3 Pistes : grand beau temps sur le roller !
Cette vingt-cinquième édition des 3 Pistes s'est déroulée sous les meilleurs auspices. Alors que la pluie pibraicaise de samedi alimentait toutes les discussions autour du circuit jusqu'à 15h30, jamais plus elle ne se trouva au coeur des sujets pendant le reste de l'épreuve. Aucune goutte n'est donc venue perturber le trophée...
Par
alfathor

Yann Guyader (Powerslide) signe une quatrième victoire d’affilée
Par conséquent, le programme dans son ensemble a pu se dérouler sans encombre, y compris les quelques innovations, comme les courses à points à Pibrac ou les 1000m pour les Elites à Gujan-Mestras. De ce point de vue, les 3 Pistes s’alignent de plus en plus sur le modèle des autres grands critériums internationaux. Autre nouveauté, la retransmission en direct des courses, via internet : une quarantaine de pays dont le Japon, la Chine, le Qatar ou encore les Etats-Unis, plus de 11 000 connexions quotidiennes et des pics à près de 560 connexions simultanées… Du jamais vu ! Mais après tout, ce n’est que justice, tant les athlètes ont encore une fois offert un spectacle de haute couture. A ce titre, on peut donc parler de grand beau temps sur le roller à l’issue des 3 Pistes 2011 !
Levons tout de suite le suspense : Yann Guyader reste l’homme à battre sur ce trophée. Le Nantais vient d’inscrire son nom pour la cinquième fois au palmarès depuis 2006 et signe une quatrième victoire d’affilé. Il reste cependant à deux longueurs du recordman absolu en nombre de victoires, à savoir son compatriote ligérien Arnaud Gicquel (sept victoires entre 1990 et 2000). Yann Guyader intouchable aux 3 Pistes ? Indéniablement ! Tous les ans, on lui trouve quelques outsiders de talent, mais ces derniers semblent toujours buter sur l’obstacle…
Un plan presque parfait pour Guyader
Pourtant, cette année, il y avait de la place comme on dit. Tout avait idéalement commencé à Pibrac pour Guyader. Sur une piste techniquement difficile, le Nantais trouve toujours la solution : des croisés à écoeurer ses poursuivants, des lignes droites nerveuses et un sprint implacable. Des arguments de poids, encore renforcés par la présence d’un team Powerslide de niveau mondial, avec le sprinter Andres Muñoz, le solide Felix Rijhnen, le TaïwanaisYen-Sheng Liao et Ewen Fernandez qu’on ne présente plus. Au bout du premier 5000m, le scénario semblait ficelé : Guyader premier, Muñoz deuxième et suive qui pourra… En l’occurrence, Brian Lépine et Julien Despaux (RPM Poli) posaient déjà une option pour faire vaciller le trône de Guyader, éventuellement.
Pourtant, tout se trouvait déjà relancé au terme de la deuxième course à Pibrac, un 10km à points. Alors que le team Powerslide et le team RPM Poli dans une moindre mesure, avaient clairement fait main basse sur le contrôle de la course, les leaders laissaient partir deux équipiers, à savoir Yen-Sheng Liao et Nolan Beddiaf. L’Espagnol Inigo Vidondo (El Pilar Marianistas) s’accrochait dans la roue et le trio s’en allait chercher des points avec la bénédiction du peloton. Si Vidondo n’a pu en prendre « que » 14, au moins, le public aura vibré au rythme des lancés de patins entre Liao et Beddiaf. Mais ce dernier, bien que sur sa piste d’entraînement, a trouvé son maître : 39 points pour le Taïwanais, 20 pour le Français. Fin du débat !
Muñoz vire en tête samedi soir
L’intérêt était tout autant à l’arrière. Dans l’emballage final, Yann Guyader se faisait surprendre par Patxi Peula (El Pilar Marianistas), mais surtout par son coéquipier Andres Muñoz, arrivé quatrième. Avec 2+4 points samedi soir, le Colombien virait donc en tête devant le Nantais, qui lui cumulait 1+6 points… à la différence particulière. Entretenons un peu les spéculations : et si Muñoz avait les jambes pour aller chercher la victoire ? Après tout, aucune règle n’indique à l’avance qui doit gagner dans une équipe !
