Levon, A Wondrous Life – un roi du roller en Arménie
En 2013, Anahid Yahjian et Emily Mkrtichian nous emmenaient à la rencontre de Levon, un patineur sexagénaire qui fit du roller son mode de vie dans les rues de Yerevan (Arménie). L'occasion d'un voyage philosophique et introspectif.
Par alfathor

Levon : « Le mouvement c’est la vie »
Lorsque le court métrage « Levon, A Wondrous Life » fut tournée et mise en ligne, Levon avait 60 ans. Il patinait toujours en 2019, quand la réalisatrice Anahid Yahjian est repassée le voir à Yerevan, en Arménie. Ce patineur arménien, surnommé « The King » a fait du roller son mode de vie. En effet, il patine depuis son plus jeune âge. Levon démontre une grande capacité à voir le beau dans une vie difficile…
Les commentaires de Levon durant la vidéo
« Quand je chaussse mes rollers, le mouvement commence. Le mouvement c’est la vie, vous savez ? Une personne qui bouge est une personne en vie. Je suis né avec les rollers aux pieds. D’abord avec des patins traditionnels, puis avec des roller en ligne. Je suis solitaire, mais pas je ne me sens pas seul. Personne ne me manque. Le manque est une forme de maladie. Je me sens comme une partie de l’espace. Je me sens comme le ciel avec le vent qui me pousse. C’est pour cela que j’aime le roller : j’écoute ma musique et je vole à travers la ville comme un oiseau.
Les gens me demandent : « Mais tu n’as pas peur de te faire renverser par une voiture ? » Je leur réponds que non, parce que si tu n’as pas peur de la mort, alors la mort reste loin de toi.
Dans les années qui ont suivi la chute de l’Union Soviétique, ils ont tué et effrayé beaucoup de gens. Et depuis lors, la peur est en eux. Il y a un arménien qui dit : « la maison est là où se trouve la nourriture ». Alors, ils sont tous partis, principalement en Russie, et il y font toutes sortes de basses besognes, de travaux au rabais. Ce n’est pas vraiment une peur de vivre, c’est plutôt la peur de la pauvreté. La peur du lendemain, de la subsistance quotidienne.
Il y a un dicton qui dit que l’herbe est toujours plus verte ailleurs. Pour moi, peu importe où je suis. Parce que la vie est une chose fascinante, elle a été créé d’une façon si intéressante et incompréhensible. Donc, où que vous soyez sur cette petite planète, vous devez faire de votre mieux, quoique vous ayez. »
La vidéo « Levon: A Wondrous Life »
Fiche technique de la vidéo Levon, A Wondrous Life
- Titre : Levon, A Wondrous Life
- Tournage : novembre 2013
- Sortie : Décembre 2014
- Format : Court-métrage (6 min. 49 sec.)
- Lieu du tournage : Yerevan, Arménie
- Réalisé et monté par Anahid Yahjian et Emily Mkrtichian
- Seconde caméra : Alex Igidbashian
- Opérateur Niva : Vrej Haroutounian
- Musiques : « The Broken Places » par Moby et « Happy » de Pharrell Williams
A propos d’Anahid Yahjian
Anahid Yahjian est écrivaine, réalisatrice et productrice indépendante de cinéma expérimental. Elle a réalisé plusieurs documentaires. Son travail est motivé par le questionnement sur l’histoire, le pouvoir, ou encore la mémoire. Elle a notamment produit le cour-métrage narratif « 140 DRAMS » (Camerimage, Clermont-Ferrand 2013). Puis, elle a jeté les bases créatives du documentaire « Spiral » (IDFA Bertha Fund 2015, Golden Apricot 2017) et a également tourné et dirigé le documentaire numérique viral « Levon, A Wondous Life » (2013).
Depuis son retour à Los Angeles, elle a dirigé le Cine-Triptych expérimental, Corpus Callosum (2014-2016) et a le court-métrage de science-fiction « Transmission » (BFI Flare, Vancouver QFF 2019). Elle a ensuite reçu une commande de la galerie Reflefspace de la ville de Glendale pour créer le docu-mémoire Hishé (2021). Lorsqu’elle ne crée pas ses propres films, elle dirige du contenu de marque et des clips pour des clients tels que AMC Networks, Amazon Music et Joyful Noise Recordings. Récemment, elle a également supervisé la postproduction sur les séries télévisées et le contenu numérique pour A24, Netflix, Vice et Spotify.
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