Retour sur la rencontre entre les acteurs français du roller-derby et la FFRS
L'Assemblée Générale de la Fédération Française de Roller Sports a eu lieu au Mans la semaine dernière. Une réunion a été programmée la veille entre les représentants des clubs de roller-derby français et le Comité National Course...
Par alfathor

Une réunion constructive entre la Fédération de Roller et les acteurs du roller derby français
Le but de cette réunion
En 2011, le nombre de patineuses licenciés pratiquant le roller-derby avoisine les 600 sur un peu plus de 10.000 licenciés Course. A l’heure actuelle, le roller-derby est virtuellement rattaché au Comité Course sans pour autant disposer d’une commission. Il a donc semblé important à la FFRS de rencontrer les principaux acteurs du roller-derby français pour discuter de la structuration du derby dans l’Hexagone.
Tous les clubs affiliés à la FFRS et dont des membres pratiquent le roller-derby ont donc reçu une lettre d’invitation à cette réunion. Il est dommage que les clubs non affiliés n’aient pas été sollicités, cela aurait favorisé une vision plus globale du mouvement du roller-derby sur le territoire national…
Les clubs de derby sont structurés en « ligues » (un regroupement d’équipes), attention, ce terme n’a pas du tout le même sens pour la FFRS où la ligue correspond à l’échelon régional déconcentré. Dans ce bilan, nous emploierons le terme de « ligue » dans le sens où l’entendent les pratiquantes de roller-derby.
Avant cette réunion, le Directeur Technique National et l’entraîneur national ont beaucoup échangé avec l’association Toulousaine pour avoir une base leur permettant de mieux appréhender les positions des différentes parties.
Les personnes présentes (liste non exhaustive)
Du côté de la FFRS, le Directeur Technique National Hervé Lallement était présent accompagné d’Alain Nègre (Entraîneur National Course), de Rolland Broustaut (Président du Comité Course), Daniel Bonithon (Trésorier du Comité Course), Christelle Breton (directrice de la FFRS), Michel terrien (Membre du CNC), Michel Fernandez (Membre du CNC), Sébastien (Ligue d’Auvergne), Jean Paul Gourmelon…
Parmi les acteurs du derby représentés : La section roller-derby d’Orcet (Puy-de-Dome) les Zombitches, Magali Chailloleau (Roller Derby Montpellier), Magalie (Nantes Roller Derby), Corinne (RD Brest), Yann (RD Brest), Nicolas Goury « Bravehurt » (Toulouse), Denis Fabre (Bordeaux), David François (Tarbes Pau Pyrénées), RD Dijon, RD Mans, Yohann Labreux (Spiders de Rouen), Eric Didelot, PRG, Ines (Paris Roller Girl), Lucie (PRG), Severine (Rouen Spiders), Virginie Maillet (Rouen), Angoulème…
Présentation du rôle de la fédération
La réunion a débuté par une explication d’Hervé Lallement à propos du rôle de la Fédération, de son fonctionnement et du travail de la Direction Technique Nationale. le DTN déploie un discours plutôt constructif, mettant en exergue les possibilités de collaboration et de mise en place d’un travail en commun pour aider à la structuration du roller-derby. Hervé Lallement exhorte les acteurs du derby à rejoindre les rangs de la fédération pour développer ce projet de façon collective.
La problématique du réglement
Les membres de la ligue de Bordeaux soulignent que le roller-derby a cette spécificité de s’appuyer sur un réglement international qui a pris naissance chez des acteurs privés américains, à la WFTDA. Ce réglement a été traduit par les ligues de derby françaises et adopté. La fédération souligne que cela n’empêche en rien de s’inspirer de ces règles pour les adapter aux spécificités du sport français. Un réglement national pourrait être construit en collaboration avec les associations de derby françaises et proposé à la FFRS, devant ainsi un texte « officiel ».
La FFRS souhaite amener un soutien et non pas contraindre la pratique
Hervé Lallement insiste bien sur le fait que la fédération viendrait comme un support aux ligues de Derby, pas comme un organe qui forcerait dans tel ou tel sens. La FFRS reconnait d’ailleurs les compétences de la WFTDA en matière d’arbitrage, de réglement, etc.
