Le roller est-il vraiment écologique ?
A l'heure de la prise de conscience écologique, nous nous devions de prendre un peu de recul sur l'impact du roller sur notre environnement. Des matières premières en passant par la chaîne de production et nos chères pistes cyclables, dans quelle mesure le roller est-il un moyen de transport écologique ?
Par alfathor

Impact du processus de fabrication des rollers et des patins à roulettes sur l’environnement
Le roller et le patin à roulettes s’intègrent-ils vraiment dans une pratique écologique ? A l’heure de la prise de conscience de la fragilité des écosystème, nous nous devions de prendre un peu de recul sur l’impact du roller sur notre environnement. Des matières premières en passant par la chaîne de production et nos chères pistes cyclables, dans quelle mesure le roller est-il un moyen de transport durable ? Voilà quelques lignes pour lutter contre les idées reçues.

Le roller : une pratique écologique ne signifie pas production écologique
Toute activité de production humaine, quelle qu’elle soit, laisse une empreinte sur l’environnement. Rares sont les produits que nous consommons qui n’ont pas pollué à un moment ou à un autre de leur cycle de production. Le roller, au même titre que le vélo ou la voiture électrique, ne fait pas exception à la règle : il laisse une empreinte écologique. Remontons le cycle de production d’amont en aval avant de nous attarder sur la pratique.
Les matières premières nécessaires à la fabrication des rollers
Comme disait Anaxagore de Clazomènes (et peut-être Lavoisier) :
« Rien ne se perd, rien ne se créé, tout se transforme ».
La fabrication de tout produit que nous consommons résulte de la modification de matières premières extraites de l’environnement. Commençons donc par faire le tour des matières premières nécessaire à la fabrication des rollers.

Les matières fossiles à la base de nos chers rollers
Les matières fossiles et en particulier le pétrole sont à la base de la plupart des plastiques.
Or, un grand nombre de composants de nos rollers et patins à roulettes sont constitués de polymères (plastiques). Par exemple, les coques moulées rigides, mais aussi les cuirs synthétiques des tiges, les mousses des chaussons, le polyuréthane des roues et parfois les platines d’entrée de gamme… voire certains types de lacets.
Comme vous pouvez le constater, nous partons plutôt mal pour le patinage à roulettes ! Plus de 80% de nos rollers sont réalisés à partir de dérivés du pétrole ! Il y a mieux comme matière première roller écologique.
Nous vous épargnons la débauche d’énergie et la pollution engendrée par l’extraction puis la transformation du pétrole et du métal, ainsi que son acheminement vers les lieux de production.
Essayons cependant de positiver : des chercheurs américains ont mis au point un « plastique » produit à base d’algues, grâce à une cyanobactérie…

Pour le rollo, il faut des métaux !
Essayez de visualiser le nombre de pièces de vos rollers qui contiennent du métal. Commençons par la coque avec les boucles micrométriques, les vis, les inserts, les œillets des lacets. Continuons avec la platine, puis avec les roulements. Les métaux sont omniprésents !

L’aluminium reste l’un des plus utilisés sur les châssis et les entretoises des rollers, mais vous pouvez aussi trouver du magnésium pour d’autres types de châssis. Il y a également de l’acier pour les axes ou les vis, du chrome et du nickel dans les roulements et bien d’autres. Or, l’extraction et le raffinage des métaux demande une grande quantité d’énergie carbonée. Le roller et le patinage à roulettes contribuent ainsi à l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre. Pas très écologique.
Les matières composites – un impact lourd sur l’environnement
Par matières composites nous entendons des composants tels que la fibre de verre, le carbone, le Kevlar. Ces matériaux sont de plus en plus employés dans la production des coques des rollers de haut de gamme. Ils apportent légèreté et rigidité et donc un gain de performance.
Cependant, la production des composites serait bien plus émettrice de CO2 que celle de l’acier. Cinq à vingt fois supérieurs selon l’association des producteurs d’acier. Nous pouvons cependant émettre une réserve dans la mesure où ce chiffre est fourni par un organe qui défend les intérêts de l’acier.

D’autres matériaux plus durables peuvent être utilisés pour produire les rollers
Le bambou chez K2, pour un roller plus écologique
Certains fabricants de roller ont utilisé du bambou pour réaliser leur platines. Ce fut notamment le cas de K2 avec les modèle K2 ETU et Maia en 2009. Mais là nous parlons plutôt de marketing que de roller écologique.

