Bolton nous raconte l’histoire du shop Clic-n-Roll

Rares sont les passionnés de roller qui parviennent à vivre de leur pratique. Après avoir été vendeur dans un shop spécialisé, François Berthier alias Bolton, a monté son propre magasin. Il nous raconte son histoire...

Par Vernon SULLIVAN

Bolton nous raconte l’histoire du shop Clic-n-Roll

Interview de François Berthier, alias « Bolton »

Bonjour Bolton, peux-tu nous raconter comment tu es tombé dans le roller ?

Début des années 90, un collègue et moi nous faisons offrir des rollers en ligne par le comité d’entreprise de nos parents. C’est le début de longues balades dans les rues du quartier, les premières boîtes… Très vite, on découvre le « freestyle ». A l’époque pas de skatepark, on se retrouve à une cinquantaine sur la place de la mairie de la ville, skate et rollers mélangés, les débuts du street avec des Stradablade à base de grindplates en bois faites maison et des noyaux de roues en guise d’antirockers…juste ce qu’il faut pour grinder les marches et les rails. C’était une époque formidable !
Un an après arrive ma première paire de street, des Sabotage blancs, me voilà accro’, j’enchaine les paires et les tricks, depuis je n’ai rien lâché, même pendant les périodes où j’étais plâtré… au désespoir des parents (rires) !

Avant tu étais vendeur en shop spécialisé. Qu’est-ce qui t’a poussé à te lancer à ton compte ?

En effet, j’ai fait mes armes dans la vente chez TamTam (fermé depuis décembre 2017), un magasin qui vendait toutes sortes de sports de glisse. Rentré au forcing et sans expérience en vente, j’ai remonté le rayon roller qui était à l’abandon et redonné une image au shop dans cette discipline. J’ai monté un team et fait mes premières ventes. J’y ai appris beaucoup, mais j’ai aussi vu plein de choses en gestion qu’il ne fallait pas faire ! Après quelques années payées au lance-pierre à faire le job de responsable multi rayons (commandes, gestions de site, gestion de stock, vendeur, animateur team, créateur d’événements…), je n’ai pas trouvé d’accord avec le boss pour m’inciter garder mon poste, puis je me suis dit :

« tout ce que tu fais là… pourquoi ne pas le faire pour toi ? ».

L’idée a germé pendant un an. Mi-novembre 2009, je démissionne. Début janvier 2010 j’ouvre Clic-n-Roll en ligne !

Comment as-tu choisi le nom Clic’n’Roll ?

Par un brainstorming avec la copine de l’époque et sa mère. Très vite c’est sorti, dans l’idée rock’n’roll, le clic pour la souris d’ordi (shop en ligne), le roll pour roller mais ouvrable à tous les sports à roulettes. J’avais déjà une vision lointaine du shop.

Quelles ont été les principales difficultés que tu as rencontrées ?

Au début, pas vraiment difficultés si ce n’est la découverte du Webmastering et de la comptabilité. J’ai appris sur le tas et avec quelques souvenirs d’école. Puis, j’ai eu quelques bâtons dans les roues de la part d’autres shops vis-à-vis des fournisseurs… c’est de bonne guerre ils défendaient leur steak !
Mais c’est surtout des sacrifices, un travail acharné (ce qui est encore le cas aujourd’hui), à l’époque c’est dans un appart de 40m² dont la chambre s’est transformée en stock, des stands quasiment tous les weekends sur les événements (40 dates en un an !) et toutes les économies mises dans la société.

Quelles sont tes plus grandes réussites ?

Sans hésiter, la vitesse de croissance du shop. En 9 mois, j’ouvrais une boutique physique !
Ensuite les réussites personnelles sont nombreuses, allant de la progression du chiffre d’affaire, à la création d’emplois et la formation de jeunes via les stages en entreprise.

