Claude : mes 24 H du Mans roller en solo (2/2)
Ça y est, nous sommes sur place, les 24 Heures du Mans roller 2010. Les patins me démangent déjà. Je suis claqué, je n'arrive pas à dormir. Des vuvuzelas et autres fêtards couvrent à peine le bruit des motos faisant des runs sur le Hunaudière...
Par alfathor

Dom m’avait dit de rester au lit. Qu’il se chargeait de mon inscription, qu’il fallait que je dorme. Mais rien à faire à 5 h30 j’étais debout. J’ai dû dormir 3 à 4 heures maximum.
J’accompagne Dom contre son avis à l’inscription. Je ne tiens pas en place. Ça Dom le voit. Il me parle. Il est aux petits soins pour moi. Je tourne en rond. J’ai envie d’en finir. De me jeter à l’assaut du Dunlop. Je regarde l’heure toutes les dix minutes.
Petit déjeuner au Gatosport et à la boisson d’attente bio – photo : Damien Lausseur
Premiers tours de circuit : la parade
A 11 heures, c’est la parade, enfin deux tours du Bugatti. Je n’ai pas mon cardio là mais croyez moi ça bat fort. Je suis en compagnie de SUN400 des Macadam Roller. (à gauche de moi bras croisés). Deux tours pour comprendre que ça va être dur.
A ma première ascension de la côte du Dunlop j’en ai confirmation. Mes premières foulées sur le circuit sont presque religieuses. J’entre dans un lieu saint. Je sens tout de suite que le revêtement n’est pas le billard tant espéré. Les grains du goudron sont assez espacés. Ça vibre pas mal sous mes pieds.
H – 2
Nous sommes dans les stands à 2 heures environ du départ. Je passe mon temps entre ma chaise et le bord de la piste. Enfin le rideau se lève. Je vais au bord de la piste avec Dom qui me parle tout le temps, me rassure. Je vois arriver Rphil, Youb le salue. J’entends Rphil dire qu’il n’a personne pour le seconder. Je ne sais pas ce qui m’a pris. Je m’approche de lui me présente en bafouillant et lui dit que s’il le veut Dom va le seconder. Il me regarde et me dit : « Je ne sais pas si tu te rends compte mais ça risque d’être dur pour un seul de seconder deux solo ? » ben non je n’en savais rien. J’appelle Dom, je fais les présentations et Dom accepte de seconder Rphil. Sans savoir qui il est. Vers une heure du matin. Dom m’a demandé qu’il est ce mec. Je lui brosse vite fait le portrait de Rphil. Et lui demande si ça change quoique ce soit. Il me répond. «Rien à faire de savoir que c’est une pointure ou pas. Il était dans la merde je l’aide un point c’est tout » plus tard Dom ma dit. » L’année prochaine je fais les 24 Heures en roller, je suis sur que c’est moins dur que s’occuper de vous deux ! » Je veux bien le croire…. Dom est resté au bord de la piste jusqu’au moment où Rphil jeta l’éponge. Il en était malade. Rphil pouvait gagner j’en suis sur. Il a été au bout de lui. Quand je vois comment lui a fait ces 24h, j’ai l’impression de les avoir faites en « touriste ».
Qualifications
Je participe à la séance de qualifications, les bras dans le dos doucement pour ne pas me faire un claquage ou autre blessure stupide.
Place 463 en 57’95 » et mine de rien j’ai le 24ème temps des solos. Mort de rire ! ça claque comme temps ! Un chrono que faisait mon frère sur 500m 32 ans plus tôt…
Premières heures de course
Comme je ne me souviens plus de ma place je me mets en fond de grille. Je pars dans les derniers. Il faut très chaud.32°C, mon cardio affiche ces 125 pulsations. Je me suis fixé entre 120 et 140 pulsations en vitesse de croisière. Je ne quitterai pas les 165 pulsations jusqu’au coucher du soleil. Je pensais être le seul dans ce cas là, mais mise à part les grosses cylindrées, on a tous pris une grosse claque dans le museau…
je dois m’arrêter après 1h30 pour une ampoule. Je repars presque aussitôt. 2 heures plus tard je m’arrête à nouveau, trop chaud, l’estomac plein comme un œuf. Je ne peux plus rien avaler, ni eau ni de cake salé. Je finirai mes 24 h au 640 et HYDRIXIR BIO + MALTO BIO rien d’autre.
Dom m’a réservé un massage. C’est vraiment très bon. J’enchaine par une douche et je repars très bien. Le peloton des fous furieux me dépose dans la Dunlop, je remarque qu’après la descente, il n’y pas une grande différence de vitesse. Oui, je me traine dans la Dunlop à 8 km/h mais sur le reste de la piste dépasse aisément les 30. Je mets le turbo et rattrape le troupeau sur la ligne droite avant le ravito. Je suis désolé pour la fille qui fait l’accordéon derrière Rphil, je n’ai pas été galant, mais dès qu’elle m’a laissé un petit mètre, je me suis faufilé. Et là… super je me presque un tour derrière Mr Rphil… tout c’est bien passé. Ça roule fort mais je suis sans être dans le rouge. Le Orange mais pas le rouge. Je vois arriver la Dunlop à grandes foulées en me disant « Quand vont-ils ralentir ? » Je ne sais pas pour quelle raison mais le peloton explose en bas de la Dunlop. Les ravitos persos de chacun sans doute.
Je ne sais pas à quelle vitesse on la grimp, mais ça va encore un peu, je suis dans le rouge à 175 pulsations. Un groupe nous pose et un des membres lance un truc comme « alors les solo on…. » Pas compris le reste. Rphil met le turbo et les colle comme un chewing-gum.