Rolland broustaut fait un parallèle avec la course où l’on adapte régulièrement le réglement français au réglement international.
Il semblerait qu’il existe plusieurs réglements du derby à l’international, Bordeaux a peur de voir un réglement de derby international l’emporter sur un autre et que la fédération oblige à choisir l’un plus que l’autre, en l’occurrence celui de la FIRS.
Hervé Lallement donne l’exemple IFSA avec la WSSA qui a posé ce problème 3 ou 4 ans auparavant en slalom.
Il est certain qu’à terme, la FIRS s’appuiera à terme sur l’association la plus représentative, il n’y a aucune raison qu’elle privilégie une démarche minoritaire.
Les aménagements du réglement
Le roller-derby est un sport jeune, ses règles sont donc en constante évolution. Alain Nègre pose donc légitimement la question de la variabilité des règles. Bordeaux explique que les modifications de règles peuvent se faire de façon ponctuelle dans des rencontres amicales pour tester de nouvelles possibilités de jeu.
Sur un championnat officiel, on joue avec des règles officielles. Des rencontres amicales n’ont aucune obligation de se limiter strictement au réglement.
La formation des juges
Vient ensuite la question de la formation des juges français. Il faudrait créer des cellules à même d’assurer la formation des juges français.
Cela pourrait ensuite aboutir à la création d’un Championnat de France officiel, au regard du niveau de développement.
A l’heure actuelle, la formation des juges se fait soit à l’étranger, soit en faisant venir un formateur étranger. Ce principe n’est pas applicable dans le cadre fédéral en france car la FFRS a une mission de service public qui émane du ministère. Il faudrait donc trouver une solution pour mettre en place une formation au plan national et qu’elle soit validée en collabration avec la FFRS.
Autre difficulté de taille, le nombre de juges sur le terrain, il n’en faut pas moins de 7 sur le terrain, sans compter les marqueurs, ce qui fait un total de 14 personnes en plus des joueuses !
Enfin, à l’heure actuelle, on ne sait pas précisement combien il existe de juges RD en France.
L’équipe de France : dans l’idéal, elle serait créée dans un second temps
La constitution d’une équipe de France passe par une démarche fédérale assez classique : normalement, on forme des juges, on met en place un championnat national, des équipes s’affrontent et l’on met en place des phases de détection des meilleurs patineuses. Ces étapes sont importantes car elles donnent une plus grande légitimité aux patineuses sélectionnées et évitent un choix arbitraire.
La fédération a donc souligné qu’il valait mieux construire l’équipe de France dans un second temps. Hervé Lallement a pris le temps d’expliquer ces procédures classiques de mise en place d’un championnat et d’une équipe de france. Il souligne également que si une organisation devient obsolète après 3 ans, rien n’empêche de la réformer, de la réorganiser, voire de la changer totalement… Il faut donc
Le circuit de compétition
Alors que la fédération propose plutôt d’autonomiser le derby au niveau national, la ligue de Bordeaux considère que les équipes doivent s’affronter à l’international et pas simplement au niveau français. Le réseau européen aiderait énormément à se structurer en France. La DTN souligne que rien n’empêche des rencontre européennes ou mondiales mais que l’on doit commencer par structurer la pratique au niveau régional, national…
Roland Brousteaut s’interroge sur la mise en place des rencontres entre équipes avec les clubs étrangers. En fait, les équipes de Bordeaux et Toulouse expliquent que c’est une question d’opportunités, de coûts, les équipes se contactent, discutent et décident ou non de se rencontrer.
Un outil aurait été mis en place permettant de voir quels matchs pourraient être intéressants pour telle ou telle équipe. Il existe un site où chaque ligue peut envoyer ses scores et ses données. Le site se mettrait à jour progressivement et permettrait de trouver des adversaires d’un niveau assez similaire. Il existerait sur ce site un calendrier pour éviter que des dates des rencontres se chevauchent.
Les minimum skills : une question épineuse mais vitale
Alain Nègre aborde la question des « minimums skills »: les compétences minimales à avoir pour pouvoir disputer un match. Ce corpus est proposé sous forme de grille par la WFTDA.
