War Against the Machines – Lugdunum Battle 2008

Nous voici de retour du Lugdunum Contest 8ème édition plutôt réussi dun point de vue slalom Après trois ans de vide intersidéra

Par Chloé SEYRES

War Against the Machines – Lugdunum Battle 2008

28 Septembre 2008, première journée du War Against the Machines

L’événement War Against the Machines 2008 était exclusivement constitué d’un énorme Battle freestyle qui a duré toute la journée. Il s’inscrivait dans le cadre du Lugdunum Contest 2008. Pas d’épreuve de speed slalom cette fois.

De 9h (heure d’ouverture du Battleground pour l’échauffement) à 18h (heure des résultats) le Battle s’est imposé en (presque) plein milieu de la place Bellecour (oui, parce qu’elle est grande quand même).

Planning

Pour simplifier le déroulement du Battle, on pourrait le diviser en trois parties :

D’abord les qualifications (8 poules de 3 ou 4 riders) vers 10h00.

Les deux premiers de chaque poule sont qualifiés pour le Battle (dont les quarts de finales commencent à 14h00)… parce que pour les quarts, il ne pouvait rester que 16 riders (sur les 25 inscrits).
Les autres (les recalés) passent dans un tableau de consolation : les riders n’ayant pas passé le premier tour ont tout de même le droit de faire un « petit tournoi » (manquerait plus qu’ils soient venus pour rien !).

Donc en gros, les qualifications ont permis de classer tous les participants en deux tableaux : le tableau du haut (celui des qualifiés) et le tableau du bas (celui des recalés).

Le petit tournoi a eu lieu immédiatement après les phases qualificatives, jusqu’à 13h00.

Et après une rapide pause-déjeuner en compagnie de nos amies les abeilles (sympas, mais collantes, impossible de manger en paix – je parle pour moi, en mode « War against the Bees »), on a attaqué le Battle.

Lugdunum Originals

Il y avait plusieurs points originaux dans l’organisation et la perception de ce Battle.
A commencer par l’élément le plus évident et déterminant : liberté, égalité, fraternité : tout le monde dans le même panier (c’est pas pour faire chauvin, c’était pour la rime). Les garçons, les (deux) filles (c’est pas faute d’avoir ragassé), les amateurs, les pros, les classés, les non-classés.

Catégorie mixte !

Les participants étaient tous français : Battle national. Mais c’était pas désagréable du tout : il y avait évidemment une horde de lyonnais, dont Aurélien Boudoux (#152) le showman slalom-breaker, Kyan Sanchez (#197) qui a laté tout le monde en back heel wheelings, Antoine Colange alias TotoGT (#144) (pssst : c’est lui qui va gagner !) du Team Gyro ; également chez Gyro, le charismatique Julien Boucry (#177) qui a fait le déplacement depuis Paris ; d’autres parisiens présents, notamment Chloé Seyrès (#2 Women) et Xuan Le (#8) du SebaTeam – et son poulain Boris Rozbroj (#195) ; des Lillois aussi comme Louis Leblond (#170), et Emilien Holveck (#153) en mode 100% Quad Represents ; mais aussi des dijonnais (Damien Michea) et des caennais (Emmanuel Laurent) ; notons enfin la présence des frères Messina venus tout droit de Sassenage pour s’essayer au Battle.

La deuxième originalité était dans les parcours proposés sur le Battleground.

Il y avait l’incontournable ligne de 80, une autre de 120 et… un X-Style (i.e. deux lignes de 80 de 9 plots se croisant en leur milieu). Et pas de 50.

Antoine Colange

Le X-Style était une bonne idée, mais c’était sans tenir compte de la légère – néanmoins bien présente pente. Du coup, c’était un peu compliqué pour gérer les changements de trajectoires en fonction de la pente et tout et tout… et le X n’a pas été énormément exploité durant le Battle.

Enfin la dernière originalité était dans la composition du jury. Un des trois juges était (pseudo-) issu du public. L’idée sous-jacente étant de soumettre la prestation des riders à un avis de non-spécialiste qui représenterait la vision du public, pour mettre en avant le côté artistique et spectaculaire – souvent dénigré au profit de la technique pure.

Bon, vous vous en doutez, le membre en question n’était pas complètement novice en la matière. C’était un slalomeur lyonnais qui s’est prêté au jeu. Mais il avait une appréhension beaucoup plus stylistique du slalom comparé aux deux autres juges (Sébastien Laffargue et Yann Wong) qui ont une tendance naturelle à focaliser sur le côté technique.

Un petit paragraphe quand même pour deux figures incontournables du Battle : le Speaker et le DJ… les catalyseurs d’ambiance !

