Bilan des médailles au championnat du Monde de roller course 2011 à Yeosu (Corée du Sud)
Les championnats du Monde de roller de vitesse 2011 se sont achevés début septembre à Yeosu en Corée du Sud. On a constaté qu'un fossé séparait désormais des pays comme la Colombie ou la Corée du Sud et le reste du monde...
Par alfathor

Retour sur le championnat 2011…
On compte 112 fédérations de roller dans le monde selon le site des organisateurs du championnat du Monde 2011 à Yeosu (Corée du Sud). Seules 38 ont participé aux championnats du Monde 2011 en Corée du Sud à Yeosu. Plus d’une quarantaine étaient pourtant inscrites…
Deux pays intouchables : la Colombie et la Corée du Sud
La Colombie a livré un duel impressionnant face à la Corée du Sud, en particulier sur la piste où les deux nations se sont tenues tête. La Colombie a définitivement marqué sa suprématie lors des épreuves sur route, laissant la Corée du Sud 13 médailles derrière. Au final, la Colombie a remporté 43 médailles dont 19 en or. La Corée du Sud, pays organisateur, prend la seconde place du podium des nations avec 30 médailles au total donc 13 en or ! La 3ème place revient à Taïwan (Chine Taipei), loin derrière avec 17 médailles au totale dont 5 médailles d’or.
Dans la catégorie Senior, la Colombie domine sans conteste le championnat avec pas moins de 19 médailles dont 10 d’or. La Corée est seconde loin derrière à égalité avec la Chine Taipei (8 médailles).
Chez les juniors, la Colombie et la Corée du Sucd sont au coude à coude avec respectivement 24 et 22 médailles au total, chacune des nations remportant 9 médailles d’or. Comme chez les seniors, la Chine Taipei arrive une nouvelle fois en 3ème position.
Comparaison avec l’édition 2010
La Corée du Sud et la Colombie ont conservé leurs résultats depuis le mondial 2010 à Guarne (Colombie). Elle pointait déjà à la 1ère et à la 2ème place du classement des médailles. La plus belle progression revient au Chili qui passe de la 15ème à la 6ème place. Notons aussi la belle performance de la Chine Taipei qui passe de la 7ème à la 3ème place. La Belgique est stable à la 4ème place. L’Argentine et la nouvelle-Zélande ont également bien progressé…
Les « anciennes » nations phares du roller souffrent, seule la Belgique semble conserver sa 4ème place :
- l’Italie passe de la 5ème à la 9ème place
- la France de la 6ème à la 7ème
- les Etats-Unis de la 3ème à la 13ème ! Tout reposant sur les épaules de Joey Mantia ou presque…
Comment expliquer le succès de la Colombie et de la Corée du Sud ?
La force de ces pays provient d’un vivier de patineurs bien fourni : là où de nombreuses nations manquent de jeunes patineurs, l’Amérique du Sud et l’Asie voient la relève arriver !
La culture du roller y est aussi bien ancrée. Par exemple, la délégation colombienne est revenue dans son pays avec les honneurs. Elle a été reçue par le président Juan Manuel Santos Calderón en personne ! Chose totalement impensable en Europe…
Enfin, la culture de l’entraînement et de l’effort n’est pas non plus la même, l’opiniatreté des patineurs à l’entraînement et la charge d’entraînement qu’ils sont capables de supporté a impressionné plus d’un entraîneur.
L’Asie et l’Amérique du Sud, les deux continent qui poussent le roller de vitesse
Le phénomène a été pour le moins flagrant, la majorité des courses sur piste a été prise en main par des nations asiatiques ou sud-américaines.
Du côté de l’amérique du Sud on trouve :
- La Colombie
- Le Chili
- L’Argentine
- Le Vénézuela
- l’Equateur
- Le Mexique
Tous ces pays ont terminé dans le top 20, la première moitié du classement 2011.
