Les 24 Heures du Mans roller en solo de Yu
En passant la barre symbolique des 100 tours à l'occasion des 24 Heures du Mans roller 2008, Michaël Ferré (alias "Yu" sur le forum de ReL) a rempli son objectif. Des moments d'euphories aux instants difficiles, il nous propose ici le récit de son aventure en solo...
Par alfathor

Objectif atteint
C’est à la fin des 24 Heures du Mans roller 2007 que j’ai décidé, après avoir enchaîné les 4 tours du Mans en 10 minutes chacun avec mon équipe, qu’en 2008 je ferai les 24h en solo. Je comptais sur mon endurance et mes 10 ans de roller pour réaliser ce défi.
Une préparation à la hâte
J’ai juste eu le temps de m’entraîner 2 mois avant l’épreuve. Le vendredi soir, j’ai pu trouver du monde pour m’emmener sur Le Mans à la dernière minute pour pouvoir être frais (encore merci à GMT28 du forum PR) le samedi en dormant correctement chez une amie du coin.
Je me retrouve donc dans la queue d’inscription solo prêt à assurer du mieux possible. Mes accompagnateurs, au nombre de 4, arriveront en début d’après-midi. Une fois inscrit et les passes paddocks récupérés, je sens déjà bien la pression monter doucement mais sûrement. Ensuite tout s’enchaîne à une vitesse folle …
Avant le départ – heure par heure
13h00 : Mon staff n’étant pas là je mange avec une autre équipe dont je connais le capitaine, il était dans mon équipe l’année passée (André si tu nous lis ! ).
13h30 : mon staff arrive et commence à déposer les affaires dans la tente solo qui est déjà bien remplie et dans laquelle il fait une chaleur de folie.
14h10 : je me décide à faire les qualifications pour la bonne forme et je fais la ligne droite limite les mains dans les poches en arrivant avant-dernier.
14h30 : Je range mes affaires, je trie, je prépare mes M100 que je possède depuis 3 ans.
15h00 : j’enfile ma vieille combinaison du PUC (où j’étais 3 ans auparavant) et j’ajoute un t-shirt orange par dessus. Fred, mon maître masseur commence à s’occuper de mes jambes, dos et compagnie pendant que je nourris mes pieds de NOK en vue de la durée.
15h30 : Je fais quelques étirements que mon kinésithérapeute m’a conseillé du fait d’un genou gauche récalcitrant qui a tendance à ne pas aimer la durée.
15h45 : Je file vers la ligne de départ suivi au pas de course par mon staff a qui j’ai donné les instructions de ravitaillement. Je contacterai le staff à l’aide de mon mobile pendant la course (merci SFR pour le formait illimité le week-end).
16h03 (environ) : Le coup d’envoi est donné. Je chausse mes patins en prenant mon temps car je sais que je vais rester un certain temps sur la piste et je n’ai pas envie de me « griller » direct. La course part vite, très vite, surtout chez les solos et duos qui en veulent cette année.
16h14 : Je réalise mon 1er tour en 9’30 avec Hornet Solo, qui, au départ voulait tourner en 11 minutes. Il a bien accéléré par la suite ! La course s’enchaîne d’elle-même et les galères aussi.
Première tuile
Je réalise les 6 premiers tours en 10 minutes chacun au maximum. Ensuite, c’est le drame, ma platine droite bouge à l’avant. J’avais eu le souci une semaine avant après avoir changé la visserie pour éviter tout problème. Je pensais que le coup de frein filet avait résolu l’affaire.
Je fais 2 tours le temps que mon staff comprenne la situation. Le vent dans l’oreillette ne facilite pas la tâche. Je leur explique que j’ai besoin du liquide bleu qui va bien. Une fois le précieux liquide récupéré, je m’arrête après le Dunlop et je noie la vis dans le frein filet en râlant tout ce que je peux pendant que d’autre solos passent.
Ils se renseignent pour voir si j’ai un souci afin de m’aider. Je les rassure, ainsi qu’une moto d’aide, en leur disant que j’ai vaguement la situation en main.
Je fais mon 9e tour en 16’11 en rageant. Je ne souriais pas sur le moment.
Pause
Ensuite, je pousse jusqu’à 21h10 pour faire une pause massage. J’essaie de récupérer. J’ai de bonnes crampes qui arrivent au niveau de mon genou gauche. Ajoutez à cela la chute de mon oreillette de téléphone mobile qui a failli terminer en bouillie sous le patin d’un autre patineur.
La pause dure environ 50 min.
C’est reparti
Vers 22h00, je suis reparti pour 5h00 de tours afin de pousser jusqu’une pause plus longue à 3h du matin.
Les tours s’enchaînent et se ressemblent avec un temps au tour de 11 à 12 minutes.
Nouvelle pause
Je finis par faire 54 tours avant de m’arrêter pour une pause bien méritée. Au lieu de m’octroyer 2 heures de sommeil, je ne prend que 45 minutes de récupération mais avec plus de massage, d’arrêt et de reprises que prévus. Je dors impeccablement bien avec mes bas de contention sur les 2 jambes. Je me réveille avec une forme relativement bonne.
Le dimanche matin
Je reprend la piste vers 5h30 pour encore 25 tours de piste supplémentaires, en gardant des temps très corrects compris entre 10 et 13 minutes par tours (mise à part un pour une pause pipi en haut du Dunlop qui se fera en 15’36).
Vers 10h00, je m’arrête en pensant avoir atteint les 80 tours et en me disant avoir de la marge et pouvoir aisément atteindre l’objectif des 100 tours voir plus 110 (super bonus).