N’oublions pas le bois et plus particulièrement la cellulose qui compose les cartons dans lesquels sont emballés vos patins.
Enfin, certains rares modèles comportent encore du coton, notamment dans les lacets. Et parfois du cuir naturel pleine fleur dans la composition des tiges.
Radar : du soja pour réduire la part du pétrole dans les roues

La marque de roues de roller Radar a récemment innové en proposant la Tofu. Ce modèle de roue utilise une formule spéciale d’uréthane appelée « Ecothane ». Ainsi, une partie du polyuréthane (et donc du pétrole) est remplacé par une alternative au soja. La diminution des émissions de CO2 reste légère, seulement 3 % inférieure à celle des formules standards.
La production des patins est consommatrice d’énergie
La transformation des matières premières en usine nécessite l’utilisation d’énergie.
Considérons l’électricité : elle peut être produite dans des centrales nucléaires, des centrales à charbon et autres centrales thermiques, des barrages hydroélectriques, etc.
La part des énergies renouvelable reste encore minoritaire. Elle était de 6,6% en France en 2007 et a progressé à 19,1% en 2020 selon les chiffres de viepublique.fr. Autant dire que là encore, l’impact écologique n’est pas négligeable.

Divers produits chimiques interviennent également lors de la production :
- Des colles
- Des dissolvants
- De l’encre, des colorants
Le transport des rollers des lieux de production vers leur lieu de vente nuit à l’environnement
Une fois sortis de l’usine, vos chers rollers doivent être acheminés vers les points de vente ! En général, ils sont produits en Asie comme 80% des produits manufacturés dans le monde. Comptez donc quelques milliers de kilomètres supplémentaires en bateau qui consomment à nouveau du carburant. Quelques rares fabricants produisent une partie de leur matériel en Europe, mais ils restent minoritaires. Au début des années 2000, l’Italie était reine avec la ville emblématique de Montebelluna.

La pollution de l’environnement lors de l’utilisation des rollers
Après cette première étape montrant que la production d’une paire de roller n’est pas sans impact sur l’environnement, nous allons nous attaquer à notre impact lors de la pratique.
Au même titre que le vélo, une fois produits, les rollers ne consomment quasiment plus d’énergie. Leur impact sur la nature est alors plus limité. A ce stade, il faut prendre en compte :
- La consommation de pièces détachées liée à l’usure (roues, roulements…)
- Les traces de polyuréthane laissées par l’abrasion des roues sur la chaussée (impact minime en comparaison avec les autres moyens de déplacement)
- Les pertes de lubrifiant des roulements lors de l’usage (très faible également)
Le gros avantage reste que c’est l’énergie humaine qui meut les patins, les rejets polluants sont donc très réduits.
Un grand dilemme pour un roller écologique : la surface de roulage !
Force est de reconnaître que le roller peut difficilement se passer du bitume pour évoluer. Et c’est là l’essentiel du paradoxe : une pratique qui se veut écologique ne peut se passer d’un support polluant (ou presque).

Actuellement, de nouvelles surfaces font cependant leur apparition sur le marché. Les fabricants proposent de plus en plus d’enrobés qui ne nécessite plus l’utilisation d’hydrocarbures, des enrobés non bitumineux. De plus, ils s’useraient moins vite sous l’action des voitures. Certaines voies vertes, comme celles de Lattes à Palavas (34), sont constituées de ces nouveaux matériaux plus verts.
Quoiqu’il en soit, tant qu’une surface de roulage spécifique sera nécessaire pour le patin, des aménagements du territoire seront inéluctables, avec toutes les conséquences que cela implique sur l’environnement en termes de destruction des espaces naturels. Sur ce point, le roller a donc un impact supérieur à celui du VTT par exemple.

Et côté recyclage ? Le roller est-il écologique ?
Si cette problématique n’est pas prise en compte en amont, au moment de la production des rollers, peu de pièces peuvent être recyclées. Les fabricants doivent donc réfléchir à ce paramètre lors de la conception de leurs produits. Cette tendance s’est développée chez des fabricants comme K2 ou Powerslide à une époque avec leurs gammes « écologiques ». Powerslide communique d’ailleurs désormais sur le fait d’utiliser des matériaux recyclables et/ou vegan.
Toutefois, en pratique, il reste difficile de recycler des produits complexes. Les roues, par exemples, se composent généralement de différents types de plastiques et de polyuréthanes. Elles sont peu valorisables. Voilà quelques années, des marques comme Bont et MPC réfléchissaient à rechaper les roues à jantes en aluminium de leurs roues haut de gamme. Toutefois, la difficulté logistique a rapidement eu raison de cette idée.

Un bilan écologique mitigé pour le roller
Si le roller s’avère être un moyen de transport relativement écologique une fois produit, il reste encore un long chemin à faire pour réduire l’impact environnemental de la production et du recyclage de nos chères roulettes !
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Article du 21 avril 2009 mis à jour le 19 mai 2022
Ben
25 avril 2009 at 12 h 45 minbat35
25 avril 2009 at 10 h 08 minAlfathor
25 avril 2009 at 2 h 00 minBrûler un roulement pour le recycler pollue, une roue, je pense, ne peux être brûlée, car trop polluant.
Soit, vous démontez vos rollers pour trier et, éventuellement, vous appelez les encombrants ou voyez des emplacements qui existent pour le fer, etc...