Cette théorie semblait encore se renforcer à l’issue de la première des deux manches courues à Valence d’Agen. Dans un final presque parfait, digne des grands ballets, les coéquipiers du team Powerslide s’extirpaient du 5000m de manière quasi-idéale. Yann Guyader lançait le sprint de loin, à près de deux tours, tout dans la cuve, comme pour conforter son leadership et indiquer clairement qui était le patron. Mais Andres Muñoz gratifiait le public d’un numéro presque aussi spectaculaire. Il se jouait des RPM Poli, loin d’être des enfants de choeur, en les dépassant avec une certaine facilité à la cloche, pour aller mourir dans le short de Guyader, non sans avoir comblé le bel écart ouvert par celui-ci… Un avertissement sans frais ?
Le scénario allait se répéter une deuxième fois dans la torpeur de l’après-midi valencienne. Guyader s’imposait dans la course à élimination tandis que Muñoz finissait deuxième. Statu quo. Mais au moins, cette élimination aura eu pour conséquence de clarifier encore un peu le classement provisoire. Alors que le matin, Brian Lépine et Julien Despaux (RPM Poli) tenaient la corde pour le podium, l’après-midi, les espoirs des deux blanc-et-orange paraissaient s’envoler : le premier cité terminait onzième dans un exercice toujours aléatoire tandis que le deuxième sortait aux portes de la finale, à la septième place. Alors que l’ascenseur Lépine-Despaux semblait descendre, celui de leur coéquipier Elton De Souza prenait en revanche une trajectoire inverse : le néo-Bordelais, très discret et toujours placé, affichait en effet une belle régularité dans le Top 10, avec notamment une quatrième et une cinquième places à Valence.
Le suspense à son comble à Gujan
Au matin du troisième jour du trophée, un seul petit point séparait Yann Guyader d’Andres Muñoz (9 contre 10). Etant donné que leurs poursuivants pointaient alors à plus de dix points, l’explication finale dans l’arène girondine promettait un maximum. Promesse tenue ! Après un tournoi du 1000m « tranquillement » mené par les favoris, Guyader et Muñoz bien entendu, mais aussi un Julien Despaux qui se retrouve toujours à Gujan… La finale, courue en fin de matinée, pouvait encore faire basculer le classement dans un sens ou dans l’autre.
Dans le dernier des cinq tours, tous les finalistes pouvaient encore l’emporter. Avantage à Muñoz à la cloche, qui parvenait à prendre une trajectoire idéale et à se défaire de la meute. Guyader, à l’arrière, pris dans un embouteillage, cherchait quant à lui une porte de sortie pour déclencher son sprint. Pris entre trois RPM Poli, il lui était impossible de s’extirper. Pendant ce temps-là, Julien Despaux et Elton De Souza régalaient les très nombreux spectateurs d’une incroyable sortie de cuve, pour filer vers la deuxième et la troisième places ! Guyader, quatrième, voyait pour la première fois depuis quatre ans sont trône vaciller. Mais son destin était encore dans ses mains : il restait une course, en l’occurrence un 10km en ligne, en fin d’après-midi…
Chasser les démons du passé
Ah, cette finale de Gujan ! On a vu tant de grands duels se dérouler sous nos yeux, du moins pour ceux qui ont eu la chance de venir se tasser le long des balustrades ou dans les gradins depuis 25 ans ! Il faut dire que la configuration de chacun des deux virages permet toujours, même à pleine vitesse, des changements de trajectoire de dernière minute et des relances de derrière les fagots ! De son côté, Yann Guyader se devait de se réconcilier avec le public, lui qui a vu sa cote se tasser face à Julien Despaux ou Alexis Contin ces dernières années. Le Nantais possède le caractère bien trempé des champions d’exception : c’est d’ailleurs ce même caractère qui lui avait permis de s’imposer pratiquement sans coéquipier en 2006… C’est encore ce même caractère qui lui a permis de renverser une situation légèrement compromise par le 1.000 m du matin même cette fois-ci.