Le DJ a assuré en enchaînant les mix electro-rock toute la journée. A coup de 12 morceaux par poule (histoire de changer de track tous les deux runs), ça fait une sacrée playlist !

Quant au speaker, une chose est sûre même avec la voix en vrac, il sait parler… c’était d’autant plus agréable d’avoir un speaker qui a non seulement l’habitude de cette fonction mais qui en plus est slalomeur : ce qui fait qu’il peut commenter intelligemment tout en retenant l’attention des spectateurs… spectateurs qui ont été environ 7.000 à s’arrêter Place Bellecour ce dimanche 28 septembre.

Les qualifications et le tableau de consolation

Les phases qualificatives correspondaient à des huitièmes de finales : huit groupes de trois à quatre riders.
Mise à part l’élimination des deux lillois, Louis Leblond et Emilien Holveck, pourtant tous deux favoris dans leurs poules respectives… pas grand-chose à signaler.

Julien Messina
Julien Messina

Coïncidence… ou pas ? A mon avis ça serait trop gros pour en être une : les deux lillois se font sortir alors qu’ils se retrouvent dans les poules des deux frères Messina, de Sassenage : les deux éléments inattendus qui viennent chambouler les prédictions des qualifications.

Julien et Mathieu Messina terminent premiers de leurs poules, respectivement devant les parisiens Julien Boucry et Boris Rozbroj, et laissant les lillois sur le carreau.

Les deux filles aussi continuent l’aventure : Chloé Seyrès, la favorite – subtilement qualifiée par monsieur Ixprim-speaker d’ « homme à abattre », finit première de sa poule ; et Séverine Thomas, retraitée du freestyle slalom depuis deux ans, qui s’est offert un petit come-back-remember-nostalgie, se place deuxième de sa poule derrière Xuan Le.

Les lyonnais sont également nombreux à passer les qualifications. Ils sont six, dont Kyan Sanchez, Antoine « TotoGT » Colange et Aurélien Boudoux.

Le petit tournoi, dont les poules étaient donc constituées avec le tableau des recalés, a eu lieu immédiatement après.

Là les deux lillois se vengent et se qualifient tous les deux premiers de leurs demi-finales, talonnés par Cyril Redinier (Sassenage) et Nicolas Frevol (Lyon).

Quant à la finale, le niveau est loin d’être ridicule… et Emilien Holveck nous a fait une belle démonstration de figures new school (coréennes, chicken legs…) mixées avec des blocs et moves de roller-dance en Quads. Comme quoi… quand on veut, on peut !

Il remporte la finale, devant son pote Louis Leblond (2e) dont le style reste encore un peu aléatoire (cf. placement des bras) par rapport à Emilien Holveck.

Suivent Cyril Redinier, prometteur mais timide, et Nicolas Frevol.

Emilien Holveck
Emilien Holveck

Les quarts de finales du War Against the Machine 2008

Les choses sérieuses commencent avec les quarts de finales.

Dans la première poule, Chloé Seyrès se qualifie sans trop de problèmes : elle se lâche un peu plus par rapport aux qualifications du matin (moteur Diesel, c’est le temps que ça chauffe), place des heel spins en safety catch, des wheelings aller-retour sur le X-Style, des moves de style à base de kicks’n jumps…

La deuxième place est convoitée par Julien Messina et Kyan Sanchez. C’est le troisième run qui va départager les deux riders : Julien, comme Mathieu son frère, est un adepte des toupies coréennes, et mise beaucoup dessus pendant ses runs. Il mène très légèrement durant les deux premiers runs avec un taux de réussite un peu plus élevé que Kyan Sanchez. Mais joli retournement de situation sur le 3ème run : Kyan fait une prestation impressionnante avec particulièrement un back heel wheeling sur 13 plots et d’autres tricks réussis proprement dont je ne me rappelle plus parce que c’est le wheeling qui m’a frappée ! Sa révélation du troisième run lui permet de passer en demi… et du même coup sort Julien Messina.

Même schéma pour le deuxième groupe : la première place est attribuée sans contestation à Aurélien Boudoux, le gars qui se met en orbite plus vite que son ombre (et il s’arrête jamais de tourner pendant les 30 secondes de ses runs…). Il donne un peu la même impression que Taz dans les Looney Toons (pour les connaisseurs) en moins bourrin (encore que…) et avec les kicks en plus.

Julien Boucry
Julien Boucry

Quant à la deuxième place : c’est le fight interne entre les membres du Team Gyro, Julien Boucry et Antoine « TotoGT » Colange. Malgré le charisme (bientôt) légendaire de Julien Boucry, dans un style coulé et propre (peut-être un poil lent ?), c’est TotoGT qui se qualifie pour la demi-finale grâce à une meilleure tenue de ses tricks techniques (back wheelings, toupies) et une plus grande variété (il est un des rares à proposer des sitting tricks). …Et encore et toujours ce même schéma en troisième poule : Mathieu Messina, 12 ans, fait sensation avec un niveau technique largement au-dessus de celui de ses concurrents (particulièrement dans le répertoire des toupies – coréennes toe, heel-toe, décroisées – qu’il enchaîne sans même reposer).

