Bilan de la finale de Coupe du Monde IFSA 2008
La finale de la Coupe du Monde de Freestyle s'est déroulée les 20 et 21 septembre derniers à Barcelone en Espagne. La clôture de la saison fédérale s'est faite en beauté, sous le soleil et dans la bonne humeur générale. Retour sur la compétition...
Par alfathor
Cap sur Barcelone (Espagne pour la finale de la Coupe du Monde IFSA 2008
La finale de la Coupe du Monde de roller freestyle IFSA s’est déroulée les 20 et 21 septembre 2008 à Barcelone en Espagne. La clôture de la saison fédérale s’est faite en beauté, sous le soleil et dans la bonne humeur générale. L’événement était organisé par l’école de patinage catalane Rodats et Carlos Flores, dont la réputation du mec le plus cool de la planète slalom n’est plus à faire.
Le lieu de l’événement
Et cool était bien le maître mot de la compétition. D’abord le lieu : comme l’année dernière, la compétition s’est déroulée au parc del Clot, en plein centre de Barcelone, près de la Sagrada Familia et à l’ombre du cornichon bleu ( comprendre la fameuse tour Agdar construite par Jean Nouvel – oui celui là même qui construit le musée du Quai Branly ou l’Institut du Monde Arabe) : le sol est idéal lisse, les gradins se remplissent jusqu’à déborder sur les cotés avant la fin de la journée, et l’ambiance bonne enfant se transforme en une atmosphère surréléctrique au fur et à mesure que se déroulent les épreuves. Et puis ensuite le déroulement de la compétition…
Tranquillement, l’organisation arrive et commence à mettre en place l’aire de compétition. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle n’a pas lésiné sur la communication : les banderoles des sponsors se déroulent sur tout le pourtour de l’air de compétition, tous les pays participants (et même les autres) ont droit à leur drapeau flottant au vent (enfin il n’y a pas de vent, c’est juste pour l’image), shops de roller, grandes marques, buvette, stand d’inscription et tente pour les juges et de retransmission en direct grâce au site espagnol Slalomskating.com (une première pour le slalom figure) finissent de compléter le paysage.
Finalement, la compétition peut débuter avec la speed slalom féminin. Comme prévu, la Squadra Azura s’est équipée des ces meilleures athlètes : .L’italienne Sara Veronese fait aussi partie du voyage. Les transalpines n’auront guère de concurrence autre que celle des françaises Séverine Thomas et Chloé Hivert, même si l’on remarque la présence de jeunes espagnoles et françaises du club Rollerbug, qui est le seul club français à avoir fait le déplacement. En conséquence, malgré les 19 inscrites, le speed slalom est rondement mené. Les quarts de finale voient s’opposer comme un mauvais rêve qui se répète les deux françaises entre elles (dont Séverine sort vainqueur sans trop de difficultés) et les amies italiennes. Sarah Veronese et Sara Barloco passent haut la main le duel, et l’outsider de la saison Christina Rotunno complète la liste pour les demi-finales. Mais face à Séverine Thomas, cette jeune dernière ne fait pas un pli devant l’expérience de Séverine Thomas. De l’autre coté, Sarah Veronese vole toujours sur son petit nuage depuis son double sacre mondial moscovite de cet été, et le petit air guilleret qui la pousse dans le dos lui fait prendre rien de moins que deux dizièmes d’avance sur Sara Barloco, qui perd confiance, et du même coup la dernière place du podium, puisque de rage, elle se laisse prendre en 3 runs par Christina. La finale entre Séverine et Sara sera plus aisée : toutes les deux précises et bien entraînées, la loi du sport donne Sara vainqueur de cette dernière étape mondiale, et par le même coup vainqueur de la Coupe du Monde.