J’emboite le pas et le suis. Tous les cardios se mettent alors à sonner. On se serait cru dans une fête foraine ! Je regarde le mien, je suis à 188 pulsations je regarde celui de Rphil Pffff …Je décroche en éclatant de rire. Il est à 142 Pulsations…
Dans le stand de Macadam Roller – photo : Damien Lausseur
En nocturne
La nuit tombe. Je refais un arrêt massage. J’y ai pris goût. Je suis claqué. Je vais essayer de dormir un peu. Le box 51 s’est transformé en dortoir. Ça roupille dans tous les côtés. Après le massage je me couche sur la chaise. J’ai froid. Il y a du bruit. Je décroche le drapeau des Savoie pour me couvrir avec. Rien à faire. J’ai froid. Je n’arrive pas à dormir. J’en ai assez. Je repars. Je me sens très bien. Je roule toujours seul. Je n’arrive pas à prendre un peloton. Je suis trop mauvais en montée et trop rapide sur le plat pour accrocher un wagon.
Plus tard Dom me dira que j’ai roulé à la même vitesse qu’un peloton de solo. Celui de Chicken Solo et consorts. Je roule toujours en mode Eco. Sans forcer de peur de la tuile. Je ne sait pas du tout où je mets les pieds sur ces 24 Heures. La trouille au ventre de ne pas finir.
Mais tout va bien pour l’instant. Vers minuit, Dom m’annonçe ma place, 30ème. Je ralentis tout de suite de peur de me cramer comme à l’INSA.
De temps en temps un peloton se forme derrière moi. Ça me motive. Un type m’a même dit. « Ça été un véritable bonheur de roller derrière toi et courage ! » ça fait plaisir.
A 4h00 du matin. J’ai les jambes qui tremblent dans la descente de la Dunlop. Allez hop une pause s’impose… remassage et dodo. Dom est allé chercher mon duvet. Je fais un gros dodo de 20 mn…. Il me réveille. «je suis désolé Claude, me dit il. Le soleil se lève ça va être magnifique. Lève-toi et va voir le lever du soleil dans Dunlop !!) Je me déplie. J’enfile mes C4 avec peine. Puis reprends la piste. Et pouf je prends ma baffe ! Après deux tours, je vois le soleil juste sous le pont Dunlop. Super. Merci Dom pour ça.
De l’aube au final
J’enchaine les tours et les arrêts. Il commence à faire chaud très chaud. J’ai l’impression de voir plus de solos au stand que sur la piste. Les visages marqués mais souriants. J’ai les pieds explosés. Je ne tiens plus debout. Mes pauses sont de plus en plus longues.
A midi, Dom m’annonce la nouvelle : Rphil jette l’éponge. J’ai cru lire sur le tableau qu’à cet instant Rphil et Tonyo étaient dans le même tour. Je continue de faire quelque tours mes pieds ne me laissent pas en paix. Je n’arrive plus à enchainer les tours. Dom me réconforte. Je ressors faire un tour en compagnie de Youb et Mystic. J’ai du mal à les suivre dans la Dunlop.
Hé oui ! Il faut être fort. « Elle ne te laisse pas en paix » comme dis Youb. Elle te laisse tranquille trois tours après elle te met une grosse beigne à chaque tour, surtout si comme moi on n’est pas prêt.
Sous le pont de la Dunlop, Solo et duo s’étaient donnés rendez vous pour faire un dernier tour ensemble. Là, j’ai enfin compris ce que signifiait Solo pour bon nombre d’entre nous. Je pense m’être trouvé sur le Bugatti. J’ai une pensée pour notre ami italien qui a chuté dans le dernier tour. En bas de la Dunlop. Bras cassé… ce n’est certainement pas le souvenir qu’il espérait garder pour ses 24h.
Epilogue
J’ai appris énormément, je sais maintenant de quoi je suis capable. Je sais que c’est dans la tête qu’il faut trouver l’énergie. Je me suis donné une bel objectif pour l’année prochaine, un truc de fou, comme l’était celui de faire les 24 h en solo après un an de roller. Pour l’instant seul Youb et Dom savent ce que je veux faire. Je serai là en 2011 et je passerai la Dunlop la tête haute. Je ne veux pas l’ébruiter pour ne pas entendre les mêmes réflexions que l’année dernière.
Merci à toi Dom pour m’avoir secondé comme un pro. A Youb à Thibault pour vos conseils. Et à Sophie ma femme pour m’avoir supporté durant ma préparation… L’arrivée. Quelques instants plus tard, on s’embrasse, on se félicite et je rentre dans la famille des solistes en Ultra-Endurance.
Ci-dessous c’est le passage de la ligne d’arrivée de mes premières 24 Heures j’en ai 44. Je suis au centre avec le drapeau des Savoie sur le dos. Un hommage naturel pour l’endroit où je vis.
Liens utiles
Titre du lien 1
Titre du lien 2
Titre du lien 3
Photos : droits réservés
mad benny
9 décembre 2010 at 21 h 16 minLuc
5 septembre 2010 at 10 h 20 minKat Seulette
30 août 2010 at 9 h 44 minFormidable de voir ton enthousiasme.
Pour ma part je savais au départ que c'était mort pour le record, cause canicule, si Dom n'avait pas été là, je n'aurais même pas roulé jusqu'à la nuit.
Encore bravo et MERCI !
Damien
28 août 2010 at 23 h 27 minChris Roll
28 août 2010 at 15 h 19 minChicken Solo
28 août 2010 at 2 h 11 minchg
22 août 2010 at 20 h 31 min