Je suis très fier aussi d’avoir créé des choses : stickers, textile, roues, roulements, outils, boucles… et encore d’autres trucs sur le feu… C’est valorisant de faire soi-même, sans avoir besoin des fournisseurs.

Qu’est-ce qui fait la spécificité de Clic-n-Roll ?

Je dirais, l’engagement dans le travail accompli.
Les clients nous font confiance car nous sommes des pratiquants passionnés, quand je dis « nous » c’est moi bien entendu, mais aussi tous les salariés qui ont bossé ou bossent au shop. Nos conseils sont basés sur notre expérience de pratique, on se contente pas de relire les catalogues produits… On est sur un domaine pointu, les gens veulent des conseils pros !

Puis, notre réactivité fait une grosse partie du taf, le fait d’être en stock réel avec un large choix disponible tout de suite, livré en 24 heures, ça y fait beaucoup. Mais je passe aussi des heures et des heures à répondre aux moindres questions sur tous les forums, les médias sociaux (Facebook, Instagram, etc.), aux emails, au téléphone… Il m’arrive souvent de répondre tard le soir, en plein milieu de la nuit, en weekend, en vacances. Bref tout le temps ! Heureusement ma conjointe est compréhensive (rires). C’est un peu envahissant, mais aujourd’hui, je pense que sans réactivité, on perd des clients, les gens veulent tout pour hier.

Parles-nous des riders que tu soutiens.

Haaaaaaaa la famille ! Je les appelle mes poulains, mes enfants, mes filles, mes bro’ !

La famille s’est bien agrandie depuis le début et la plupart de ceux qui étaient là au début il y a 8ans sont encore de la famille ! Aujourd’hui le team c’est presque 20 riders officiels hommes et femmes, répartis dans 6 disciplines entre roller, quad, skate et trott’.

Certains sont plus ou moins connus, mais tous avec leurs atouts pour le magasin, mais surtout avec un esprit de ride qui colle aux valeurs du shop.
Ce petit monde représente un budget très conséquent car les marques ne jouent pas toujours le jeu, donc nous on assure le matos (si besoin selon les riders), des déplacements, des inscriptions aux contests, des financements pour les vidéos, montages ou autres… bref c’est déduit direct du salaire du boss dans la majorité des cas, donc encore une fois, sacrifice personnel pour mettre en avant des riders qui en valent la peine et avoir des retours sur le shop.

Comment fais-tu tes choix de produits ?

Majoritairement, en suivant les tendances pour répondre à la demande mais sans sauter sur le dernier truc sorti sans en savoir un minimum ou l’avoir testé. Ensuite en prenant compte des retours sur les collections précédentes et enfin en privilégiant les distributeurs qui nous offrent des facilités et de la marge (et oui on est là pour vivre et gagner de l’argent ne nous voilons pas la face, c’est le but du commerce). Avant c’était un peu plus simple, aujourd’hui c’est de plus en plus compliqué.

Entre les marques qui ne produisent pas tout ce qu’elles présentent, celles qui n’ont pas de stock, celles qui travaillent en flux tendu et celles dont les prix augmentent et la qualité baisse, c’est vraiment de plus en plus compliqué pour les shops de faire des plans et des précommandes.

Tu te déplaces souvent sur les compétitions il me semble…

Oui en effet, c’est pour nous un moyen d’aller voir nos clients qui ne peuvent pas venir au shop. Sur place on conseil, on renseigne et on vend… c’est un énorme travail car il faut préparer en amont, déplacer le matos et le stand, installer, faire la route et la journée de taf (souvent le dimanche… paye ta semaine de 7 jours ! ) et remballer pour remettre dans le shop et réinstaller pour rouvrir au public. C’est vraiment du gros boulot !
La récompense c’est les retours des gens sur place, trop heureux, qui te disent « trop cool que vous soyez là on avait besoin de conseils ou besoin d’essayer », puis quand on répare le matos de riders en pleine compète (on joue le rôle de sauveur de session)… puis, encore une fois, comme on reste rider avant tout, c’est un plaisir de retrouver les copains à roulettes aux 4 coins de la France, sur le stand ou autour d’un verre et parfois même de rouler avec eux !