Cool, une fois l’épreuve terminée, l’organisation n’a pas oublié où on était : il reste près de quatre heures avant la reprise de la compétition avec le Freestyle slalom homme à 16h : largement de quoi aller se perdre dans le vieux Barcelone pour déguster quelques tapas et… faire une petite sieste à l’abri de la chaleur! Malheureusement au réveil, le ciel est un peu orageux, et fait craindre le pire. Mais les habitués froncent à peine les sourcils : l’année dernière, l’orage qui avait éclaté avait transformé la compétition de Freestyle slalom en une compétition de slide improvisée, et moins d’une heure plus tard, le sol avait séché et le programme avait repris son cours normal. De fait, rien de cela n’est arrivé, et les seuls grondements sourds à s’élever venaient du public de plus en plus nombreux. Et il y avait de quoi : au vu du nombre de participants (37) seuls les 20 meilleurs patineurs pourraient faire un deuxième run, afin d’offrir le meilleur spectacle possible et ne pas rallonger péniblement le temps de l’épreuve pour le public. Sans surprise, les favoris français et italiens occupent le haut du tableau, et agréable surprise, les 2 leaders espagnols Adrian Almazan et Jon Larrucea, en se plaçant respectivement 11e et 10e de ces premiers run (et du classement final) montrent que le niveau de la péninsule ibérique commence à grimper sérieusement. Le premier cherche encore son style, et ose de gros tricks malgré de nombreux déséquilibres, le second joue sur une technique propre et fluide : au coude à coude pour les juges, les prochaines compétitions espagnoles s’annoncent hautes en couleur. Autre présence très applaudie, Olivier Herrero, le monsieur style, enthousiaste le public espagnol avec sa fluidité et ses petits pas rapides reconnaissables entre tous. Ludovic Estampe, venu avec sa petite famille, impressionne également très favorablement jury et autres compétiteurs avec une superbe transition papillon sur le 120 à toupie croisée sur le 80. Les meilleurs italiens restent sur leur faim, malgré des runs tous très propres, sans quasiment aucune pénalité, tout en style : Luca Ulivieri, Tiziano Ferrari et Andrea Belloto sont très difficiles à départager (avec des notes finales à respectivement 57,50, 57,85 et 58 points) et s’accordent respectivement les 7e, 6e et 5e places. La 4e place est obtenue par Guillaume Barbaz, alias Skali : il revient sur le devant la scène doublement : non seulement il est enfin récompensé par son entraînement d’acharné, et c’est la première fois que l’on voit son pro modèle construit avec Powerslide est aux pieds de nombreux patineurs ! Le podium qui suit était largement prévisible : Yohan Fort, sous les couleurs de Rollerbug, s’octroie une 3e place très largement, avec comme à son habitude un superbe perfect. Pas très loin devant, Vincent Vu Van Kha, 2nd, réalise certainement un de ses plus beau run de la saison. Mais le plus beau run revient sans conteste possible à Robin Tessier, qui s’empare de la médaille d’or : parfaitement en musique, parfaitement équilibré, parfaitement construit, parfaitement réalisé…
A la fin de l’épreuve, les gradins qui longent l’aire de compétition sont plein à craquer : l’épreuve de hauteur pure se déroule dans une ambiance surchauffée qu’elle n’avait que peu de fois rencontrer jusqu’à présent et très vite le public a ses favorites. Les italiennes Marta Previde et Valeria Raccuglia qui doivent se battre pour la 3e place après un parcours identique, sont encouragées plus que chaleureusement. L’avantage étant donné à la dernière après un saut à 1m03, la compétition reprend pour les deux plus hautes marches entre Maëliss Conan, 14 ans et record de France toute catégorie d’age confondue, et l’italienne Cecilia Dellantonio. Les deux jeunes filles butent à une barre placée à 1m08, et c’est une pénalité commise à 105cm de Maëliss qui les départage en défaveur de celle-ci. Explosion d’applaudissement du public, et particulièrement du coté des Italiens, qui comme d’habitude, où qu’ils se trouvent, font toujours plus de bruit que les autres…
Les hommes bénéficient de l’ambiance, et si ce n’est plus : en effet pour la première fois, on peut constater que les concurrents espagnols sont largement majoritaires. Les barres des 120 cm, puis des 125 réduisent de moitié le nombre de concurrents. L’italien Mariani Corrado et le jeune français de Rollerbug Clément Luxey terminent 5e æxequo, à une hauteur de 1m30. Le podium est plus contrasté : la 3e place est occupé par Enrico Sordi, avec un saut à 1m35, tandis que Flavien Du Peloux, 2nd, s’acharne sans succès à la barre des 1m43. Le vainqueur, Laurent Castroux (Rollerbug) finit quand à lui royalement à un poil de roue de réussir à sauter les 1m45 (oui, les roues ont des poils quand c’est loupé de si peu…).
