Championnats d’Europe 2011 : le club des supporters met l’ambiance !
En football, on parle du douzième homme. Dans le roller, ça pourrait se traduire par la neuvième roue, c’est ça ? Pour eux aussi, la sélection a été très sévère : les critères de résistance à l’effort, de réactivité selon les résultats et de bonne humeur obligatoire sont essentiels. Ils poussent, ils poussent, les supporters de l’équipe de France !
Par alfathor

De l’autre côté des barrières
Dans les tribunes ou en dehors de la piste, ils sont présents, la voix affutée, le drapeau haut. Ils n’en sont pas à leur première campagne, ni à leur dernière… Mais aujourd’hui, ce sont les championnats d’Europe aux Pays-Bas : est-ce que ça roule pour le club des supporters à Heerde et à Zwolle ?
Marie-Christine (NDLR : les prénoms n’ont pas été changés pour que chacun assume ses actes) roule en tête : comme des pros, les supporters de l’équipe de France filent en peloton sur leurs vélos, les uns bien derrière les autres, dans « l’aspi ». Nous sommes le deuxième jour des championnats d’Europe à Heerde (dimanche 31 juillet) et il faut s’activer pour aller voir les courses. Les supporters ont tous planté leurs tentes ou garé leur camping-car dans le camping local De Koerberg, sauf Gilbert et Françoise, qui se sont orientés vers un village-vacances non loin du camp de base de l’équipe de France. Pour se déplacer du camping à la piste (1,5km d’un point à l’autre), ils utilisent leurs bicyclettes. Ca roule fort ! Françoise et Dominique coupent par la petite montée dans le camping : ils ont trouvé un raccourci que tout le monde emprunte finalement. Arrivés sur la piste, ils vont rejoindre Chantal, qui attend patiemment dans le « carré français » des tribunes.
Chacun dépose ses sacs, ses maracas (fabrication « maison ») et ses drapeaux. Les courses commencent et dès qu’un patineur français passe, on l’encourage. Luc tape sur les rambardes en cadence pour accompagner les passages des Tricolores sur la piste avec des « allez Nico » ou des « allez Clem’ ». Ils sont pratiquement dans la foulée des athlètes, nos supporters ! Le summum est atteint quand un Français va chercher une médaille, ou mieux encore, un titre : les drapeaux s’agitent alors frénétiquement. Et au moment du podium, c’est l’extase ! Tout le monde s’agite pour faire tourner les drapeaux et secouer les maracas. Si jamais il s’agit d’un titre de champion d’Europe, les voix s’élèvent en chœur pour entonner la Marseillaise !
Du Nord au Sud de l’Europe
Ce n’est pas la première campagne du club des supporters de l’équipe de France. La plupart d’entre eux courent les routes du Nord au Sud de l’Europe pour aller encourager les patineurs tricolores. Chantal est de toutes les éditions depuis 2001, sauf celle de 2007 : ça fait beaucoup de tampons sur le passeport ! A Pampelune, ils avaient osé squatter le carré VIP réservé à « la Mamma Urbinati et à la Mamma Trumpy » pour planter leurs drapeaux tricolores : sacrilège ! A Ostende, ils faisaient tellement de bruit dans le camping que le gardien devait les calmer régulièrement. « On baissait le ton trois secondes… et puis on repartait à parler fort » rigole Marie-Christine. Toujours à Ostende, Michel venait à pied du camping à la piste (soit 9km aller) tous les jours : ça use les souliers, mais ça permet aussi d’emmagasiner de l’énergie et de se recentrer avant les épreuves. En 2005, ce même Michel, ainsi que Luc et Yvonnick s’étaient lancés dans des paris un peu « hasardeux » qui leur avaient valu des coupes de cheveux très « rock’n roll » : « nous avions finalement la moustache rasée pour Yvonnick, idem pour Michel, avec en plus trois belles bandes rasées de chaque côté du crâne, et même punition pour Luc » expliquent-ils en chœur. Ils ont dû assumer le lendemain matin au boulot devant leurs supérieurs !!!