Et pour la deuxième place, le challenge se situe entre Séverine Thomas (descendeuse et speed-slalomeuse avant tout) et le lyonnais Nicolas Reynolds qui compte 8 mois de slalom à son actif. C’est à l’issue d’un last trick de départage que le jury tranche en faveur de Nicolas Reynolds.

Séverine Thomas a présenté un toe aigle reverse sur les 14 plots du 120, propre et sans bavure (elle nous avait prévenu qu’on allait en manger, du reverse) ; et Nicolas Reynolds un combo de compas croisés alternés entre heel-toe et toe sur le 80 – moins propre et avec des hésitations, mais plus technique et engagé étant donné les pertes de repère que génère la rotation.

Enfin dans la quatrième poule, ce sont Xuan Le et son poulain Boris Rozbroj qui s’emparent respectivement de la première et de la deuxième place. On sent l’influence stylistique du tuteur sur son padawan (cf. voltes qui sortent à 3km de la ligne de slalom, style ample et tricotage rapide).

Les demi-finales

Dès les demi-finales, on a appliqué la formule « trois runs et un last trick ».

La première demi-finale est assez prévisible : elle est composée de Chloé Seyrès, Aurélien Boudoux, Nicolas Reynolds et Boris Rozbroj. Chloé et Aurélien, plus matures dans leur patinage, ne laissent aucune chance à Nicolas et Boris. Néanmoins, avec des jeunes comme eux… ça promet pour l’avenir !

Aurélien Boudoux enchaîne les tricks de break et les combos qui tournent… avec une tendance à tourner en rond (aux sens propre et figuré : ça tourne, mais ça finit par se répéter). Chloé Seyrès joue sur le plus de tableaux possibles (sitting tricks, jeux de wheelings, tricks perso, chutes irrévocablement rattrapées en écart américain – qui finalement ne détonnent pas avec les break-moves d’Aurélien).

Quant aux last tricks, Chloé Seyrès propose un combo de kasatchocs avant-tourné-arrière sur le X-Style ; Aurélien Boudoux des toupies (mode Taz enclenché) sur la ligne de 80 entière – de temps en temps il décale un peu… mais… respect !; Nicolas Reynolds retente son combo de compas croisés qui lui ont permis de se qualifier au tour précédent mais réussit nettement moins bien ; et enfin Boris propose un heel wheeling sur le 80.

Le deuxième groupe de demi-finale

C’est plus serré : il est composé de Kyan Sanchez (mister back wheeling), d’Antoine « TotoGT » Colange, de Mathieu Messina (le dernier des deux frères), et de Xuan Le (le King of Style).
La première place est attribuée à… TotoGT, qui a intelligemment joué sur un panel de tricks très large. Xuan Le fait une piètre performance (qu’il a dit) ce qui expliquerait qu’il passe deuxième – mais de justesse – face à des adversaires plutôt techniques. Kyan Sanchez fait une très bonne prestation, et manque à peu de choses près de sortir Xuan Le. Quant à Mathieu Messina, il manque encore cruellement de style, avec encore trop d’à-coups entre ses figures, et sa technique à elle seule n’est pas suffisante pour la qualification.

La finale de consolation du War Against the Machine 2008

Elle regroupe les recalés des demi-finales, à savoir : Boris Rozbroj et Nicolas Reynolds de la première demi-finale, et Kyan Sanchez et Mathieu Messina de la deuxième.

C’est Kyan Sanchez qui remporte avec mérite cette consolante, suivi des ex-aequo Boris Rozbroj et Mathieu Messina (difficile de comparer les deux patinages : le premier jouant sur le style, le deuxième misant tout sur la technique), et enfin de Nicolas Reynolds – aucun regret : il a donné tout ce qu’il savait du haut de ses 8 mois de slalom (dixit l’intéressé).

Chloé Seyrès
Chloé Seyrès

La finale du War Against the Machine 2008

Elle regroupe Chloé Seyrès et Xuan Le du SebaTeam, et les deux lyonnais Antoine « TotoGT » Colange du Team Gyro et Aurélien Boudoux.

Les finaliste choisissent leur ordre de passage suivant leur world ranking : le mieux classé décide en premier et ainsi de suite. Chloé Seyrès commence et décide de passer la première. Xuan Le choisit complètement arbitrairement la troisième place. TotoGT se place tactiquement à la secondeè place, et Aurélien Boudoux n’a d’autre choix que de prendre la 4e place.