Pour finir clore cette compétition, c’est sous les projecteurs de la place que se déroule le high jump. Les deux rideuzes mérysienne ont encore un peu de force pour faire quelques sauts avec les garçons, parmi lequel on retrouve l’espagnol Valen Serra, qui occupe la 3e place. Les deux autres marches du podium sonnent comme une revanche : Laurent Castroux, vainqueur de la précédente épreuve, se contente de la seconde place, et Flavien Du Peloux s’empare avec une joie évidente de l’or. Mais décidément, le planning fait bien les choses, la fin de la compétition marque le début de la soirée à l’heure espagnole, et si certains vont se coucher de bonne heure pour se préparer à la compétition du lendemain, pour les autres, c’est déjà salsa et sangria…
Dimanche, changement d’ambiance, même si c’est toujours sous le signe de ce que l’on peut appelé maintenant la « coolatittude »: en raison du mauvais temps prévu, l’organisation a tout rapatrié dans un gymnase couvert, au cœur d’un énorme complexe sportif en périphérie de Barcelone. Les compétiteurs arrivent au compte goute, qui en métro, qui en covoiturage, certains même se faisant emmenés par des spectateurs ravis de la veille ! Finalement, il fait beau toute la journée, et le gymnase ressemble plus à un aquarium, avec eau et boissons diverses gratuites et à volonté pour les patineurs.
Dans la matinée déjà bien avancée s’installe le freestyle féminin. Si certaines compétitrices sont un peu déboussolées au départ par ce changement de lieu, elles apprécient le magnifique parquet sur lequel se déroule les épreuves du jour. Les spectateurs prennent place quand à eux dans la mezzanine qui surplombent la salle, un point de vue rare et original.
Les espagnoles participantes, si elles restent encore cantonné à la fin du tableau, ont tout de même nettement élevé leur niveau par rapport à l’année dernière, de plus, à l’égale de Lorena Aranda (Zaragoze), qui finit 1ère au classement espagnole, on peut remarqué que contrairement à la majorité des hommes, elles préfèrent aller plus lentement afin d’assurer leur tricks et donner un rendu plus visuel. A noter que la favorite espagnole, Mathilde Vouillamoz, a déclaré forfait le matin même… s’étant grièvement blessée à l’échauffement. Evacuée par le SAMU, une semaine d’hôpital, interdiction de remonter sur roller jusqu’à nouvel ordre… on lui souhaite un prompte rétablissement !
Les italiennes, elles, sont en pleine forme, et forment un majorité écrasante des compétitrices. Se frayant une petite place parmi le trio de tête du Team Italia, on retrouve avec plaisir la jeune Christina Rotunno, qui prend la 6e place. Devant elle, Chiara Lualdi (5e) et Barbara Bossi (4e) se dispute à 0,5 point près leur place. Ironie du sort, alors qu’elles avaient toutes les deux en premier run très propre, c’est leur deuxième run, où elles prennent plus d’assurance sur le parquet glissant pour poser leurs figures techniques (entre autre le très beau chicken leg royal de Chiara) qui leur sera retenu. Pour obtenir la 3e place du podium, Sara Veronese réussit enfin, enfin, sa kasakchok : depuis le début de la saison, c’était le point noir de son run, qui la faisait souvent chuter à la fin d’un run assez physique : la belle n’en revenait pas. La seconde place est loin devant : Nadezda Zelenova, du team Russia, est venu confirmé son niveau après sa 3e place du Championnat du Monde de cet été. Polina Semenova, qui la tenait en respect jusqu’à présent, a terminé en effet sa carrière de compétitrice. La première place est obtenue de justesse par Caroline Lejeune, soutenue par HOT’Z : la championne du Monde en titre a failli chuter sur sa dernière longueur, et prend 2 secondes de trop pour se rattraper, ce qui a pour conséquence de la faire finir hors temps, et 2 points de pénalité…
Après cette épreuve mouvementée, une belle pause est prévue pour prendre le frais et le soleil : à quelques pas une petite buvette offre en terrasse sandwiches, pizza et spécialités locales. Visiblement, tout le monde apprécie et la file d’attente pour récupérer sa commande n’a d’équivalent que l’appétit vorace des sportifs. Sous les pins de grandes tablées s’installent, et les rigolades et discutions fusent entre chaque groupe.