Pour l’Asie, on retrouve :
- La Corée du Sud
- La Chine Taipei (Taïwan)
- La Chine
- Hong-Kong
- L’Indonésie
- La Malaisie
- Singapour
- La Thaïlande
En revanche, pour l’Asie, l’essentiel des médailles se concentre sur les 3 nations phares : Corée du Sud, Chine, Taïwan.
Et l’Europe ?
Le vieux continent a sérieusement reculé au tableau des médailles lors des 5 dernières années.
Alors que des nations comme la France ou la Belgique ont imposé leur suprématie lors des Championnats d’Europe à Heerde et Zwolle en 2011, les deux pays n’ont récolté qu’une seule médaille d’or au championnat du Monde à Yeosu… au même niveau que l’Italie qui a été quasi-absente lors des championnats d’Europe.
Les nations émergentes
Elles sont de plus en plus nombreuses à oser s’engager sur les pistes, preuve que notre sport n’a pas fini de grandir ! Elles sont encore loin des podiums mais s’en approchent petit à petit. L’Inde, l’Iran, le Nigéria, le Pakistan, l’Afrique du Sud pourraient bien créer la surprise d’ici quelques années !
L’avis de Yann Guyader
Bonjour Yann, comment expliquer les impressionnants résultats de la Colombie et de la Corée du Sud par rapport aux autres nations ?
Pour moi qui vit 7 mois sur 12 en Colombie et qui m’entraîne à leurs côtés, il m’est facile d’expliquer tout au moins la domination des colombiens. Elle est d’abord physique, les charges d’entraînements sont au moins deux fois plus importantes qu’en France que ce soit au niveau du volume mais aussi de l’intensité.
Pour ce qui est de l’Asie la domination est technique selon moi, que ce soit la Corée, mais surtout pour la Chine Taipei. Dans le futur, elle sera encore plus forte ! Leurs patineurs savent patiner contrairement à nous.
L’envie fait aussi la différence. Je m’explique : en France, il y a un trop gros différenciel entre l’envie de devenir un champion et ce que l’on est prêt à faire pour y arriver. Dans d’autres pays, les athlètes vivent corps et âmes pour cela.
Enfin dernier point, c’est la professionnalisation du sport, tout du moins en Corée, ce qui maximise la longévité et l’implication des athlètes. Même si je persiste à dire que si nos athlètes étaient rémunérés, on aurait malheureusement sensiblement les mêmes résultats.
On remarque que l’Asie et l’Amérique du Sud deviennent les deux continents phares du roller de vitesse… pourquoi ?
Pour toutes les raisons que je viens de citer mais aussi par le développement des infrastructures. Les Coréens courent toutes l’année sur des pistes presque neuves en vesmaco. Nous, on ne roule presque jamais sur piste… et en plus, quand on a la chance d’avoir une course sur piste c’est sur une poubelle… Et ne parlons pas des infrastructures d’entraînement de ce qui est sensé être l’élite de notre pays ! Une piste en ruine pour le pôle de Nantes, et une bande de bitume autour d’un terrain de rugby pour Talence…Comment peut on prétendre à quelque chose avec cela ?
Comment expliquer le recul de l’Europe ?
Manque d’entraînement, d’envie, de professionnalisme…De tout en fait.
L’avis de Christophe Audoire, entraîneur international
Bonjour Christophe, comment expliquer les impressionnants résultats de la Colombie et de la Corée du Sud par rapport aux autres nations ?
Ils ont les talents , l’entrainement à la hauteur de leurs ambitions, une approche de la compétition internationale complètement tendue vers la victoire, une volonté forgée par des entrainements très durs, recherchant en permanence la précision du geste technique et ne laissant aucun détail au hasard.
Mais cela ne fait pas tout … en Seniors Hommes, c’est l’Europe qui domine en fond … Avec Bart Swing, Yann et Fabio Francolini.
La réussite est souvent en premier une question de talent et on a plus de chance de les trouver dans une population importante de pratiquants de bons niveaux.