J’enfile une combinaison Rollerblade toute neuve achetée sur place par ma chère et tendre (et surtout sèche). Je mange une banane et je profite de bon massage fait par Fred mon masseur « personnel ».
Hypoglycémie
15 minutes après mon arrêt, c’est le coup de théâtre je me retrouve en hypoglycémie d’un coup sans raison apparente, si ce n’est la dûreté physique de faire les 24h en solo. Ma copine, qui est secouriste et infirmière a le bon réflexe de me donner du sucre en sachet directement.
Cela me coupe en 5 minutes l’envie de vomir et de m’allonger, ce qui m’aurait laissé sur le carreau.
Je reprend mes esprits et je me dirige vers les sanitaires pour évacuer et faire travailler mes intestins. Je reviens 30-40 minutes plus tard dans un état moyen mais convenable. J’avale une assiette de pâtes afin de faire le plein de sucres lents. Je décide ensuite, après m’être remis en condition « mentale » dans la course à reprendre le chemin de la piste avec quelques appréhensions et du sucre à foison sous forme d’Ovomaltine et de gel accompagné d’Isostar. Je me dis que je vais faire un tour d’essai et que si je ne le sens pas alors je m’arrêterai, même si au fond de moi je sais que je ne stopperai pas si près du but.
Plus que 4h30
Reprise vers 11h30 avec un tour de chauffe en 12 minutes qui s’avère correct et me donne la motivation d’aller jusqu’à 16h00 en me gardant de jouer les cowboys. Je garde en priorité les 100 tours, je compte les tours les uns après les autres en faisant régulièrement le plein de sucre et d’étirements du genou gauche dans la descente qui suit le Dunlop.
Les tours se suivent entre 11 et 13 minutes avec comme dernière galère vers 14h30 (de mémoire), alors que je suis en train de me positionner derrière Thibaut, mon patin gauche qui roule sur une paire de lunettes de soleil en ferraille : une branche reste coincée sur la 2ème roue avant entre roue et roulement !
Sur le coup, je ne comprend pas ce qui se passe et des patineurs autour me disent direct d’où vient le problème qui me permet de le résoudre rapidement en tirant dessus comme un boeuf et en jetant les lunettes toutes tordues dans la pelouse loin de la piste.
Je relève les yeux, Thibaut a pris le large. Je dois me remotiver pour ne pas perdre de temps car au niveau timing, c’est plus que serré…
Sur les derniers tours, je recolle à certains autres solos comme RPhil mais je ne fais jamais plus de 1 ou 2 tours derrière eux. Je me préserve pour la durée et ils vont un cran au-dessus en vitesse.
Bientôt 100 tours
Je compte toujours les tours. Etant sur le point de boucler le 100e, je me fais dépasser dans la descente suivant le Dunlop par Twister de Pari Roller qui me reconnaît (j’ai été staff assez longtemps). Il me propose de l’accrocher voire de me tirer sur le reste du tour, ce que je fais avec le sourire car je commence à être au bout. On boucle le tour en 10’57. Là, je m’aperçois que je peux faire un 101ème tour en bonus. J’enquille le Dunlop sous les « hourras » de mon staff ayant eu les 100 et je m’autorise le 101ème en 13 à 14 minutes.
Derniers hectomètres
Suite à cela vient le tour d’honneur. J’entend au micro le sprint final des équipes de tête qui me conforte dans l’idée que c’est fini. J’ai tenu bon malgré l’hypoglycémie et les soucis de patins.
Je boucle mon tour en brandissant le drapeau du forum de moto dont je suis un des administrateurs. Je m’arrête auprès de mon staff pour une courte séance photo car je dois passer la ligne d’arrivée (j’avais presque oublié !).
S’ensuit une photo de groupe avec mes accompagnateurs qui ont été supers et ont supporté mes faiblesses et énervements à tous les niveaux : Christine (ma chérie que j’ai épousé samedi 12 juillet), Valérie, Fred (le copain de Val) et Hervé un pote motard qui ne connaissait pas du tout le délire des 24 Heures mais qui sans hésiter a répondu présent à l’appel.
Pour finir les 24 Heures en beauté, 15 min après mon arrivée je me refais une crise d’hypoglycémie pour la route qu’encore une fois ma chérie gère impeccablement.
Conclusion
Paradoxalement, avant le départ, on stresse un peu, puis on y va et on se dit que ça passe. Ensuite, à l’arrivée on regarde le nombre de tours en se disant qu’on ne sait pas comment on a réussi à en faire autant mais on est heureux. je me suis quand même dit que j’aurai pu faire mieux.
Je remercie encore une fois mes accompagnateurs sans qui le résultat aurait été moindre ou sans qui je n’aurai peut-être pas fini. Je remercie aussi tous ceux qui m’ont encouragé ou aidé pendant la course (André de PR, Twister de PR…) ou inconnu (mec en quad…).
Le solo ne sera pas pour moi l’année prochaine car nous allons essayer avec des amis de monter une équipe « filles » et une équipe « garçons ». Je retenterai peut-être l’aventure dans 2 ans pour améliorer ma performance personnelle à 110 tours avec un entraînement sur la vitesse pour descendre le temps moyen au tour et sans doute aucune pause longue.
Mike Online aka Yu sur le forum ReL
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Yann solo
12 août 2008 at 6 h 24 minTwister
26 juillet 2008 at 9 h 29 minThibaut D
25 juillet 2008 at 8 h 11 minTerminator
24 juillet 2008 at 20 h 46 minmiklc
24 juillet 2008 at 15 h 17 min