Un nouveau cru de juges IFSA
L'IFSA (International Freestyle Skating Association), l'association chargée par la FIRS (Fédération Internationale de Roller Sports) d'organiser la scène internationale de saut/slalom, a tenu sa formation annuelle de juges internationaux à Montpellier début mars. Des patineurs de plusieurs continents avaient fait le déplacement pour y participer...
Par alfathor

Direction Montpellier
Après les sessions de formations de Lausanne (Suisse, en 2004), Shanghai (Chine, en 2005), Taipei (Taiwan, en 2006), Groningen (Pays-Bas, 2007), c’est à Montpellier que les apprentis juges s’étaient donnés rendez-vous pour apprendre à appliquer le règlement international.
Les organisateurs
Aidé du Comité Départemental de Roller-Skating, le MUC Roller a accueilli les stagiaires du 29 février au 2 mars. L’impulsion a été donnée par Clochette et Skali dont les esprits pro-fédéraux et IFSA ne sont plus à démontrer.
Des participants aux nationalités variées
Les apprentis juges ont répondu massivement à l’appel : 5 nationalités et 26 personnes ont suivi les cours. Le plus étonnant reste certainement la diversité du public : compétiteurs, entraîneurs, responsables de développement de club ou de fédération, mais aussi néophytes, curieux et parents, tous désireux d’apporter leur petite touche au monde du roller acrobatique.
Fi des niveaux également : on trouvait aussi bien des non-compétiteurs que des champions de France ou du monde, mais aussi des juges fédéraux français et des juges… déjà internationaux, venus pour se mettre à jour avec les nouvelles règles.
Les surprises ne s’arrêtent pas là : cinq jeunes ont fait preuve d’une assiduité toute scolaire, puisqu’ils n’avaient pas 18 ans ! Cette surprenante mixité prouve que le roller acrobatique commence à prendre ses lettres de noblesse : on pratique un sport, avec ses règles et son état d’esprit à part entière et tout le monde peut y participer !
Les arrivées du monde entier
Une semaine avant, Robin Tessier décide de venir tester le bitume de la ville.
Les Brésiliens, eux, profitent plutôt des 4 jours pour se remettre du décalage horaire tout en visitant la ville.
Seppo, le Finlandais, préfère faire une première étape à Paris.
La veille, le gros de la troupe arrive : parisiens, grenoblois, toulousains, bordelais pour la France, mais aussi des zaragossais, des madrilènes et des milanais pour l’Espagne et l’Italie.
Les connaissances sont vite faites autour d’un (premier) verre qui donne le ton : maintenant, tous à l’anglais !
La salle Albert Batteux
Rendez-vous est pris à 8h30 pour aller tous ensembles au lieu de formation en tramway. On y retrouve Skali et Vincent Vu Van Kha, les 2 formateurs, ainsi que les locaux et les Barcelonais.
Tout le monde arrive pour le petit-déjeuner et prend un café, un jus de fruit, d’autres boissons ou du quatre-quarts dans la bonne humeur. Les victuailles seront à la disposition des stagiaires durant les 3 jours de formation en cas de besoin d’un petit remontant.
Et la formation dans tout ça ?
On y vient ! La matinée du vendredi est consacrée aux devoirs des juges : éthique, application du règlement, comportement…
On aborde aussi un peu d’histoire, la composition des aires de compétition, le matériel nécessaire, les classements, l’organisation et le déroulement des compétitions.
L’après-midi, les choses se compliquent : on s’intéresse avec précision aux règles du speed-slalom, du high-jump et du free-jump.
Vidéos à l’appui, les apprentis juges apprennent à détecter les faux départs, les plots tombés et évités, à mettre en place les times trials et à construire un KO système pour l’épreuve de speed slalom.
Pour le free-jump et le high-jump, les choses ne sont pas plus aisées : « ça passe ou ça casse » direz-vous, mais encore faut-il rester attentif aux touchettes de la main ou du genoux ! Surtout, que cela arrive souvent en saut. Il faut apprendre à départager les ex-aequo : au nombre de barres chutées, à la barre la plus basse, ou refaire sauter les concurrents ? Dans quel ordre procéder, à qui ces règles s’appliquent-elles, et que faire des impasses ?
Les élèves sont attentifs, posent de nombreuses questions, réclament des exercices et des exemples.
Temps libre !
Malgré une pause déjeuner copieuse, la journée se termine plus tôt que prévue. Du coup, les participants organisent une session sur la place de l’Europe, au centre-ville.
Les riders sautent dans leurs patins comme des collégiens qu’ils semblent être redevenus (ou restés pour quelques uns).
Samedi matin : formation sur le terrain
On remet tous les rollers ! Le but est cette fois-ci nettement plus pédagogique.
Dans la salle Albert Batteux, la grande salle de roller de Montpellier, située à 100 m de la salle de cours, les apprentis juges s’imaginent être en cour de récréation.