Dans une course de pure folie, où les contres succédaient aux attaques sans pratiquement aucun répit, où les coéquipiers lançaient leurs dernières banderilles pour aller placer leurs leaders, il fallait un sacré sang froid et une certaine confiance dans ses forces. Quand les ¾ d’un 10 km se roulent dans la cuve, ces considérations ne sont pas des mots en l’air ! Après un premier écrémage très rapide, une petite vingtaine de patineurs se partageaient les avant-postes, avec les teams Powerslide, RPM Poli et Marianistas très au marquage les uns des autres. Une échappée aurait pu aller au bout, mais parmi les six à avoir obtenu un bon de sortie, seul Carlos Perez (Liga Vallecaucana) tenait bon. Le Colombien de la province de Valle devait d’ailleurs s’imposer d’un fil dans cette course alors qu’il avait auparavant pris un tour au peloton !
La trajectoire parfaite…
Car derrière, la meute s’était élancée à ses trousses pour un sprint final de quatre tours. Ce n’est pourtant qu’à l’entame du tout dernier tour que le scénario s’est clarifié. Yann Guyader est parvenu à sortir de l’avant-dernier virage pour lancer un sprint propre dans la bonne trajectoire. Deuxième sur la ligne derrière Perez, était-ce seulement suffisant ? Derrière, on sentait que Julien Despaux perdait le podium, englué aux alentours de la cinquième place…
Despaux éjecté du podium au profit de son coéquipier Elton De Souza, qui filait tout droit derrière Guyader et allait chercher une troisième place synonyme de bronze au général. Andres Muñoz, resté bien sagement dans le sillage de De Souza, entérinait par là-même la victoire de son leader du jour.
Guyader deuxième du 10 km, Muñoz quatrième : les deux Powerslide se retrouvaient donc à égalité parfaite (15 points chacun), avantage à Guyader grâce à cette dernière course ! En un week-end, Guyader est parvenu à chasser quelques démons du passé, mais aussi à se remettre dans la trajectoire parfaite, au sens figuré : revenu de blessure à Gross-Gerau, il lui fallait encore s’imposer pour repartir vers l’avant. Une sixième victoire cette année, tant sur des indoors que sur marathon, en passant par les 3 Pistes : voici un beau bilan !
Deux stars se croisent chez les Elites femmes
Evidemment, quand on évoque Guyader, on pense tout de suite à Cecilia Baena. La tête de file du team Powerslide féminin venait également aux 3 Pistes avec un objectif clair : gagner le trophée pour la troisième fois consécutivement. Peine perdue… Alors que deux jours durant, en l’occurrence à Pibrac et à Valence, le scénario des noir-et-blanches s’était parfaitement déroulé, tout s’est écroulé en finale du 1000m à Gujan.
Rendons d’abord hommage aux coéquipières de Baena, et d’abord à Nathalie Barbotin, qui n’aura pas ménagé ses efforts pour placer idéalement la sprinteuse colombienne dans des positions idéales sur chaque fin de course. Même lors de la deuxième manche de Pibrac ou dans le final de l’élimination de Valence, où Baena est partie un peu trop tard, mais surtout où elle n’a pas pu repousser les assauts d’une Kelly Martinez (Bont Colombia) très véloce et très puissante ! En l’occurrence, cette rivalité entre Baena et Martinez, qui n’est autre que la championne du monde du marathon en titre chez les Elites femmes, nous aurait certainement valu un final à Gujan de toute beauté. Mais les deux stars n’ont fait que se croiser…
Baena déclassée en finale du 1.000 m
En fait, tout a basculé en finale du 1.000 m. Le jour d’avant, à Valence, on sentait bien qu’aucune des deux patineuses n’avait l’intention de se laisser marcher sur les pieds : on les a en effet vues s’accrocher en fin de virage dans le final du 5.000 m à élimination… Ce fut beaucoup plus flagrant en finale du 1.000 m à Gujan : Baena, dépassée par Martinez à la sortie du dernier virage, a essayé de reprendre sa compatriote par le bras, sans pourtant parvenir à ralentir sa marche vers la victoire. Pour les juges, c’était la faute de trop : déclassement de la patineuse du team Powerslide à la dernière place de la finale…
Une décision du corps arbitral ne se discute pas, en tout cas certainement pas deux jours après ! Il est pourtant évident qu’on en reparlera autour des pistes bien longtemps et ce à plus d’un titre. A part gêner Martinez, Baena ne s’est en effet gêné qu’elle-même (les autres finalistes étaient en effet assez loin derrière). On peut juste imaginer que si elle n’avait été que déclassée à la deuxième place, les deux athlètes auraient été au coude à coude pour la finale de l’après-midi. Et le spectacle aurait été à son comble !