A l’heure actuelle, il semblerait que chaque ligue choisisse les critères permettant de dire si une joueuse est apte pour participer à une rencontrer ou non. Ce niveau s’adapterait en fonction des ligues pour permettre aux filles de jouer les unes avec les autres. Des arbitres sont habilités pour faire passer ces examens mais il en manque en France.
Ainsi, selon le contexte, ces « minimum skills » peuvent varier et sont certainement plus hautes et exigeantes aux USA.
La question de l’harmonisation des « minimum skills » est essentielle car elle détermine la sécurité des patineuses. On ne peut pas faire raisonnablement jouer une patineuse qui tiendrait à peine sur ses rollers ! Hervé Lallement explique que pour des raisons de sécurité, il faudrait absolument uniformiser les attentes minimales au plan national.
La question de l’intégration du derby au sein de la FFRS
Les Paris Roller Girls demandent à quelle échéance une commission pourrait être mise en place au sein de la FFRS. Hervé Lallement indique que c’est possible dès la prochaine olympiade. Cela dépend beaucoup de la volonté des différents acteurs de se structurer et de la motivation des bénévoles. Une fois qu’un nombre d’adhérents est atteint et que le système de compétition devient fiable, alors la discipline peut être reconnue à part entière pa la FFRS et le ministère. C’est ce qu’il s’est passé avec le freestyle, le street-hockey, le skateboard…
Il n’y a pas non plus de pression temporelle.
Hervé Lallement rappelle que quelques grandes lignes doivent être définies pour pouvoir ensuite déterminer les besoins de financement. Il précise bien que la FFRS ne commencera pas par financer une équipe de France mais qu’en revanche, elle peut soutenir des structures naissantes.
Concernant la collaboration entre associations, Bordeaux propose que des referees (arbitres) se déplacent chez les équipes qui démarrent pour les aider à se former. Elle propose également que ces équipes participent aux bootcamps organisés par les autres ligues (NDLR : comme le lendemain à Nantes).
La fédération peut apporter des aides à condition de trouver un support en face. Il tient aux clubs de derby de proposer la structure, libre à elle de l’organiser comme elle souhaite. Le souci de l’individualisme s’est posé en skate jusqu’à l’arrivée de la nouvelle équipe de Guillaume Gansert par exemple qui a proposé des réglements carrés.
Un groupe serait en cours de mise en place du côté du derby, le FROG. La fédération encourage cette initiative qui permettrait d’avoir un interlocuteur unique. Roland rappelle que le but de la réunion est surtout pour la ffrs d’apprendre à connaître le roller-derby. Bordeaux explique que le derby en france n’est pas encore assez structuré pour avoir des attentes bien définies.
Nicolas Goury (Bravehurt) de l’association de Toulouse milite pour :
- Une amélioration de la communication
- Davantage d’entraide entre les ligues et la FFRS
- Un consensus sur les minimum skills
- La mise en place d’un niveau minimum pour un arbitre
Il demande également ce qu’attend la fédération des patineurs. Hervé lui répond que la fédération peut contribuer à la mise en place des réglements et contribuer à la formation, mais que cela doit être fait avec les compétences des équipes de derby existantes. La fédération est plus prête à aider au niveau financier ce genre d’initiative de formation, de structuration qu’une équipe de France.
Deux logiques du derby se rencontrent
Cette réunion a permis de voir émerger deux conceptions du roller-derby assez différentes : D’un côté des « puristes » baignant dans la culture américaine du roller-derby (le Do it Yourself) et une conception plus « institutionnelle » très ancrée dans une conception plus fédérale de la discipline.
On constate ainsi une forte demande de la part des ligues de derby ancrées dans des clubs existants (et donc plus institutionnelles) qui souhaitent récupérer un maximum d’information auprès des premières, plus autonomes et indépendantes dans leur fonctionnement. On pourrait donner l’exemple d’Orcet (près de Clermont Ferrand) très demandeuse d’information auprès de ligues comme Bordeaux.