Le programme se relâche en milieu de semaine : mardi, c’est jour de repos. Tout le monde décide d’aller visiter Amsterdam. « Dans le port d’Amsterdam, y’a Marie-Christine qui chantonne »… comme disait le grand Jacques. Il fait beau et le temps est propice à la promenade. Mais avant, il faut garer la cohorte de voitures : « cherche un P+R » explique JB à son copilote, ces parkings un peu loin du centre-ville mais qui sont couplés avec des lignes de tramway… Le groupe tombe finalement dans un parking sous-terrain du centre, à 4 euros de l’heure et au plafond bas. « On va devoir démonter le coffre de toit de Steeve pour rentrer » annonce Michel. Aussitôt dit, aussitôt fait : voici Michel et Luc qui entrent à pied dans le parking avec un coffre de toit dans les mains. L’image est cocasse ! Arrivés en ville, le groupe se divise en trois selon les points d’intérêt : Véronique (qui connaît la ville comme sa poche) et Jean-Marie veulent aller voir les étals de hareng (l’une des spécialités de la ville), les autres s’engouffrent dans le quartier interlope, frôlant les « red lights » et les « coffee shops » avec curiosité et parfois indignation. Le deuxième groupe part ensuite naviguer sur les nombreux canaux qui enserrent Amsterdam : les maisons de la ville tout comme la gare sont construites sur des pilotis qui leur permettent de se stabiliser (le sol n’est pas très meuble) ; mais on voit bien que c’est assez précaire, car de nombreuses devantures penchent un peu ! Le troisième groupe se dirige vers le port. Chantal, Marie-Christine, Léo, Melvin et Ilan restent estomaqués par un paquebot qui est amarré, en attente de chargement : il fait au moins huit étages, avec un ascenseur et probablement tout le confort d’un palace de luxe. Chantal et Marie-Christine se positionnent sur le gigantesque bâtiment et voudraient bien l’acheter, mais elles n’ont pas leur chéquier sur elles : dommage ! Le petit groupe s’arrête ensuite à un café pour fêter l’anniversaire de Luc (une première fois dans la journée). Michel se lance dans l’explication savoureuse de la bière qu’il a commandée…
Sur la colline d’Anyang
Les supporters de l’équipe de France ne sont pas que des continentaux. Beaucoup ont voyagé très loin pour suivre les équipes de France. Cette année, Michel est encore pressenti pour être du voyage en Corée du Sud. C’est vrai que c’est un peu loin. Mais ils sont déjà allés en Chine et en Corée par le passé. « Quand nous sommes partis à Anyang, on ne parlait pas un mot de coréen, évidemment » avoue Chantal. « Mais on s’est débrouillé dans le métro, dans la rue… Le premier jour, on n’arrivait pas à rallier la piste depuis notre hôtel. C’est une vieille petite dame qui nous a guidés par delà la colline : elle nous faisait des signes pour qu’on la suive. A un moment, on a croisé des militaires coréens en plein exercice sur cette colline… Ils ont dû nous prendre pour des fous ! Mais la piste, on l’a trouvée ! On a crapahuté derrière la dame, qui avait une sacrée santé… Arrivés en haut de la colline, on a vu ce fameux anneau en contrebas, de l’autre côté de la butte : il a fallu redescendre ! » Le récit de Chantal fourmille d’anecdotes. A Anyang toujours, le groupe de Français n’avait pas d’accréditation pour entrer dans l’immense salle où devait avoir lieu la cérémonie d’ouverture. Ils ont trouvé une autre porte et sont quand même entrés gratis. « On a salué comme les Coréens. Au bout du compte, ils nous ont laissés rentrer gentiment » explique Chantal. « Le Français est débrouilleux » comme le dit joliment Luc, toujours au point avec les jeux de mots.