Martinez file vers son premier titre
Il n’en a rien été. Avec 8 points en plus dans l’escarcelle, Cecilia Baena avait course perdue. Pire : s’estimant lésée, elle décidait de ne pas s’aligner pour la finale… Kelly Martinez avait par conséquent le champ libre pour filer vers son premier titre aux 3 Pistes. Et emmener dans son sillage sa coéquipière Natalia Giraldo sur la deuxième marche du podium !
Et les Françaises dans tout ça ? Elles arrivent juste derrière ! A commencer par Laetitia Le Bihan (RPM Poli), qui effectuait presque sa rentrée (en tout cas sur le territoire national), a réussi à conserver le bénéfice de la troisième place au général, notamment après avoir réalisé un excellent début de tournoi (deuxième et troisième à Pibrac). Justine Halbout (2APN Avon) se hisse quant à elle à une très honorable cinquième place, tandis qu’Aurélie Duchemin (ALC Bouguenais), Marie Poidevin (RAC Saint-Brieuc) et Mélissa Chouleysko (ROC Saint-Jean-de-la-Ruelle) entrent également dans le Top 10 (respectivement huitième, neuvième et dixième).
Les Nationaux et leurs rêves de victoires
Les 3 Pistes font rêver, c’est indéniable. Et ce ne sont pas Emilie Martignon (TOAC Toulouse) et Lionel Maillard (GROL Vannes) qui diront le contraire. L’un comme l’autre ont longtemps tourné autour de l’or dans le Sud-Ouest. L’un comme l’autre étaient venus avec l’objectif plus ou moins affiché de briser le signe indien et d’inscrire leur nom au palmarès du trophée.
Emilie Martignon a touché son Graal à Gujan. Une victoire finale nette et sans bavure dans la maîtrise des courses (deux victoires, une place de deux et une place de trois), mettant l’Italienne Giulia De Biaso (Team Belotti Luigino) à un point et Laura Fourcade (Grenade-sur-Garonne) à deux points. Pour l’anecdote, Martignon était venue à Pibrac un peu sur la pointe des pieds, légèrement malade. Mais ses deux courses de samedi (une troisième place et une victoire) devaient la lancer idéalement pour le week-end : on ne se refuse pas aux 3 Pistes, surtout quand c’est si bien engagé !
Lionel Maillard a en revanche dû s’incliner face à Jonathan Sanchez Del Bano (Patin delta Prat) à la différence particulière à Gujan. Maillard, tout comme Martignon, a su trouver les trajectoires, prendre ses responsabilités et fausser les plans de ses adversaires. Mais si le physique était là, il manquait sans doute de patinage pour assurer clairement la victoire : le Breton s’est fait passer sur la ligne à Gujan d’une gomme de roue par Jean-Stéphane Sierra (Grenade-sur-Garonne)… Assez pour perdre le trophée.
Il faut dire que chez les Nationaux hommes, ce fut tout aussi serré que chez les Nationales femmes. Sanchez Del Bano et Maillard terminent chacun avec 7 points. Patrick Lausdat (ROBB), troisième du général, marque 8 points en tout. Jean-Stéphane Sierra, quatrième, finit avec 9 points. Quand on voit un tel classement, on comprend vite que la moindre erreur peut être fatale dans cette catégorie, toujours l’une des plus fournie, où quelques 85 patineurs se sont affrontés sur la piste !
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Photos : Hubert « Youb Solo » Maniabal
Y.guyader
28 avril 2011 at 17 h 05 minstaff 3 pistes
27 avril 2011 at 22 h 06 minMerci pour vos excellents articles sur notre 25ème édition. La finesse de vos analyses, le ton très professionnel, votre plume glisse sur nos 3 pistes dans un français irréprochable. Inutile de refuser,vous êtes nommé à vie rédacteur officiel de la manifestation!
PhilP
27 avril 2011 at 13 h 04 mincoachasphalte
27 avril 2011 at 12 h 05 min