Les clubs sont loin de parler d’une seule voix. Le DIY d’un côté a lancé le derby en France, les ligues se prennent en main. De l’autre, il existe une culture club plus structurée via des sections crées dans des clubs existants. Ce sont deux modes très différents. D’autres clubs expliquent que cela marche comme ça… Le Do It Yourself, c’est « celui qui s’investit décide ». Il existe au moins autant d’équipes en dehors de la FFRS que d’équipes affiliées.
Hervé Lallement rappelle la nécessité qu’il y ait des représentants pour les clubs, c’est plus facile de parler à une personnes qu’à plusieurs d’un coup. Ce n’est pas forcément un élu, mais une personne qui porte la parole d’autres personnes. Le ministère fonctionne ainsi.
Les avantages d’un club affilié
Beaucoup d’associations de derby semblent s’être rapprochées de la FFRS parce qu’elles recherchent une salle pour pratiquer… et que les mairies sont tellement sollicitées qu’elles demandent obligatoirement à ce qu’une pratique sportive soit liée à une fédération, cela lui donne une certaine légitimité et des garanties en terme d’assurance.
Les PRG ont d’ailleurs posé des questions concernant l’assurance : Aujourd’hui, il existe une licence unique et une assurance unique qui couvrent les pratiquants de la même manière, quels que soient les risques.
Autre avantage des clubs affiliés, ils peuvent déposer des demandes de subvention à travers le CNDS.
La question des moyens financiers
Voilà encore une question qui montrent des différences de conception du roller-derby selon les ligues concernées. Bordeaux serait plutôt dans une logique où tout aspect financier est exclu : pas de sponsors, on se débrouille très bien sans ça…. Cela implique que tous les frais de déplacement, les formations, etc. incombent aux équipes.
De son côté, Bravehurt explique que le roller-derby fonctionne de façon autonome partout dans le monde, mais que les moyens financiers des uns et des autres conditionnent leur développement. Les ligues cherchent des fonds surtout pour favoriser la formation.
La fédération peut apporter une aide sur le secteur de la formation, des projets peuvent être mis en place dans ce sens et se décliner par la suite dans tous les secteurs.
En conclusion
Malgré une certaine virulence de la représentante de Bordeaux en début de réunion, les commentaires des différentes parties ont été globalement constructives et l’atmosphère s’est détendue au fil des discussions. La FFRS a clairement expliqué qu’elle ne voulait en rien s’accaparer le roller-derby et qu’elle souhaitait surtout mettre en marche un travail en commun. Les acteurs fédéraux ont clairement conscience qu’ils ne maîtrisent pas les tenants et les aboutissants de cette pratique. En cela, l’expertise des clubs et des ligues de derby est une véritable valeur ajoutée pour structurer le RD dans l’Hexagone.
La fédération ne souhaite pas imposer quoi que ce soit, elle souhaite aider les filles à faire ce qu’elles veulent. Cependant, le fait d’être sous l’égide du Ministère des Sports et de l’état nécessite de respecter certaines règles démocratiques qu’il faudra bien respecter si le derby vient à rejoindre la FFRS sous forme d’une commission.
La problématique reste que le derby est encore très divisé à l’heure actuel et qu’il est dur d’avoir quelques référents clés; Pour l’instant il faut communiquer avec l’ensemble des clubs et non avec une entité. Peut être que la mise en place du FROG simplifiera les choses.
D’autre part, les clubs ont des besoins très différents parce qu’ils ont des niveaux de développements très variés. Le problème n’est pas spécifique à la discipline.
Conclusion : il faut se structurer, la structure fédérale fait peur, la FFRS incite les ligues de derby à aller à la rencontre des comités départementaux et des régions pour voir comment faire avancer la discipline. Bordeaux indique que le travail doit se faire sans oublier les clubs non affiliés.
Preuve de sa bonne volonté, la FFRS propose aux ligues de derby de médiatiser une rencontre à travers une vidéo Orange Sports… Quand on voit l’impressionnante capacité du roller-derby à faire parler de lui, cela nous semble un peu comme une goutte d’eau dans l’océan !
Question sur le roller-derby à Nicolas Belloir, président de la FFRS
La question du roller-derby posée à Nicolas… par teamrollerenligne
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14 novembre 2014 at 16 h 52 min