Marie-Christine avoue que si des championnats du monde avaient lieu en Amérique du Sud, au Mexique, au Chili ou au Venezuela par exemple, elle n’hésiterait pas ! Ca ne sera sans doute pas pour les deux ans qui viennent, étant donné que l’Europe est d’ores et déjà pressentie après la Corée du Sud… Retour au camping après cette journée bien chargée. Tout le monde est un peu fatigué d’avoir marché toute la journée, mais il reste encore l’anniversaire de Luc à fêter, une deuxième fois dans la journée. Dominique sort une belle boule à facette bleu-blanc-rouge et Chantal cherche à bricoler une pancarte « Place de l’apéro » sur le devant du barnum 5 étoiles de Françoise et Dominique. Ca discute, ça rigole… On entonne un « joyeux anniversaire » convainquant devant monsieur van den Berghe qui passait par là et qu’on a préposé à l’appareil photo. Le temps passe : il est déjà plus de 22 heures. Véronique demande à Chantal et à Marie-Christine : « mais vous n’êtes jamais fatiguées ? » Elles répondent en chœur que non, bien sûr ! « Ah si, à Angers cette année, je n’avais plus de voix et ça a duré cinq jours ! » se souvient Marie-Christine. « Dommage, je ne m’en rappelle plus ! » rétorque Luc avec un petit sourire malicieux. Tout le monde rigole. La fête se poursuit.
Rendez-vous à Ostende en 2013…
Se coucher à pas d’heure et se lever tôt, c’est l’un des principes de base du club des supporters. Ils sont également prêts à prendre tous les risques, comme quand Michel recharge ses batteries avec du « Fernandes », une boisson locale à base d’additifs chimiques (c’est quasiment véridique…) ou que Véronique se hisse sur une poubelle néerlandaise pour obtenir le meilleur cliché du podium de Zwolle. Quand on disait qu’il fallait être affuté et résistant… Nos supporters l’ont été jusqu’au bout, évidemment. C’était nécessaire, car les athlètes leur ont offert un superbe feu d’artifice le dernier jour des championnats : trois médailles d’or sur quatre possibles dans le marathon ! Du jamais vu ! Les drapeaux ont chauffé plus souvent qu’à leur tour dans le ciel mitigé de Zwolle. Comme un symbole, le groupe des supporters s’est fondu avec celui des athlètes le long des rambardes qui entouraient le podium. Les joggings floqués du « FRANCE » en lettres capitales se sont alors confondus avec les drapeaux et les maracas. Podiums du dernier jour, podium toujours !
Les championnats d’Europe 2011 sont maintenant terminés. La dernière soirée au camping est du même niveau que les précédentes : on fête les victoires, on rigole, on chambre… Le barnum 5 étoiles de Françoise et Dominique résonne une fois encore des ritournelles des Tricolores. Luc se met à chantonner des psaumes sans penser au péché qui le guette : on mettra ça sur le compte d’une erreur d’aiguillage ! « A 8h demain matin, on est sur la route ! » prévient tout à coup Chantal. C’est pour le moins ambitieux… Le lendemain matin (NDLR dimanche 7 août), tout le monde est sur le pont à 7h30 pour plier bagage. Pendant que Françoise éponge consciencieusement son barnum, Michel remplit méthodiquement son camping-car et Luc demande de l’aide pour fixer son coffre de toit (des coffres de toit bien pratiques mais bien encombrants). Michel, qui connaît tout le monde et beaucoup d’histoires (notamment sur la guerre d’Espagne, une référence), prévient Luc : « si tu as besoin d’eau, arrête-toi sur la place d’Ostende. La maison des Fiers est juste là : frappe à leur porte et ils te dépanneront… » Il est 9h30 et le clan commence à décoller, avec une heure et demi de retard. Mais avec beaucoup de bons souvenirs en tête. Demain, il faudra prendre le chemin du travail : une autre histoire. Mais déjà, le clan des supporters français s’est donné rendez-vous en 2012 et, surtout, à Ostende en 2013 pour les championnats du monde. « On va envoyer une invitation à tous ceux qui ont fait partie du groupe, en espérant qu’on sera nombreux pour supporter l’équipe de France ! » explique Chantal. L’appel est donc lancé !
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Photos : Vincent Esnault