Que dire de cette finale à part que c’était poussif et (plutôt assez) désastreux ?! On a tous roulé abusément toute la journée, et plus personne n’avait de jambes pour le moment fatidique de la finale. Du coup, tout le monde a enchaîné les erreurs, les déséquilibres, les chutes (rattrapées en style néanmoins), les trous de mémoire, et j’en passe et des meilleures. Les juges ont mis trois plombes à délibérer tellement on avait parasité nos performances avec toutes nos bourdes.

Après un super-long débat, les juges se sont mis d’accord pour attribuer la première place à Antoine « TotoGT » Colange qui a eu l’idée de génie de présenter des figures assises alors que les autres ont zappé – ou n’ont pas eu le temps d’en lancer… C’est sûr, quand on s’en aperçoit à 5 secondes de la fin du dernier run (je parle pour moi hein).

Chloé Seyrès talonne de très près Antoine Colange (l’oubli des sitting tricks s’est avéré fatal). Xuan Le prend la 3e place, et Aurélien Boudoux dont le style volontaire et engagé est extrêmement spectaculaire prend la 4e place – desservi par son répertoire un peu restreint. Pour ce qui est des last tricks, Chloé Seyrès a présenté un combo de wipers tournants sur le 80 – un coup à droite et un coup à gauche, en alternant le sens de rotation d’un plot sur l’autre. (c’est là que j’aurais été contente d’avoir un 50 pour moins me flinguer la cuisse… parce qu’elle a bizarrement lâché au bout de 13-14 plots). Aurélien Boudoux a re-présenté sa toupie mode Taz sur le 80 en finissant par terre à la fin de la ligne (ça sent la fatigue). Xuan Le a présenté un combo de spins comme à son habitude. Et TotoGT a tenté sans grand succès une cafetière arrière sur le 80. Pour conclure, ce fut un Battle Freestyle de A à Z.
Une session géante qui s’est éternisée sur toute une journée.

Un spectacle qui a attiré plus d’un curieux (7000 pour être exacte).

Des styles très personnels et originaux

Un niveau certes pas international (jusque là c’est normal puisque le Battle était national) mais très loin d’être ridicule.

Un événement qui donne envie de remettre ça l’année prochaine.

A l’issue du Battle, voici les principales fluctuations au sein du World Ranking WSSA : Antoine Colange, grâce à sa victoire, gagne 74 places et se retrouve #67. Aurélien Boudoux, Kyan Sanchez et Boris Rozbroj entrent dans le Top 100, respectivement aux places #79, #84, et #89. De même pour Emilien Holveck et Emmanuel Laurent qui atteignent les places #98 et #99 du classement.

Le prochain événement européen aura lieu le 12 octobre à Nottingham (UK) : la troisième édition de Battle UK.

Boris Rozbroj
Boris Rozbroj

Principaux résultats du War Against The Machines 2008

Classement mixte à l’issue de la compétition

  1. Colange Antoine – FRA
  2. Seyres Chloe – FRA
  3. Le Xuan – FRA
  4. Boudoux Aurelien – FRA
  5. Sanchez Kyan – FRA
  6. Rozbroj Boris – FRA
  7. (6e ex-aequo) Messina Mathieu – FRA
  8. Reynolds Nicolas – FRA
  9. Messina Julien – FRA
  10. Boucry Julien – FRA
  11. Bodenan Julien – FRA
  12. Christ-Thomas Séverine – FRA
  13. 13) Michea Damien – FRA
  14. 13) Nerot Alexandre – FRA
  15. 13) Laurent Emmanuel – FRA
  16. 13) Sambourg Thibaud – FRA
  17. 17) Holveck Emilien – FRA
  18. 18) Leblond Louis – FRA
  19. 19) Redinier Cyril – FRA
  20. 20) Frevol Nicolas – FRA
  21. 21) Bazier Francois – FRA
  22. 21) Pinto Gregoire – FRA
  23. 23) Dormio Sebastien – FRA
  24. 23) Bebin Benjamin – FRA
  25. Perrin David – FRA

Pour aller plus loin

Le site du Lugdunum
Le site des World Slalom Series
Le site de l’association lyonnaise de freestyle
Le site de Générations Roller

Texte : Chloé Seyrès – Photos : merci à MagicSeb et à Begonia

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Auteur
Chloé SEYRES 'Kozmic Bruise'

Chloé Seyrès aka Kozmic Bruise #8612. Hardcore skater since forever. Former inline freestyle slalom champion, has switched to the quad side with derby and dance and more. Also international judge in freestyle and certified agility coach. PS: Translator and linguistics consultant in parallel life.

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