Le Conseil Général de Gironde et l’interdiction du patinage
Le 3 septembre 1930, le Conseil Général de Gironde statuait de la légalité du patinage à roulettes sur la route d'Arcachon. Il dut reconnaitre que les patineurs, non présents dans le code de la route, ne pouvaient pas être interdits d'utiliser la voie publique.
Par alfathor

Retour sur la séance du 3 septembre 1930
Le 3 septembre 1930, les rapports et délibérations du Conseil Général de Gironde s’interrogaient sur l’interdiction du patinage à roulettes sur la route d’Arcachon. Nous vous livrons le contenu in extenso, grâce à Gallica.
La réponse du ministre au questionnement sur le droit de patiner sur la route
En ce qui concerne le patinage isolé, à roulettes, vous aviez demandé, avec M. le docteur Malet, que ce sport fût interdit sur la route d’Arcachon. Vous savez que, s’agissant du patinage groupé, il y a un arrêté du 27 avril 1929 qui l’interdit. Reste la question du patinage isolé. C’est assez délicat. J’ai saisi de la question M. l’Ingénieur en chef, qui m’a fait connaître qu’il craindrait que, si je prenais un arrêté dans le sens que vous demandez, cet arrêté ne fût entaché d’excès de pouvoir et, par conséquent, serait susceptible d’être déféré au Conseil d’Etat. J’ai alors posé la question au ministre de l’Intérieur lui-même, et le ministre m’a répondu, le 29 juillet dernier, ceci :
» Paris, 23 juillet 1930.
En réponse à votre rapport du 5 juillet, j’ai l’honneur de vous faire connaître qu’après examen du voeu du Conseil général de votre département, tendant à l’interdiciton du patinage à roulettes, en dehors des compétitions, soumises à une réglementation spéciale, sur le chemin de grande communication n° 7, de Bordeaux à Arcachon, je viens de soumettre cette question à M. le Ministre des travaux publics. J’ai informé mon collègue que, conformément aux conclusions de M. Lefébure, il ne me semblait pas possible d’envisager, on l’espèce, en l’état actuel des textes, une réglementation plus ou moins sévère à l’usage des patins à roulettes, suivant les époques, les heures et la nature des voies, réglementation qui devrait s’inspirer des dispositions de votre arrêté du 29 avril 1929; mais que l’interdiction de ce mode de locomotion, même limité à une ou plusieurs voies publiques, manquerait, à mon avis, de base légale.
Dès que M. Pernod aura bien voulu me faire savoir son opinion sur la question posée, je m’empresserai de vous en aviser. »
La suite des échanges entre le préfet et Monsieur Poulet à propos du patinage sur les routes du Bassin d’Arcachon en Gironde
Je n’ai donc pas pu prendre un arrêté, parce que, si je le prenais, il serait déféré au Conseil d’Etat qui me donnerait tort. Mais j’ai déjà demandé au commandant do gendarmerie d’exercer une surveillance particulière en ce qui concerne le patinage, parce qu j’ai constaté moi-même que, sur la route d’Arcachon, sur la route du Médoc et sur la route de Toulouse, voies très agréables pour patiner, il pouvait y avoir, pour les patineurs eux-mêmes, un danger très grave. Mais le patin à roulettes est un moyen de locomotion qui peut servir aussi pour le travail, et, dans ces conditions, j » ne peux pas faire plus.
M. POULET. — Ne serait-il pas possible de demander aux compagnies d’assurance contre les accidents de subventionner ce service spécial ? Cela se fait en matière d’incendie de forêts. Les compagnies paient une subvention aux services ou organisations destinés à combattre les incendies. Or, la situation est à. peu près la même.
M. LE PRÉFET. — C’est une suggestion que je pourrai soumettre au président du syndicat des agents d’assurances. Je vous communiquerai sa réponse.
M. BON. — M. le Préfet ne pourrait-il pas intervenir auprès des sociétés de patinage pour qu’elles invitent instamment leurs membres qui se livrent au patinage à roulettes sur nos routes à se tenir prudemment sur le côté droit de la route ? Car, si ces patineurs isolés qui vont sur nos routes pour s’entraîner, tenaient constamment la droite de la chaussée, les risques seraient bien diminués et on pourrait les tolérer; mais la plupart du temps, c’est sur le milieu de la chaussée que les patineurs circulent, et c’est là qu’est le danger.
M. LE PRÉFET. — Je ne peux que leur donner des conseils, pour le moment. Le patin à roulettes n’est pas compris dans le Code de la route…
M. DU PÉRIER DE LARSAN.— A Paris, le patinage à roulettes est interdit dans les rues et n’est autorisé que sur des terre-pleins, comme, par exemple, l’esplanade des Invalides. Par conséquent, il y a un texte qui a permis à la municipalité de Paris et à la police de Paris de prononcer cette interdiction. N’y aurait-il pas lieu de voir si ce texte ne pourrait pas être invoqué pour interdire le patinage à roulettes sur nos routes ?
M. LE PRÉFET. — Ce doit être une disposition spéciale à la ville de Paris. Quoi qu’il en soit, je rappellerai au ministère de l’Intérieur la demande qui lui a été soumise et l’avis du ministère des Travaux publics. Il est possible qu’on pourra introduire une correction.
Pour aller plus loin
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France