Je le dis souvent quand je m’adresse à des entraineurs : » un talent c’est un diamant brut … une belle pierre ; mais avant d’être taillée, ciselée, ça ne reste qu’une belle pierre… » c’est le rôle des entraineurs de faire ce travail , de montrer le chemin à prendre pour le plus haut niveau, faire éclore cette ambition folle de réussir, trouver les solutions, connaitre et analyser le niveau mondial pour proposer des entrainements à la hauteur.
Oser vouloir gagner avec tous les risques que cela comporte…
L’environnement des futurs champions est important… c’est le rôle des dirigeants de trouver les moyens de construire les équipements à hauteur « des ambitions de ces talents ».
La volonté, l’envie de réussir, l’implication doivent être aussi fortes autour des athlètes qu’à l’intérieur de lui-même. C’est souvent ce que j’ai observé chez les coréens et les colombiens lorsque J’ai encadré des stages dans ces deux pays.
L’implication autour des athlètes est primordiale. La Corée et la Colombie ont des soigneurs avec leur équipe, présents en permanence pour « prendre soin » des athlètes : boissons, massages de récup’ tout au long de la journée de course « une intendance efficace et de chaque instant, il y a une forte pression mais toujours » l’accompagnement » qui va avec.
Un exemple , il n’y a plus de radio autorisée pour communiquer avec les athlètes ; ils y ont pallié en quadrillant la piste à 3 ou 4 coachs reliés par Talkie-walkie pour faire passer les messages de coaching aux athlètes.
Il y a un dynamisme plus fort dans leurs équipes… une spirale de la gagne, tous sont là pour réussir, une envie forte parfois débordante avec des façons de les exprimer complètement opposées. Un sud-américain a des façons de s’extérioriser différentes de celles d’un calme coréen.
On remarque que l’Asie et l’Amérique du Sud deviennent les deux continents phares du roller de vitesse… pourquoi ?
Ils sont les pays qui ont su le mieux prendre en compte les besoins et les moyens nécessaires actuellement au plus haut niveau. Il y a aussi une plus grande professionnalisation, avec des structures différentes dans chaque pays , les jeunes athlètes sont comme des apprentis d’un futur métier » Sportif professionnel »… Les meilleurs formations produiront les meilleurs pro, les grandes écoles, les élites… Il y a toujours des minimas à atteindre pour passer à l’échelon supérieur, pas de lacunes techniques, une exigence extrême.
Il y a aussi des enjeux financiers importants grâce aux compétitions comme les Pan Am Games et Asian Games où les médailles valent vraiment de l’or… de quoi s’investir complètement dans le sport. L’envie de s’en sortir aussi, une vie meilleure grâce au sport, de la réussite sociale peuvent expliquer leur volonté inébranlable combinée aux motivations plus intérieures.
Comment expliquer le recul de l’Europe ?
L’écart est important, si l’on met ensemble toutes les médailles des pays Européens on arrive pas au total des médailles de la Corée ! Malgré tout, je ne perçois pas comme un recul, qui s’expliquerait par le fait d’en faire moins qu’avant, en terme d’entrainement. C’est le contraire, le niveau d’entrainement a énormément progressé ; ce que nous faisions il y a 20 ans en seniors, pour être au niveau mondial, ferait rigoler un junior maintenant.
Mais c’est eux qui régulièrement progresse , a part quelques individualités, notre « taux de croissance » vers l’excellence mondiale est en retard par rapport à ces pays. Encore une fois, l’exigence technique et l’entrainement physique poussés à l’extrême limite sont les bases du succès dans ces pays.
En Europe Il y a des réussites individuelles, mais la Corée et la Colombie ont su le faire à une plus grande échelle…. Et même si nous ne sommes pas sport Olympique, le niveau de compétition s’en rapproche de plus en plus. C’est notre prochain challenge en Europe !
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Photos : Daniel Busser
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