Au début, comme je le disais plus haut, je faisais 40 events par an, parfois deux dans le Weekend ! Aujourd’hui j’ai levé le pied : les frais de route qui augmentent, trop de poids à lever pour le matos et l’envie de profiter un peu de la vie en famille, prendre du temps pour soi quoi… Depuis 8 ans j’ai tellement donné et sacrifié des moments précieux, aujourd’hui j’essaye de savourer un peu plus.

Je m’efforce donc de cibler certains évènements porteurs et des dates stratégiques pour rentabiliser le déplacement et le temps investi.

Notre plus gros déplacement reste le FISE Montpellier, on y déplace 60% du shop pour toute la semaine, c’est un des rares rassemblements en France où les riders de toute la France et même au-delà des frontières se déplacent, ils savent qu’on y est et viennent souvent tester les tailles, manipuler les produits, prendre conseils et faire le plein de matos, c’est toujours mieux que derrière l’écran nous disent-ils. Puis pour nous c’est notre Grand-Messe, on retrouve tout le monde et on a nos habitudes le soir pour festoyer (rires).

Comment concilies-tu ton shop, la pratique du roller et ta vie perso ?

60h/semaine à bosser (heures d’ouverture du shop+le rab toute la semaine et le travail à la maison)… ça laisse peu de temps libre, du coup ma pratique a bien diminué…

Je donne en plus des cours de roller le lundi soir au club local Krokosports avec la partie freestyle.
Donc ma pratique se résume à 2h par semaine de park/bowl, une à deux randos par mois, dont une organisée par le shop en partenariat avec le club local…

Voilà pour les sessions régulières. Ensuite, une fois de temps en temps, on fait des randonnées en famille ou des sessions le soir avec les copains pour décompresser, malheureusement ça reste très occasionnel.

Comme dit plus haut, j’ai une conjointe compréhensive, heureusement ! Madame roule et à deux boulots aussi dans le milieu du roller, le petit pratique aussi en skatepark et en slalom, donc on se fait des sorties ensemble quand on peut, puis comme on est passionnés de voyages, on essaye, au moins une fois par an, de partir loin pour vraiment décompresser… mais toujours avec nos patins ! Ça nous permet de partager notre passion pour le roller avec des gens de partout à travers le monde, c’est très enrichissant personnellement et professionnellement… ça ouvre des portes pour le futur !

Quels sont tes projets pour le futur du shop ?

Haaaaa la grande question ! J’ai plein d’idées mais peu de moyens, donc je laisse le temps aux choses, je ne précipite rien, je note ça et quand je peux, j’en réalise certaines.

D’un côté, le business du roller (pour ne parler que de roller) est de plus en plus compliqué, l’appât du gain par les marques est en train de tuer le commerce spécialisé à petit feu, alors je me bats tous les jours pour tenir bon, pour les clients, pour le team, pour les salariés, pour pouvoir manger.

C’est ce qui nous a poussés, au fil des années à nous diversifier… quad, skate, longboard, trott’, textile, chaussure… et on en a encore sous le coude ;)
Puis d’un autre côté, j’ai des opportunités pour d’autres trucs. Alors je me dis que rien n’est éternel, que s’il fallait lâcher mon poste de gérant du shop pour faire autre-chose en parallèle qui me trotte dans la tête… je pourrais réfléchir à des offres sérieuses. Quelqu’un veut un magasin clé en main ? je pourrais être un bon vendeur chez Clic-n-Roll ! (rires)

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Auteur
Vernon SULLIVAN 'SULLIVAN'

Passionné de roulettes devant l'éternel, le jour j'écume le bitume. Si je me crashe, si je tombe, ma peau s'arrache mais pas mon coeur de roller !

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