De retour à la salle, changement d’ambiance : l’échauffement pour le speed slalom hommes vient à sa fin, et même si Yohan Fort a déjà mathématiquement gagné la finale de la Coupe du Monde, italiens, espagnols et français sont très concentrés : chaque centième de seconde va compter, ils sont 36 inscrits !! Après les huitièmes de finale qui voient les favoris italiens et français se qualifiés sans surprise, les quarts tiennent les italiens en haleine : Savio Bibrio élimine Luca Ulivieri, et Tiziano Ferrari doit batailler ferme contre Davide Piacentini pour obtenir sa place en demi finale. Rien de passionnant pour nous autres transalpins, pourriez vous pensez. Oui mais voilà, les deux vainqueurs affrontent alors les favoris français, Yohan Fort et Lucas Romain, tous les deux à Rollerbug. Bon, forcément, Tiziano est soufflé par Yohan, mais Savio donne du fil à retordre à Lucas, et pour finir gagne au bout de trois longues manches, ou plutôt triomphe : le ciel tombe sur la tête du Français sous les hourras tonitruants des Italiens qui applaudissent leur héros. Cette victoire est certainement la bruyante de l’année, et ces démonstrations de joie ne sont pas au goût de tous les Français, qui pressent les juges pour reprendre la compétition. Ceci dit, les supporters italiens pouvaient toujours se laisser aller à ce moment là, puisqu’en toute objectivité, Yohan Fort étant quasiment imbattable, il remporte naturellement la finale et la victoire. Dernier moment de joie des Italiens, la petite finale est remportée par Tiziano Ferrari, qui finit donc sur la 3e place du podium, laissant le deuxième favori français Romain Lucas remuer les idées noires de sa cuisante défaite en bas du podium.
L’après midi étant loin d’être terminée, surtout à l’heure espagnole, un concours de slide est organisé à l’extérieur de la salle (dommage, le parquet glissait vachement bien) avant la remise des prix. Photo de groupes et de tous les compétiteurs, remerciements et… attente des résultats ! Finalement, pour faire patienter le public, on donne les podiums pour récompenser les patineurs espagnols. Enfin, les juges sont prêts, et les prix sont décernés par un élu local : c’est que la compétition a obtenu la meilleure distinction pour un événement barcelonais le « 1er trofeu internacional ciutat de Barcelona ». Et comme c’est la finale de la Coupe du Monde, il y a double podium : les vainqueurs du classement général sont gratifiés par une belle coupe en verre sérigrafié. Pas de surprise pour le speed slalom homme et le freestyle slalom femme : les français Yohan Fort et Caroline Lejeune avait déjà gagné mathématiquement, et d’autant plus… pour la seconde année consécutive ! En revanche, pour le freestyle slalom homme, c’est Robin Tessier (MUC Roller) qui accède à la première place, devenant par le même coup le premier homme à faire le double Champion du Monde – Vainqueur de la Coupe du Monde. Pour le speed slalom femme, Sara Veronese est recallé à la 3e marche du podium, derrière ses compatriotes Barbara Bossi, première, et Sara Barlocco. Chamboulement pour la hauteur pure : les 3 françaises du podium 2007 sont remplacées par 3 italiennes, Cécilia Dellantonio (1ère), Maria Previde Massara (2e) et Federica Stangalino (3e). Exactement même constat chez les hommes : sur la première marche, Enrico Sordi succède à Thomas Rataud. Il est suivi par Luca Ulivieri et Simone Nai Oleari. Désengagement ou désamour des Français, ou fulgurante progression des transalpins ? C’est en tout cas loin de cette polémique que tous se sont retrouvés jusqu’à très tard dans nuit, dans un bar sur le Port Olympique, à siroter de la sangria (je ne parlerai pas des concours pour vider les carafes en aspirant avec le plus de pailles possible, ça nuirait à l’image de certains…) ou à danser sur les pistes éclairés de néons. Bon, ça rivalisait clairement avec la soirée et la vodka après le Championnat du Monde (à Moscou)… mais c’était la fin de la saison après tout, non ?
Pour aller plus loin