L’exercice est pourtant primordial. Chaque groupe doit déjà apprendre à tracer correctement les lignes de slalom, bien droites, alignées, centrées, équidistantes. On ne dirait pas comme ça, mais il faut quand même réfléchir un peu et savoir compter en anglais !
La suite est nettement plus amusante : chacun doit tester chaque figure inscrite sur le tableau de référencement !
Les premiers pas sont plutôt faciles, mais les patineurs se plient difficilement à l’exercice, en maugréant des « oui bah c’est bon ! je sais faire… » et en s’amusant à d’autres figures.
La suite ? Exactement l’inverse ! « non mais bon, c’est pas la peine, je sais déjà que je sais pas faire. ». Certains, plus pragmatiques, profitent de la bonne volonté et du niveau des autres pour réaliser quelques petites vidéos pédagogiques et prendre des conseils de réalisation.
Les tatillons, eux, posent des questions sur la validation ou non d’une figure suivant son degré de finition.
Finalement, à midi, l’objectif est quand même atteint, puisque chacun a pu se rendre compte de la logique de notation des figures et apprendre à donner une valeur à une figure « inconnue ».
Un samedi après-midi studieux
Il faut mettre en application l’exercice du matin, à savoir : juger la technique du slalom figure. Panique à bord…
Vinz et Skali doivent faire face à une avalanche de questions :
« le brush n’est pas dans le tableau, et là, son wheeling il ne le fait que sur 3 plots et demi, et sur son aigle, il lève le pied, et le chiken leg, il fait combien de tours, et sa toupie, est-ce qu’elle passe la ligne des plots… ? » Pour se remettre de ces émotions, on passe à la notation de la gestion :
Les familles de figures sont vite apprises, encore faut-il être rigoureux dans leurs validations.
Et la musique dans tout ça ? Un bon juge de gestion doit être attentif à la mélodie (sick sur la techno) et avoir le rythme dans la peau.
On termine cette journée par la notation du style, et le cauchemar de l’objectivité.
« Quoi il a un sale style ? tu plaisantes ! Il est trop stylé ! » Oui mais voilà, rappelons que le style c’est la finition des figures et des enchaînements, l’aisance, la fluidité et non pas le style personnel du patineur. A bas donc les mouvements de bras et d’épaules, les poignets crispés et les bustes cassés. Imaginez une ligne parfaitement équilibrée, et comparez. Ajoutez une valeur de 0,5 à 2 points pour chaque bonus inséré. Additionnez, servez.
Dimanche matin
Les élèves arrivent plutôt tendus : l’examen est pour cet après-midi !
Heureusement, Vincent et Skali ont tout prévu.
Après avoir vu la note de pénalité, on reçoit une batterie d’exercices supplémentaires.
Silence pendant la vidéo. Brouhaha inquiet dès la dernière image. C’est l’heure des questions et précisions de dernières minutes. Tout le monde y va de son propre commentaire.
Déjeuner sur le pouce
Finalement, on passe tellement de temps pour chaque correction que le nombre de vidéo est réduit.
Le déjeuner, habituellement décontracté, se fait sur le pouce pour avoir le temps de réviser : « Comment dit-on « tremplin » en anglais ? Tu te rappelles de combien ça vaut ? »
L’examen
Nous y voilà : la moitié dans une autre salle, une place sur deux s’il vous plaît, et retournez les feuilles à mon signal.
Les réponses sont à donner en anglais bien entendu. La première partie n’est finalement qu’un questionnaire sur le contenu dispensé durant les 2 jours précédents.
La pause « cigarette-café-ce-que-vous-voulez » est bienvenue. Les participants échangent leurs réactions, leurs réponses et leurs angoisses. Mais le plus dur est à venir : 2 vidéos pour chaque critère, une minute entre chaque projection, et une différence de 5 points éliminatoire.
La délivrance
C’est fini ! Merci à Skali et Vincent pour leur patience et leur disponibilité.
Pour certains, il ne faut pas rater le train. D’autres profitent d’une ultime soirée pour découvrir Montpellier « by night », avant de regagner leurs pénates ou d’autres horizons touristiques. Le sport, c’est avant tout une véritable aventure humaine : on rencontre des gens, on découvre des cultures, des paysages. On échange donc précipitamment e-mail et téléphone, on fait promettre de venir sur les prochains événements pour se revoir, de concourir mieux préparé, de juger à blanc ou officiellement pourquoi pas ?
Les résultats tomberont finalement quelques jours plus tard : 6 nouveaux juges, et 5 « repêchés » qui devront repasser le critère raté une prochaine fois pour pouvoir le juger.
L’ennui, c’est que cette fois-là, ça sera plus en France. On murmure que ça serait à Moscou, juste avant le Championnat du Monde. Une pierre deux coup, ça vous tente ?
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