrive à comprendre. Mais un bacon cheeseburger à 6h00 ! …et il y en avait un certain nombre qui en prenaient. Mais bon après tout ils sont à vélo et 92 km en vélo ça n’a rien de si terrible.
6h00 : je rejoins le groupe de skaters devant la bouche de métro de Clapham south.
6h20 : c’est parti pour ce que je pensais être initialement 8h00 de roller.
La randonnée
C’est la première fois que je fait une randonnée de cette distance, je pars donc complètement à l’inconnu.
Je me suis assez rapidement rendu compte que la randonnée ne se fera pas sur du plat, c’est ce qui motive d’ailleurs le départ des skaters à 6h00 du matin.
Contrairement à nous skaters, la majorité des vélos ne semblent pas habitués à se déplacer en pelotons ce qui a inévitablement entraîné des accidents.
Première halte
Première pause officielle après une heure et 10 miles (16 km), à ce moment je suivais toujours le groupe de skaters. Les pauses sont très bien organisées avec des toilettes, de l’eau gratuite (Tap water) et la possibilité de se restaurer à prix modique. Les prix ont par ailleurs eu tendance à augmenter en approchant de l’arrivée.
Plus loin les pauses permettront aux cyclistes de déjeuner (sandwiches, barbecues…). Par la suite, les pauses officielles sont beaucoup plus fréquentes et le parcours est jalonné de pauses non officielles (ex: particulier vendant / offrant des rafraîchissement ou biscuits).
Le dénivelé
Comme vous pouvez le voir sur le graphique d’altitude de la rando de 2007, dont le parcours est identique cette année, un nombre relativement important de descentes et montées agrémente le parcours.
La sensation globale est que les descentes sont douces et longues et les montées raides et courtes, ce qui est pas mal. On n’a pas l’impression de passer son temps à monter.
Dans les cotes, les cyclistes (du dimanche ?) sont principalement à pied ce qui fait que globalement on grimpe beaucoup plus vite il faut donc slalomer un peu mais rien de bien méchant.
Les descentes sont un peu plus délicates, les vélos ont tendance à descendre plus rapidement et à réagir exagérément en cas de danger. Et comme vous le savez en roller il est beaucoup plus délicat de freiner en urgence qu’en vélo. Il faut donc être extrêmement attentif à la route et projeter son regard aussi loin que possible tout en maîtrisant sa vitesse sans se faire griser outre mesure par ces superbes descentes. Veillez à bien signaler tout changement de trajectoire que vous pouvez être amené à faire.
A mon rythme
J’ai décidé après la première descente d’avancer à mon rythme. Les pauses de mes collègues skaters étaient un peu trop fréquentes à mon goût ce qui me faisait perdre mon rythme.
C’est une des constatations majeures que j’ai fait lors de cette rando : un bon rythme permet d’avaler les kilomètres facilement, une fois que vous l’avez trouvé vous pouvez le conserver longtemps avec une certaine économie de mouvements.
J’ai fait ma seconde pause un peu avant les 3/4 du trajet, aux environs de Turners Hills. J’avais besoin de m’étirer un peu et de manger un peu, 10 mn et une banane plus tard j’étais reparti.
Ultime étape, ultime obstacle
Arrive enfin, après environ 5h00, la vue du dernier obstacle, une étape appelée « Ditching Beacon ». Une sorte de gros machin culminant à 275 m avec une montée sacrément raide.
Quelques kilomètres avant j’en avais profité pour refaire le plein de ma poche d’eau et acheter 2 barres énergisantes pour cyclistes. Heureusement…
Pour cette montée la majorité de cyclistes ont posé le pied par terre, de mon côté 3 petites pauses (1 mn) m’auront permis d’atteindre le sommet sans trop de difficultés.
Au fond, la mer et l’arrivée
Une fois en haut on peut admirer une vue assez sympathique et surtout la mer (et l’arrivée), à moins de 10 km.
Arrive ensuite la partie la plus délicate de tout le parcours, la dernière descente. Cette dernière est extrêmement rapide. Par chance je suis passé à un moment où il y avait assez peu de cyclistes. J’ai eu des échos de skaters ayant descendu cette colline en freinant un minimum dépassant facilement les 40 mph (selon les cyclistes à coté d’eux) soit près de 65km/h après 80 km de roller.
Derniers kilomètres
Il faut le dire sont les moins agréables du parcours, la qualité de revêtement est moyenne. Etant en ville les arrêts sont nombreux. A ce moment là, on a qu’une seule hâte, passer la ligne d’arrivée pour pouvoir se détendre un peu.
12h40 : 6h20 après mon départ je passe la ligne d’arrivée. Certains skaters sont déjà là, ils ont passé la ligne d’arrivée pour le plus rapide en 4h30. Les plus lents quand à eux terminèrent apparemment en plus de 8h00.
Avec une moyenne d’environ 15 km/h en incluant les pauses je suis satisfait de la performance. Comme tous les skaters, je suis fier d’être arrivé au bout.
A propos de la route
La route fut globalement correcte, quelques passages sont malheureusement très moyens (en particulier en montée).
Les cyclistes
Le comportement des cyclistes a été très variable. Au début de la rando à peu près tout le monde sur roulettes a eu le droit à un : » Vous allez jusqu’où comme ça ? » et à la tête qu’ils faisaient ils doutaient visiblement de notre réponse, un peu comme si on faisait tâche parmi eux.
Après quelques petites piques, toujours avec le sourire :
« Alors comme ça vous n’avez pas les moyens de vous acheter un vélo ? « ou encore « Vous avez perdu votre vélo en route ? »
Mais chose assez impressionnante voir gratifiante est le flagrant changement de comportement une fois la mi-parcours dépassée, où les les commentaires et les réactions ont changées du tout au tout. Nous avons tous eu le droit à des « well done » ou des pouces levés, en particulier de la part de cyclistes « sportifs » (je veux dire par là en vélo de course), personnes mesurant l’effort nécessaire pour parcourir une telle distance.
J’ai discuté avec quelques cyclistes de la difficulté du parcours et ils furent assez étonné de constater qu’en roller, la partie la plus difficile ce ne sont rarement les montées mais plus souvent les descentes.
Bilan
Si je peux je le referais pour sûr, ce fût une très bonne expérience de rouler pendant plusieurs heures parmi plus de 27.000 cyclistes.
Je conseillerais à tout skater de niveau correct de tenter l’expérience mais soyez sûr de vos capacités à descendre des pentes et à maîtriser votre vitesse.
Nous nous sommes ensuite tous rejoints au « Queen and King » un pub de Brighton pour manger un morceau et discuter de cette superbe matinée.
Liens utiles
Article original
www.spottrotters.com
Serpentine Road
Photos : François (Spottrotters.com)